~ Silent Hill : Return to Paradise ~

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fallenRaziel
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~ Silent Hill : Return to Paradise ~

Messagepar fallenRaziel » 08 juil. 2011 10:38

Voici une fanfiction sur Silent Hill que j'ai toujours eu envie de faire. Il s'agit du récit des 11 premiers meurtres de... vous verrez bien ! Il y a 10 chapitres. Ceux qui veulent en savoir plus sur les victimes peuvent aller sur mon site dans le Bazar du Bizarre, mais attention aux spoilers ! Les personnages officiels sont de Konami, les autres de moi. J'ai essayé de coller le plus possible au fandom et aux infos officielles, mais j'ai quand même dû changer certains détails pour les besoins de mon scénario.

Bonne lecture

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Chapitre 01121 - (Jimmy Stone)
OPSIS


«Ecrivez, pendant, que vous avez du génie, pendant que c'est le dieu qui vous dicte, et non la mémoire...»


13 février 1994... Silent Hill, Wish House ... 22H27...

Le père Jimmy était assis à sa table en train d'écrire dans un lourd registre. Il lui fallait vite consigner les évènements de la journée passée. Normalement, son second, George, aurait dû se charger de cela, mais celui-ci était en déplacement à l'extérieur ; alors, il avait décidé de se mettre à la tâche.
Ce n'était pas un travail ingrat : tout ce qui pouvait contribuer à la gloire du culte de Valtiel était un honneur. Le père Jimmy avait essayé de concilier les deux églises de Silent Hill sur un point dogmatique épineux, et il y était admirablement parvenu, non sans quelques difficultés cependant.
Les églises Holy Mother et Saint Ladies se faisaient souvent la guerre pour des points de détails, que le père Jimmy jugeait sans importance, mais qui mettaient tout le monde à cran ; il essayait toujours de rappeler qu'ils vénéraient tous le même Dieu et qu'ils devaient donc tout faire pour Sa gloire, quitte à faire quelques concessions en ce bas monde.

Le père Jimmy s'adossa à sa chaise et s'étira longuement : cela faisait bien deux heures qu'il était assis là à écrire et un peu de distraction lui ferait du bien... Il prit une fléchette posée à côté de lui et la lança dans une cible derrière sa tête sur le mur : dans le mille, comme toujours...
Jimmy Stone réussissait toujours ce qu'il entreprenait, c'était pour ça qu'on l'avait choisi comme médiateur et porte-parole du culte ; ses manières posées et sa voix douce, additionnées à sa stature imposante, lui donnaient un charisme certain, et il en était conscient. Ce qui ne l'empêchait pas de hausser le ton parfois... Ses avis étaient tellement craints et respectés qu'il était surnommé par tous le «Diable Rouge»...
Mais, malgré tout, il n'était pas le saint que tout le monde croyait : parfois, il lui arrivait de se faire des petits plaisirs que certains auraient trouvés plus que malsains, mais il s'en moquait. Il n'y avait rien de mal à se déguiser de temps en temps...
Avec quelques amis, il avait créé un espèce de «club privé» qui prenait du plaisir à singer les manières et l'habillement des anciens geôliers de la prison de Toluca Lake ; ce n'était pas bien méchant, seulement un peu de tissu et de carton, mais Jimmy Stone trouvait ça amusant ; il avait toujours été fasciné par cette façon qu'avaient les matons de Toluca de patrouiller devant les cellules, en blouses blanches... Et ce casque... en forme de pyramide... Comment porter une telle chose ?
Le déguisement de Jimmy Stone était une plaisanterie à côté des vrais, mais ça lui donnait l'occasion de vivre une expérience unique : être le surveillant, le tortionnaire, le bourreau s'il le fallait... Après tout, n'était-ce pas le rôle de Valtiel ?...

Retournant à sa tâche, il repris sa plume et recommença à écrire. Chaque nouveau dogme et règle devait être écrit dans ce registre ; la légitimité des 21 Sacrements avait été âprement discutée, mais finalement tous s'étaient mis d'accord pour reconnaître que le rituel des Gillespie avait échoué et qu'il fallait trouver une autre solution pour ramener Dieu et Son Paradis...
Jimmy en était très fier car c'était lui qui avait mis en place ce rituel (avec l'aide de George), et autant qu'il en savait, celui-ci devrait bientôt commencer. George avait formé personnellement la personne qui devait s'en charger... et Jimmy ne pouvait douter de son intégrité.

George et lui avaient pratiqué en secret un rituel qui faisait de cette personne le bras armé de Dieu en ce monde, en introduisant l'ange Valtiel dans son corps... Cela n'avait pas été facile, et il avait fallu s'y reprendre à plusieurs fois avant que cela marche, mais finalement ils avaient réussi, et tout était en place... Tout ce qui manquait, c'était un signe de Dieu : alors seulement, l'incarnation de Valtiel se mettrait au travail.
L'esprit de cette personne était si puissant... Jimmy en avait été bouleversé, il avait cru revoir Alessa Gillespie en personne... Mais son protégé, lui, n'échouerai pas comme Alessa : elle avait manqué de foi, et avait finalement fait échoué le rituel... Son protégé, lui, ne manquait pas de foi...

Jimmy repris une fléchette et la lança vers la cible sur le mur ; elle se ficha dans le bois, ratant la cible d'un centimètre. Jimmy fronça les sourcils : quelque chose allait de travers... Il se leva de sa chaise, et alla ouvrir sa fenêtre qui donnait sur les bois de Silent Hill. Il ne voyait pas la ville de là où il était, mais il pouvait sentir son pouls ; Silent Hill était comme un être vivant, qui respirait, criait, pleurait et priait avec ses habitants.
Il se trouvait au premier étage de la Wish House, l'orphelinat de Silent Hill, qu'il avait d'ailleurs contribué à créer. Peu de gens savaient exactement ce qui se tramait derrière les palissades de bois qui entouraient le domaine ; peu de gens savaient que cet endroit en apparence fort charitable était en fait un vivier de futurs adeptes du culte. Son jeune protégé y avait d'ailleurs été élevé, et Jimmy avait veillé à ce que les Saintes Ecritures lui soient dispensées plus qu'aux autres, afin de bien lui faire comprendre où était son intérêt... Dahlia Gillespie, reconnaissant et respectant les dispositions naturelles de l'enfant, avait aussi donné de son temps dans ce but. Bien sûr, ce n'était pas très juste d'avoir utilisé le drame personnel de cet enfant pour servir leur cause, mais il fallait bien faire tout ce qu'on pouvait au nom de Dieu...

Les enfants de l'orphelinat étaient de sortie ce soir, visiblement on les avait emmené prier près de la pierre... Les enfants aimaient bien ça, la pierre avait vraiment un effet magnétique : ils se prenaient tous par la main et chantaient des cantiques en dansant autour de la pierre... comme des papillons attirés par une flamme... Jimmy était donc seul ce soir et il respira l'air nocturne à pleins poumons avant de refermer la fenêtre.
Il avait envie de se consoler de son échec aux fléchettes. Il se dirigea vers l'armoire au fond de la chambre et ouvrit les battants ; là, bien rangée dans le fond, il y avait sa panoplie de geôlier, et il la regarda avec envie. Après tout, il n'y avait pas de mal à se faire un peu plaisir...
Il prit le tout et se dirigea vers la petite salle de bain. Après avoir revêtu la blouse blanche, il mit le casque pyramidal sur sa tête : à ce moment, il se sentit vraiment quelqu'un d'autre. Il avait fait des trous très discrets dans le casque afin de pouvoir s'admirer et il commença à prendre la pose devant le miroir du lavabo. Mais c'était étrange...
Le reflet qu'il voyait lui semblait différent de ce à quoi il devrait avoir l'air... Le casque semblait plus pointu, la blouse avait des traces sombres, comme du sang... Il porta ses mains gantées à son visage et voulu retirer le casque ; il tira dessus de toutes ses forces mais rien n'y fit, il était coincé à l'intérieur... Il commença à transpirer : si les enfants rentraient et le voyaient comme ça, ils seraient sans doute terrorisés...
Jimmy essaya encore et encore de retirer le casque, qui commençait sérieusement à le serrer. Son reflet dans le miroir ne semblait pas se donner autant de mal : il avait juste les mains posées sur son casque et ne manifestait pas de mouvements de panique, comme Jimmy le faisait.
Sa blouse lui semblait réellement d'une saleté repoussante et il essaya d'essuyer les taches sombres qui la maculait ; ses gants rougirent eux aussi... Jimmy ne rêvait pas : c'était bien du sang qu'il y avait sur lui...
Contemplant attentivement son reflet dans le miroir en essayant de se calmer, il observa des choses encore plus étranges : son casque ne semblait pas fait de carton, mais d'une matière organique assez repoussante, sanglante. Plaquant ses mains sur la vitre, il laissa des traces de sang bien visibles... des traces de sang qui se répandirent dans le lavabo, puis sur le sol... qui envahirent toute la pièce...
Jimmy recula, s'éloigna du miroir qui lui renvoyait cette image déformée de lui-même... Ce pouvait-il que ce soit... Etait-ce ainsi que cela commençait ? Reculant davantage dans la chambre, il essaya encore une fois de retirer son casque, et cette fois, au prix d'un effort surhumain, il y parvint. Et ce qu'il vit alors le glaça d'effroi...

Le geôlier était là, pas lui, le prêtre qui se déguisait pour s'amuser, mais le vrai geôlier, l'exécuteur de Silent Hill, celui qui hantait ses rêves les plus noirs, le plus fascinant des modèles... La première fois qu'il l'avait vu marcher ainsi, c'était sur une bande vidéo du centre historique qu'il avait vu quand il était enfant, avec l'école... Cet être, qu'il avait depuis essayé désespérément d'imiter, fasciné par sa démarche bancale et déséquilibrée, son corps sans visage, son humanité sans nom...
Mais celui qu'il avait devant lui était sorti tout droit d'un cauchemar plus infernal encore : il était maculé de taches de sang sombres, ses bottes en plastique crissaient sur le sol de la chambre, son casque semblait être fait de chair même, non, ce casque était son visage... Sa main gauche se tendait maladroitement en avant comme pour l'agripper, et sa main droite serrait d'une poigne de fer le manche d'un gigantesque coutelas de boucher, aussi grand que la créature elle-même...

Pour la première fois de sa vie, Jimmy eut peur ; pour sa vie, pour son âme, pour sa santé mentale... Mais il savait que s'il cédait à la peur de son Dieu, le Paradis lui serai fermé... Il se força donc à faire face à son bourreau, à son double mortel et implacable, celui dont il avait osé s'approprier les traits...
Le sang coula de la salle de bain sur le sol de la chambre, un sang collant, gluant, plein d'impuretés, mais Jimmy fit face : il savait que c'était une épreuve que Dieu lui envoyait et il voulait être digne avant de se présenter devant Elle... Il s'agenouilla, en position de prière, et récita les psaumes qu'il avait appris par coeur ; mais il ne ferma pas les yeux et ne baissa pas la tête ; il voulait contempler l'ange qui s'avançait vers lui en titubant sous le poids de l'arme qu'il traînait...
Mais l'ange sanglant s'arrêta devant lui, le couteau bien en évidence à ses côtés ; il ne le frappa pas. Son casque, qui lui tenait lieu de visage, se leva imperceptiblement et se fixa sur un point situé derrière le père Jimmy ; mais celui-ci n'osa pas se retourner. En fait, il était quasiment certain de l'identité de la personne qui venait d'entrer dans la chambre et qui se glissait doucement derrière lui ; il entendait un souffle calme et un battement de coeur régulier, puis une voix lui dit simplement :

«C'est une grande illusion que personne ne croira jamais...»

Puis la détonation. Le père Jimmy s'affaissa sur lui-même, et se renversa à plat dos contre le sol. Il ne vit pas celui qui avait tiré, mais cela n'avait pas d'importance, car il voyait son ange de la mort penché sur lui, il sentait l'odeur du sang, son sang, se répandant sur les lattes du plancher, les imbibant lentement... Son cerveau commençait lui aussi à glisser hors du trou que son assassin avait fait dans son crâne... Ah, George avait été un bon maître...
Il savait... Il savait ce qui venait de se passer... Il avait déjà vu la puissance de son esprit, l'horrible grandeur de son monde... tout comme celui d'Alessa. Et l'absurde beauté de cet acte le rempli d'un religieux effroi. Il avait la foi. Il croyait en son Dieu. Il était mort pour Elle. Il serait à Sa droite le jour où le Paradis reviendrait... Car contrairement à ces idiots de chrétiens, le père Jimmy savait : il savait que ceux qui étaient les premiers en ce bas monde l'étaient aussi dans l'autre...

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La police du 73ème comté arriva sur les lieux peu après que l'appel fut réceptionné. En général, les habitants de Silent Hill n'aimaient pas qu'on se mêle de leurs affaires, mais le meurtre avait eut lieu dans un orphelinat, et les choses ne pouvaient pas en rester là... Il fallait débarrasser le corps, nettoyer tout le sang, mais le rôle de la police ne se limitait pas à ça : visiblement, il s'agissait d'un homicide particulièrement horrible...

Quand l'inspecteur Casey était arrivé sur le lieu du crime, il avait été surpris de voir plusieurs enfants à l'extérieur, enveloppés dans des couvertures, l'air choqués, les yeux vides... A en croire, les infos qu'il avait, les enfants étaient rentrés d'une promenade dans les bois, et avaient voulu aller dire bonsoir au père Jimmy Stone avec leur gouvernante quand ils étaient tombés sur... le corps... Les enfants avaient hurlé d'effroi, pleuré et étaient sortis en courant du bâtiment. La gouvernante était entrée et était montée à l'étage, avait vu le sang, les bouts de cervelle, et le corps du père Jimmy tordu dans une drôle de position...
Elle avait aussitôt appelé la police du 73ème comté, puisque Silent Hill ne comportait qu'un minuscule commissariat qui n'était pas habilité à gérer les homicides ; pour cela, il fallait faire appel au commissariat de Pleasant River.

L'inspecteur Casey se pencha pour passer sous la bande jaune qui barrait la porte d'entrée et aussitôt une odeur de sang le prit à la gorge... Il avait l'habitude de ce genre d'odeur, mais au final on arrivait jamais à trouver ça banal : chaque cadavre avait sa propre odeur...
Il ne se passait plus grand chose à Silent Hill, ces derniers temps... Il avait presque oublié l'effet que ça faisait de s'y rendre : le chemin de montagne, le grand lac de Toluca, tranquille et majestueux, les rues calmes et souvent désertes... La dernière fois qu'il y était allé, c'était pour l'incendie du Lake Side en 1989 : un véritable enfer... Et puis, il y avait eu aussi l'autre incendie, qui avait quasiment détruit la ville à l'époque, et qui avait été criminel, selon les études... Le vieux Silent Hill en avait grandement pâti, ainsi que la réputation touristique de la ville...

Casey suivit un jeune policier qui le mena à l'étage ; l'odeur s'intensifia et, comme toujours quand il pénétrait sur la scène d'un crime, il se prépara mentalement et physiquement à ce qu'il allait voir... En prenant une bonne bouffée d'air malsain, il pénétra dans la pièce.
C'était une petite chambre entièrement en bois, comme le reste du bâtiment ; tout y était sommaire, rien sur les murs, à part une cible de jeu de fléchettes, une armoire, une petite salle de bain, un lit bien fait...
Casey s'intéressa alors au corps ; il fut surpris par ce qu'il vit, car le cadavre de Jimmy Stone semblait habillé d'une espèce de déguisement grotesque, un genre de tablier de boucher, des bottes en caoutchouc et des gants ; à côté, à mi-chemin de la salle de bain, il y avait un genre de chapeau en carton mou et froissé en forme de pyramide... Casey se demanda à quel genre de jeu Stone pouvait bien être en train de jouer au moment de sa mort... Le corps était recroquevillé sur lui-même, sur le côté, les mains de Stone étaient jointes devant son visage mais reposaient sur le sol.
Les policiers sur place n'avaient relevé aucune empreinte digitale, aucune trace d'une autre personne dans cette pièce ; visiblement, la victime avait été abattue d'une balle à l'arrière de la tête, mais on ne trouva pas de douille : le tueur l'avait sans doute emportée... Pas de trace de lutte non plus, Stone ne semblait pas s'être débattu ni n'avait essayé de s'enfuir... Connaissait-il l'assassin ?...
Casey s'approcha un peu du cadavre ; là, il vit ce dont on lui avait parlé : des signes, profondément gravés dans la chair, des chiffres... 01121 ... Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?... Et là, sur la poitrine... des points de suture ? Si Stone avait subi une opération laissant une telle cicatrice, il devait vite s'en informer... Mais cette suture semblait faite de bien mauvaise façon, et elle semblait récente, bien qu'il ne soit pas médecin... Il allait demander une autopsie méticuleuse...
Au fond de la chambre, il y avait un bureau, sur lequel étaient posés des feuillets couverts d'une écriture manuscrite ; Stone devait être en plein travail intellectuel... Il prit les feuillets et les parcourut des yeux... 21 Sacrements... Descente de la Mère Divine... Rituel des Gillespie raté... Valtiel ... C'était quoi, ce charabia ? Casey savait que Stone avait des activités liées aux croyances religieuses des habitants de Silent Hill, mais il ne comprenait pas trop ce qu'il lisait...
Plus il y pensait, plus cela lui faisait penser à un meurtre occulte, lié au passé mystérieux de cette ville de fous...

- « Les chiffres sur le corps... Ca ne voudrait quand même pas dire que le tueur a déjà tué 1121 personnes ??» s'écria Casey. « Non, ça ne peut pas être ça, mais quelque chose me dit qu'il va y avoir d'autres victimes... »

Casey fixa quelques instants le visage de Stone, couvert de sang et de bouts de cervelle : celui-ci arborait un sourire, une expression béate, comme s'il avait vu ce dont il avait toujours rêvé, avant de mourir... Ses yeux, toujours ouverts, semblaient contempler un lieu lointain d'une beauté ineffable...Casey se demanda alors ce qu'il avait bien pu voir...
Dernière modification par fallenRaziel le 16 juil. 2011 22:24, modifié 2 fois.
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Messagepar Frank 974 » 08 juil. 2011 19:43

Whow , jolkie continue comme sa d ta de l'inspiration :P
Ypyhtuhha, di yc tézà banti.

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Messagepar fallenRaziel » 08 juil. 2011 22:38

Et bien puisque j'ai eu moins un lecteur, passons au chapitre 2 (le photomontage en fin de chapitre est ma création).


Chapitres 02121 & 03121 - (Bobby Randolph & Sean Martin)
PUXIS

«Le diable représente en quelque sorte les défauts de Dieu. Sans le diable, Dieu serait inhumain...»


13 février 1994 - Silent Hill... 11H28...

Bobby était dans ses petits souliers. Il y était enfin, la ville de ses rêves... Il pouvait enfin se promener dans ses rues légendaires, les mains dans les poches en sifflotant, se pavanant comme si elles lui appartenaient. Il se retourna pour voir où était Sean : celui-ci était en train de prendre en photo un vieil entrepôt désaffecté. On ne pouvait rien y faire, Sean adorait ça, les trucs décrépis.
Bobby, lui, était venu ici pour quelque chose de particulier : il voulait sentir le feeling de cette ville, son ambiance, ses sons, et peut-être, ce qu'il voulait le plus au monde, rencontrer le Diable. Silent Hill était le lieu idéal pour ça, c'était écrit dans son Occult Phenomena du mois de février...

Bobby Randolph s'était abonné à ce magazine depuis deux ans ; il raffolait de tous ses trucs flippants qui y étaient écrits. Ses potes Sean Martin et Jasper Gein adoraient ça aussi, mais moins que lui quand même. Ce mois-ci, il y avait un article sur les villes fantômes d'Amérique et on y parlait de Silent Hill comme la ville dans laquelle il s'était passé le plus de choses étranges... Des disparitions mystérieuses... Des incendies... Des meurtres inexpliqués... C'était dans le vieux Silent Hill qu'on trouvait le plus de trucs bizarres...
Ils avaient contourné le lac Toluca (« Pense à toutes les victimes qui sont au fond ! ») en venant de Pleasant River, en passant par le Lakeside Amusement Park, maintenant désert (« c'était trop flippant !! »), pour finir dans le vieux Silent Hill, avec ses pâtés de maisons bien rectilignes ; puis ils avaient traversé le quartier pour se rendre dans le centre «actif» de Silent Hill ; là, ils avaient regardé la façade de l'hôpital Alchemilla, celle du Riverside Motel, puis s'étaient arrêté devant l'Asile de Cedar Grove ; Sean avait pris beaucoup de photos, il voulait monter une espèce de panoramique de la ville.

Bobby avait rarement autant marché ; il n'était pas vraiment bâti pour la marche à pied, et, malgré ses dix-huit ans, il en paraissait beaucoup plus ; Sean, lui, était tout maigre et n'avait pas de mal à maintenir la cadence ; Jasper aussi était grand et maigre, mais il n'était pas venu avec eux : il s'était vu privé de sortie quand son père (qui était même pas vraiment son père) l'avait choppé en train de fumer un joint dans sa chambre ; du coup, il l'avait bouclé pour le mois et lui avait sucré son argent de poche. Il n'avait donc pas pu se payer le billet de bus de Pleasant River jusqu'ici, et Sean et Bobby ne se seraient pas cotisés pour lui... L'amitié avait ses limites...
C'était un peu dommage cependant, car Bobby aimait Jasper, surtout quand il venait de fumer : il se mettait alors à bégayer comme une femmelette et ça le faisait systématiquement marrer. En plus, Jasper avait été élevé à Silent Hill, et il aurait pu être un bon guide...

Bobby, Sean et Jasper étaient tous trois étudiants à l'université de Pleasant River ; mais l'école ne les intéressait pas trop, ils allaient en cours pour que leurs vieux les laissent tranquilles, et c'était tout... Et aussi pour se voir. Ils se racontaient des histoires à mourir de peur dans des salles de classe vides ou les toilettes, entre deux joints. Bobby ne fumait pas trop, il était le leader du trio et il tenait à garder toute sa tête.
Mais Bobby arrivait à trouver des distractions. Un jour, il avait enfermé cette pauvre cloche de Sullivan dans un casier de l'école, et il l'avait laissé dedans une heure au moins avant que quelqu'un ne le délivre ; Bobby avait pris une retenue, mais bon sang, ce qu'il s'était bidonné : Sullivan, avec ses airs de jemenfoutiste , l'avait toujours énervé, et bien qu'il soit plus vieux que lui, il se rebiffait jamais quand Bobby lui faisait des misères. S'en prendre aux plus petits que soi, c'était marrant, mais réussir à faire ce qu'on voulait à un type plus vieux, c'était carrément jouissif...
Sean était toujours de la partie en général, il avait même pris une photo un jour où il s'était amusé à casser la jolie gueule de Sullivan à coup de pompes, dans les toilettes... Ils avaient bien ri, et Sullivan n'avait rien dit, il s'était relevé, avait ramassé son cartable et s'était tiré comme une fillette... Bobby aurait quand même bien aimé qu'il crie un peu... Rien ne l'emballait plus que de voir ses victimes demander grâce comme des femmelettes...
Par contre, Jasper n'aimait pas trop quand il s'attaquait aux autres, surtout à Sullivan ; à chaque fois, il détournait les yeux ou s'en allait, et quand Bobby avait fini de s'éclater, il venait lui dire des trucs du genre « Fais gaffe, Bob, un jour, tu finiras par le payer ...»
Bobby se foutait bien de ce que pensait Jasper, il voulait s'éclater, et sa vie était tellement à chier... Une journée comme celle-ci était idéale pour faire tout ce dont il avait envie.

Ils remontaient Acadia Road et entrèrent dans le cimetière. Il était particulièrement lugubre, même en plein jour (enfin il ne faisait jamais vraiment jour à Silent Hill, il y avait toujours un brouillard pas possible...). Sean prit quelques photos des pierres tombales les plus impressionnantes, ainsi que des portes des caveaux. Beaucoup de noms étaient effacés...
Ils ressortirent du cimetière et continuèrent au nord, pour arriver près d'une petite église luthérienne. Bobby voulut absolument s'en approcher. Pendant que Sean faisait le tour du bâtiment en mitraillant la façade, Bobby s'approcha de la porte et vit qu'elle était entrouverte. Comme il n'était pas du genre à annoncer sa venue dans un tel endroit, il jeta un coup d'oeil à l'intérieur, mais retira vite sa tête : il y avait deux personnes, deux hommes semblait-il, dans l'église et il ne voulait pas être vu. Mais, à tout hasard, il laissa quand même traîner ses oreilles :

- « Quand le rituel va-t-il commencer ? J'ai hâte que tous nos espoirs trouvent enfin une récompense ! »

- « Patience, Dieu décidera. Le réceptacle doit d'abord s'imprégner pleinement de l'esprit de Valtiel. Il est l'égal de la Sainte Mère à présent. »

- « Comment pourra-t-il entendre Sa voix là où il est ? Toute cette agitation, tous ces jeunes gens, toute l'activité de Pleasant River pourraient bien le détourner de la voie... »

- « N'aie pas d'inquiétude,George, nous l'avons parfaitement éduqué. Il était nécessaire pour lui de se fondre parmi ses futures victimes, et cette université était le meilleur choix... »

- « Si vous le dites, père Jimmy. Que Dieu l'aie en Sa sainte protection... »

Bobby avait le coeur battant quand il retourna en arrière chercher Sean. Il lui raconta ce qu'il avait entendu, et Sean se montra tout de suite très emballé par l'idée de Bobby...

Ils refirent la route en sens inverse, mais cette fois ils s'arrêtèrent au Heaven's Night boire un verre. Ensuite, ils retournèrent à l'extérieur de la ville pour attraper le bus qui les ramènerait à Pleasant River.
Durant le voyage, Bobby et Sean s'amusèrent à regarder et à commenter les photos d'ovnis et de tombes dans le Occult Phenomena du mois de février que Bobby avait emmené avec lui. Sean promit qu'un jour, ce seraient ses photos qu'on verrait dans le magazine... Mais dans l'immédiat, Bobby et lui avaient un autre plan d'avenir plus proche : s'il y avait bien un démon venant de Silent Hill dans l'université de Pleasant River, ils étaient décidés à le débusquer, et pas plus tard que cette nuit...
Durant le trajet, ils virent des voitures de police rouler en direction de Silent Hill. Visiblement, il y avait eu du grabuge. Encore un phénomène occulte inexpliqué ?...

_________Image________

14 février 1994... Pleasant River, Université... 00H29...

Bobby, Sean et Jasper avaient déjà fait ça plusieurs fois. Se glisser de nuit dans l'université était un jeu d'enfant : il y avait un endroit où le mur était peu élevé et il suffisait de sauter un peu haut pour atteindre le sommet. De plus, la porte de service de ce côté n'était jamais fermée, et le concierge, un vrai soulard, roupillait déjà comme un bienheureux à cette heure-ci ; les élèves qui restaient en internat étaient partis se coucher également et le campus était libre de toute présence gênante.
Bobby s'était dit que si la «personne» qu'ils cherchaient était vraiment le Diable, ils la croiseraient sûrement la nuit. En même temps, il se demandait bien ce que le Diable pouvait faire dans un endroit aussi peu intéressant... Des études ? Ha ha, elle était bien bonne celle-là !
Mais les deux gars dans l'église n'avaient pas l'air de plaisanter, il y avait même eu comme une certaine pointe de peur dans leurs voix. Mince, ça devait valoir le coup !
Après avoir passé le mur, Bobby poussa la porte de service qui donnait dans une classe vide. Les pupitres étaient bien rangés, bien nettoyés, rien ne traînait dans la pièce. C'était presque trop... bien rangé. Bobby n'aimait pas ça, ça lui donnait l'impression que tout le monde se foutait de lui... Il ne savait pas pourquoi, mais quand il voyait quelque chose de trop lisse, de trop parfait, il avait envie de le démolir... de le détruire tout simplement... La petite gueule d'amour inexpressive de Sullivan, par exemple... Il pouvait pas la voir sans avoir envie d'y mettre un grand coup de ses gros poings...
Mais ce n'était pas le moment de faire du raffut, ils étaient en mission secrète pour trouver le Diable, le prendre en photo et peut-être l'intégrer dans la bande, qui sait... Bobby était tout émoustillé : allait-il enfin réaliser son rêve ?...

Ils sortirent de la salle de classe sans faire de bruit et tombèrent dans le couloir principal, avec tous les casiers alignés à droite et à gauche ; Sean avait son appareil photo prêt au cas où il verrait quelque chose. Mais le couloir était désert et insupportablement normal. Bobby se retint de donner des coups de poing dans les casiers comme il faisait d'habitude (d'ailleurs, certains en avaient gardé des traces...) et se dirigea vers l'autre bout du couloir qui donnait sur le réfectoire ; la double porte était fermée, cela l'agaça un peu. Sur le côté, il y avait une porte qui donnait sur la cage d'escalier qui menait aux étages inférieurs. Il voulut l'ouvrir : fermée elle aussi. Le vieux avait pensé à fermer les portes, c'était bizarre...
Bobby se sentit tout d'un coup mal à l'aise ; la banalité et la routine l'ennuyaient profondément, mais là, ça n'allait pas dans le sens de ce qu'il avait prévu, et il se sentit frustré. Il remonta le couloir vers la porte d'entrée de l'université, Sean sur ses talons, qui ne comprenait pas trop où Bobby voulait en venir.

- « On va faire le tour par l'extérieur, on traverse le campus et on entre par derrière, pas compliqué... »

Mais il dut déchanter. La grande double porte d'entrée était fermée elle aussi, mais ce n'était pas tout : de grosses chaînes ornées de solides cadenas étaient tendues en travers de la porte. Bobby fut interloqué. Personne ne fermait jamais les portes principales avec ça. Il tira dessus comme un fou, mais rien ne bougea ; pire, il avait maintenant sur les mains un truc rouge dégueulasse, un peu comme un genre de rouille mouillée qui collait aux doigts.

Sean ne disait rien, il ne parlait pas beaucoup en général, et de toute façon, Bobby avait tendance à le considérer comme un benêt qui ne savait que prendre des photos, mais c'était toujours gratifiant d'avoir des sous-fifres moins intelligents que soi... Seulement, Bobby commençait à suer, et il ne savait pas pourquoi ; la température du couloir semblait avoir subtilement monté, et il ne savait pas d'où ça venait. Il s'acharna encore un peu sur les chaînes, sans succès ; il s'essuya les mains sur son sweet blanc, qui se tacha de rouge... Bon sang, ça ne partait pas, ça restait collé à ses doigts quand même...
Soudain, un bang retentissant fit se dresser les poils de sa nuque ; puis, presque comme un murmure, il entendit un son... Comme un raclement sur le sol... Du métal contre le sol en lino du couloir... Bobby se retourna et vit Sean derrière lui qui avait braqué son appareil dans le couloir. Là, dans la lueur des néons nocturnes des sorties de secours qui se reflétaient sur le revêtement, une forme bougeait...

A quoi ça ressemblait exactement, ils auraient été bien en peine de le dire. Ca avait vaguement l'air rectangulaire, mais ça bougeait comme une chose vivante... et ça avançait vers eux... Bobby réalisa avec effroi que c'était un des casiers qui était tombé face contre sol... mais ce casier bougeait, il avançait lentement, en produisant des raclements affreux... Bobby, malgré sa peur qui commençait à monter, s'approcha de Sean ; il ne voulait pas que Sean croit qu'il était une poule mouillée, et puis après tout, ils étaient venus trouver le Diable.
La chose approchait encore ; est-ce que quelqu'un avait voulu leur faire une blague ? Le casier avait des espèces de jambes et de bras dont il se servait pour ramper... Pas tout à fait des jambes et des bras, des... pattes, en fait. Sean se mit à mitrailler la chose et, dans le flash de l'objectif, la chose se cabra et, aussi incroyable que cela puisse paraître, elle émit un râle étouffé, rauque, comme si un animal avait été enfermé à l'intérieur...
Bobby avait de plus en plus chaud, et pas seulement à cause de la température ; il avait toujours adoré les trucs dégueu et bizarres, mais là, c'était trop pour lui ; jamais il n'avait imaginé un truc aussi louche et malsain : le casier (enfin ce qui devrait être sa partie métallique) semblait fait d'une matière organique qui suintait et brillait dans la lueur des flashs ; un liquide rouge poisseux coulait par les fissures de la porte et se répandait par terre ; la chose émettait toujours des râles surnaturels qui faisait mal aux oreilles des deux adolescents subjugués...
Ils ne pouvaient aller nulle part : la porte derrière eux était fermée et celles du fond aussi. Leur seul chance était d'atteindre la porte par laquelle ils étaient venus, sauter par-dessus le mur et se tirer en vitesse. Mais aucun ne pouvait bouger, fascinés comme ils l'étaient par ce qu'ils voyaient. Certes, ils avaient peur, mais c'était une peur qu'ils avaient toujours désiré ressentir. Ils l'avaient, leur Diable...

La chose était à seulement un mètre d'eux, et elle s'arrêta. Le monstre-casier se tortilla sur lui-même, de façon obscène, et sa porte s'ouvrit lentement avec un horrible bruit de succion... Dedans, il y avait... une énorme bouche... aux lèvres grasses et mobiles, agitées de tics nerveux abominables... Une bouche qui se tortillait de droite à gauche, comme une affreuse limace gluante, et elle cracha sur le sol un flot d'immondices pestilentiels... un flot d'immondices qui se précipita sur eux...

Sean hurla alors, de cette voix de fillette qui faisait tant fantasmer Bobby. Mais Bobby, lui, ne dit rien, il resta figé sur place, la bouche béante, de la bave coulant de ses lèvres. Ce qu'il voyait ne pouvait pas exister... Ca ne se pouvait pas... Sean sortit brutalement de son champ de vision, et il l'entendit vaguement courir dans le couloir en hurlant toujours ; visiblement il trébucha sur quelque chose car il l'entendit déraper... Mais il ne le voyait plus. Il n'avait d'yeux que pour la chose qui se précipitait sur lui, cette masse informe qui voulait le capturer, l'avaler, le déchiqueter...
Avant qu'il ait eu le temps de s'en rendre compte, il sentit les lèvres de la bouche hideuse contre sa poitrine, et des «mains» puissantes autour de son cou. Les yeux lui sortaient de la tête, le sang coulait de son nez, son cerveau n'était plus irrigué... Il se sentit soulevé haut au-dessus du sol, à bout de bras, comme s'il ne pesait rien...

«J'ai besoin d'un miracle, pas d'une quelconque charité...»

Bobby connaissait cette voix... mais ses oreilles bourdonnaient, son coeur battait dans ses tempes, à tout rompre, il allait éclater... Il suffoquait, mais ne pouvait pas se débattre : les «mains» qui l'étranglaient lentement lui ôtaient toute volonté.

Un crac morbide annonça que c'était la fin. La tête de Bobby tomba sur le côté, ses membres furent agités d'un dernier spasme, ses yeux se révulsèrent. Il fut reposé à terre, lentement, presque avec douceur, sur le dos, les bras en croix...
Il l'avait vu, le Diable, et il n'en était pas revenu...

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Sean ne se retourna pas une fois. Tant pis pour Bobby, il ne pouvait rien faire pour lui, et il pensait plutôt à sauver sa peau. Il ne savait pas comment il avait réussi à passé à côté de cette chose sans vomir de dégoût, mais il y était arrivé. La chose avait essayé de l'agripper, mais il lui avait filé un bon coup de pied bien placé. Il n'en revenait pas de son propre courage.
Courant toujours, il avait réussi à repasser la porte de la classe qu'ils avaient traversé à l'aller. Avec un cri de soulagement, il se précipita sur la poignée...
Il n'y avait plus de poignée. Il n'y avait plus de porte non plus d'ailleurs. Juste une cloison métallique pleine de rouille et de... sang ?! Sean recula en titubant, ne pouvant croire à l'impossible ; c'était bien cette pièce, il en était sûr, il pouvait apercevoir l'extérieur par la vitre de la classe à côté. La fenêtre...
Se démenant comme un forcené, Sean essaya d'ouvrir le châssis de la fenêtre en le secouant de toutes ses forces, mais rien n'y fit : elle semblait bloquée elle aussi. Avisant une chaise près d'un pupitre, il la souleva avec une force qu'il ne se connaissait pas et la projeta dans la vitre qui explosa avec bruit. Mais Sean ne se souciait plus qu'on l'entende : il aurait même été content de croiser le vieux concierge...
Bondissant sur les tessons de verre de la fenêtre pointés vers le ciel, s'écorchant méchamment les doigts au passage, il sauta lestement de l'autre côté et se retrouva sur la pelouse de l'école. La chaleur était intense, comme s'il s'était trouvé tout à côté d'un grand feu de cheminée ; même le vent de la nuit était brûlant. Là, à seulement quelques mètres, il y avait le mur peu élevé, son seul moyen de fuir cet enfer. S'il parvenait à le franchir, il serai sauvé, il le savait.
Il vérifia que son appareil était toujours là, suspendu au cordon autour de son cou, et se dirigea vers son salut. Il sentait que quelque chose le poursuivait, quelque chose de courroucé, de vindicatif, qui voulait sa peau. Sean ne se retourna pas, et se mit à courir. Mais il trébucha contre quelque chose et s'étala par terre.

Avec une terreur absolue, il sentit une main froide et dure agripper sa cheville. Il se débattit autant qu'il pouvait mais il était inexorablement ramené en arrière, son corps glissant sur l'herbe. Une poigne puissante le fit se mettre à genou face au mur, puis glissa vers sa gorge. Sean ne voulait pas mourir, pas comme ça... Il essaya de desserrer l'étau d'acier qui l'étouffait à moitié, quand ses yeux furent attirés par quelque chose...
Le mur en face de lui commença à se fissurer, une grosse lézarde courant de haut en bas puis de droite à gauche. La lézarde s'agrandit, s'agrandit, jusqu'à ce que le mur, malmené par la pression, se désagrège lentement devant ses yeux exorbités. Et là, il vit... derrière le mur...

Une montagne de flammes s'élevant vers le ciel... Des bâtiments changés en ruines fumantes... Des silhouettes affreusement difformes dansant sur les flammes, se tortillant, poussant des cris d'agonie... Non, pas d'agonie, c'étaient des cris de joie... des prières démoniaques... Ce feu était le feu sacrificiel et purificateur... Et là, au milieu de cette scène de fin du monde, il était là... le Diable... exactement comme il l'avait imaginé...

Sean souffrait le martyr, son nez était rempli de la cendre qui volait dans l'air vicié, de l'odeur de chair carbonisée, ses oreilles vibraient au son des cris, des rires, du crépitement des flammes... sa gorge compressée par celui qui le tuait petit à petit. Mais Sean ne voulait pas manquer ça... Avec le peu de force qui lui restait, il saisit son appareil et le porta autant qu'il put devant son visage... Il fallait qu'il le prenne, le Diable... Son doigt appuya sur la détente, un flash illumina la scène une demi-seconde, puis Sean tomba en avant, la trachée écrasée...

«Je suis le Premier, une ombre au bout du couloir...»

Il ne comprit pas le sens des mots de son meurtrier, par contre il lui sembla entendre la voix de Bobby à côté de lui, qui le traitait de connard attardé... Mais il ne pouvait pas entendre la voix de Bobby, Bobby était mort, il le savait...
En fait, ils étaient morts tous les deux...

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15 février 1994... Pleasant River... 07H49 ...

Le commissaire Aidan Bearchan, la cinquantaine, était un fonctionnaire aguerri, qui en avait déjà vu... Mais rien n'aurait pu le préparer à ce qu'il découvrit ce matin-là dans le hall de l'université de Pleasant River...

Le concierge, Mr Dermot, avait aussitôt appelé le commissariat dès qu'il avait ouvert les portes du bâtiment et vu ce qui s'y trouvait ; au téléphone, il avait paru paniqué, complètement choqué : visiblement, il avait trouvé un cadavre dans le hall d'entrée, un élève qu'il connaissait bien, un certain Bobby Randolph... La secrétaire avait demandé à Dermot de se calmer tout en communiquant le nom du lieu du crime à ses collègues : l'université de Pleasant River, un lieu que tout le monde connaissait, surtout la police, qui y avait déjà fait quelques descentes pour des affaires de bagarres ou de saisie de stupéfiants...

Bearchan en avait assez des homicides et il aurait bien voulu que son collègue Casey s'en charge, mais il était aussi sur une affaire d'homicide, à Silent Hill s'il se souvenait bien. Décidément, il y avait une saison pour les tueurs...

En arrivant devant les grilles de l'université, il vit les élèves massés devant, refoulés par les officiers de police déjà sur les lieux.

« Les cours sont annulés ! Il y a eu un accident ! Rentrez chez vous et laissez la police faire son travail ! »

Bearchan se fraya un passage au milieu de la foule curieuse des élèves matinaux, suivi de ses deux aides. Une fois passée la grille, il y avait un petit bout de chemin à parcourir jusqu'à la porte du bâtiment proprement dite. Devant cette porte, il vit un petit vieux, un peu courbé, gesticuler en faisant de grands gestes ; il ne semblait pas dans son état normal... Bearchan s'approcha.

- « Commissaire Bearchan », annonça-t-il. « Vous êtes Mr. Dermot, le concierge qui nous a appelé ? »

Le vieux bonhomme le regarda alors avec des yeux rouges qui lui sortaient presque de la tête. Le pauvre vieux, il fallait faire quelque chose pour lui...

- « Une ambulance va arriver. Je vous conseille de prendre un petit remontant... », conseilla Bearchan avec bienveillance. « Le corps est derrière la porte ? »

Dermot acquiesça en tremblant et se dirigea vers la grille accompagné d'une femme policier qui le soutenait. Bearchan se détourna et poussa la porte.

Il n'eut pas loin à aller. En effet, juste derrière la porte, il y avait un corps, à plat dos. A côté, un jeune policier écrivait sur un calepin le signalement de la victime. Mais ce qui sembla le plus étrange à Bearchan, c'était le casier qui se trouvait là, en plein milieu du couloir, à quelques centimètres du cadavre, comme une sentinelle silencieuse...

- « Il y a eu vandalisme ? » demanda Bearchan au jeune policier.

- « A part ce casier, là, rien ne semble avoir bougé... »

Il se remit à écrire dans son calepin. «Adolescent de 18 ans, noir...» Bearchan se pencha sur le corps. A première vue, la gorge semblait avoir été écrasée avec quelque chose de lourd... Etrange, le cadavre était torse nu, et sur sa poitrine, il y avait comme une blessure ouverte, avec du sang coagulé... Un genre de mot... Mais il n'arrivait pas à lire...

- « Le cadavre devra être bien nettoyé et je veux des photos de ça... », déclara Bearchan en montrant la blessure.

Le jeune policier pris note. Bearchan regarda autour de lui, certains de ses collègues étaient au travail dans le couloir, notant le moindre indice pouvant indiquer ce qui s'était passé tôt ce matin. L'expert légiste entra en coup de vent derrière lui, et se mit aussitôt au travail sur le cadavre. Bearchan continua à faire les cent pas autour du corps, tout en attendant les premières conclusions de l'expert.

- « Visiblement, il y a eu étranglement. Je ne saurait dire si c'est dû à un objet ou autre pour l'instant, il faudrait faire un relevé d'empreintes sur la gorge, et peut-être des prélèvements de peau... », conclut le légiste.

Il sortit de sous le bras de Randolph un genre de magazine taché de sang.

- « Il avait de drôles de lectures... »

Il regarda le casier solitaire qui était toujours au milieu du hall et s'adressa à Bearchan.

- « Qu'est-ce que ça fait là, ça ?... » demanda-t-il.

- « 'Sais pas. C'était là quand je suis arrivé... », répondit Bearchan d'un ton distrait.

Le légiste fit des prélèvements de peau sur la gorge du défunt Bobby Randolph, et fit une grimace en constatant quelque chose...

- « C'est bizarre... Il y a des particules sombres sur cette zone... On dirait... de la peinture verte ?... »

Bearchan dirigea son regard acéré vers le casier rebelle et fronça les sourcils. Il était peint d'un banal vert bouteille...

- « Je crois qu'on va aussi emporter ça... », décida-t-il en montrant le casier du menton.

Il s'enfonça un peu plus dans le couloir. Là, il vit un emplacement vide au milieu des casiers impeccablement alignés contre le mur de gauche. Il n'y avait pas de traces sur le sol montrant qu'on l'avait traîné...
Soudain, une voix se fit entendre près de lui, une voix qui criait :

- « Il y a un autre cadavre par ici ! Un autre jeune ! »

Bearchan perdit sa nonchalance habituelle et se précipita dans le pièce d'où provenait la voix. Un autre policier, plus âgé que lui, montrait du doigt une fenêtre fracassée, dans une classe vide. Bearchan se pencha à l'extérieur. Deux policiers s'affairaient autour d'un deuxième cadavre, à plat ventre celui-ci. Lui aussi était torse nu, et on voyait également une blessure sanglante sur son dos.
Bearchan enjamba le rebord de la fenêtre sans se blesser, grâce au papier protecteur posé à la hâte sur les tessons de verre. Il vit tout de suite la chaise renversée sur la pelouse non loin du cadavre, et les bouts de verre à l'extérieur.

- « Il a lancé la chaise dans la fenêtre pour sortir... Il devait être poursuivi et terrorisé... », conclut-il.

- « Ca, il devait l'être pour ne pas s'être rendu compte que la porte d'à côté était ouverte... », lança un des deux policiers.

Il avait ouvert une porte de service donnant sur la salle de classe. Pourquoi cet adolescent avait-il pris la peine de casser cette fenêtre pour sortir alors que la porte était ouverte ? De plus, il était fort sûr que lui et son comparse avaient dut passer par cette porte pour entrer dans le bâtiment...
Bearchan essayait de faire marcher ses méninges. Peut-être que le tueur s'était trouvé devant la porte, l'avait empêché de sortir... Mais dans ce cas, comment avait-il eu le temps de prendre la chaise, de la balancer dans la vitre et de sortir ? Non, il était poursuivi, c'était certain...

Il s'approcha du cadavre du jeune homme ; plutôt maigre, il avait un appareil photo autour du cou, qu'il allait falloir emporter aussi ; peut-être avait-il pris son assassin en photo... Son dos avait été ravagé comme avec un couteau de cuisine et on pouvait voir des chiffres gravés sur sa peau, à la lumière du soleil matinal.
03121 ... Qu'est-ce que c'était ? Il y avait également les traces d'une cicatrice récente... des points de suture...

Soudain, son portable bipa. Un outil bien pratique dont la police s ’était équipé récemment. Il l'ouvrit et vit que c'était Casey. Il l'appelait peut-être au sujet de sa propre affaire.

- « Bearchan, à l'appareil. Alors mon vieux, comment ça se présente chez toi ? », demanda Bearchan.

- « C'est l'enfer ici », se lamenta Casey. « Un cadavre sur les bras. Un notable de la ville. Jimmy Stone. Ca va faire huit heures que je suis sur place, la nuit a été longue... »

- « Je te comprends. J'en ai deux ici, à l'université, et c'est parti pour pas être mieux... »

- « Deux cadavres ? » s'étonna Casey. « Ben mon vieux, c'est notre fête, on dirait... »

- « Ils ont des trucs bizarres scarifiés dans la peau. Sur celui qu'on vient de trouver, il y a marqué 03121... »

Il y eu un silence à l'autre bout du téléphone. Casey semblait choqué.

- « Casey, tu es là ? » s'inquiéta Bearchan.

- « Oui, oui... Des chiffres, tu as dis ? 03121 ?... »

- « Ouais... c'est vraiment pas beau à voir... »

- « Bear... le mien aussi... le mien aussi a des chiffres sur la peau... 01121... »

Le coeur de Bearchan se figea pendant deux secondes... Ses yeux fixèrent avec horreur le cadavre face contre terre devant lui, et les chiffres, ces chiffres abominables, qui le narguaient...

- « Il faut autopsier les trois cadavres, vite... », décida Bearchan. « Il y a «peut-être» un lien entre ton affaire et la mienne... »

- « Sûr, mon vieux... Mais c'est quoi, cette histoire ?... »

- « Je crois qu'on a affaire à un tueur en série... »

Il coupa la communication sur cette certitude. Il revint dans le hall principal et interrogea le légiste du regard.

- « J'ai terminé sur celui-là. Une autopsie et des analyses complémentaires sont nécessaires. L'autre cadavre est où ? »

Bearchan lui montra la direction du pouce. Mais d'abord, il voulut en savoir plus.

- « Qu'est-ce que vous en pensez, doc ? » demanda-t-il tout bas.

- « Si ce gamin a été étranglé, son agresseur doit être très fort physiquement ; il ne devait pas être facile à mettre à terre. Il faut beaucoup de force pour étrangler quelqu'un à mains nues et encore plus pour un type comme celui-là... De plus, j'ai constaté qu'on l'avait recousu au niveau du plexus... »

- « Et les chiffres sur le corps ? »

- « Comment savez-vous ?... »

- « Il y a la même chose sur l'autre... »

- « 02121. Je ne sais pas ce que c'est censé signifier... »

- « Merci, doc », conclut Bearchan.

Il avait des choses urgentes à faire : vérifier l'emploi du temps des deux jeunes, faire le tour de leur entourage et déterminer qui aurait assez de raison de leur en vouloir pour aller jusqu'à les tuer... Une longue journée s'annonçait...

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15 février 1994... Commissariat de Pleasant River... 08H50 ...

En faisant le tour des connaissances des deux garçons, Bearchan se rendit compte qu'il y en avait assez peu. Un autre garçon de leur âge, nommé Jasper Gein, semblait avoir été un ami assez proche, et Bearchan le fit venir au commissariat pour témoigner. L'adolescent, grand et maigre, encore sous le choc de la mort de ses deux amis, bégayait sans cesse. Le commissaire lui laissa le temps de se calmer avant de lui poser des questions.
Gein lui raconta qu'il n'avait pas vu ses amis depuis avant-hier, qu'il était cloîtré chez lui par son salaud de père, et qu'il n'avait pas pu passer la journée à Silent Hill avec eux. Bearchan appela chez lui et tomba sur le père lui-même qui lui confirma que son fils était bien à la maison hier soir et n'avait pas découché. Bearchan prit la déposition de Gein et lui dit de rentrer chez lui. Mais au moment de passer la porte, Gein lui lança :

- « Je leur a... avais bien dit que... que ça leur retomberait de... dessus un de ces jours... »

Bearchan avait d'autres personnes à voir : visiblement, les deux défunts semblaient être de petits caïds à l'école et il leur arrivait souvent de martyriser les autres élèves. En interrogeant Gein, un nom avait été prononcé une ou deux fois... Sullivan... Visiblement, Gein pensait que ses potes étaient allés trop loin avec lui... Bearchan décida de le faire venir pour entendre ce qu'il avait à dire...

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15 février... Commissariat de Pleasant River... 10H51...

On frappa discrètement à la porte de Bearchan et une femme policier entra, précédant un jeune homme qui ne pouvait être que Walter Sullivan. La femme le fit asseoir sur une chaise face au commissaire. Bearchan s'attarda quelques instants à détailler le garçon. Selon ses infos, Sullivan était âgé de vingt-quatre ans, faisait toujours des études à l'université, et avait un job dans un magasin de sport pour payer ses études. Un étudiant assez discret, qui ne se faisait jamais remarquer de personne et qui n'avait jamais eu d'histoire qu'avec Bobby Randolph.
Le garçon avait posé les mains sur ses genoux et sa tête était un peu penchée en avant ; il était plutôt grand et pas très costaud ; ses cheveux mi-longs étaient châtains foncés, il était imberbe et portait un chandail élimé gris anthracite, qui accentuait la pâleur de sa peau ; ses yeux étaient d'un bleu absolument stupéfiant, qui mirent Bearchan mal à l'aise une fois que Sullivan se fut décidé à le regarder. Il était plutôt beau garçon mais son visage fermé et son air mélancolique avaient quelque chose de... dérangeant... On se sentait comme fouillé au fond de l'âme par ses yeux qui ne cillaient presque pas...
Bearchan reprit son air professionnel et interrogea Sullivan :

- « Nom, prénom, âge, adresse. »

- « Sullivan, Walter, vingt-quatre ans, 13 ème immeuble de la Grande Rue, appartement 27... »

- « Vous vivez seul ?... »

- « Oui. »

- « De la famille ? »

- « Je suis orphelin, mais j'ai été élevé à Silent Hill... », répondit rêveusement Sullivan.

Bearchan tiqua sur le nom de la ville en faisant immédiatement le lien avec le meurtre de Jimmy Stone. Mais c'était peut-être une coïncidence...

- « Vous faites quelles études ? »

- « Anthropologie. J'étudie les us et coutumes des indiens d'Amérique, particulièrement leurs croyances et leurs rituels... »

- « Ah... », soupira Bearchan.

- « Silent Hill est une ville construite sur un ancien territoire indien, je m'y suis toujours intéressé... », précisa Walter en lui souriant timidement.

- « Parlez-moi un peu de vos liens avec Randolph et Martin... »

Sullivan prit le temps de la réflexion et Bearchan se dit qu'il devait passer en revue tous les sales moments qu'il avait vécu à cause d'eux...

- « Je n'avais pas de liens avec eux, c'étaient des brutes qui se fichaient pas mal de l'école... Je ne suis pas le seul à qui ils aient cherché des ennuis... »

- « Que vous ont-ils fait exactement ?... », demanda Bearchan.

- « Oh... des trucs de gamins... Ils me tapaient dessus des fois, où il me volaient des choses dans mon casier ou dans mon sac... Une fois, ils m'ont même craché dessus... »

Quels sales gamins... Bearchan ne pensait pas que de telles enfantillages valaient la mort, mais ce n'étaient visiblement pas des enfants de choeur, ces deux-là...

- « Une fois j'ai dû aller à l'infirmerie pour me faire recoudre l'arcade sourcilière et la lèvre, parce que Randolph me les avaient ouvertes à coups de pied... »

Sullivan débitait les faits comme des banalités sans grande importance. Il semblait totalement détaché des évènements qu'il narrait, comme s'ils étaient arrivés à quelqu'un d'autre...

- « Gein m'a dit qu'un jour il vous avait enfermé dans un casier pendant une heure... »

- « Ah oui », sembla se souvenir Sullivan sans s'en émouvoir outre mesure. « Ce jour-là, je me souviens. C'était pas grand chose, quelqu'un est venu me libérer après, il m'avait pas fait de mal... Je ne suis pas claustrophobe... »

Sullivan semblait vouloir minimiser la cruauté de Randolph et Martin, c'était bizarre. Si quelqu'un lui avait fait la moitié de ce qu'on avait fait à Sullivan, il aurait montré bien plus de colère... Mais rien ne semblait pouvoir l'atteindre...

- « Où étiez-vous hier soir vers minuit ? »

- « Chez moi. J'écris un article pour le journal de mon université sur les Indiens shawnee... »

- « Quelqu'un peut-il le confirmer ? »

- « Euh... oui, le concierge peut vous certifier que j'étais bien chez moi ce soir-là... »

Bearchan prit le numéro et appela l'immeuble de Sullivan. Un homme lui répondit et lui confirma qu'il était bien le concierge, et que Sullivan était bien chez lui hier soir, qu'il était même descendu le voir pour lui dire qu'il avait visiblement une panne de chauffage avant de remonter. Quand quelqu'un sortait, il était toujours au courant, car le portail d'entrée grinçait horriblement et il avait un sommeil d'oiseau... Bearchan remercia et raccrocha. Puis, il se tourna vers Sullivan :

- « Je suis désolé de vous avoir fait perdre de votre temps, Mr. Sullivan. Ma secrétaire va vous raccompagner... »

- « Ce n'est pas grave, si j'ai pu vous être utile... Deux meurtres, c'est très grave... »

Sullivan se leva lentement, en posant les mains sur la table, de longues mains délicates avec des doigts fins... On ne pouvait pas imaginer ces mains serrant le cou épais de Bobby Randolph... Sullivan était presque aussi grand que lui mais il se dégageait de lui une certaine vulnérabilité, une faiblesse physique apparente... Etait-il malade ? Il était très pâle et il titubait légèrement en allant vers la porte...
La secrétaire prit Sullivan par le bras et le guida vers la sortie du commissariat. Bearchan le regarda se diriger vers la porte. Au dernier moment, Sullivan se retourna et le regarda droit dans les yeux, ce qui était assez inhabituel puisqu'il avait un regard plutôt fuyant. Bearchan lu dans ses yeux comme... de la détresse... comme s'il l'appelait silencieusement... Puis le beau visage de Sullivan disparut derrière la porte.

« Drôle de gamin », se dit-il pensivement. Casey déboucha à l'angle d'un couloir et vint vers lui avec une liasse de feuillets à la main.

- « On a finit de lire le texte de Stone, c'est du charabia religieux... A moins de faire partie de sa "secte", personne ne peut comprendre à mon avis... »

- « J'ai fini d'interroger les proches des victimes, aucun ne semble être impliqué dans le meurtre... »

- « Tu as regardé le dossier de Sullivan de près ? » demanda Casey

- « Euh... comme il n'est pas suspect, je ne vois pas l'intérêt... »

- « Bear... », soupira Casey. « Tu passes à côté des choses, des fois... »

Bear... Casey l'appelait toujours par ce sobriquet qui était un jeu de mot avec son nom ; ça lui rappelait sans cesse qu'il était un vieux fonctionnaire grincheux qui avait hâte de prendre sa retraite...

- « Y a quoi d'intéressant ?» interrogea Bearchan.

- « Sullivan est orphelin, tu le sais, non ? Devine où il a été élevé... »

- « Silent Hill ?... »

- « Ouais, et c'est quoi l'orphelinat de Silent Hill ? »

Bearchan resta la bouche ouverte quelques secondes. Non, ça ne se pouvait pas... Deux coïncidences comme ça, c'était impossible...

- « Ouais, mon vieux : la Wish House... Là où Stone a été tué... »

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ANTIBODY fy fallenRaziel
Dernière modification par fallenRaziel le 16 juil. 2011 21:57, modifié 7 fois.
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Frank 974
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Messagepar Frank 974 » 08 juil. 2011 23:21

XD le seul lecteur , Bon bas c'est bien et le montrage bien trash merci !
Ypyhtuhha, di yc tézà banti.

fallenRaziel
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Messagepar fallenRaziel » 09 juil. 2011 10:23

Disons qu'il était le seul à s'être exprimé^^
En même temps tu conviendras que Silent Hill c'est trash à la base :lol:


Chapitre 04121 - (Steve Garland)
HAIRESIS


«Chaque fois qu'on observe un animal, on a l'impression qu'il y a là un être humain en train de se foutre de nous...»


15 février 1994... Animalerie «Garland», Ashfield... 19H00...

Steve avait décidé de fermer une heure plus tôt que d'habitude, ce soir. Déjà parce qu'il en avait plein le dos, et aussi parce qu'un horrible meurtre avait visiblement été perpétré hier, à Pleasant River, pas loin d'Ashfield, et que du coup, les clients se faisaient plutôt rares. Il n'avait pas fait son chiffre d'affaire aujourd'hui et il était passablement remonté.
Steve n'avait pas vraiment peur ; il avait un fusil à pompe sous le comptoir prêt à l'emploi, et il avait ses molosses dans la pièce d'à côté. Il les promenait parfois dans le quartier et tout le monde avait pu admirer les fortes mâchoires de ses deux mascottes. En fait, Steve Garland ne craignait pas grand monde : c'était un homme grand et musclé pour ses cinquante ans, connu pour ses humeurs changeantes. Steve se moquait bien de ce qu'on pensait de lui. De toute façon, ses idiots ne le connaissaient pas vraiment. Les seuls qui le connaissaient vraiment étaient ses animaux.

Ouvrir une animalerie s'était imposé après son divorce. Rien d'autre ne l'intéressait. Pas même sa fille, cette ingrate de Lisa, qui l'avait abandonné pour aller s'occuper des êtres humains de Silent Hill... Elle était devenue infirmière ! Mais comment pouvait-on accepter de faire un pareil travail ?! Entendre toute la journée des gens brailler, se plaindre, dire du mal de vous, les laver, leur faire faire leurs besoins... Dégoûtant... Steve avait quasiment renié sa fille, ce jour-là... Il lui aurait pardonné si elle était revenue, mais elle avait eu la bonne idée de disparaître de sa vie... Il ne savait pas ce qu'il était advenu d'elle, et parfois, il lui arrivait de se le demander...
Mais qu'importe, ses animaux lui donnaient tant de travail et de satisfaction qu'il n'avait pas trop le temps de penser à autre chose. Les animaux, eux, ne vous jugeaient pas, ils étaient toujours de votre côté et ne vous trahissaient jamais... contrairement aux êtres humains... Ils étaient purs...

Steve aimait tous les animaux, les chiens et les chats surtout, mais les autres aussi ; à ses yeux, n'importe quel animal valait deux fois plus qu'un être humain. Dans son animalerie, il vendait des animaux de compagnie standards, mais aussi des reptiles, des poissons, des rongeurs ; Steve avait pensé à se procurer des insectes, car certaines personnes semblaient en raffoler.

Steve s'attela à la tâche qui consistait à nettoyer les cages de ses protégés. Il fallait évacuer les déchets des cages, changer leur eau, le fourrage... Steve aimait faire cela ; il oubliait alors ses soucis. Regarder les yeux de ses protégés pleins d'amour pour lui, le remerciant de prendre autant soin d'eux, cela le remplissait d'un bonheur simple mais constant. Même si son bonheur s'était terni il y avait quelques années... lorsque Kitty était mort...
Kitty avait été son animal favori, un chat qui était toujours resté plutôt petit et maigre toute sa vie, un chat blanc avec des taches rousses, absolument adorable. Il avait été un fidèle compagnon avant de mourir de sa belle mort, trois ans plus tôt. Steve avait cru alors qu'il ne le supporterait pas... Les gens ne pouvaient pas comprendre ce qu'il ressentait... Il n'aurait pas été plus triste si cela avait été sa fille...
Sans compter que Kitty avait déjà failli mourir une fois, il y avait seize ans de cela... Steve s'en rappelait parfaitement...

Un jour, un enfant était entré dans la boutique, et s'était amusé à essayer de caresser les souris blanches dans leur cage en passant la main entre les barreaux ; Kitty se promenait alors dans le magasin (Steve le laissait en liberté) et s'était mis dans la tête d'attirer l'attention du garçon en se frottant contre sa jambe. Le garçon avait été sottement surpris par ce contact et la cage des souris blanches étaient tombée par terre avec grand fracas, manquant de peu d'assommer mortellement son Kitty, qui s'en était sorti avec le museau éraflé. L'enfant s'était répandu en excuses, disant qu'il n'avait pas voulu faire mal à son Kitty, mais Steve ne s'était alors jamais senti dans une telle fureur. Il avait tellement gueulé contre le sale môme que les voisins avaient appelé la police pour voir ce qui se passait. Mais le gamin était parti sans demander son reste et Steve ne l'avait plus jamais revu... C'était tant mieux...
Depuis ce jour, la haine de Garland envers les humains avait atteint son apogée. Il bossait ici parce qu'il fallait bien vivre, mais quand l'heure de la retraite aurait sonné, il se prendrait une baraque cossue dans un village paumé, loin de tout et de tous, entouré seulement de ses chères bêtes... Peut-être aurait-il des poules et des canards... Des chevaux aussi... Quelques chèvres et moutons... Steve aurait voulu avoir tous les animaux de la planète chez lui... autour de lui...

Il avait fini avec la cage des cochons d'Inde et referma la porte. Les petites boules de poils s'enfouirent sous la paille pour faire leur sieste. Steve se dirigea vers la porte d'entrée et la ferma à clef : plus de client pour aujourd'hui.
Il lui arrivait encore d'imaginer que Kitty trottinait dans la boutique, entre les rayons, en faisait tinter sa clochette, et parfois il se surprenait à l'appeler en sifflant. Il était difficile d'oublier un animal qui s'était tant incrusté dans votre vie...

Mais il avait deux animaux, bien vivants, dans le chenil d'à côté et il était l'heure de leur faire prendre un peu d'exercice. Steve habitait dans l'immeuble d'à côté et pour rien au monde il n'aurait laissé ses amis dans le chenil toute la nuit. Il n'avait pas beaucoup de place chez lui, alors deux dobermans dans son trois pièces, ce n'était pas facile à gérer tous les jours. Mais Steve le faisait avec plaisir. De plus, il y avait des malades à chaque coin de rue et deux bêtes de ce gabarit, ça dissuadait le tout venant...
Steve passa un coup de chiffon sur son comptoir. Il dut insister sur une tache bizarre, rougeâtre, qui ne voulait pas partir. Il était assez maniaque sur la propreté de son magasin, et il déversa pas mal de détergent dessus, mais ça ne partait pas... pas du tout... il avait même l'impression d'étaler la chose de façon catastrophique... En levant les yeux, Steve vit une autre tache sur l'aquarium en face de lui. Ca, c'était un peu fort : il était passé devant tout à l'heure et n'avait rien vu. Il essaya de gratter pour l'enlever, mais elle s'étala elle aussi, tant et si bien qu'il ne voyait plus les poissons derrière la vitre. Mais c'était quoi, ce truc ?! Steve commençait à voir des taches partout... Et si un animal était blessé ? Ca ressemblait à du sang... Non, plutôt un genre de rouille liquide, mais comment ça avait pu arriver ici ? Il regarda les canalisations du plafond mais ne vit rien qui gouttait...

Steve retourna derrière son comptoir. Il verrait ça demain, il n'avait pas le temps, il devait sortir les chiens... Et puis, l'air était de plus en plus étouffant ici, il fallait qu'il sorte pour respirer un peu... Il se retourna vers la porte du chenil...
Une énorme tache rouge se répandait sur la porte, une tache rouge qui avait la forme d'une... énorme patte de chien... Steve sursauta de terreur devant ce qu'il savait impossible... Il n'y avait rien tout à l'heure... Et un chien ne pouvait pas laisser de telles traces... Il avait la berlue... Il était fatigué, il devait rentrer se coucher... Ce n'était pas une patte de chien... Il devait emmener ses bêtes hors d'ici... Qu'est-ce qu'il faisait chaud...

La poignée de la porte était maculée de liquide rouge mais Steve était prêt à tout pour ses chiens. Il la saisit à pleine main et poussa la porte vers l'intérieur. Il jeta un oeil prudent dans le chenil, mais il ne vit pas ses dobermans. Ils étaient peut-être tout au fond (il ne les enfermait jamais...).
Steve fit quelques pas dans la pièce tout en appelant ses chiens par leurs noms. Il entendit alors un son, comme un bruit de griffes sur le sol. Steve se sentit soulagé : il reconnaissait le bruit familier que faisait les pattes de ses chiens. Mais il n'entendait qu'un seul pas, étrangement lent et lourd...

Steve se rendit compte qu'il faisait encore plus chaud ici que dans le magasin. Un tuyau quelconque avait dû péter. Il appellerait le service de maintenance du quartier pour qu'il s'occupe de ça... Steve commençait à s'impatienter, d'habitude à cette heure-ci, ses chiens étaient surexcités et avaient hâte de sortir, mais le bruit de pattes était toujours aussi lent... Steve se porta à la rencontre de ses bêtes... Mais il ne vit pas ce qu'il s'attendait à voir...
Une ombre gigantesque se tenait au fond du chenil. C'était un de ses chiens, mais... sa taille n'était pas normale... Il était trop gros, trop grand... Ses chiens étaient d'une taille impressionnante, mais là c'était tout bonnement impossible... Il se frotta les yeux pour être sûr de bien voir... L'animal se dirigeait vers lui, d'un pas traînant, comme si sa lourde carcasse était un fardeau trop lourd à porter... Et il sortit de l'ombre...

C'était un chien monstrueux... un corps couturé de cicatrices, des plaies ouvertes, suintant le sang et le pus... une tête, non, deux têtes, sur ce corps hideux... ses deux chiens, en un seul... des yeux blancs révulsés, une bave jaunâtre qui pendait en longs filets brillants des gueules perpétuellement ouvertes... deux langues qui traînaient sur le sol... une démarche claudiquante, bancale, ponctuée par le bruit des griffes sur le sol, longues et affutées comme des cisailles...
Steve recula... il recula devant cet animal absolument terrifiant, cet animal qui n'en était plus un... Un grognement ininterrompu s'échappait de la gorge éventrée... Les deux têtes se tournèrent vers leur «maître», et soudain, le monstre chargea Steve. Celui-ci se jeta de côté, évitant la pesante créature de justesse. Se relevant instantanément, il se précipita sur son comptoir et s'empara du fusil à pompe qu'il gardait caché. Se retournant, l'arme braquée sur le monstre, il le mit en joue. Mais une autre vision d'horreur l'arrêta.
Sur le dos de la créature, là où aurait dû se trouver sa queue, il y avait un chat... une moitié de chat, une tête et des pattes avant qui griffaient la croupe du chien...
Un chat blanc avec des taches rousses...

Les oreilles aplaties, les yeux rouges, le chat crachait comme un enragé. Le chien ne se retournait pas, il exposait au canon du fusil son postérieur ravagé, attendant que Steve se décide à tirer sur son cher Kitty... Il ne pouvait pas... Garland n'avait jamais tiré sur un animal... Il ne pouvait pas tirer sur son Kitty... Non, Kitty était mort... Cette horrible chose essayait de le tromper... Ses mains tremblaient et le canon du fusil dévia un peu... Il fallait le faire... S'il ne tuait pas cette monstruosité, ce serait elle qui le tuerai... Il raffermit sa prise sur la crosse, visa, fit feu...
Le chat explosa littéralement sous l'impact, le chien poussa un jappement pitoyable, et s'affaissa sur le côté. Un trou béant était apparu dans le flanc gauche de la bête, mais elle n'était pas morte... Mais qu'est-ce qui pouvait bien tuer une telle créature, de toute façon ? Il voulut l'achever mais son fusil s'enrailla ; affolé, terrifié par son acte, il se rua sur la porte en sautant par-dessus le comptoir, sortit son trousseau de clefs et tenta de déverrouiller la porte ; mais il ne trouvait pas la bonne clef : ses mains étaient moites et tremblaient comme celles d'un vieillard.

«Insuffle la vie à l'animal qui est en toi...»

Steve n'osa pas se retourner. Il avait entendu distinctement une voix douce prononcer ces mots. Il était subjugué par la vision de la porte qui fondait littéralement devant lui, comme du métal en fusion, se changeant en liquide pourpre poisseux et puant... Et de l'autre côté, une véritable meute de monstruosités semblables à celle qu'il avait laissé derrière lui, aboyant, hurlant, grognant dans sa direction... Qu'avait-il fait pour mériter ça ?... Steve se mit à arracher le peu de cheveux qu'il lui restait aux tempes... N'avait-il pas toujours été bon pour eux ? Pourquoi lui en voulaient-ils autant ? Il se boucha les oreilles, rendu sourd et aveugle par ce qu'il entendait, par ce qu'il voyait... Il fallait que cela s'arrête... Comme un dément, il se mit à aboyer lui aussi...

Des détonations retentirent derrière lui ; des choses lui entraient dans le corps. En baissant les yeux, il vit son propre sang imbiber sa chemise, ses intestins s'échappant de son bas-ventre, se répandant sur son pantalon... Médusé, il les prit à pleine mains... tomba à genoux...
La dernière chose qu'il vit fut la meute hurlante se précipitant sur lui pour la curée...

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15 février 1994... Commissariat de Pleasant River... 19H03...

Aidan Bearchan était plongé dans le rapport d'autopsie de Jimmy Stone. Il le parcourut des yeux, s'arrêtant plus particulièrement sur les éléments importants... Balle pénétrant à l'arrière de la tête... pas de traces de lutte... absence du coeur... poitrine recousue par le tueur... travail d'amateur... scarifications au couteau... 01121... aucune trace du tueur... pas d'empreintes ni de débris organiques...
Bearchan se caressa le menton. Le coeur avait été emporté par le tueur. Martin et Randolph avaient eu le torse recousu eux aussi. Sans compter les chiffres scarifiés sur la peau. Il n'avait plus de doute, c'était le même tueur. Le même tueur qui répétait comme un rituel. Un rituel de mise à mort particulièrement codifié...
Un assassin diablement fort, pour avoir réussi à étrangler Randolph à lui seul. Enfin, il fallait prendre en compte les particules de peinture... Mais cela n'avait pas de sens, Randolph ne s'était pas fait étouffer par un casier en alu ! Bearchan était certain qu'un être de chair et de sang était derrière tout ça...

Bearchan ferma les yeux et essaya d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler l'assassin... Quelqu'un de plutôt grand... musclé... un solitaire dépressif... Mais Bearchan n'était pas profiler. Il fallait étudier l'emploi du temps de toutes les personnes ayant eu un rapport avec les trois victimes, et peut-être leur trouver une connaissance commune. Bearchan se souvint de ce que Casey lui avait dit : Sullivan ... Sullivan étudiait encore à Pleasant River et se faisait maltraiter par Randolph régulièrement... mais il avait aussi été élevé dans la Wish House, l'orphelinat de Silent Hill où Stone avait été retrouvé mort... Ca l'ennuyait de l'admettre, mais pour l'instant, Sullivan semblait le seul fil conducteur dans cette affaire.
Cela l'ennuyait car Sullivan ne correspondait pas du tout à l'idée qu'il se faisait du tueur. Physiquement déjà, il n'avait rien d'un lutteur ; et la façon dont il minimisait les horreurs que Randolph lui avait fait subir dénotait une certaine tendance à l'effacement, au pardon facile, au masochisme même... Dans ce cas, pourquoi aurait-il tué Randolph ? Sullivan semblait quelqu'un de très calme, de très posé, de très nonchalant, et il l'imaginait mal organiser un piège et tuer trois personnes en deux jours... Il savait que dans le cas d'un tueur en série, il ne fallait pas se fier aux apparences, mais...

Casey entra en trombe dans son bureau : il suait et soufflait comme un boeuf, plus à cause d'un quelconque choc que du fait d'avoir courut jusqu'ici. Il se planta devant Bearchan :

- « Bear... un... un autre meurtre... à Ashfield... »

Bearchan se leva d'un bond en se mordant la lèvre. Non, encore un, ça n'était pas possible. Pendant un instant, il espéra que ce meurtre n'avait rien à voir avec les autres, mais au fond de lui il le savait : c'était le même tueur qui venait encore de frapper sous leur nez...

- « Bon dieu... il faut y aller », se résigna-t-il.

Beachan finit par se dire que s'ils n'arrêtaient pas le tueur, celui-ci ne s'arrêterait jamais tout seul...

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15 février 1994... Animalerie Garland... 19H30...

Personne n'avait vu quoi que ce soit. Une voisine avait seulement entendu Garland hurler, mais c'était tout. Personne n'était entré ni ressorti. La boutique comportait une porte d'entrée et une sortie de service, dont se servait Garland pour promener ses chiens avant de rentrer chez lui.
Bearchan fit quelques pas dans la boutique. Tout avait été saccagé : les cages des animaux étaient renversées, les linéaires étaient par terre, la plupart des animaux morts... A terre, gisaient deux cadavres de chiens, des dobermans, visiblement tués par leur maître, couché face contre terre, un fusil à la main, face à la porte d'entrée. Garland était-il devenu fou ? Les chiens l'avaient-ils attaqué ? Avait-il tué tous ses animaux avant de se tuer lui-même ? Selon les dires des voisins, Garland adorait les animaux plus que lui-même, et il ne leur aurait jamais fait de mal...

Bearchan voulut s'approcher du cadavre pour avoir la confirmation de ce qu'il craignait, mais le cadavre était sur le ventre, et il ne vit rien, à part les traces de centaine de balles qui avaient pénétré la chair... une arme automatique ?... Il savait qu'il ne devait pas faire ça, mais... Il retourna le cadavre, et là sur le haut du pectoral droit, il vit... les chiffres... 04121 ... et la longue estafilade recousue à la hâte sur la poitrine... Bearchan laissa échapper un long soupir de dégoût, avant de remettre le cadavre en place, en faisant attention de ne pas répandre les viscères partout.

Il allait vraiment falloir s'occuper de cette affaire très vite. Si le tueur assassinait une victime par jour au nez et à la barbe de tout le monde, qui savait jusqu'où il pourrait aller... Bearchan en faisait une affaire personnelle...

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15 février 1994... Rues d'Ashfield, Rue commerçante... 20H30...

Walter Sullivan, les bras chargés de sacs à provisions, remontait la rue commerçante pour rentrer chez lui. Comme il vivait seul, il n'avait pas grand chose à acheter, il savait se contenter de peu. Son appartement se trouvait non loin du petit centre commercial où il avait l'habitude d'aller. Il sortait de son travail, un job à mi-temps au Albert Sports, qui lui permettait de payer ses études et de mettre du beurre dans les épinards. Sullivan n'était pas particulièrement sportif, et, malgré les encouragements de Mr. Albert, ça ne l'avait jamais intéressé : il préférait les activités intellectuelles.
En sortant du centre, il avait remarqué un attroupement, devant l'animalerie lui semblait-il. Il y avait des bandes jaunes tendues devant l'entrée, et Sullivan pensa qu'il y avait eu du grabuge. Peut-être le gérant avait-il eu des problèmes avec un animal ?... Mais ça ne l'intéressait pas trop : le gérant, Garland, était un sale type de toute façon, et les animaux sentaient ces choses-là...
En regardant avec un peu plus d'attention, il vit le commissaire Bearchan, sortir de la boutique, avec un air songeur sur le visage. Sullivan s'arrêta quelques instants, et Bearchan, machinalement, leva les yeux dans sa direction, et il le vit. Il fut comme figé pendant un moment, ne pouvant croire à sa présence sur les lieux du crime.
Sullivan repartit d'une bonne allure. Il ne voulait pas que Bearchan vienne vers lui, même s'il l'aimait bien. C'était une bonne personne, et Sullivan en avait rencontré tellement peu dans sa vie que cela méritait d'être noté dans un coin de son esprit. Bearchan le suivait des yeux, il le savait, car il sentait son regard planté dans son dos.

Sullivan avait l'habitude des regards mauvais braqués sur lui. Depuis qu'il était sorti de l'orphelinat, il n'avait rencontré que des gens méfiants, vindicatifs, volontiers méchants à son égard. Mais on l'avait prévenu à l'orphelinat : «les gens ne te comprendrons jamais, et ils te rejetteront toute la vie, parce que tu es spécial.» Sullivan n'avait jamais recherché l'approbation de personne, enfin seulement la Sienne, à Elle... Il devait attendre le prochain Signe...
Sullivan ne se pressait jamais pour rentrer chez lui. Personne ne l'y attendait, il n'avait pas d'ami, de père ni de mère. Enfin, si, il avait une mère, mais il ne pouvait pas encore la rejoindre... pas encore, mais bientôt... Quand tout aurait été accompli, il pourrait la retrouver... Sullivan se mit à sourire tout seul, de ce sourire absent, lointain, qui avait tant déstabilisé Bearchan...

Il arrivait devant son immeuble. Le concierge l'aiderait sûrement à monter avec ses provisions. Il était gentil, le concierge. Si seulement ils pouvaient être tous comme ça, le Paradis n'aurait pas fui... Dieu ne serait pas morte... et il n'aurait pas besoin de... C'était si rare... Sullivan avait appris à apprécier cela... même si au fond, il n'avait pas besoin de gentillesse... Il n'avait besoin que de Son amour... C'était tout ce qui importait... Le vieux concierge lui tint la porte d'entrée et lui proposa de l'aider à monter ses sacs... Très gentil, vraiment...
Bientôt, Mère, très bientôt...

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INFER DOBERCAT by fallenRaziel
Dernière modification par fallenRaziel le 28 juil. 2011 22:36, modifié 2 fois.
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Messagepar fallenRaziel » 11 juil. 2011 11:34

Chapitre 05121 - (Rick Albert)
DIAIRESIS


«Une vie sportive est une vie héroïque à vide...»


16 février 1994... Albert Sports, Ashfield... 09H28...

Le magasin Albert Sports allait bientôt ouvrir ses portes. Le gérant, Rick Albert, était déjà sur les lieux pour tout mettre en place. Il ne devait rien manquer dans la vitrine, ni dans les linéaires.
Albert allait sur ses quarante-cinq ans, et il faisait tout pour s’entretenir au maximum ; il n’aurait pas accepté de laisser la vieillesse le diminuer physiquement. Il était plutôt fier de son apparence : il faisait facilement dix ans de moins que son âge.

Il avait toujours été le premier de sa classe dans les cours de sport : baseball, volleyball, football, tennis... il excellait dans pratiquement tout ce qu’il avait essayé. Ce magasin était un peu la concrétisation de son rêve : cela lui permettait de démontrer chaque jour les bienfaits du sport. Il n’avait rien contre ses clients, mais parfois, quand il en venait un, bedonnant et mou comme une chiffe, il avait envie de le prendre par la main et de lui dire ce qu’il pensait de son laisser-aller ; surtout les hommes... cela lui rappelait constamment ce qu’il aurait pu devenir s’il ne s’était pas pris en main dès le début.
Certes, certaines personnes étaient allergiques aux exercices physiques, il le comprenait, mais tout de même... C’était le cas de son jeune employé, Sullivan, qu’il avait déjà vainement essayé de convaincre de se muscler un peu, mais le garçon demeurait toujours aussi chétif à son goût... Ce n’était pas une très bonne image de son magasin, mais Sullivan était bien brave et il avait besoin de ce travail pour payer ses études et son loyer.
Rick était un homme bon ; devant la détresse de ce garçon, qui n’aurait sûrement pas trouvé un emploi ailleurs, il avait cédé... mais il aurait quand même aimé qu’il partage sa passion, ça leur aurait permis d’échanger leurs idées. Mais Sullivan ne semblait intéressé que par le folklore amérindien, chose dont Rick se moquait éperdument... Sullivan avait essayé de lui en parler un jour, mais Rick n’avait pas réussi à s’intéresser...

Sullivan ne devrait plus tarder à arriver d’ailleurs ; il arrivait toujours après lui car il n’avait pas les clefs du magasin. Rick, bien que tolérant et compréhensif, était assez maniaque en ce qui concernait le magasin et il aimait tout mettre en place lui même : ainsi, si quelque chose allait de travers, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
Cependant, Sullivan semblait en retard, ce matin ; d’habitude, il était toujours là à 09h30 et là il était 09H35 passée... Il était assez pointilleux sur les horaires et le garçon l’avait habitué à la ponctualité.

Rick Albert fit le tour de la boutique : les appareils de musculation étaient bien visibles dès l’entrée ; sur les étagères, les accessoires étaient bien alignés ; les clubs de golf tous bien appuyés contre le mur, au garde-à-vous ; les vêtements de sports étaient pendus sur leurs cintres, près des cabines d’essayage ; les trolleys étaient pleins de balles à ras bord, comme il l’aimait. Non, celui des balles de volley semblait moins plein... Qu’à cela ne tienne, Rick se dirigea vers l’entrepôt en fronçant les sourcils : une seule autre balle suffirait à son bonheur. N’importe qui aurait trouvé cette réaction excessive, mais Rick aimait que tout soit à sa convenance.

Sullivan n’était toujours pas arrivé. Il commençait à s’inquiéter. Le garçon aurait pu le prévenir s’il ne venait pas travailler aujourd’hui. Il chercha des yeux le coin de l’entrepôt où il gardait les ballons de volleys, enveloppés dans du plastique. Il y avait aussi quelques mannequins encore emballés, qu’il s’était promis de mettre en vitrine le mois prochain. Il avait aussitôt craqué sur ces modèles masculins, dont la musculature se rapprochait le plus de ce que Rick considérait comme la perfection... Jamais il n’en aurait des comme ça, bien qu’il fasse tout pour cela... Les mannequins féminins n’étaient pas en reste, leurs silhouettes élancées et leurs muscles fins étaient à tomber... Balançant sa main nonchalamment, il prit une balle de volley, la déballa et vérifia si elle était bien gonflée.

Alors qu’il se retournait pour chercher l’appareil qui permettait de gonfler les ballons, il entendit la porte de service s’ouvrir : c’était Sullivan, il était le seul à entrer par là, Rick laissait cette porte ouverte quand il entrait dans le magasin, exprès pour lui. Rick soupira : Sullivan ne lui avait pas fait faux bond. Il ne lui aurait pas pardonné facilement...

Il prit le ballon de volley bien en main et y introduisit l’embout du gonfleur ; bandant ses muscles, il commença à pomper. Les pas de Sullivan s’approchaient et il s’apprêtait à lui demander de le remplacer quand...

Sullivan entra en trombe dans l’entrepôt ; toujours aussi maigre et dégingandé, il semblait pourtant hors d’haleine comme s’il avait couru. Avait-il enfin suivit son conseil de faire un peu de jogging ? Mais comment expliquer son air à la fois enthousiaste et choqué ? Rick interrogea son employé du regard.

- «Vous n’êtes pas au courant, monsieur ?» l’interrogea Sullivan à bout de souffle. «Monsieur Garland est mort ! Il a été tué hier soir, je passais devant quand j’ai vu les policiers. Quelqu’un lui a tiré dessus avec une mitraillette, avant de tuer les animaux ! Il y avait du sang partout ! Son coeur a été emporté, et on lui a gravé des chiffres bizarres dans la peau ! Effrayant, hein ?!»

Rick avait rarement vu Sullivan aussi excité. D’habitude, il faisait son travail consciencieusement, mais il souriait rarement et ne haussait jamais le ton. Mais là, il semblait survolté, presque réjouit par ce qu’il venait de raconter. Rick, les mains occupées avec le ballon et le gonfleur, n’avait prêté qu’une oreille distraite à ce qu’il racontait. Il connaissait Garland de vue, c’était un bourru, qui se promenait toujours avec ses deux dobermans non muselés, et Rick avait toujours trouvé ça limite...

- «Vous vous rendez compte ?» lança Sullivan, dont le souffle court commençait à reprendre un rythme normal. «Qui lui en voulait autant pour le tuer comme ça ? Et puis, tuer les animaux, c’est quand même pas très gentil...»

Rick commençait à transpirer. Il pompait depuis cinq bonnes minutes mais le ballon ne semblait pas vouloir augmenter de volume. Etait-il percé ? Il décida d’en prendre un autre, quand quelque chose d’étrange lui traversa l’esprit...
Le meurtre avait eu lieu hier soir et aucun journal, télévisé ou papier, n’en avait parlé, du moins aucun qu’il ait vu. Et Sullivan connaissait beaucoup de détails pour un simple témoin de passage. Avait-il parlé avec la police ? Ou bien...

- «Dites-moi, Walter, comment vous y êtes-vous pris pour connaître autant de détails de ce meurtre ?...»

Il avait posé cette question sans malice, par simple curiosité. Sullivan était-il passionné d’enquêtes policières ? Il s’était tourné vers le garçon, avec un sourire sur le visage et il attendait que Walter lui dise qu’il avait des connaissances dans la police, ou autre... Mais ce qu’il vit fut très différent... et inattendu...
Jusque-là, Sullivan avait affiché son sempiternel sourire absent et lointain, mais, au moment où Rick s’était tourné vers lui, ce sourire avait commencé à s’effacer... lentement, très lentement, comme au ralenti, le sourire de Sullivan fondit littéralement, laissant place à une expression que Rick ne lui avait jamais vu : de la contrariété d’abord, puis de la colère pure... Les yeux de Sullivan étaient plissés, ses sourcils légèrement froncés, son expression était terrifiante, tellement peu familière : Rick eu l’impression de se trouver devant quelqu’un d’autre... une personne qu’il avait mise dans une colère noire...
Les néons de l’entrepôt se mirent à clignoter par intermittence. Allons bon, le matériel pétait un câble, aussi ? C’en était trop. Sullivan, toujours avec son expression inquiétante, avait commencé à reculer dans un coin de la pièce... Rick laissa tomber le ballon, et les lumières s’éteignirent pour de bon. Tendant les bras devant lui, Rick Albert chercha la poignée de la porte en lançant des «Walter ?» hésitants de temps en temps.

Les lumières revinrent, mais elles étaient rouges. Sans doute le système de secours qui s’était mis en marche. Il se dirigea vers la porte, avec pour intention de signaler le problème au service de maintenance du centre commercial, mais sa main ne rencontra qu’un mur nu. Où était cette satanée porte ?! Et où était Sullivan ? Il ne voyait le garçon nulle part. Avait-il réussi à sortir pour chercher du secours ?...
Rick se mit à faire le tour du mur à tâtons pour trouver la poignée de la porte, mais force fut de constater qu’il n’y avait plus de porte... Mais que se passait-il ici ?

Il entendit un faible bruit derrière lui ; un bruit de plastique. Il se retourna et regarda dans l’entrepôt. Le bruit venait des objets emballés dans le coin... Un rat dans son magasin ? Qui se promenait sûrement dans ses nouvelles acquisitions... Rick eut une expression dégoûtée. Quand tout à coup, un mouvement, bien trop perceptible pour être celui d’un simple rat, fit se bander instinctivement ses muscles.

L’un des mannequins bougeait. Il remuait doucement dans la semi-pénombre baignée de cette lumière rouge infernale, et, avec une lenteur surnaturelle, il se redressa... Ce n’était pas un de ses mannequins : c’était... une monstruosité.
La chose avait deux jambes, supportant un tronc et un morceau de poitrine : l’une des deux jambes était musclée et l’autre délicatement galbée... Lorsqu’elle se fut entièrement mis debout, Rick vit ce qui lui tenait lieu de tête : des bras, qui remuaient, qui se tendaient en avant, en arrière, dont les mains s’ouvraient et se fermaient, sortant du torse sans tête. A la lueur rouge des néons détraqués, Rick vit un liquide répugnant couler sur le corps en plastique de la chose... Non, pas du plastique, cela ressemblait à de la chair... de la chair en plastique... du sang qui brillait de façon obscène sur la poitrine masculine... Une telle perfection... pervertie de cette façon...

La chose fit un pas en avant, mal assurée sur ses jambes flageolantes, comme un nouveau-né. Rick recula brusquement en se jetant sur le mur. Cela avançait vers lui, inexorablement, et les mains se tendaient vers lui, comme pour l’agripper... Mais la chose ne le voyait pas : elle avançait au hasard, au milieu des balles emballées qui jonchaient le sol. Du sang se répandait par terre à chaque nouveau pas de la créature. Avisant un linéaire sur le mur à côté de lui, Rick saisit la première chose qu’il y trouva : une batte de baseball... Il se mit en position, comme il l’avait appris, cette position qui lui avait permis de rapporter plusieurs médailles à son équipe quand il était au collège : il était bien décidé à envoyer sa batte dans cette chose affreuse dès qu’elle serait à portée. Mais où frapper ? Elle n’avait pas de tête...

Rick ne fuyait pas devant ce que sa raison ne pouvait admettre. Quand sa vie est en jeu, l’Homme est capable d’admettre bien des choses ; or, cette chose voulait sa peau... Avançant courageusement vers elle, les yeux larmoyants à cause de la lumière, il s’apprêta à faire un joli balayage horizontal... Il frappa la chose où il put, mais ne parvint qu’à lui érafler un bras ; des morceaux de plastique, et quelque chose qui ressemblait à de la bourre ensanglantée, tomba sur le sol devant lui. La chose se tortilla sur elle-même, comme un danseur contemporain effectuant une chorégraphie compliquée. La chose ne faisait aucun bruit, et seul le grésillement des néons se faisait entendre. La pièce commençait à chauffer de façon drastique... Encore une fois, Rick chercha à tâtons la poignée de la porte, tout en gardant la créature dans son champ de vision...

Il toucha une main. Une main serrée sur quelque chose de dur et d’étonnement froid. Il retira sa main et se retourna brusquement. Une barre de fer lui entra dans le visage, avec une force inimaginable. Il chancela, sonné par le choc, et s’affala sur le sol. Il ne voyait pas très bien son agresseur, car il se tenait dans l’ombre : c’était quelqu’un de grand, avec des cheveux longs... Non, il ne pouvait pas lui faire ça... Dans sa main étincelait un club de golf...

«Je n’ai jamais voulu te faire de mal... Tout ce dont j’ai besoin ce sont des mots d’amour...»

Rick ferma les yeux, et le deuxième coup arriva, encore plus fort... Puis le troisième... et le quatrième... et les autres... Pourquoi ne se défendait-il pas ? Pourquoi se laissait-il faire ? Etaient-ce les mots qu’il avait entendu qui l’avaient laissé sans force, sans envie de riposter ?... Les coups pleuvaient sur lui ; son corps le faisait souffrir atrocement, son visage était en lambeaux ; ses forces le quittaient lentement, avec son sang, qui coulait sur le sol. Il entendait les halètements de son agresseur au-dessus de lui, et, avec l’énergie qui lui restait, il murmura : «Vas-y, mets-y toute ta force... J’ai toujours su que tu pouvais le faire...»

Du sang lui coula dans les yeux et il les ferma. Il essaya de plonger dans l’inconscience, mais son esprit ne voulait pas lâcher prise... Lui aussi, il l’avait entraîné, pour qu’il soit aussi fort que son corps... Il était bien plus fort en fait... Mais ce ne fut pas suffisant...
Enfin, la torpeur le prit, il ne sentit plus rien, les coups, la douleur lancinante dans sa tête, dans son torse, dans ses jambes... la dernière chose à laquelle il pensa fut qu’il espérait que Walter Sullivan puisse trouver un autre travail...

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16 février 1994... Centre commercial, Ashfield... 10H30...

De nouveau, ce centre commercial... De nouveau, un meurtre sanglant... Le même modus operandi, encore... Les chiffres 05121 scarifiés sur la peau... Le coeur, emporté... Aidan Bearchan ne pouvait pas le croire : personne n’avait rien vu...
Rick Albert avait été battu à mort avec un club de golf... Le corps se trouvait dans l’entrepôt du magasin de sport. Le crâne était déformé, ses bras et ses jambes tordus par la violence des coups. Ses traits exprimaient une profonde douleur, mais aussi comme de la... tristesse... Un policier prenait des photos du lieu du crime et les flashs illuminaient la pièce dont les néons étaient hors service.

Dans le magasin, une foule de policiers faisait des relevés divers ; tout le monde était à cran : cinq victimes en quatre jours... Et aucun fil conducteur, aucun indice pouvant donner une idée de l’identité du tueur ou de celle de sa prochaine victime... Bearchan entendait la voix du jeune Walter Sullivan qui répondait aux questions des policiers. C’était lui qui avait appelé la police. Bearchan avait cru qu’il allait avaler le stylo qu’il avait à la bouche à ce moment-là quand on lui avait annoncé ce cinquième meurtre... et le nom de celui qui avait donné l’alerte...
Sullivan... encore lui... Il était partout... Enfin, à part pour le cas de Garland, on ne lui avait trouvé aucun lien avec lui, mais tout de même : sur cinq victimes, Sullivan en connaissait quatre... On ne s’y serait pas mieux prit si on avait voulu lui faire porter le chapeau... Un assassin n’appelait pas la police après avoir commis un meurtre... Bearchan était toujours convaincu de l’innocence de Sullivan, même si Casey n’était pas de son avis : son second pensait que si Sullivan n’était pas le tueur, il était peut-être le commanditaire...
Pour Jimmy Stone, il s’agissait peut-être d’une sombre vengeance remontant à l’enfance ; pour Martin et Randolph, c’était une évidence... Par contre, pour Garland, ça ne collait pas... à moins qu’ils se soient connus de façon anecdotique, trop superficielle pour que cela soit ressorti dans les enquêtes qu’il avait mené... Et Albert était son employeur... Quel intérêt aurait-il à tuer cet homme ? Il avait besoin de travail... Et puis, aux dires de tous, Albert traitait bien Sullivan...

Bearchan sortit de l’entrepôt et se dirigea vers le comptoir : Sullivan y était adossé, visiblement en état de choc, sa main triturant son coude machinalement. Il avait le regard vide, les yeux baissés, et il répondait aux questions qu’on lui posait. Bearchan s’approcha.

- «Merci, mais je vais continuer.»

Il prit le carnet des mains de son collègue et parcourut rapidement les notes. Il y avait dedans tout ce qu’il voulait savoir, mais il ne pouvait pas résister à la curiosité d’interroger Sullivan lui-même... peut-être dans l’espoir de déceler quelque chose...
Sullivan ne le regardait pas, son visage était fermé et ses yeux toujours baissés. Bearchan lui posa une main sur l’épaule, et il tressaillit : visiblement, il était ailleurs...

- «Calmez-vous, Sullivan, racontez-moi...», lui demanda-t-il gentiment.

Sullivan lui répéta d’une voix monocorde ce qu’il avait déjà dit : qu’il était arrivé au magasin un peu en retard, à 09H40, et qu’il n’avait pas vu Mr. Albert. Il l’avait appelé mais il n’avait pas eu de réponse. La porte de l’entrepôt étant entrouverte, il avait pensé que Mr. Albert s’y trouvait, alors il avait passé la porte... Il avait vu le corps de Mr. Albert sur le sol, atrocement déformé, tout tordu, et il avait eu peur... Il n’avait pas su quoi faire sur le moment, appeler les secours ou la police... Il s’était approché et avait tenté de le réveiller, mais il n’avait pas donné de signe de vie... Alors, il avait décidé d’appeler la police...

- «Je ne savais pas quoi faire d’autre...», murmura Sullivan dans un souffle. «Je ne pouvais pas rester dans la pièce avec «lui», alors j’ai sorti l’écriteau pour indiquer que le magasin était fermé...»

- «Vous avez bien fait...»

Le garçon avait besoin d’un remontant. Il ne semblait pas particulièrement triste, mais choqué, oui. On le serait à moins. Bearchan était de plus en plus convaincu qu’il était innocent. Un coupable aurait été plus démonstratif dans son chagrin... Sullivan ne se forçait pas, il était sincèrement désolé que Rick Albert soit mort, mais il n’en rajoutait pas...

- «Sullivan, y a-t-il quelqu’un dans votre entourage... quelqu’un qui vous déteste assez pour vouloir vous mettre ses crimes sur le dos ?»

Sullivan le regarda enfin. Ses yeux étaient un peu rouges. Il se passa la main sur le visage, puis répondit :

- «Non, il n’y a personne... Je ne connais personne... Je n’ai pas... d’amis...»

Bearchan comprenait. A part Randolph et Martin, personne n’avait jamais eu d’histoire avec Walter Sullivan.

- «Je suis navré de vous l’apprendre, mais pour l’instant, vous êtes notre seule piste fiable... Vous êtes la seule personne qui semblait connaître les victimes...», annonça gravement Bearchan. «Puis-je vous demander si vous connaissiez Mr. Garland ?»

- «Un petit peu, pas plus que ça...», répondit Sullivan. «Je suis déjà allé dans son magasin quand j’étais petit, mais je ne me souviens plus trop ce qui s’y est passé...»

Bearchan voulut mettre fin à cet interrogatoire. Il lui coûtait beaucoup d’imposer cet exercice à ce garçon désemparé. Lui passant le bras autour des épaules, il le guida vers la sortie du magasin.

- «J’espère que vous trouverez un autre travail. D’ici là, je m’arrangerai avec le propriétaire de votre immeuble pour le loyer, afin que vous n’ayez pas d’ennui... Après tout, c’est un peu de notre faute si vous n’avez plus d’emploi : si nous avions arrêté le tueur...»

- «Vous... vous n’êtes pas obligé...», répondit timidement Sullivan. «J’ai l’intention de rentrer chez moi quelques jours, pour prendre du recul sur tout ça...»

- «Chez vous ?...»

- «A Silent Hill... Je me sens bien, là-bas... Je veux revoir... ma famille...»

Bearchan lâcha Sullivan et le regarda s’éloigner tristement au coin de la rue. Il était peiné pour ce garçon. Quelque chose lui donnait envie de l’aider, de le soutenir... Un mystérieux tueur semblait vouloir s’en prendre à lui à travers ses victimes... Il allait falloir se pencher sérieusement sur son passé s’il voulait pouvoir lui être d’un quelconque secours... et surtout s’il voulait éviter d’autres morts atroces... Devait-il le filer, pour voir qui il fréquentait ? Non, il ne se voyait pas pénétrer ainsi dans la vie privée de quelqu’un... Peut-être pourrait-il demander à quelqu’un, au commissariat, de le faire pour lui ?... Après tout, il était peut-être la prochaine victime...
Pourquoi se sentait-il toujours un peu mal à l'aise quand il se trouvait à côté de lui ?...

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16 février 1994... 13ème immeuble de la Grande Rue, appartement 27... 12H45...

C’était décidé, il allait prendre le large quelques temps. Il rassembla quelques affaires, le strict minimum. Maintenant qu’il n’avait plus de travail, il n’avait plus à se soucier de quand il reviendrai. Mr. Albert était si gentil... C’était si injuste... Mais il y avait des choses contre lesquelles on ne pouvait rien. Elles étaient écrites, fatales, inéluctables...
Il mit dans son sac quelques livres qu’il aimait bien, pour pouvoir lire dans le bus. Ses étagères étaient remplies de livres, mais à part cela, sa chambre était désespérément vide. Aucun poster, aucune photo, tels qu’on aurait pu en attendre dans la chambre d’un jeune homme de vingt-quatre ans. Il y avait seulement, dans une alcôve sombre, une feuille de papier collée au mur représentant un étrange symbole rouge compliqué, circulaire, devant lequel il s’immobilisa quelques instants. C’était son «autel portatif», comme ça il pouvait prier où il voulait, quand il voulait. Un autel avait toujours plus de force quand on l’avait fait soi-même... Il se recueillit devant pendant un moment, les mains jointes, et ses lèvres formulèrent une prière silencieuse ; il priait pour le repos de l’âme de Mr. Albert, sans doute... Puis, il prit la feuille, la plia soigneusement et la mit dans son sac avec le reste.

Cinq meurtres, déjà... Cela allait si vite... Il avait besoin de se ressourcer auprès de son maître, auprès des siens... Il avait besoin d’entendre des paroles réconfortantes, des paroles sincères... des encouragements... Ce commissaire s’était montré très prévenant à son égard, mais il avait besoin d’autre chose... Il voulait entendre des cantiques, des chants... Il voulait sentir de nouveau l’atmosphère sacrée qui se dégageait de cette petite église qu’il aimait tant... Il voulait raviver sa foi... Il aurait même plaisir à revoir Claudia...
Il se demanda si elle le détestait toujours autant... Lui, il l’aimait bien, il se sentait une étrange affinité avec elle, comme avec Alessa... Peut-être parce qu’ils partageaient ce secret, tous les trois... Ce don de Dieu... Claudia le regardait toujours comme s’il avait été quelque chose de malpropre indigne d’intérêt... Elle ne lui pardonnait pas... d’avoir voulu réussir là où Alessa avait échoué... Mais ne poursuivaient-ils pas le même but ? Ne vénéraient-ils pas le même Dieu ? L’important, c’était le résultat, non ? Peu importait qui y arriverait...

Il était désolé que Claudia lui en veuille autant... Il fallait qu’il fasse la paix avec elle ; ce petit voyage était idéal pour ça. Il lui prendrait les mains, et ils iraient ensemble dans le beffroi pour regarder le portrait d’Alessa et il prieraient ensemble... Oui, c’était ainsi qu’il imaginait le Paradis : un endroit où tout le monde s’aimerait, ou plus personne ne souffrirait ni ne serait abandonné... un endroit où il pourrait être avec sa mère autant de temps qu’il le voudrait, sans avoir besoin de tambouriner à la porte en pleurant...
Il sourit à cette pensée... Si tout se passait comme prévu, cet endroit béni reviendrait... avec tout le reste... Et tout le monde l’acclamerait, l’adorerait... Oh, il ne faisait pas cela pour sa gloire, non, ce serait péché d’orgueil... Il faisait cela pour Elle seulement...
Il avait hâte d’être là-bas : la vue du lac tranquille sous le pâle soleil lui manquait horriblement...

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Messagepar fallenRaziel » 12 juil. 2011 10:52

Chapitre 06121 - (George Rosten)
EXTASIS

«Piètre disciple, qui ne dépasse pas son maître...»



17 février 1994... Silent Hill, Eglise. 07H46...

Les fidèles s'étaient tous réunis très tôt ce matin dans l'église, pour prier Dieu ensemble et Lui demander un signe. La plupart d'entre eux ne savaient pas que les choses avaient commencé à bouger. Seuls les plus haut placés dans la hiérarchie de la secte étaient au courant : le bras droit de Dieu était en ce moment même en train d'effectuer le rituel tant désiré.

L'église présentait une architecture classique, bien qu'en y regardant de plus près, quelques détails pouvaient indiquer une certaine originalité : pas de crucifix, pas de chemin de croix, pas de fonds baptismaux ; à la place, sur les murs, une série de six tableaux racontant la naissance et la mort de Dieu ; dans le choeur, derrière l'autel, un triple vitrail représentant une femme vêtue de rouge, le visage caché derrière une tenture, flanquée de deux personnages ressemblant à des saints.
Les bancs qui faisaient face au choeur étaient en partie occupés par des fidèles silencieux et recueillis ; les places vides se faisaient plus nombreuses à mesure que le temps passait, George l'avait remarqué : après le rituel raté des Gillespie, beaucoup d'entre eux avaient perdu l'espoir et ne venaient plus aux messes. Le rituel en cours devait marcher, à coup sûr, mais cela prendrait du temps, voire des années. Mais George était patient.

« Au début, les gens n'avaient rien. Leur corps les tiraillaient et leur coeur ne connaissait que la haine. Ils se sont battus, sans cesse, mais la mort les éluda. Ils sombrèrent dans le désespoir de leur éternel bourbier.»

Ses prières n'étaient jamais vaines : car, plus que quiconque, il savait qu'Elle existait, et qu'Elle reviendrait... qu'Elle ramènerait le Paradis.

Ses yeux s'arrêtèrent sur le premier rang, juste devant l'autel, sur une jeune femme aux cheveux blonds, dont le visage trahissait une intense concentration : Claudia avait l'habitude d'en faire un peu trop, à son goût. Sentant son regard sur elle, elle se tourna doucement vers George. Ses yeux étaient vides, comme perdus dans un autre monde, tout comme ceux de Walter. Ils se ressemblaient tant. Sauf que Claudia, elle, ne souriait jamais. Elle était d'une austérité dépassant la simple vertu. Elle était consciente de son pouvoir, mais aussi du fait que beaucoup de frères et soeurs la considéraient comme un peu folle.
Claudia se retourna face à l'autel et rejoignit les mains. George avait pris l'habitude de l'observer de plus en plus souvent, ses derniers temps. Elle était devenue une femme maintenant, et si elle prenait le temps de s'occuper un peu d'elle, elle pourrait presque être séduisante. Mais il ne devait pas se laisser distraire.

« Un homme offrit un serpent au soleil et pria pour le salut. Une femme offrit un roseau au soleil et demanda la joie. Prenant pitié de la tristesse du monde, Dieu naquit de ses deux mortels. »

Walter priait aussi, juste à côté de lui. Quand il venait à Silent Hill, c'était toujours vers George qu'il se dirigeait en premier. Après tout, il était son disciple numéro un. Il avait reçu le privilège de l'élever car il était le leader de la secte de Valtiel. Un tel potentiel ne pouvait que tomber entre les meilleures mains possibles, et George s'était fort bien acquitté de sa tâche ; il avait formé l'esprit du garçon à une vie austère, pure et vertueuse.
Certes, le rituel de possession y était pour beaucoup, mais Walter avait été éduqué très tôt : à l'orphelinat déjà, on lui avait inculqué les principes de base. La lecture des écritures et les châtiments corporels y étaient monnaie courante. Sans oublier la punition la plus terrible : l'enfermement dans la prison. Humide, froide et terrifiante, la prison était la hantise des enfants, mais bizarrement, Walter n'avait jamais semblé en avoir peur : il considérait ces punitions comme un honneur tout particulier. Du moins, c'était ce que le maton, DeSalvo, lui avait dit à l'époque. Il avait aussi dit qu'il trouvait Walter inquiétant. un peu effrayant, en fait. George savait bien pourquoi et il s'en réjouissait : son pouvoir s'était développé vite et de façon stupéfiante.
Regardant son fils spirituel à la dérobée, il ne pouvait s'empêcher de se sentir fier. Personne ici ne savait qui était réellement Walter ni quelle place il avait dans la secte. C'était tant mieux, tout le monde le découvrirait bien assez tôt.
Enfin, Claudia, elle, savait. Elle avait le don pour flairer ses semblables. Par contre, alors qu'elle avait adoré Alessa, elle semblait détester Walter au plus haut point.

« Dieu créa le temps, qu'Elle partagea entre le jour et la nuit. Dieu marqua la voie du salut et offrit la joie aux mortels. Mais Dieu prit l'éternel en échange. »

Comme d'habitude, c'était le père Vincent qui dirigeait l'office. Bien que très jeune, ses talents d'homme d'affaire s'étaient révélé cruciaux quand il avait fallu recueillir des fonds pour la secte, notamment pour bâtir cette église. Claudia le détestait lui aussi, elle l'accusait de ne s'intéresser qu'à l'argent ; mais Vincent avait une façon très personnelle de croire en Dieu, et elle en valait bien une autre. Il ne refusait pas les biens matériels et était toujours à l'écoute de ses frères et soeurs. Autant que George en savait, il était intègre, assez en tout cas pour que Dieu prête une oreille attentive à ses paroles quand il était derrière l'autel.

Walter aimait bien Vincent et Claudia. Il ne voyait le mal nulle part, et même quand Claudia se mettait à l'invectiver avec véhémence, il se contentait de lui sourire gentiment, sans aucune animosité. Quel père et quelle mère avaient bien pu enfanter un tel fruit ?...
George et Jimmy ne l'avaient jamais su : Walter était orphelin de naissance, il avait été abandonné par ses parents juste après que la mère ait accouché, dans leur appartement de South Ashfield. C'était le concierge qui l'avait trouvé et lui avait donné son nom : Sullivan, d'après celui du couple qui avaient occupé la chambre, et Walter pour une raison qu'il ignorait. Le concierge l'avait ensuite porté au St Jérôme Hospital où il avait été ensuite prit en charge officiellement par la Wish House.

Walter avait été un enfant très effacé dès le départ, mais Dahlia Gillespie et Jimmy Stone avaient découvert ses capacités. presque par hasard. en interrogeant les enfants avec lesquels il avait pris l'habitude de jouer à un certain « jeu ». Walter faisait des choses bizarres, parfois sans même s'en apercevoir, il faisait peur à ses camarades. Il se faisait souvent frapper par les autres enfants pour cela. tout comme Alessa dans le passé. C'était le lot de ces enfants choisis par Dieu.

« Dieu créa des êtres pour faire naître l'obédience envers Elle. Le dieu rouge, Xuchilbara ; le dieu jaune, Lobsel Vith ; de nombreux dieux et anges. Enfin, Dieu se mit à créer le Paradis, où le bonheur consisterait à s'y trouver. »

Il n'avait pas vraiment eu le temps de pleurer sur Jimmy ; les choses étaient allé si vite. Il y avait eu la police, puis le corps avait été autopsié, puis rendu aux habitants afin d'être enterré dans le petit cimetière derrière l'orphelinat. Cela avait été une brève cérémonie. George savait très bien ce qui s'était passé mais il ne pouvait en vouloir à personne : les choses devaient se faire comme Dieu les voulait, et ce n'était pas à George de s'y opposer. Mais tout de même, Jimmy, avant d'être son supérieur, avait été son ami. Un ami intime d'ailleurs, bien que personne ne l'ait jamais su.
Leur relation avait été bien au-delà de la simple collaboration dans le cadre du culte. George n'en avait jamais conçu de honte, l'amour, sous toutes ses formes, était une création de Dieu. Jimmy n'avait jamais abusé de son pouvoir sur lui, et lui avait toujours laissé le choix. Cependant, il avait toujours été difficile de résister à Jimmy.

George ne savait pas si Walter avait découvert la chose, son esprit était si pénétrant qu'il était difficile de lui cacher quoi que ce soit. Il avait un jour surpris les deux hommes ensemble en ouvrant la porte du bureau de Jimmy, mais George ne savait pas si l'enfant qu'il était alors avait compris quelque chose à ce qu'il avait vu. Walter n'avait jamais fait aucune allusion à ce jour et George en avait déduit qu'il avait oublié, ou bien que son esprit était bien trop accaparé par des choses bien plus importantes. Et puis, il était bien trop innocent pour comprendre ces choses-là, même maintenant.

« Et là, Dieu se sentit fatiguée et Elle s'effondra. Les gens du monde entier déplorèrent cet évènement, mais Dieu prit sa dernière bouffée d'air. Elle redevint poussière, promettant de revenir un jour. »

George connaissait le texte par coeur. La naissance et la mort de Dieu étaient les premières choses qu'on enseignait aux enfants du culte. Ce texte avait été rédigé par Jennifer Carroll, la fondatrice de leur croyance. Son portrait pouvait être admiré dans le beffroi aux côtés de ceux de saint Stephen et de sainte Alessa. Walter avait promis d'y faire un saut avant d'aller se retirer dans sa chambre privée à l'orphelinat.
Il avait même envisagé de demander à Claudia d'y aller avec lui. Pauvre garçon, il était vraiment loin de se douter que se retrouver seule avec lui était la dernière chose que désirait Claudia. Enfin, il fallait bien avouer que, à part Alessa, Claudia n'aimait pas grand monde de manière générale. Surtout Walter, qu'elle considérait comme un usurpateur : à ses yeux, seule une femme était en mesure d'accomplir le rituel, et elle n'admettait pas qu'un homme vienne mettre son nez dans cette histoire. Peut-être se voyait-elle dans le rôle de la génitrice de Dieu ?...

La messe touchait à sa fin, le père Vincent prononçait les derniers mots du texte sacré, répétés en écho par les fidèles.

« Dieu n'est donc pas perdue. Nous devons prier et ne pas renier notre foi. Nous attendons, pleins d'espoir, le jour où le chemin du Paradis s'ouvrira enfin. »

Oui, ils n'auraient plus longtemps à attendre : le rituel était en bonne voie. Jimmy avait ouvert la route à l'espoir en expirant le premier. Et quand le Paradis reviendrait, son amant serait là à l'attendre, les bras ouverts, à la droite de Dieu... et leur bonheur serait éternel.

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17 février 1994... Silent Hill, Wish House... 09H47...

George Rosten n'avait pas envie de faire la lecture aux enfants ce matin. Il voulait s'entretenir avec son disciple, qui ne venait le voir que trop rarement. Aussi, il s'enferma avec lui dans la pièce souterraine qui servait d'autel à l'orphelinat ; les enfants venaient de finir leurs prières du matin, ils y retourneraient peu après midi. Vénérer Dieu à chaque moment de la journée était nécessaire pour que la foi perdure. Les enfants devaient impérativement bien lire les Ecritures, sinon ils étaient puni ; c'était la règle ici.

Agenouillés devant l'autel, côté à côté, les deux hommes récitaient quelques passages du livre saint posé devant eux.

«Et Dieu a dit, de ta chair sépare la Mère Réincarnée et l ' Elu.

Ta tâche accomplie, le Mystère des 21 Sacrements provoquera la réincarnation de la Mère et la rédemption de la Nation du Péché.
»

Il se signèrent une dernière fois avant de se redresser. Ce n'était pas comme avec Jimmy, mais avec Walter, ce n'était pas si mal tout de même. Il sentait l'énergie émaner de son élève, comme une intense chaleur irradiant de son corps. Cela le remettait constamment à sa place de simple mortel : il n'avait pas ses pouvoirs, lui.

- « Comment cela se passe-t-il pour toi, Walter ? Ta vie te convient ? Es-tu heureux ? » lui demanda George de but en blanc.

- « Il m ' est parfois difficile de suivre les préceptes, mais je réussi à me maintenir à la surface : évoluer chaque jour au milieu des pécheurs est parfois éprouvant . »

George acquiesça ; il n'était pas bon pour Walter qu'il éprouve trop de bonheur, de toute façon : on ne pouvait convenablement adorer Dieu que dans la souffrance et la douleur.

- « Oui, pour une âme pure comme la tienne, cela doit être dur, mais c ' est Dieu qui te mets à l ' épreuve ; tu dois La remercier et te montrer digne de l ' honneur qu ' Elle te fait », déclara George d'un ton catégorique.

Walter acquiesça de la tête. Il était toujours obéissant, même loin de lui. Le faisait-il par reconnaissance ou bien par peur ? Après tout, le rituel de possession avait été éprouvant et il pouvait bien en garder quelques souvenirs. George oubliait toujours qui il avait en face de lui : cette apparence était trompeuse, Walter n'était plus vraiment un humain à présent. En lui vivait une créature millénaire dotée d'une seule obsession : le retour de la Mère divine. Que Walter continue de croire qu'il s'agissait de sa mère, George s'en moquait, tant qu'il exécutait ce qu'on lui demandait.

- « Cela fait longtemps que je ne suis pas allé voir Mère . Quand je retournerais à Ashfield, j ' irais lui rendre visite pour me faire pardonner », soupira Walter. « Elle doit s ' inquiéter que je ne lui donne plus de nouvelles . »

George savait depuis longtemps qu'il valait mieux rentrer dans son jeu plutôt que de le contredire. Et puis, il ne voulait pas détruire le travail de Dahlia.

- « Oui, tu as raison, il n ' est pas bon pour elle que tu la laisses seule trop longtemps. Bientôt, elle sera avec nous pour de bon, elle n ' aura plus à se cacher. »

- « J ' ai tellement hâte de la voir enfin ! » s'écria Walter joyeusement.

George était soucieux. Il voulait poser une question à Walter mais il avait peur qu'elle soit inconvenante : il avait été décidé tacitement de ne pas parler des 21 Sacrements. Et puis Walter ne devait logiquement pas se souvenir de grand-chose. Mais il voulait lui parler de Jimmy, il voulait savoir.

- « Vous voulez me poser une question, Maître ? . »

- « Non, c ' est sans importance », répondit George en balayant cette pensée de son esprit. « Contentes-toi de faire selon les désirs de Dieu . »

- « Vous voulez me parler de maître Jimmy . »

« Il est très fort . », pensa George avec une certaine admiration.

- « Sa mort fut réellement atroce », se lamenta Walter. « J ' ai prié toute la journée pour lui après ça. Son âme est déjà avec Dieu, je l ' ai vu . »

George eut un mince sourire. Les paroles de son disciple n'étaient jamais mensongères. Walter était incapable de mentir, tous les enfants du culte étaient formés pour cela.

- « Merci. C ' était tout ce que je voulais savoir . »

- « En êtes-vous vraiment sûr ? » demanda innocemment Walter. « Il est mort dans la pièce du dessus, à l ' étage . Il n ' a pas crié, ni supplié qu ' on lui laisse la vie sauve . Il est resté ferme face à Dieu, il n ' a pas faiblit . Mais il n ' a pas vu le trou, là derrière . »

George commençait à se sentir mal à l'aise. Il n'aimait pas trop quand Walter partait dans ses délires mystiques. Il n'avait jamais vu son monde, contrairement à Jimmy, et il ne savait pas exactement à quoi Walter faisait allusion, mais c'était assez effrayant. Après tout, un monde comme celui-là devait vraiment être le paradis à côté de la vraie vie de Walter.

- « Le Diable Rouge a trouvé plus fort que lui, finalement. Peut-être que le dieu rouge l ' aurait épargné s ' il lui avait seulement demandé . Il aurait suffit d ' une simple excuse . d ' une simple confession . », murmura Walter d'une voix à peine audible, plus pour lui-même que pour son maître.

George voulait sortir de la pièce. L'air commençait à être étouffant. Il allait laisser Walter Sullivan continuer de débiter ses élucubrations d'illuminé tout seul, il n'avait pas besoin de lui. Mais le son de sa voix était hypnotisant... électrisant. Finalement, avait-il vraiment envie de partir ?...

- « Vous voulez le voir ? Mon monde ? Celui que maître Jimmy a vu ? . »

Walter avait repris un ton sérieux, et vaguement autoritaire. Cela ne lui ressemblait pas, il se montrait toujours humble en présence de ses maîtres.

George tomba à genoux et se cramponna aux chevilles du garçon. Il pleurait presque, de peur mais aussi d'adoration : oui, il voulait voir ce que Jimmy avait vu au moment de mourir. Il voulait voir le Paradis. Mais Walter s'écarta de lui, le rejetant presque à terre.

- « Vous voulez voir ce que vous avez fait, tous les deux ? », prononça Walter, avec une note anormale de colère dans la voix.

George gardait la tête baissée, les yeux rivés sur le sol, les mains écartées, dans une étrange prostration. Il avait peur de relever la tête, mais en même temps, une force supérieure le força à le faire. Walter n'était plus dans la pièce. A sa place, il y avait. lui, le dieu jaune.

Non, il n'avait pas fait ça. Pas à un enfant... C'était Jimmy qui lui avait dit de le faire. Lui, il ne voulait pas. Le rituel. l'enfant attaché à l'autel... La chair mortifiant la chair. Le Dieu Jaune entrant dans le corps innocent.

Il avait été le dieu jaune entrant dans le corps de Walter Sullivan.

George voulut crier que ce n'était pas vrai, qu'il n'avait pas fait ça. que c'était immonde et abject. Mais la tête sans visage de Valtiel lui disait le contraire. « Tu t'es amusé avec lui. Tu lui a fait croire que cela l'aiderai à retrouver sa mère... mais en fait, vous ne vouliez que satisfaire vos instincts bestiaux. » Non ! Le Dieu Jaune était-il cette monstruosité ? Ce qu'il avait introduit dans le corps et l'esprit de l'enfant, c'était le Diable ! Engendré par la souillure qu'il avait subi ! Était-ce cela que Jimmy Stone avait vu ?! George n'en voulait pas, il ne voulait pas de ce monde. Ce Paradis était l'enfer.

Des mains puissantes le redressèrent brusquement et il sentit contre son dos la robe raide de sang et de crasse de l'ange. La main enserrait son cou avec une cruauté non déguisée. Mais George avait oublié alors ; il avait oublié ce qu'il avait fait parce que Jimmy lui avait ordonné d'oublier. ce qu'il avait fait au petit Walter... ce que personne ne devrait faire à un enfant .

Face à l'autel, il ne pouvait que se rappeler son ignoble péché. Et Jimmy avait même prononcé les mots sacrés pendant qu'il le faisait ! Jusqu'à présent, George n'avait jamais vraiment cru à Valtiel, il s'en rendait compte ; pour eux, cela n'avait été qu'un jeu destiné à affermir l'autorité de Jimmy sur lui.

George l'avait fait... et maintenant Valtiel venait lui demander des comptes. « Est-ce ainsi que tu vénères ton Dieu ? En abusant de jeunes enfants ?. » La voix venait de l'intérieur de lui. Il ne pouvait pas se boucher les oreilles pour ne plus l'entendre ; alors, il répondit à pleine voix :

- « Je crois en toi, Valtiel ! Je l'ai fait pour ta gloire ! Pour que tu puisse disposer du plus habile des serviteurs ! »

La main le jeta à terre avec force. Etalé de tout son long sur le sol, George sentit une poigne puissante le prendre par les chevilles et le traîner. George s'agrippait au sol avec l'énergie du désespoir, il ne voulait pas finir comme Jimmy, brûlant dans l'enfer éternel de son acte impie. Mais Jimmy n'avait pas faiblit, il n'avait pas regretté... rien...

Le sol était glissant, recouvert de sang et de... il ne voulait pas savoir ce que c'était... C'était trop horrible. Il ne pouvait empêcher sa lente progression vers l'inconnu. Fermant les yeux, il se prépara à être précipité dans l'abîme sans fin de son âme boueuse et infecte.

Mais ce qu'il sentit fut un coup formidable sur la tête. Un coup d'un objet contondant, très lourd, que son agresseur laissa reposer sur lui quelques secondes avant de porter un deuxième coup.

« Un peu d'amour de lui, mon coeur est en extase. »

George ne pouvait pas répondre, les coups s'étaient mis à pleuvoir sur lui, de plus en plus vite, comme des cris et des accusations, comme des coups de boutoir incessants qui l'étourdissaient et l'empêchaient de penser de façon cohérente. Sa tête reposait dans une flaque de sang épais et ce liquide blanc et pâteux collant qu'il essayait d'oublier... Il voulait mourir... rejoindre Jimmy... lui, au moins, ne le jugerai pas... mais il n'arrivait à pas à mourir. Pourquoi ne mourrait-il pas ?!.

Il sentait des mains fines et fébriles lui arracher sa soutane, découvrant sa poitrine... la pointe d'un couteau sur sa chair... ouvrir sa poitrine en deux... La douleur était indescriptible mais il ne pouvait plus rien exprimer, seulement ressentir. Les mains fouaillaient ses entrailles, arrachaient des viscères. Pourquoi cela ne s'arrêtait-il pas ? Son coeur palpitant lui fut arraché, mais délicatement, presque avec douceur. George garda sa conscience encore quelques secondes après que son organe lui fut volé. Puis le trou noir... non, pas noir. Tout était rouge et il entendait des sanglots d'enfant... Il les entendrait pour l'éternité.

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17 février 1994... Commissariat de Pleasant River... 12H48...

L'inspecteur Errol Casey finissait son café quand son téléphone sonna. Il posa son café pour avoir la main libre pendant qu'il potassait les dossiers concernant Rick Albert et décrocha le combiné. C'était une voix étrangère à l'appareil. Et elle lui annonça un nouveau drame.

- « Quoi ?! Où ça ? A Silent Hill ! L'orphelinat Wish House ? Un autre cadavre ? Quelqu'un a-t-il vu quelque chose ?! » demanda Casey à toute vitesse. « Personne n'a rien vu ?! Bon sang ! Je vais vous passer la secrétaire, donnez-lui tous les détails ! »

Il raccrocha, en colère contre lui-même. Encore un mort. Et Bearchan qui semblait à côté de ses pompes en ce moment, comme toujours en cette période de l'année. Il fallait qu'il le secoue beaucoup plus pour lui faire admettre l'évidence qu'il refusait de voir. Oubliant son café, il se précipita dans le bureau de son supérieur et ami.

Aidan Bearchan avait les traits tirés et ses gestes étaient imprécis. Il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours et essayait vainement de trouver un point commun à toutes ces victimes, et il n'arrivait toujours qu'à une seule conclusion : Sullivan... Mis à part Garland, pour lequel il n'avait rien trouvé, les autres s'étaient toutes trouvées en présence de Sullivan au moins une fois. Non, cela ne se tenait pas, ce gamin ne pouvait pas...

Il fut arrêté dans ses réflexions par l'irruption de Casey, tout échevelé et le souffle court. Bearchan se prépara mentalement à ce qu'il allait lui dire :

- « Bear... cela ne peut plus durer ! Tu dois faire quelque chose, et vite !! Mets Sullivan sous les verrous quelques jours ! » haleta Casey.

- « Tu es pas un peu dingue, Casey ! Je n'ai aucune preuve contre Sullivan dans cette affaire ! Je ne peux pas le mettre en garde-à-vue sur simple présomption ! »

- « Pas de preuve ?! Tu en veux, des preuves ?! Tu ne m'as pas dit qu'il était à Silent Hill aujourd'hui ? »

Bearchan se raidit instinctivement à l'évocation du nom de la ville. Non, il ne pouvait pas y avoir encore un...

- « Nouveau meurtre, mon vieux. Silent Hill. Même endroit que le précédent. », asséna Casey, impitoyablement.

Bearchan se laissa aller dans son fauteuil. Encore un meurtre qu'il n'avait pas pu empêcher. Bon sang, il ne pouvait pas mettre un flic à chaque coin de rue dans trois villes différentes ! Pourquoi Casey le regardait-il comme ça ? Il n'y était pour rien.

- « J'ai retourné les dossiers dans tous les sens », soupira-t-il. « A chaque fois, aucune empreinte digitale, aucune fibre, aucun résidu organique d'aucune sorte. On n'a aucun moyen de coincer ce malade et il ne laisse aucun indice sur sa prochaine victime. A moins de ficher toutes les connaissances de Sullivan, je ne vois pas comment. »

- « Je sais pourquoi tu ne veux pas l'arrêter... pourquoi tu ne veux pas l'admettre... », souffla Casey tout bas.

- « Fais très attention à ce que tu vas dire, Casey. Tu ne peux pas remettre mon intégrité en doute... », répondit Bearchan sur le même ton. »

Casey se redressa et le regarda fixement, de ce regard pénétrant que seul peut avoir un ami particulièrement proche.

- « S'il avait vécu, il aurait presque vingt-quatre ans maintenant... », murmura Casey.

La mâchoire de Bearchan se contracta. Lentement, il se leva pour faire face à Casey, se mettant au même niveau que lui.

- « Ne parle pas de ça, pas maintenant. Ca ne regarde que moi. Cela n'a rien à voir », balbutia Bearchan, d'une voix brisée.

- « Tu fais une fixation sur Sullivan à cause de ça ! Je l'ai tout de suite vu ! Tu te conduis comme un père avec lui ! Mais, Bear, cela n'arrangera rien : ce qui est fait est fait ! »

Bearchan tapa du poing sur la table. Casey se tut. Il savait qu'il avait visé juste. Il croisa les bras sur sa poitrine et attendit que son supérieur prenne une décision.

- « Casey », prononça le commissaire dans un souffle. « Cette affaire sera ma dernière. Après, je plie bagage et je mets tout ça derrière moi. Je suis plus dans le coup. Je dirais à mes supérieurs de te mettre à ma place, tu as ce qu'il faut. »

- « Bear... »

- « Je devrais même me tirer maintenant et te laisser l'affaire, comme ça, tu pourras arrêter qui tu veux. »

Il regarda Casey dans les yeux, avec une détermination que celui-ci ne lui avait plus vu depuis longtemps.

- « Mais, Sullivan... je suis absolument persuadé de son innocence. Ne me demande pas pourquoi, je n'en sais rien. C'est comme ça. Peut-être que mon flair de flic commence à dérailler. »

- « Tu te ramollis, Bear. Tu es mon ami, mais je ne peux pas te laisser faire des choses comme ça. Sans ton obstination, des morts auraient peut-être été évitées. Du moins, on aurait pu éliminer certains suspects», reprocha Casey en souriant amèrement.

- « Trouve Sullivan et interroge-le si tu veux. Moi, ne vais pas à Silent Hill, c'est ton rayon. Je vais rester ici et essayer encore de trouver quelque chose. »

- « Tu perds ton temps, Sullivan est coupable, c'est mon flair à moi qui me le dit. Et je ne suis pas un vieil ours grincheux, moi. »

Il allait trouver Sullivan et lui faire avouer ses crimes.

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17 février 1994... Rosewater Park, Silent Hill... 16H49...

Le parc était bien tranquille à cette heure. Les touristes se faisaient rares maintenant et on pouvait déambuler dans les allées ombragées sans rencontrer presque personne, à part quelques amoureux attirés par le clapotis du lac. Le brouillard habituel commençait lentement à se lever alentour, et une fumée surnaturelle flottait à la surface de l'eau.

Walter s'arrêta quelques instants devant la plaque commémorative pour les victimes de la peste de 1810 qui avaient été jetées au fond du lac Toluca. Il se recueillit un peu, en pensant à tous ses cadavres qui reposaient au fond de l'eau : ces pauvres âmes avaient-elles trouvé le repos ? Ou erraient-elles comme des fantômes solitaires la nuit tombée ?

Il lui fallait attendre un autre Signe. Le meurtre de George Rosten, son maître, lui avait fait beaucoup de peine. Il n'avait pas voulu rester sur place pour voir de nouveau la police sur les lieux, interroger les gens, l'interroger lui. Peut-être que ce commissaire serait venu. Il se serait sûrement encore montré gentil avec lui. Mais Walter s'en moquait : au fond, il ne méritait nulle tendresse, de la part de personne. Si ses parents l'avaient abandonné, il y avait sûrement une raison ; ils n'avaient pas voulu de lui. Personne ne voulait de lui. Il n'était qu'un monstre.

Il laissa le monument aux morts derrière lui et redescendit vers la Nathan Avenue. Il passa devant la statue de Jennifer Carroll, et lui accorda un simple salut de la tête ; elle, elle le comprendrait : elle aussi avait été persécutée avant de mourir. Mais elle n'avait pas faiblit et elle était restée ferme dans sa foi face à ceux qui avaient voulu lui imposer leur croyance. Elle était un exemple pour tous ici... pour lui aussi.

Il longea le petit parking et déboucha sur l'avenue principale du South Vale. La Nathan Avenue avait un étrange pouvoir sur lui, elle lui donnait envie de marcher tout le long, sans s'arrêter, de la remonter pour l'éternité, sans un regard en arrière. Et s'il le faisait ? Arriverait-il à échapper à tout cela, à la ville ? La Nathan Avenue pouvait-elle l'emmener dans un monde meilleur, un monde où sa mère l'attendrait, un monde où il ne serait pas contraint de faire tout ça pour la revoir ?... Mais Walter ne pouvait pas : sa vie était ici, avec les siens... et il devait délivrer sa mère.

Il se tenait sur le bord de la route, indécis du chemin à prendre. Il faisait face au Jack's Inn , un hôtel miteux et banal, souvent vide en ce moment. Peut-être ne tarderait-il pas à fermer, lui aussi, comme beaucoup d'autres choses. Voir sa ville mourir à petit feu le désolait, mais Walter savait que le futur n'était pas ici.

A côté de l'hôtel, il y avait un petit pâté de maisons, et, donnant sur la rue, une belle maison à moitié peinte en bleu ; il voyait des hommes sur des échelles en train de repeindre la façade. Il ne connaissait pas les occupants de la maison, mais cela devait être une famille complète, car il voyait un petit garçon jouer à la balle juste devant. Il faisait rebondir son ballon de plus en plus haut, en riant aux éclats. Il ne devait pas avoir plus de neuf ans.

Sortant du garage, une femme relativement jeune se dirigea vers le petit garçon pour lui donner quelque chose. Le garçon prit la glace que sa mère lui tendait et se mit à la lécher goulument. Sa mère s'agenouilla devant lui pour essuyer la tache qu'il avait fait sur le devant de son tee-shirt. Ils semblaient si heureux, une telle quiétude émanait de cette scène si banale. Mais pas pour Walter Sullivan.

Jamais il n'avait joué à la balle, avec une telle insouciance ; jamais il n'avait rit de la sorte ; jamais une mère attentive et aimante ne lui avait apporté de glace pour son goûter. Son enfance n'était composée que de cantiques, de prières, de punition, de coups. Aucune mère ne l'avait jamais consolé, ni prit dans ses bras. Walter serra le poing, refoulant les larmes qui menaçaient de sortir.

Non, il n'était pas triste, il était en colère : pourquoi eux et pas lui ? Pourquoi avaient-ils eu le droit à une famille heureuse et complète, un bonheur total et sans nuage ? Pourquoi cet enfant avait-il une mère et pas lui ? Était-il mieux que lui ? Pourquoi on ne l'avait pas rejeté, ce garçon ? Ce n'était pas juste. Il n'avait pas à tambouriner des heures sur une porte désespérément fermée pour voir sa mère, lui : il lui suffisait d'appeler pour qu'elle apparaisse à ses côtés, c'était si simple.

Walter avait besoin d'un remontant ; la vue d'enfants heureux en compagnie de leurs parents lui faisait systématiquement mal, et il sentait alors quelque chose en lui se réveiller, quelque chose qui attendait, qui espérait, qui mourrait d'impatience de sortir... mais il devait attendre le prochain Signe. En attendant, il allait faire un détour par le Heaven's Night pour boire quelque chose. Il ne buvait pas d'alcool, sa foi le lui interdisait, et il ne se serait pas risqué à aller dans le bar dans la soirée, avec les spectacles plus que douteux qu'on y donnait. Mais à cette heure-ci, le bar était calme et il pouvait y aller sans risque ; plus tard, des pervers avinés s'y rendaient pour voir les spectacles affreux qui s'y déroulaient.

Oui, il allait faire un tour là-bas, il boirait un verre ou deux, et puis il rentrerait peut-être à Ashfield... à moins que Dieu ne lui envoie un Signe d'ici-là.
Dernière modification par fallenRaziel le 16 juil. 2011 23:05, modifié 2 fois.
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Frank 974
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Messagepar Frank 974 » 12 juil. 2011 19:41

Bon bin c'est bien je peut juste te dire de continue je kiff
Ypyhtuhha, di yc tézà banti.

fallenRaziel
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Messagepar fallenRaziel » 12 juil. 2011 22:45

Roooh s'il te plaît, je suis sûre que tu as un commentaire un peu plus... consistant que ça à me faire. Même négatif, je suis preneuse, je n'ai eu que peu de critiques jusqu'à présent, mais positives^^
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fallenRaziel
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Messagepar fallenRaziel » 14 juil. 2011 13:05

Chapitre 07121 & 08121 - (Billy & Miriam Locaine)
SUMPHUSIS

« Les enfants n ' ont ni passé ni avenir et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent... »



18 février 1994... Nathan Avenue, Silent Hill... 15H00...

Billy n'aimait pas la nouvelle couleur de la maison. Elle faisait chochotte , elle ressemblait à une maison de fille, comme celle qu'avait sa sour. Il aurait préféré qu'elle reste comme elle était, maintenant quand il irait dans son coin préféré pour jouer avec ses petits soldats, le décor serait bleu et franchement, ça ne collait pas avec la guerre. Mais ses parents décidaient de tout et il n'avait pas eu son mot à dire. Il aurait préféré du noir ou du rouge.
Billy était donc sortit comme presque tous les jours à cette heure-ci pour jouer avec son ballon. Mais l'odeur de peinture lui tournait un peu la tête, alors il avait dû s'éloigner de la maison, pas trop loin, dans Munson Street. Le bruit de son ballon qui rebondissait sur le sol se répercutait en écho sur les murs des bâtiments autour et il aimait bien ça. On ne rencontrait jamais personne dans cette rue, et Billy n'avait pas à craindre de tomber sur un inconnu. De toute façon, ses parents lui avaient bien dit : «si un inconnu t'adresses la parole, tu ne dis rien et tu reviens ici tout de suite nous prévenir». Mais Billy n'avait pas peur ; du haut de ses neuf ans, il se sentait capable de filer entre les doigts de n'importe qui.

Billy adorait sa soeur Miriam, mais des fois, il avait envie qu'elle le lâche un peu. Alors il venait jouer ici, car Miriam, elle, ne s'éloignait jamais trop de la maison. C'était une fille et elle avait peur de tout. A l'école, il devait tout le temps la protéger car elle se faisait embêter par les autres filles. Il était son grand frère et il prenait son rôle à coeur, il avait l'impression d'être un adulte.
Ses parents étaient venus à Silent Hill juste après la naissance de Billy ; l'appartement qu'ils avaient à Pleasant River était trop petit pour une famille qui s'agrandissait, et ils avaient eu la maison pour une bouchée de pain. Les maisons n'étaient pas chères à Silent Hill, et vraiment grandes en plus ; Billy aimait la maison : elle avait deux étages et il avait sa propre chambre et sa propre salle de bain. Le salon était gigantesque et il y avait plein de pièces secrètes. Il jouait souvent au détective à la recherche d'un indice du dernier meurtre qu'il avait entendu aux infos. Le dernier, c'était encore un type de Silent Hill qui était mort. On n'avait pas encore trouvé le coupable, mais Billy était sûr qu'il se cachait dans la maison, dans une des pièces fermées à clef, et il comptait bien le trouver et l'arrêter.
Billy rêvait de devenir policier, détective ou général dans l'armée. Arrêter les méchants, c'était son truc. Mais d'un autre côté, il aimait aussi le baseball, et être un champion ne lui déplairait pas non plus. Sa mère le voyait plutôt en médecin ou en avocat, mais ça ne l'intéressait pas.

Son ballon rebondit encore une fois sur le sol sec en claquant comme un gros élastique. Il le faisait rebondir de plus en plus haut. Quand le ballon revint vers lui, il le manqua. Billy courut après sa balle, qui s'était mise à traverser la Nathan Avenue en direction du parc. Il n'y avait pas de voiture, alors il ne prit pas la peine de regarder des deux côtés, comme sa mère le lui avait appris. Le ballon entra dans le parc en roulant dans tous les sens et Billy continua à courir après lui. Pendant qu'il courait ainsi, il remarqua que le temps s'était un peu couvert : de gros nuages noirs s'étaient amoncelés au-dessus de lui et un léger vent froid s'était levé. Ce n'était pas étonnant en février, mais c'était très soudain. Du coup, Billy ne pouvait pas voir où son ballon était allé se cacher, et il dû fouiller tous les recoins du parc aux abords de la route pour le retrouver.
Il pleuvait maintenant. Billy était mouillé et misérable, et il n'avait pas retrouvé son ballon. Tant pis, il allait le laisser là où il était, il reviendrai le chercher demain. Il s'apprêtait à retraverser la rue quand il remarqua un grand panneau à l'entrée du parc, sur lequel on avait écrit un truc en rouge. Il se frotta les yeux pour lire : DEPÊCHE-TOI, TA MAMAN TE CHERCHE.
Qui avait écrit ça là ? Est-ce que ça lui était adressé ? Il se retourna et regarda de l'autre côté de la Nathan Avenue, fouillant des yeux le brouillard qui venait de se lever autour de lui. Quelque chose bougeait en face de lui. Une personne venait vers lui, sortant de la Munson Street. C'était une femme aux cheveux roux. Billy voulut courir vers elle, persuadé que sa maman était venue le chercher, mais il s'arrêta en pleine course. Elle avait les cheveux de sa maman, mais sa maman ne se promenait pas toute nue dans la rue... et elle n'avait pas une aussi grande bouche... une bouche monstrueuse... qui souriait.

Le corps huileux et répugnant, ruisselant d'eau de pluie, avançait comme un funambule sur un fil, les mains bien tendues en arrière pour conserver son équilibre précaire ; ce n'était pas un corps de femme, ni un corps d'homme : il était lisse comme du plastique, comme le corps de la poupée de Miriam. Et là où aurait dû se trouver un visage, une énorme bouche rouge et grimaçante prenait toute la place, comme une blessure béante d'où suintait du sang.
Billy voulut appeler sa maman et il cria de toutes ses forces, mais il savait qu'on ne l'entendrait pas. Il se retourna pour courir vers le parc, mais les grilles étaient fermées, et le texte du panneau avait changé : MAMAN NE M'A JAMAIS SERRE DANS SES BRAS. Se sentant pris au piège, il prit la décision de se cacher dans le buisson où il avait cherché sa balle.

Recroquevillé sur lui-même, le menton sur les genoux, il écoutait attentivement les bruits que faisait la fausse maman en marchant sur le sol. Les pas se rapprochaient et Billy ferma les yeux en se disant dans sa tête : «Que ça s'arrête ! Que ça s'arrête ! C'est pas drôle ! Je veux ma maman.» Un autre bruit se fit entendre derrière lui : un raclement de métal contre l'asphalte. mais il n'eut pas le temps de se demander ce que c'était.
Un éclair blanc fendit l'espace devant lui et il sursauta de frayeur. Les branches lui entraient dans le visage, dans les yeux, dans la bouche, et une main lourde comme du plomb s'ingéniait à le maintenir dans cette position. Devant lui, juste devant ses jambes repliées, il y avait le tranchant d'une énorme hache, une hache comme on en voyait dans les dessins animés. La hache remonta dans les airs, disparut de sa vue, puis s'abattit de nouveau, en plein sur son bras.

Non, ce n'était pas possible. Dans les dessins animés, la hache ne marchait jamais, elle ne tranchait pas le lapin en deux, qui réussissait toujours à s'en sortir sans une égratignure. Sur le coup, Billy ne sentit pas la douleur, il vit seulement son bras par terre à côté de lui et des flots de sang coulant dessus. Cela ne pouvait pas être vrai. Il était un enfant, il ne pouvait pas mourir, ça n'arrivait qu'aux gens à la télé. Mais quand la hache s'abattit pour la troisième fois, sur sa jambe cette fois, il ne pouvait plus nier la vérité : il était en train de se faire tailler en pièces, comme dans un film d'horreur. Mais où était papa ? Et maman ?...
Une branche lui entra dans l'oil, et il ne vit plus rien, ne voulut plus rien voir, ni rien sentir. Si c'était ça la mort, alors ça n'avait rien à voir avec ce qu'il avait vu à la télé, et c'était trop horrible à supporter. Où étaient les anges et le tunnel plein de lumière que lui avait décrit sa maman ? Il ne les voyait pas. Il ne «voyait» que la hache qui s'abattait encore et encore, sur sa poitrine, sur sa tête. Maman ! Au secours ! Je meurs !... Papa ! Ne laisse pas faire ça !...
Mais personne ne pouvait entendre ses plaintes qui ne sortaient pas de sa conscience vacillante... et Billy mourut tout seul, dans la rue, sous la pluie, ignoré de ses parents et du reste du monde.

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Mr Locaine demanda à sa femme si elle avait vu Billy. Elle lui répondit qu'elle l'avait appelé et qu'il devait sans doute être rentré. Ne trouvant son fils nulle part, Mr Locaine décida de sortir pour le faire rentrer de force : cette pluie était vraiment torrentielle, et la météo ne l'avait pas du tout prévu. Il espérait que la peinture encore fraîche ne serait pas trop endommagée par ce temps.
Au moment, où il ouvrit la porte, la pluie s'arrêta brusquement ; le ciel était bleu, bien que quelques panaches blancs s'attardaient encore. Le soleil illumina la rue devant lui, et l'eau ruisselant le long du caniveau scintillait. Il regarda de l'autre côté de la rue, le parc de Rosewater, mais ne vit aucun mouvement : Billy jouait de temps en temps dans le parc, mais celui-ci était fermé depuis quelques jours.

Il l'appela «Billy !! Rentre à la maison !!» en se disant que comme il ne pleuvait plus, il allait devoir batailler pour que son fils obéisse. Mais il devait être trempé et la perspective d'un chocolat chaud accompagné des cookies que sa mère et sa soeur étaient en train de préparer devrait le convaincre.
Il traversa la rue en continuant d'appeler «Billy !» en fouillant les lieux du regard ; des ombres s'attardaient encore dans le parking désert et il espéra que Billy n'avait pas escaladé la grille pour entrer dans le parc.
Pendant qu'il se faisait cette réflexion, il sentit quelque chose toucher sa jambe . Il se baissa et ramassa le ballon en plastique de son fils, qu'il reconnaissait bien puisqu'il le lui avait offert. Mais pas de Billy. D'où venait le ballon ? Il appela plus fort «Billy !! C'est papa !!», sentant une montée d'adrénaline à la pensée de ce qui avait pu arriver à son fils. Bon dieu, avec ce tueur qui rôdait dans le coin, il n'aurait jamais dû laisser son fils sortir !! Mais il ne pouvait rien être arrivé à son fils, à sa petite famille, Billy s'était sûrement caché et il attendait que son père le trouve. Sûrement dans ce buisson.

Avec lenteur, Mr Locaine s'approcha du buisson et marcha dans une flaque de liquide poisseux ; il se baissa et toucha le sol : sans doute une flaque d'huile laissée par quelque voiture. Mais c'était rouge... et l'odeur était... très reconnaissable.
Paniqué, Mr Locaine appela son fils en hurlant tout en écartant fébrilement les branches cassées qui lui cachaient la vue ; et là, son pire cauchemar prit vie. Un petit corps coupé en morceaux... des petites mains... des petits pieds... une tête blonde... et un tee-shirt à l'effigie de son équipe de baseball préférée... maculés de sang rouge... rouge... tout était devenu rouge. Mr Locaine ne put même pas hurler devant ce spectacle, son monde s'écroulait.

Le sang de Billy Locaine coulait dans le caniveau le long des rues désertes et indifférentes de Silent Hill.

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Mme Locaine appela sa fille pour lui dire que les cookies étaient prêts. Elles adoraient cuisiner ensemble pour leurs hommes, surtout qu'ils rentreraient affamés et trempés. Miriam était un vrai cordon bleu comme sa mère, à seulement huit ans ; elle ferait une parfaite épouse plus tard.
Elle n'était pas malheureuse de sa vie : elle élevait deux adorables enfants et n'avait pas retrouvé de travail après son accouchement, car la vie de femme au foyer lui plaisait. Elle consacrait tout son temps à ses enfants et son mari, et le déménagement à Silent Hill huit ans plus tôt l'avait enchanté.
Enfin, avec cette histoire de tueur en série qui sévissait dans la ville, ce n'était guère rassurant, mais il n'arriverait rien à sa petite famille. Son mari allait rentrer d'un instant à l'autre avec Billy et les deux hommes de sa vie auraient bien besoin de ses cookies pour leur goûter.

Elle appela encore une fois sa fille, qui était sortie dans le jardin familial peu avant que son mari ne parte à la recherche de Billy. Elle prit un torchon et s'essuya les mains tout en se dirigeant vers la baie vitrée qui donnait sur le jardin. Elle ne voyait pas sa fille, ce qui était bizarre étant donné la taille de leur jardin. Elle était peut-être sortie dans la Munson Street, en passant par le portail de derrière. Sa fille ne sortait jamais toute seule et elle commençait à s'inquiéter.
Elle sortit de la maison d'où émanait une bonne odeur de cookies chauds, et traversa le jardin en appelant sa fille. Aucune réponse. Elle se pencha par-dessus le portail arrière qui donnait sur la Munson Street, en appelant «Miriam !!» d'une voix forte, mais la rue était noyée dans l'ombre, bien que la pluie se soit arrêtée et que les nuages se soit dispersés.
«Miriam ! Allez, ne fait pas peur à maman !» Mme Locaine remonta la rue en marchant vers la Katz Street, et soudain elle s'immobilisa : à ses pieds, elle vit quelque chose qui lui paraissait familier... mais tout à fait incongru en plein milieu de la rue. C'était... une mèche de cheveux blonds... un blond qu'elle connaissait... le même que celui de Billy... Elle se pencha pour la ramasser et la texture poisseuse la surpris : les cheveux étaient mêlés de sang frais.
Mme Locaine, sentant la folie la gagner, se mit à courir et se retrouva devant la résidence Blue Creek. Elle serrait convulsivement les mèches de cheveux de sa fille dans ses mains tremblantes et des sanglots commencèrent à la secouer incoerciblement : car elle avait trouvé sa fille... ou du moins ce qu'il en restait. Elle ne put regarder plus attentivement et détourna les yeux en poussant un cri misérable et étranglé. Elle posa la mèche de cheveux sur son sein et cria encore... car cette partie de sa fille était la seule chose qui restait de Miriam.

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18 février 1994... South Ashfield Heights... 16H10...

Aidan Bearchan marchait d'un pas lent dans les rues d'Ashfield, à la recherche de l'immeuble dont il avait trouvé l'adresse durant son enquête.

Il avait étudié attentivement le passé de Walter Sullivan : le garçon avait fait un court séjour à l'hôpital St Jérôme avant d'être prit en charge par l'hôpital Brookhaven de Silent Hill, pour finir dans un orphelinat ; à St Jérôme, on lui avait donné l'adresse de Frank Sunderland, le concierge de l'immeuble dans lequel Walter Sullivan, alors un nouveau-né, avait été trouvé. C'était Frank Sunderland lui-même qui avait sauvé le bébé et l'avait confié à l'hôpital. La seule chose qu'il savait à l' époque était le nom du couple qui avait abandonné leur bébé : Sullivan. Mais en creusant un peu, Bearchan pourrait peut-être en apprendre plus sur eux.

Le commissaire s'immobilisa devant l'entrée un peu miteuse d'un appartement banal et en tout point semblable à ceux qui l'entouraient ; il monta les quelques marches et appuya sur le bouton de l'interphone sous lequel était écrit «Concierge». Une voix lui répondit, lui demandant le motif de sa venue ; Bearchan répondit qu'il enquêtait sur une affaire de meurtres et qu'il avait besoin de lui poser des questions sur un évènement remontant à exactement vingt-quatre ans. La porte grésilla et Bearchan entra dans le hall carré de l'immeuble. Des doubles portes menaient aux différentes parties du bâtiment, et des boîtes aux lettres trônaient près de l'escalier, vers lequel il se dirigea.
Sunderland lui avait dit qu'il demeurait à l'appartement 105 et Bearchan dû monter quelques marches pour atteindre le premier étage ; arrivé sur le palier, il vit que le concierge l'attendait devant sa porte, les bras croisés, et la mine un peu renfrognée ; un type aux cheveux grisonnants, la soixantaine, bien bâti et aux traits malgré tout bienveillants.

- «Bonjour, je suis le commissaire Bearchan et j'enquête sur la vague de meurtres qui a commencé il y a quelques jours, vous êtes au courant ?» demanda Bearchan en guise de préambule.

- «Un peu que je suis au courant ! Ca fait froid dans le dos ! Qu'est-ce que je peux pour votre service ?»

- «J'aimerais vous poser quelques questions au sujet d'un évènement qui a eu lieu il y a vingt-quatre ans dans votre immeuble : une histoire sordide à propos d'un bébé, vous vous souvenez ?»

- «Pour sûr, on oublie pas un truc pareil !» s'écria Sunderland. «Il m'arrive d'en faire encore des cauchemars.»

- «Où cela s'est-il passé exactement ?»

- «Dans la 302. Une fichue piaule si vous voulez mon avis. Depuis ce drame, plus aucun locataire n'y est resté plus d'un an», se plaignit le concierge. «Vous voulez entrer ?»

- «Oui, merci, si cela ne vous dérange pas...»

- «Pensez donc ! Si je peux faire mon travail d'honnête citoyen en vous aidant à arrêter ce malade...»

Sunderland le précéda dans l'appartement 105, qui devait être en tout point identique aux autres appartements du quartier qu'il avait déjà visité ; seul l'ameublement et les touches personnelles de chaque résident étaient capables de donner un peu de chaleur à ces pièces toutes identiques. Bearchan le savait, son propre appartement ressemblait beaucoup à celui-ci.
Le concierge s'éclipsa dans le coin cuisine et revint avec deux tasses de café. Ils s'installèrent à la table basse au milieu du salon. Bearchan prit une gorgée de café par politesse, puis reposa sa tasse avant de regarder Frank Sunderland dans les yeux : l'homme semblait fatigué, il avait les traits tirés et ses mains tremblaient un peu. Bearchan s'enquit de sa santé :

- «Oh ! Rien qui vous concerne. Ma belle-fille est très malade et mon fils s'occupe d'elle. J'attends son coup de fil, mais j'ai l'impression qu'il a oublié.»

- «Je suis désolé, je peux repasser si vous voulez...»

- «Non, ça ira. Ca sert à rien de se faire du mauvais sang», décida Sunderland. «Les enfants, on se fait du souci pour eux et finalement, on se rend compte qu'ils se débrouillent très bien sans nous, pas vrai ? Vous avez des enfants, inspecteur ?»

- «Euh...», hésita Bearchan. «Non... l'occasion de s'est pas présentée...» Une douleur fulgurante mais brève traversa son corps tout entier.

- «Ah... Moi, je pense que quand on veut pas d'enfant, il faut pas se forcer ! Sinon ça finit comme avec les Sullivan, une vraie tragédie, ça. On devrait enfermer des criminels pareil !»

- «Parlez-moi de cette histoire», commença Bearchan, trop heureux que le concierge soit entré dans le vif du sujet.

- «C'était des gens qui présentaient bien, ils venaient de Silent Hill, je crois, il faudrait que je retrouve leur dossier (j'ai un dossier sur tout le monde ici). Ils venaient de se marier, si je me souviens bien, et ils commençaient leur vie de couple. L'appart était pas cher, bien situé, alors ils ont sautés sur l'occasion. Mais ils ne m'ont pas donné l'impression d'un couple uni. »

- «Comment cela ? Ils se disputaient ?»

- «Oh ! pas en public, mais le mari avait une façon de rabrouer sa femme qui me mettait mal à l'aise», répondit Sunderland, en se grattant le menton. «On voyait bien que c'était lui qui portait la culotte. Il devait avoir des origines hispaniques. Mais la femme était américaine, c'est sûr ; elle m'a dit venir de Silent Hill, je m'en souviens car mon fils et ma belle-fille y sont allés il y a trois ans et ça m'avait rappelé cette histoire.»

- «De Silent Hill ?» Bearchan s'étrangla presque en prononçant le nom.

- «Ouais, mais en fait, on a beaucoup de natifs de Silent Hill qui emménagent ici ; visiblement la ville de Silent Hill n'attire plus grand monde. »

- «La femme était enceinte ?»

- «Non, pas à leur arrivée. Ou alors je n'ai pas remarqué», se souvint Sunderland. «J'ai commencé à noter des rondeurs caractéristiques environ six mois après leur arrivée. Le mari était furax que sa femme soit enceinte. »

- «Il ne voulait pas d'enfant ?» interrogea Bearchan, outré malgré lui.

- «Visiblement non ! Il y avait de plus en plus d'éclats de voix au troisième étage, et les voisins se plaignaient du bruit ! Plus d'une fois je suis allé les voir pour tenter de régler le problème, mais le mari disait que de toute façon, ils allaient bientôt partir, parce que «le voisinage ne lui convenait pas» !»

- «Et la femme ? Que disait-elle ?»

- «Pas grand-chose. A mon avis, elle avait peur de son mari et elle semblait toujours au bord des larmes. J'aurai bien appelé la police pour tirer tout ça au clair, mais elle semblait m'implorer de ne rien dire. Je crois qu'il la battait.»

- «Alors qu'elle était enceinte ?»

- «C'était le cadet de ses soucis ! Quand bien même il aurait pu tuer le gosse que ça lui aurait fait ni chaud ni froid ! C'était une vraie brute ! »

- «Comment avez-vous trouvé le bébé ?»

- «Des voisins se plaignaient encore du bruit, notamment des cris d'un bébé, alors je suis allé voir. Personne ne répondait là-dedans alors j'ai utilisé mes clefs pour entrer dans la 302 et j'ai trouvé cette petite chose sans défense par terre, dans le salon : à mon avis, il venait tout juste de sortir, il avait même encore le cordon ombilical ! Je l'ai récupéré vous savez !»

Frank Sunderland montra une petite boîte dans la vitrine d'un buffet derrière le commissaire.

- « Juste un petit bout, pour garder un souvenir de ce pauvre gosse. Il avait vraiment mal démarré dans la vie, celui-là. On devrait pas faire ces choses-là. Si on veut pas d'enfant, il faut pas en faire. On peut pas les abandonner comme ça, sur le bord de la route. Un enfant, c'est quelque chose.»

- « Oui, je vois...», l'interrompit Bearchan, que le sujet mettait mal à l'aise. «Et les parents ?»

- «Envolés ! Littéralement ! On a jamais su où ils sont partis ! Ils ont même emporté les clefs et j'ai dû refaire un double. Et depuis, cet appartement n'arrive pas à garder ses locataires plus d'un an ; certains se plaignent de bruits bizarres. et même de cris d'enfants !»

Un énième appartement hanté. Bearchan avait déjà entendu parler de maisons où ils s'était passé des choses horribles et qui en gardaient le souvenir.

- «J'ai pris le gamin et j'ai appelé l'hôpital pour qu'ils viennent le prendre en charge», continua Sunderland. «J'ai juste dit qu'il s'appelait Sullivan mais on m'a demandé de lui donner un prénom, alors j'ai choisi Walter. C'était le nom de mon père, un fier gaillard, et je pensais que ça lui porterait chance. »

- «Qu'est devenu l'enfant ?»

- «Aucune idée. L'ai jamais revu. Il m'arrive de me demander ce qu'il lui est arrivé.»

- «Je n'ose pas vous le demander, mais. j'aimerais visiter la 302.»

- «Si ça vous chante. Ca a un rapport avec les meurtres ?» demanda le concierge en allant chercher son trousseau de clefs.

- «Peut-être. Rien n'est encore sûr, j'essaie juste d'éliminer certaines pistes.»

_________Image________

Les deux hommes sortirent de l'appartement 105 pour monter les étages jusqu 'au troisième. Après avoir poussé la lourde double porte et traversé le palier, le concierge et le commissaire de police se retrouvèrent face au couloir dans lequel se trouvait l'appartement 302. Mais ils n'étaient pas seuls : une personne se tenait devant la porte de l'appartement.
Walter Sullivan avait posé ses mains et sa tête sur la porte close, son visage tourné vers les deux nouveaux venus ; il semblait parler tout seul, ses lèvres remuaient mais Bearchan ne pouvait entendre : c'étaient des mots chuchotés, murmurés, comme si Sullivan tenait une conversation intime avec une personne de l'autre côté de la porte ; mais le concierge avait certifié que la 302 n'avait pas de locataire.

A la vue de Walter Sullivan, dont il venait d'entendre la première partie de l'histoire en détail, Aidan Bearchan se sentit prit d'une vague tristesse, mais aussi d'un début de nausée en se rendant compte qu'on pouvait réellement abandonner un enfant comme une chose sans importance, comme un objet dont on voudrait se débarrasser parce qu'il devient encombrant.
L'inspecteur rentra en lui-même quelques secondes, essayant de se mettre à la place de ce père qui avait délibérément «jeté» son enfant, mais il ne le put. Si seulement il avait eu la chance de ce père indigne... Si seulement il avait eu la chance d'avoir un enfant en bonne santé, de pouvoir tenir ce petit être dans ses bras... Sa vie aurait-elle été différente ?

Walter Sullivan se redressa et s'éloigna de la porte, tout en regardant les deux hommes médusés devant ce spectacle. Son regard s'attarda particulièrement sur Aidan Bearchan, comme s'il avait pu lire ses pensées et connaître son état d'esprit.

- «Wal... Walter Sullivan...», balbutia le commissaire, atterré.

- «Sullivan ?!», s'exclama Sunderland, tout à fait surpris de trouver un visiteur qui ne s'était visiblement pas annoncé. «Vous voulez dire... Walter Sullivan, le gamin qui...»

Sullivan sourit aux deux hommes, de ce sourire vide que Bearchan connaissait bien maintenant. Il se dirigea vers eux.

- «Ne vous inquiétez pas, Mr. Sunderland. J'étais simplement venu voir ma mère, mais je m'en vais maintenant», prononça doucement Sullivan en passant à côté du vieux concierge qui semblait avoir prit vingt-quatre ans d'un coup.

Aidan Bearchan suivit le jeune homme des yeux et remarqua, juste avant qu'il ne disparaisse à l'angle lu couloir, le regard rempli d'un sentiment indéfinissable que Walter Sullivan portait au-delà de lui, vers la porte blanche au bout du couloir, que les deux hommes l'avaient surpris en train d'embrasser si tendrement... la matrice de laquelle il était sorti vingt-quatre ans plus tôt.

Et Aidan Bearchan s'apprêta à révéler à Frank Sunderland, cet honnête homme qui n'avait écouté que son coeur vingt-quatre ans plus tôt, que l'enfant dont il avait sauvé la vie était aujourd'hui suspecté de meurtres en série.

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Dernière modification par fallenRaziel le 29 juil. 2011 11:36, modifié 2 fois.
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Messagepar OmegaClaoud » 14 juil. 2011 14:04

Waw, la je doit avoué que le premier chapitre et excellent, par contre c'est vachement long ^^
Continue encore Fallen c'est très bien.
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Messagepar fallenRaziel » 14 juil. 2011 14:27

Tu trouves que le premier chapitre est long ? C'est le plus court pourtant ! Tu as lu que le premier ?
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Messagepar OmegaClaoud » 14 juil. 2011 14:34

Oui il est assez long mais ça ne me gène pas du tous, et pour l'instant je n'ai lu que le premier et je le trouve vachement bien, déjà ta manière d' écrire que j’apprécie mais aussi l'histoire qui est captivante et l'ambiance sombre de Silent Hill, qui est au passage un très bon jeu vidéo.
Sinon j'ai commencé le chapitre 2 ;)
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Messagepar fallenRaziel » 14 juil. 2011 14:45

Ok, n'hésite pas à me faire d'autres critiques si le coeur t'en dit^^
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Messagepar OmegaClaoud » 15 juil. 2011 14:29

Chapitre 2 fini et pour être franc il est excellent, notamment les passages ou Bobby et Sein se font tué ^^ et pour ce qui des images que tu a réalisé elles sont parfaitement bien faites ;)

Juste un petit truc pas bien méchant mais au début tu as écrit Sean au lieu de Sein ^^
Sinon j'attaque le chapitre 3 ;)
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