[Rae] FFVIII : Le feu et la glace

Les romanciers en herbe pourront nous faire partager leurs oeuvres littéraires !

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Rae
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Messagepar Rae » 02 févr. 2005 8:01

CHAPITRE VII


A la lumière du jour, la situation semble un tantinet moins désastreuse que la veille. Nous avons piqué deux pelles et deux balais dans le hangar, et nous nous sommes attaqués à nouveau au déblayage du vaisseau. La partie supérieure est dégagée assez rapidement, il ne reste plus que le bas qui soit encore enseveli ; et si l'appareil n'est pas en excellent état, c'est tout de même moins catastrophique que ce que je pensais. Les vitres sont intactes, le toit ne semble pas fissuré. L'avant est enfoncé, mais il ne s'agit probablement que de la coque, il se peut très bien que l'intérieur n'ait pas subi de dégâts ; auquel cas, il suffira de quelques coups de masse pour la redresser. Il faudra aussi renforcer la coque sur les côtés, par précaution. Par contre, l'entrée, elle, est toujours introuvable. Nous continuons de creuser pour dégager l'appareil, et plus nous creusons, plus nous constatons à quel point il est immense, et plus je commence à craindre qu'il ne soit profondément enterré.
J'y crois pas, voilà que je me mets à rêver debout comme Etan… Quand bien même nous arriverions à dégager le vaisseau, il faudrait d'un : qu'il soit encore en état de voler ; et de deux : que nous parvenions à le contrôler ; et les deux me paraissent aussi improbables l'un que l'autre. Il s'est mis à pleuvoir, pour couronner le tout, et ça fait une heure que je patauge dans la boue, complètement détrempée, avec une pelle qui doit peser au bas mot dix kilos.
- Eva, viens voir ça ! me crie Etan au bout de quelques minutes.
Qu'est-ce qu'il veut encore ?
Je le rejoins de l'autre côté de l'appareil en me retenant d'une main à la carlingue du vaisseau pour ne pas glisser dans la boue argileuse. Les bras croisés et un air perplexe sur le visage, il semble observer la partie du vaisseau qu'il a dégagée. Je le regarde, un sourcil levé. Il me fait signe de jeter un œil également. En levant la tête, j'aperçois un immense logo peint en rouge sombre. Zomba Transports. Ça me dit quelque chose…

- Tu sais ce que ça veut dire ? me demande Etan en se grattant la tête.
- Pas la moindre idée...

Si, ça me revient !

- Zomba Transports ! Formidable. Vraiment formidable !

Je suis prise d'un fou rire nerveux.

- C'est vraiment le bouquet ! Je fais en essuyant mes larmes de rire.
- Qu'est-ce qui se passe ? demande Etan en me regardant comme si j'avais perdu la tête.
- Rien, à part que si jamais on arrive à faire décoller cette poubelle, on aura plus qu'à prier pour que personne ne trouve bizarre de voir voler le vaisseau d'une compagnie marchande qui a disparu depuis des années !
- Un vaisseau de transport de marchandises ? Répète-t-il, abasourdi.
- A ce stade là, ça s'appelle même plus de la malchance, je grommelle pour moi-même en donnant un coup de pied dans un caillou pour l'envoyer voler au loin.
- Dans ce cas-là, poursuit Etan qui ne m'a pas entendue, il y a une bonne nouvelle : ce sont les plus simples à piloter, pas besoin d'être un génie pour ça. Même à toi, ça devrait pas te poser de problème.
- Très drôle. Je suppose qu'il y a aussi une mauvaise nouvelle ?
- La mauvaise… C'est que si c'est si simple à piloter, c'est parce que ce n'est ni très puissant, ni très rapide. C'est pour transporter de la marchandise, ils n'ont pas besoin d'atteindre des vitesses astronomiques…
- D'autant plus avec celui-là qui est cloué au sol ! Je m'énerve, agacée par son calme. Et de toute façon, aucun de nous deux ne sait piloter !
- Tu m'as dit que tu l'avais déjà fait, la dernière fois…
- UNE fois ! je répète, excédée.
- Ce qui fait de toi la plus qualifiée de nous deux.
- Sur quelle planète tu vis ? Il a beau être le moins complexe, c'est tout de même un vaisseau, ça se conduit pas comme une voiture !

C'est à croire qu'il le fait exprès.

- Tu comptes rester là ou tu vas m'aider ? demande-t-il en me voyant jeter la pelle avec mauvaise humeur.
- Tu ne vois pas que c'est inutile ? Ça. Ne. Marchera. PAS. On n'arrive même pas à trouver l'entrée, comment tu veux qu'on le fasse décoller ?
- Si tu restes ici, c'est certain qu'on ne va pas avancer. Écoute, je suis sûr que si on arrive au bout de tout ça on va trouver une solution.
- Et moi, je ne crois pas aux miracles, je lui lance en m'asseyant contre le mur de terre qu'il reste encore à déblayer avant d'atteindre la coque.

Je suis surtout complètement crevée. Furieuse, lasse, à bout de nerfs et crevée. Etan hoche la tête et se remet à creuser à côté de moi. En silence, Dieu merci. Quand il en aura marre, il m'écoutera peut-être. Il rêve, celui-là, je ne comprends toujours pas ce qu'il cherche à tirer de cet engin. Il faut trouver un moyen de retourner à Balamb sans se faire voir. Ca prendra encore des jours, le temps d'arriver là-bas, mais tant pis… Il faut aussi espérer que…
Tout a coup, le mur de terre derrière moi s'effondre, et je perds l'équilibre, m'enfonçant dans le vide. Je roule sur moi-même sans pouvoir m'arrêter sur une petite pente, et j'arrive sur une surface plate où j'atterris sans douceur sur le dos.
J'ai de la terre plein le visage, et je suis presque sûre d'en avoir avalé. Je me redresse en toussant sans pouvoir retenir un gémissement de douleur lorsque ma colonne vertébrale se rappelle à mon bon souvenir. Je crois que je vais rester assise un moment, finalement... Il fait noir tout autour de moi, sauf une petite ouverture à quelques mètres au dessus de moi, par laquelle j'ai dû passer et qui fait entrer un peu de lumière ; j'aperçois la tête d'Etan qui s'est penché vers moi.

- Est-ce que ça va ? me crie-t-il.

J'ai le dos en compote, à part ça tout est parfait.

- Je crois que j'ai trouvé l'entrée, je grommelle en me relevant avec difficulté.

Dans une telle obscurité, j'aime autant éviter de bouger, ou je suis sûre de me casser quelque chose. Etan déblaye un peu plus le passage, puis repasse sa tête par l'ouverture.

- Où est-ce que tu es ? je ne te vois pas !
- Je ne me vois pas non plus, si tu veux savoir…
- Bon, attends un instant, je reviens.

Et où-est-ce qu'il voudrait que j'aille? Pff… Il disparaît un moment, puis réapparaît en brandissant une petite lampe de poche.

- Plus à droite. Ma droite ! un peu plus bas…

Il me trouve enfin et me plante la lumière dans les yeux.

- Ok, attrape !

Il me lance la lampe qui atterrit à deux bons mètres de moi, disparaît à nouveau, envoie les sacs et saute, une autre lampe à la main. Ces lampes ne sont pas très puissantes, mais au moins on voit où on met les pieds. Pas de doute, on est bien à l'intérieur du vaisseau. Il y a des tas de caisses en bois empilées un peu n'importe comment, beaucoup de terre — celle qui devait maintenir l'entrée ouverte — et une porte, au fond. Il nous faut déplacer et escalader plusieurs caisses avant de l'atteindre. Elle s'ouvre avec difficulté mais nous en venons à bout et nous engouffrons dans un long couloir. Il y a plusieurs portes, des échelles un peu partout... Par où aller?

- Tout droit. Ca va bien nous mener quelque part, propose Etan en haussant les épaules. Objectif : trouver quelque chose qui ressemble à une salle de commandes.

Et ça, c'est un candidat au Seed…

S'enfoncer dans le noir avec deux malheureuses lampes de poches et Etan pour seule compagnie a quelque chose de plutôt angoissant.

- On se croirait dans un tombeau, chuchote Etan en ouvrant plusieurs portes.
- La ferme, je murmure, nerveuse.

Je m'imagine déjà des zombies surgissant des portes, des monstres prêts à nous sauter dessus se planquant dans chaque coin ombre. Les monstres, ça ne me dérange pas, mais c'est le fait qu'ils puissent venir tout d'un coup de n'importe où qui m'embête.
Vu de l'intérieur, le vaisseau a l'air encore plus grand. Et si on considère les échelles qui mènent aux niveaux inférieurs, le vaisseau doit être sacrément bien enterré. Je suis découragée d'avance en pensant aux heures qu'il va encore nous falloir pour finir de le débloquer. J'ouvre plusieurs portes, au hasard. Je crains de plus en plus une mauvaise surprise, même s'il est évident que si nous avons eu tant de mal à entrer, personne n'a pu le faire avant nous. Pas de trace de squelette ou de corps en décomposition, en tout cas, c'est plutôt bon signe. J'ai l'impression de devenir complètement parano, le moindre bruit me fait sursauter. Même si à l'origine, c'est nous qui en sommes à l'origine.
On se retrouve face à un mur. C'est un cul de sac. Bon, ben… Demi tour. Plus loin, nous grimpons à une échelle en acier fixée au mur. On débouche dans un nouveau couloir lui aussi très sombre. À la lueur de la lampe torche, on aperçoit des tas de papiers qui traînent un peu partout. Nous entrons dans différentes petites pièces et reconnaissons une cuisine, des vestiaires... Nous faisons encore demi-tour, tournons plusieurs fois, revenons de nouveau sur nos pas. Je ne sais même plus de quel côté est censé être l'avant de l'appareil.
Nous arrivons dans un grande salle un peu plus claire, grâce à un grand pare brise en verre que nous avons plus ou moins bien dégagé qui laisse entrer un peu de lumière. Juste en dessous se trouve un tableau de commande immense, avec plein de boutons, et en face, des sièges. Logiquement, ça doit être le cockpit. Etan me tend sa lampe pour que je l'éclaire, et il s'affaire sur les claviers. Rien ne répond.

- Etan, ce n'est pas en tapant dessus comme ça que tu vas réussir à l'allumer.
- Eva, ce n'est pas en te contentant de me regarder faire que ça va fonctionner, répond-t-il du même ton. Aide-moi au lieu de rester plantée là.
- Je t'ai déjà dit que je n'y connaissais rien !
- Doit bien y avoir un truc qui fonctionne tout de même, dit-il en appuyant frénétiquement sur toutes les touches à la fois.

Je me m'approche néanmoins du tableau de commande. Réfléchissons. Je n'ai piloté qu'une fois, mais j'ai souvent vu Zell le faire. Sur quel bouton appuyait-il pour mettre en marche le vaisseau déjà ? Non, c'était un levier. Je me penche sur le clavier et souffle un bon coup pour faire s'envoler la poussière. Il y a des inscriptions à côté des différents boutons, toutes plus mystérieuses et incompréhensibles les unes que les autres. Ah, light ! C'est déjà ça. J'appuie, et quelques secondes plus tard, tout le vaisseau se met à trembler bruyamment. Etan se tourne vers moi, alarmé.

- Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il. Qu'est-ce que tu as fait ?

La salle s'éclaire soudain.

- Tu vois ! s'exclame-t-il. Je savais bien que ça fonctionnerait !

Tout s'éteint immédiatement. Je retiens – dans un effort surhumain – un commentaire cinglant, et Etan se repenche sur la console sans un mot. Rien ne bouge, même en appuyant à nouveau sur le bouton light. Je lui laisse sa lampe et je vais inspecter le reste de la salle en attendant qu'il ait finit de s'acharner inutilement.
L'intérieur est plutôt en bon état, malgré un certain désordre. Je me demande ce qu'il s'est passé pour que que le vaisseau finisse ici, et ce que sont devenus les occupants. Je trouve une carte affichée sur un de mur au fond de la pièce. Le plan du vaisseau, apparemment. Je passe sur la vitre qui le protège un vêtement qui traînait par terre pour enlever la poussière. Apparemment, il y a cinq grandes pièces pour stocker les marchandises, nous avons dû entrer par celle en bas à gauche, si je ne me trompe pas. Et il semble que la salle des machines se trouve juste en dessous de celle où nous nous trouvons en ce moment. Pendant que l'autre idiot s'acharne toujours sur les commandes pour essayer de rétablir le courant, je cherche des yeux la porte qui mène à l'étage en dessous qu'indique le plan. Il y a une trappe, là-bas. Je l'ouvre sans trop de difficultés et je me penche en scrutant l'obscurité. Ma lampe éclaire vaguement quelques formes noires. Mais ça ne peut être que ça. Etan s'approche et s'accroupit à côté de moi.

- La salle des machines ?
- Oui. Ce sera tout de même plus utile de voir ce qui ne marche pas dans le moteur avant de détruire totalement les commandes.

Nous descendons l'échelle métallique, et inspectons les machines.

- Le moteur est plus grand que moi… soupire Etan, désespéré. Comment savoir ce qui ne marche pas ?
- Laisse, je m'en occupe.

Il se tourne vers moi, étonné.

- Je croyais que tu n'y connaissais rien ?
- J'ai dit que je n'avais piloté qu'une fois, mais j'ai souvent aidé Zell a entretenir le moteur de l'Hydre.
- Ça ne doit pas grand chose à voir, fait-il remarquer en regardant la machine qui doit bien avoir trois fois l'âge de l'Hydre.
- On verra bien. Éclaire-moi, c'est tout ce que te demande.

Nous explorons rapidement la salle des machines. J'ai réussi à repérer le générateur d'énergie et il fonctionne. Techniquement, il se peut donc très bien que l'appareil fonctionne. Il ne me faut pas longtemps avant de comprendre ce qui ne va pas. La pièce qui est justement censée transmettre l'énergie à tout le reste de l'appareil est cassé. De plus, la ventilation est complètement bouchée par la poussière, et on risque la surchauffe si on ne fait rien. Heureusement, il ne s'agit que de détails faciles à régler. Il y a aussi d'autres pièces cassées, mais ça devrait être facile à remplacer si…

- Et où est-ce que tu comptes trouver les pièces ? demande Etan, une fois que je lui expose la situation.
- Je vais les emprunter.
- Jeff ne voudra jamais, je suppose que tu t'en doutes.
- Je n'avais pas l'intention de lui demander son avis.
- Tu ne vas pas voler les pièces, quand même ?
- Je vais me gêner !

Etan considère la question quelques secondes avant d'admettre :

- Oh et puis, t'as raison…

Au vu des évènements et du personnage, je ne m'embarrasserai pas de ce genre de scrupules…
Nous sortons de l'appareil – en nous perdant deux fois de suite - nous nous glissons dans le hangar, ouvrons les moteurs d'autres appareils restés là, et « empruntons » les pièces qui nous manquent. Elles ne sont pas prévues pour ce modèle de moteur qui est beaucoup plus ancien, mais j'arrive quand même à les assembler. Maintenant, si quelque chose ne marche pas, je ne peux pas faire plus. Etan a aussi reformé de son mieux le devant du vaisseau et consolidé la coque de l'appareil, histoire qu'il ne tombe pas en morceaux pendant le vol. Je vérifie deux fois que tout est en place, et nous remontons dans le cockpit, couverts de poussière et de cambouis. La douche attendra des jours meilleurs, nous n'avons pas l'intention de passer une minute plus que nécessaire ici. Etan prend une longue inspiration avant d'appuyer sur le bouton pour allumer la lumière. L'appareil se met à trembler, et nous attendons pétrifiés pendant une minute ou deux. La lumière s'allume enfin, mais nous n'osons rien dire, de peur d'être déçus.

- Ça marche, sourit Etan en se détendant finalement. Le reste devrait aller, maintenant. Beau boulot. Allez, en place. Votre fauteuil n'attend que vous, Capitaine, fait-il en me montrant le siège du pilote.

Je me sens pâlir.

- Je t'aurais prévenu, je maugréé en m'asseyant. Quand on s'écrasera en plein océan, tu ne pourras pas dire que c'est de ma faute…

J'ai des sueurs froides rien qu'à m'imaginer commander ce vaisseau. Je nous vois déjà tomber à pic et nous écraser… Foncer dans une montagne sans pouvoir nous arrêter… Exploser en plein vol… Du calme, respire. Il a dit que c'était facile à piloter… le plus simple des vaisseaux…
Quelle andouille ! Qu'est-ce qu'il raconte ? Un vaisseau, facile à piloter ! Qu'est-ce qu'il en sait, d'abord ? J'essaie désespérément de rassembler mes esprits, et de me souvenir de ce que j'ai fait la dernière fois avec Zell. Il y a bien quelques trucs qui me reviennent, mais…
Etan va s'asseoir sur le siège d'à côté, mais je sais bien qu'il ne me sera d'aucun secours si quelque chose ne va pas. Il me lance un regard qui se veut rassurant, mais qui masque à peine sa terreur. Maintenant, c'est à moi d'assurer. Je fais une courte prière avant de me lancer. J'actionne prudemment le levier, et je sens le vaisseau vibrer tout autour de nous. Pourvu que ça ne tombe pas en morceaux. Non, ça suffit, je me concentre sur ce qui se passe devant moi. Je relève encore un peu la commande, et cette fois, nous décollons vraiment, en soulevant un immense nuage de poussière. La terre tombe du toit du vaisseau et glisse sur le pare-brise, avant de tomber plus bas. Le vaisseau tangue légèrement ; je bloque le levier et active prudemment une autre manette qui doit, si je me souviens bien, nous faire avancer. Le vaisseau s'élève dans les airs, et j'ai l'impression que parcourir ces quelques mètres prend des siècles. Nous arrivons au dessus de la mer. C'est le moment de vérité. Etan déglutit péniblement et s'agrippe à son siège en tentant de faire comme si de rien n'était.
Contrairement à ce que je craignais, nous ne tombons pas à pic, mais restons au même niveau , et ça procure un sentiment étrange. Je PILOTE ce vaisseau ! Soulagée, je continue à avancer. Etan semble s'être remis à respirer. Appuyant un peu plus sur le levier, j'arrive à accélérer. Nous commençons à nous détendre après avoir parcouru quelques dizaines de mètres au dessus de la mer. Je vérifie la destination, c'est bien la direction de Trabia. Ça ne doit pas être bien loin, de toute façon, on devrait vite atteindre la rive, et après, on verra bien.

- Eva, il y a quelque chose qui nous suit, fait Etan d'une voix blanche.
- Quoi ? Tu es sûr?

Il me montre le radar, mais j'ai tellement peur qu'on s'écrase si je relâche ma concentration sur le pilotage que je n'arrive pas à bien voir ; et puis je n'ai jamais appris à utiliser un radar…

- Où ça ? je m'énerve. Comment on voit les distances sur ce truc ?
- Euh… j'en sais rien, mais en tout cas ça se rapproche.
- Mais c'est qui ?
- Je sais pas, je peux pas voir derrière le vaisseau. Il est où le rétroviseur ?
- Etan, j'ai beau ne pas m'y connaître beaucoup, je peux t'affirmer que tu n'en trouveras pas.
- Alors je vais voir.
- Où ça ? Où est-ce que tu vas ?
- Attends-moi ici.

Vraiment hilarant.
Il se détache et sort. Je l'entends courir dans le couloir, et je tente de conserver mon sang-froid, tant bien que mal. Il revient cinq minutes plus tard.

- Des Esthariens, souffle-t-il en se rasseyant.

A son ton, je comprends qu'il s'y attendait. Des Esthariens. Merde, merde, merde.

- Accélère. On n'a rien pour se défendre, et je doute que le vaisseau tienne longtemps le coup s'ils nous attaquent.
- Parce que tu crois vraiment qu'on pourra les semer ? Tu te rappelles dans quoi on est ?
- Accélère quand même.
- Je suis déjà à fond !
- Déjà ?

Il se penche sur le panneau de contrôle, les sourcils froncés.

- On est trop lourds avec les caisses, ça nous ralentit, murmure-t-il. On aurait dû vider les salles de réserve avant de partir.
- Ça nous aurait pris des jours à jeter tout ça ! On n'avait pas le temps. Lourd ou pas, c'est pas avec cet appareil qu'on serait passés inaperçus. Pense plutôt à ce qu'il faut faire maintenant.
- Si tu as une idée, c'est le moment.
- Tu crois qu'ils savent qui on est?
- Je ne sais pas ; ils ne nous ont pas encore attaqué, c'est plutôt bon signe, je suppose… C'est quoi, ce bruit ?

Une grande sirène retentit. Affolée, je mets une minute à comprendre que ça ne vient pas de notre vaisseau qui souhaiterait par là annoncer une explosion imminente, mais de notre poursuivant. Sur le radar, la forme se rapproche dangereusement de notre vaisseau, jusqu'à le dépasser légèrement. On aperçoit les pilotes par le pare-brise, et apparemment, ils essaient de jeter un oeil à l'intérieur de notre cockpit. Etan et moi nous nous tassons sur nos sièges. On est fichus. À grands geste, ils nous font signe d'allumer la radio. Ils sont marrants, il y a longtemps qu'elle ne fonctionne plus… Ils se penchent vers leur panneau de contrôle, et une voix forte se fait entendre.

- Veuillez arrêter votre vaisseau. Nous allons procéder à un contrôle.
- On est mal, murmure Etan, nerveux. S'ils ne savent pas déjà que le vaisseau n'est pas censé voler, ils vont comprendre quand ils nous demanderont ses papiers et notre autorisation de vol. Continue.

Je réussis à repasser devant – parce que leur vaisseau n'est pas à fond - mais ils nous collent.

- On arrivera jamais à les semer et ils ne nous lâcheront pas. On a quelque chose pour se défendre ?
- Etan, on est sur un vaisseau marchand, pas de guerre. Et d'ici, c'est pas avec nos petits poings qu'on va arriver à grand chose.

Puis j'ai une idée.

- Les G-Forces ! Il faut que l'un de nous deux aille à l'arrière, ouvre une des portes et fasse appel à son G-Force, pour éviter qu'il n'apparaisse dans le vaisseau et ne nous fasse exploser nous.
- Très bien, je t'attends ici, répond Etan en se rembrunissant.
- Ok, par l'un de nous deux, j'entendais toi, je rétorque en levant les yeux au ciel. Je ne peux pas encore me dédoubler, et je suis en train de conduire, figure-toi. Je croyais que tu ne savais pas piloter ?
- Non mais… Ton G-Force serait plus efficace que le mien, hésite-t-il.

Mais qu'est-ce qui lui prend ? Son G-force fait tout à fait l'affaire, il le sait bien ! Il cache quelque chose. Je ne crois pas que ce soit qu'il ait peur, il est à peu près aussi rentre-dedans que moi, il n'a jamais été effrayé par un combat. Et il sait bien que je ne peux pas lâcher ces fichues commandes. Tout à coup, une grande secousse se fait sentir. Le vaisseau chute de quelques mètres avant que j'arrive à reprendre le contrôle.

- Ces malades nous tirent dessus ! Je m'exclame en m'arquant contre le levier pour rétablir l'équilibre du vaisseau. Etan !

Il se lève alors et sort de la cabine en courant. Pas trop tôt.
Les Esthariens nous tirent de nouveau dessus et je perds à nouveau le contrôle de l'appareil. Bon sang, on va s'écraser, si ça continue ! J'arrive à remonter légèrement, mais c'était juste ; cette fois, on a bien failli se crasher dans l'océan, et à cette vitesse, je n'aurais pas donné cher de nos peaux... Mais qu'est-ce qu'Etan attend ??
Un voyant lumineux rouge s'allume devant moi, signalant l'ouverture d'une des portes, celle du côté droit, là où se trouve le vaisseau estharien. Le ciel prend des couleurs orangées sur ma droite, et j'entends une explosion. Le vaisseau estharien disparaît du radar, et quelques minutes plus tard, Etan arrive dans la cabine, en sueur, et s'affale sur son siège.

- Voilà. C'est fait.
- Y'a un autre problème. Je sais pas ce qu'ils ont touché mais on continue à perdre de la hauteur…
-… Mais on gagne en rapidité ? remarque-t-il, ahuri, en regardant le compteur.
- Ca, c'est parce qu'on est en train de s'écraser.
- Fait ton possible pour nous maintenir en hauteur, je reviens, je vais essayer quelque chose .
- Quoi ? Qu'est-ce que tu …

Il sort de nouveau. C'est pas bon, pas bon du tout. On descend trop vite. Il aura fallu ça pour gagner de la vitesse, je m'en serais passée, en fin de compte. Et le vaisseau a tendance à pencher sur la droite, ce qui nous dévie de notre trajectoire. Je n'arrive pas à rétablir l'équilibre, les commandes tirent trop. Tous les voyants lumineux clignotent furieusement sur le panneau de contrôle à ma gauche. Question à 10 000 gils : est ce-qu'il est plus dangereux de s'écraser sur la terre ou dans l'eau ? C'est les seules options qu'il me reste. Mais que fiche Etan ?
Certains voyants lumineux s'arrêtent soudain de clignoter. Bon, c'est déjà ça, Etan a du réussir à régler quelques-uns des problèmes. Mais ceux-là, c'est quoi ? Comment je peux savoir s'il faut faire un truc en particulier ? Je peux pas m'occuper de dix trucs en même temps, bon sang. Peut-être que ces boutons... Mais, levant soudain les yeux du panneau de commande, je me sens me liquéfier. Une falaise. Droit devant. Droit devant, et tout près. Dans un sursaut de panique, je me dresse et tire de toutes mes forces sur le levier pour nous faire remonter, mais il est trop tard, et le bas de l'appareil heurte un rocher dans un grand fracas métallique qui me pétrifie. Le vaisseau, ralenti, se met à glisser sur le côté toute la largeur de la falaise, et cette fois nous tombons dans le vide juste derrière.
Une grande lumière blanche envahit la cabine juste avant que nous nous écrasions, m'obligeant à me protéger les yeux. Je me sens projetée de mon siège, comme tirée vers le haut par un élastique géant au moment où on entend un grand fracas.
Lorsque j'ouvre les yeux, je flotte dans les airs cinq mètres au-dessus de mon siège. Toute la cabine qui se trouvait au dessus de moi est complètement détruite, comme si une version extra-extra-large de moi l'avait traversée. Il y a plein d'éclats de glace un peu partout. Je lève les yeux. Face à moi, Sheba. Malgré mon hébétude, je fais vite le rapprochement. Elle m'a sauvée. Mais elle n'est pas comme d'habitude. Elle paraît… Plus pale, presque transparente. Qu'est-ce qui se passe ?
Avant que j'aie pu ouvrir la bouche pour l'interroger, elle me fait redescendre. Je reste calme malgré un léger vertige, et elle me pose avec précaution à l'intérieur de la cabine. Tout est complètement détruit. Sheba a tout fait exploser autour d'elle, comme d'habitude, la pièce est un vrai carnage. Je me demande ce qui, de la chute ou Sheba, a fait le plus de dégâts. Mais je ne m'en plaindrai pas. Je réalise soudain que je suis en train de marcher sur un des murs, en fait. Le vaisseau est couché sur le côté droit, tout est sens dessus dessous. Ça va être pratique pour trouver la sortie.
Sheba s'est posée à quelques pas de moi, et remonte vers la porte comme s'il n'y avait rien de plus facile que de glisser sur un mur vertical pour le monter. Elle sort de la pièce lentement, pour s'assurer que je ne la perde pas des yeux, se retourne vers moi et remue les lèvres avant de disparaître.

- Etan ! Je sursaute en comprenant.

Mais où est-il passé ? Tout est silencieux… Et si…? Je me dépêche de sortir, d'une démarche bien moins élégante et aisée que mon G-Force, naturellement. Moi, je dois grimper en m'aidant des sièges pour atteindre la porte. Je me hisse par la porte en tirant sur mes bras, et j'arrive dans le couloir. Bon, de quel côté il a bien pu aller ? J'ai déjà du mal à m'y repérer normalement, mais là… Il me faut aussi faire attention à ne pas tomber par les portes qui sont devenues des trappes bien peu résistantes.

- Etan ? J'appelle. ETAN !

Pas de réponse. C'est pas vrai... Il est forcément allé vers l'arrière, mais est-ce qu'il est descendu, resté au même niveau, ou monté ? Et dans quelle pièce est-il ? S'il est encore vivant, je tue ce crétin de mes propres mains !
Je me glisse par l'endroit où se trouve l'échelle, et Sheba apparaît à nouveau, ce que je prends pour un bon signe ; elle se déplace en flottant avec légèreté dans le couloir en l'illuminant, me montre une porte puis disparaît à nouveau. Je m'accroupis pour ouvrir avec précaution.
Tout en bas je vois à nouveau Sheba, dans son apparence habituelle, cette fois. Elle éclaire la salle, debout près d'Etan. Il est immobile, allongé sur des caisses dans une position que me paraît peu rassurante. Je me laisse glisser prudemment sur le sol, en m'accrochant à ce que je peux pour éviter de lui tomber dessus, et j'arrive à côté d'Etan. Je dégage les caisses pour avoir de la place, m'accroupis à ses côtés et, la main légèrement tremblante, je cherche son pouls. Un soupir de soulagement m'échappe. Il est vivant ! M'assurant qu'il n'ait aucun os fracturé qui rendrait un déplacement dangereux, je le retourne sur le dos. Pas la moindre égratignure. À peine décoiffé. Soit c'est le gars le plus chanceux que je connaisse, soit... Sheba est toujours à côté et me regarde intensément, comme pour me faire passer un message. Non, ce n'est quand même pas elle qui… ? Elle était avec moi au moment où le vaisseau s'est écrasé ! Et pourtant… une légère brume flotte autour de nous, des éclats de glace illuminent la pièce au gré des rayons de soleil. Sheba a protégé Etan ? En même temps que moi ? Comment ? Et pourquoi, alors que je ne lui ai pas donné le moindre ordre ?
Bon, une chose à la fois. Déjà, sortir d'ici. Je n'aurai jamais la force de traîner Etan jusqu'à la sortie, ça c'est clair. Pas question de le faire remonter jusqu'à la porte et de le trainer dans les couloirs jusqu'à ce que je trouve une issue. Nous sortirons directement ici, et s'il n'y a pas de porte, eh bien Sheba n'aura qu'à la créer. Je lui demande de détruire – ce qu'elle fait le mieux - le mur qui se trouve à côté de nous. Quelque chose me dit qu'il ne vaut mieux pas traîner ici. Les cris des personnages des séries télévisées criant "ça va exploser !" me reviennent en tête, et je n'ai pas vraiment envie de rester ici pour vérifier si c'est réellement de la fiction. Ces considérations pratiques en entrainant d'autres, je me rappelle soudain que j'ai oublié de récupérer nos sacs. Que nous avions rangés dans la cabine. Qui a été pulvérisée.

- Sheba, surveille-le, je reviens tout de suite.

Elle me renvoie un regard serein, grave et immobile debout à côté d'Etan toujours inconscient. Je suppose que je ne peux pas vraiment espérer une réponse plus explicite...
Je me dépêche de grimper vers la porte, retourne dans la cabine, récupère les sacs que nous avions rangé dans une armoire métallique heureusement restée intacte, puis je retourne rejoindre les autres. Je jette les sacs par le trou béant qu'a créé Sheba, puis je prends Etan par dessous les épaules pour le traîner à l'extérieur. Je le tire de mon mieux sur une centaine de mètres, jusqu'à ce qu'on soit à une distance raisonnable de l'appareil en cas de problème. Épuisée, je laisse tomber les sacs et j'allonge la Belle au Bois Dormant dans la petite zone d'ombre que procure la falaise. Etan n'a même pas tressailli, et si sa poitrine ne se soulevait pas à intervalles réguliers - quoiqu'avec difficulté - je ne me poserais même pas de questions. Mais le visage d'Etan est blême, de la sueur perlant sur son front. Il a forcément quelque chose, il ne peut pas n'être qu'évanoui. Soucieuse, je m'accroupis à ses côtés et entreprends à nouveau de vérifier si ses os sont intacts. Je ne peux m'empêcher de songer avec horreur que si je me suis trompée tout à l'heure, les dommages pourraient être irréversibles, avec la façon dont j'ai déplacé Etan. Je manipule son crane avec une précaution infinie, à la recherche d'une éventuelle fêlure – qui se révèlerait désastreuse pour lui. Je ne sens rien, dieu merci. La nuque semble elle aussi intacte, il n'a aucune côte cassée ; les bras et les jambes vont bien. Dernière difficulté, la colonne vertébrale. Là aussi, ça pourrait être catastrophique si j'étais passée à côté d'une fracture. Je tâte chaque vertèbre, attentive à la moindre irrégularité. Soulagée, je recouche Etan sur le dos après avoir remis sa veste et son t-shirt en place. Je n'ai rien aggravé, au moins. Mais qu'est-ce qui cloche, alors ? Il faudrait de l'eau, au moins. Je jette un oeil à l'endroit où nous nous trouvons, pour la première fois depuis les vingt minutes où je me suis misérablement écroulée ici.
Parfait. On a atterri dans un désert. Pas une coin d'ombre à des kilomètres, en dehors de celle que procure encore la falaise immense à laquelle je suis adossée. Où est-ce qu'on a bien pu tomber ? Réfléchis, Eva. Nous dérivions légèrement vers le sud, tant que nous étions poursuivis, mais après que nous ayons été touchés, ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus. À quel point est-ce qu'on a pu dériver par la suite ? Impossible de me remettre les détails en tête. La panique, le choc de l'accident... je me sens vraiment trop k.o. pour réfléchir. Un mouvement sur le côté attire mon attention : Etan remue et semble se réveiller. Je me rapproche à quatre pattes.

- Est-ce que ça va ?
- Bel atterrissage, Capitaine, sourit-il faiblement.
- C'est ça, fais le malin, je grogne, le soulagement me rendant toute ma irritabilité. Toi, si t'étais pas à deux doigts de passer l'arme à gauche, je sais pas ce que je te ferais ! Faut être complètement inconscient pour sortir comme ça alors que …
- S'il te plait, s'il te plait, du calme, gémit-il. Je suis vraiment à deux doigts de passer l'arme à gauche, alors on remettra ça, tu veux...

Il s'assoit en grimaçant.

- Tu as mal quelque part ? Je demande.
- Partout. Ça fait combien de temps qu'on est là ? demande-t-il en se passant la main sur le visage.
- J'en sais rien. Une demi-heure peut-être. Partout comment ?
- Comme si je n'étais pas dans le vaisseau quand il s'est crashé, mais dessous.

Il aperçoit le vaisseau.

- Wow. Là, c'est une épave.
- C'est pas avec lui qu'on repartira, j'espère que cette fois tu es d'accord
- Sans problème.
- J'arrive pas à croire qu'on soit entiers, je soupire.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Toi, tu étais attachée dans la cabine, mais moi j'étais au milieu des caisses en bois, c'est un miracle que …
- Remercie Sheba, mon G-force.
- Pourquoi tu me l'as envoyée ?
- Je ne t'ai rien envoyé du tout ; c'est elle qui est venue toute seule, je ne sais pas pourquoi.

Silence. Il se laisse retomber sur le dos.

- Tu devrais manger un peu, dis-je en lui tendant son sac.
- Donne-moi juste ma gourde, ça ira.

Je fouille son sac et en sors une gourde bleue qu'il porte lentement à ses lèvres. Je cherche également ma gourde pour m'asperger le visage.
Silence à nouveau. J'observe le paysage, une immense plaine désertique. Dans quel pétrin on s'est encore fourrés ? On ne peut apercevoir aucune ville d'ici ; le désert devant, une falaise derrière, et derrière cette falaise, la mer.

- Tu sais où on est ? je demande à tout hasard.
- Comme ça, là, non. Et il faudrait que je sache la direction qu'on a pris.
- En tout cas, on est pas à Trabia. Je crois bien que ça nous a éloignés.
- Et ça nous aurait éloigné de quel côté , tu crois ? demande-t-il d'un air méfiant.
- Je n'en suis pas sûre, mais je crois qu'on a dérivé vers le sud, et donc…
- Et donc, plutôt du côté d'Esthar, conclut Etan en se passant la main sur le visage.


*

Commentaire de l'auteur :

Pas de grande grande modification dans ce chapitre, en dehors du passage où Eva s'inquiète un peu plus d'Etan. Je me suis dit que ce serait pas plus mal de la rendre un peu plus humaine. Et des descriptions refaites, dans une tentative de mieux faire imaginer ce qui se passe.
À la prochaine !
Dernière modification par Rae le 19 févr. 2009 0:44, modifié 1 fois.
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Messagepar Swanny » 02 févr. 2005 15:45

Depuis le temps que j'attendais ta suite!!!!
J'aime beaucoup ton style...
Et bas je suis pas déçu je trouve tes personnages hyper attachants et lorsqu'ils se crepe le chignon lol j'adore.
Il y a un truc avec Etan non?! Il voulait pas appeler sa G-Force!
Toujours ma fic preféré et j atend le chapitre 8 avec impatience^^.
Dernière modification par Swanny le 14 févr. 2005 23:08, modifié 1 fois.

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Messagepar squall59 » 10 févr. 2005 15:38

Ah tout de même ^^...j'adore...rien à redire encore une fois...tu fais preuve de beaucoup d'imagination et ta fic est excellente...j'ai vraiment plaisir à la lire...merci de nous gâtés avec une suite aussi bien écrite....les détails sont vraiment donnés au bon moment et avec une précision (je sais pas si tu comprends ce que je veux dire)....on s'y croirait en bref...voila...j'attends le prochain chapitre avec beaucoup d'impatience en espérant qu'il soit aussi bien réussi que les précédents
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Messagepar Rae » 18 févr. 2005 6:40

lol

Merci à vous deux pour les commentaires, je suis contente que vous ayez aimé, même si personnellement , je trouve que ce n' est pas le passage le plus intéressant; j' ai fait de mon mieux, je pouvais pas faire autrement que de passer par là. la suite devrait êttre mieux , je suis encore en train de chercher comment je vais pouvoir organiserça ; bref, encore une fois, c' est pas pour tout de suite...
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Messagepar Rae » 08 mai 2005 15:44

CHAPITRE VIII
hills of mystl


Le vaisseau n’a finalement pas pris feu, nous avons au moins eu cette chance. La dernière chose dont nous ayons encore besoin, c’est d’un énorme nuage noir signalant notre présence ici, à quelques kilomètres peut-être d’Esthar. Nous préférons tout de même ne pas perdre de temps, et dès qu'Etan se sent assez bien pour reprendre la route, nous jugeons plus prudent de mettre le plus de distance possible entre l’appareil et nous, des fois que notre crash ait été aperçu.
Comme nous n’avons pas pu, selon les estimations d’Etan, dériver assez vers le sud pour nous trouver au sud d’Esthar, nous décidons de partir vers le nord en longeant la falaise, pour nous éloigner le plus possible de la ville. Il n'y a pas de raison particulière qu'on nous attende là-bas, mais mieux vaut ne pas tenter le diable. C'est sans doute la seule ville en dehors de Balamb où mon visage est connu, et Etan estime qu'il serait purement suicidaire de s'y rendre - avis auquel il me faut bien me ranger malgré mon inquiétude pour mon grand père.
Évidemment, nous sommes en plein désert, alors il n’y a pas de route tracée pour nous indiquer un quelconque chemin ; que des rochers et du sable à perte de vue, pas un point d’eau ni un coin d’ombre à des kilomètres. Ah, par contre, ce qu’on trouve, et en profusion, c’est des monstres, ce qui explique aussi notre empressement à quitter cet endroit. Je n'avais jamais combattu ces tigres géants, mais ils sont bien plus agressifs que les monstres contre lesquels j'avais l'habitude de me battre à la BGU. En d'autres temps, je me serais éclatée à les combattre, mais je ne suis ni d'humeur ni assez en forme pour me battre contre des groupes entiers de ces bébêtes.
Notre sac sur le dos, nous avançons avec peine sous la chaleur étouffante. Le choc du crash, le stress, et la fatigue ne rendent pas les choses plus agréables.

- Raconte moi un de tes voyages... je fais d'un ton plus geignard que je ne l'aurais voulu.
- Parce que ça t’intéresse, maintenant ? fait Etan sans s’arrêter.
- Non, mais si je pense pas à autre chose qu’à ma mort prochaine dans ce désert, je crois que je vais devenir dingue.

J’essuie pour la énième fois la sueur sur mon front en soufflant. S’il n’y avait que ça… Est-ce que ça vaut la peine qu’on se donne ce mal ? Et s’ils étaient déjà tous morts ? Et nous, est-ce qu'on va arriver à quelque chose ?

- Etan…
- Mmmh ?
- Tu crois qu’à la BGU… ils…

Je n’arrive même pas à le dire. Ça rendrait cette possibilité tellement plus... possible.

- Oui.
- Tu crois vraiment qu’ils sont morts ?? Je fais, effrayée.
- Quoi ? fait-il en se retournant surpris. Mais non, je pensais que tu voulais dire qu'ils allaient bien !
- Pourquoi tu réponds sans savoir de quoi je parle, alors ? Tu m’as fait une de ces peurs ! Comme si tu pouvais avoir la moindre de chance de savoir ce que je peux penser… fais-je, riant presque à l’idée saugrenue d’une quelconque "communion d’esprit " entre cet idiot et moi.
- C’est quoi cette manie de pas finir ces phrases, aussi… Écoute, fait-il, soudain sérieux. Ils sont vivants, c’est compris ? Je t’interdis de penser autre chose. Ils vont bien et on va les retrouver. Sauf si on reste ici à imaginer n’importe quoi.

Il se remet en route, et je me mets à sa suite, par réflexe plus que par envie. Mais il a sûrement raison. Ils sont vivants. Si lui le pense, alors… Je pense que je peux m’autoriser à l’espérer encore... Ils me manquent tellement. Je veux pouvoir encore taquiner Bess avec son béguin pour Ivackas. Je veux voir Casey me sourire et me dire que je suis bête de tout le temps chercher à provoquer Etan. Je veux… entendre Léna rire aux éclats en se jetant sur moi pour me serrer dans ses bras. Et mes parents… Depuis le début, j’ai été obligée de les mettre tous dans un coin de ma tête pour ne pas devenir folle. Mais c’est si dur. Alors si au bout du compte, après avoir enduré tout ça, ils n’étaient pas là…
Nous finissons par atteindre un endroit où la falaise se divise, séparée par un passage large de trois à quatre mètres.

- On fait quoi ? Demande Etan, l’air sceptique, en observant l’ouverture. On va voir où ça mène?
- Encore faudrait-il être certains que ça débouche bien quelque part. D‘ici, on ne voit même pas s’il y a réellement quelque chose derrière : le chemin tourne. Et s’il n’y avait rien ?
- Écoute, de toute façon, on n’atteindra pas de ville avant ce soir. Il n’y a pas une seule maison à des kilomètres à la ronde, et aucun endroit qui permette de faire un campement en sécurité si on continue dans cette direction, avec tous les monstres qui traînent dans le coin. A mon avis, on a pas grand chose à perdre …
- D’un côté comme de l’autre, ça paraît plutôt désespéré…

Je scrute son visage, mais il évite mon regard et semble soudain perdu dans la contemplation du paysage. Ca me tracasse depuis le début : est-ce qu’on a réellement une chance d’y arriver ? Ce voyage, il a vraiment un but, ou est-ce qu'on ne fait qu'avancer pour dire qu'on avance ? Etan aussi se le demande visiblement, même s’il fait son possible pour tenir.

- Bon, alors on y va, je soupire en avançant entre les falaises.

Le chemin est pierreux, inégal, et le vent qui se lève parfois en bourrasques soulève une poussière orangée qui s'accroche à tout. Il nous faut faire de nombreux petits détours pour dépasser les rochers imposants qui nous barrent la route, ce qui ralentit notre avancée en la rallongeant, comme si ça ne suffisait pas. Les falaises, qui s’élèvent de part et d’autre de notre route n’ont rien de très rassurant. Elles projettent une grande ombre sur notre chemin et, bien qu'il fasse encore jour, on n’y voit pas grand chose. Par endroits, on voit que l'un ou l’autre des cotés s’est en partie écroulé, alors nous décidons de rester autant que possible au milieu du chemin. Etan a repris quelques couleurs, ce qui me rassure un peu, mais je le garde tout de même à l'oeil. Je ne tiens pas particulièrement à me retrouver seule dans un endroit pareil, même si ça veut dire rester avec lui, alors c'est pas le moment de clamser. Sinon, les monstres ne sont pas parvenus jusqu’ici, alors après tout ce qu’on a fait avant, c’est presque une promenade de santé.
Au bout d’un moment interminable, nous parvenons face à un mur. C’est bien ce que je pensais. Un cul-de-sac. Des rochers se sont effondrés et barrent totalement la route sur une hauteur d’une dizaine de mètres. Abattus et épuisés, Etan et moi restons stupidement à observer le mur, comme s’il y avait la moindre chance pour qu’il s’écarte soudain afin de nous laisser passer.

- Il n’est pas si haut… fait Etan, hésitant, au bout d’un moment en tournant la tête vers moi.
- T’es pas sérieux ? je m’exclame, sidérée. Tu ne penses quand même pas qu’on va grimper ça !
- On ne va pas non plus faire demi-tour maintenant. Il n’y a rien derrière nous.
- Et rien ne dit qu’il y ait quelque chose devant ! Etan, même si on ne venait pas de marcher depuis des heures et que nous avions le matériel nécessaire pour escalader, on est pas certains de ce qu’on va trouver derrière !
- Écoute, je vois où on est, maintenant. Je me souviens, je crois qu’il y a un village, juste derrière.
- Tu crois ou tu en es sûr ? Il y a deux minutes tu disais que tu ne savais pas.
- J’en suis sûr, soupire-t-il. Ça vient de me revenir, c’est tout. On ferait mieux de se reposer et de reprendre des forces avant d’y aller.

Incrédule, je le regarde s’allonger et croiser ses bras sous sa tête avant de fermer les yeux. Etan semble parfois tellement détaché que je me demande si ça ne l’amuse pas, finalement. Comment peut-il rester aussi calme dans une situation pareille ? Ça me rend dingue, parfois.
Un instant plus tard, nous nous mettons à grimper. J’ai déjà fait de l’escalade, j’aime plutôt ça en général, mais sans équipement c’est un cauchemar. Heureusement, il ne s’agit pas d’un mur mais d’un empilement de rochers ; les prises ne sont pas trop difficiles à trouver, mais tout de même dangereuses, mal assurées, et douloureuses pour les mains. Quelques siècles plus tard nous arrivons au sommet et je me remets à respirer : nous n’aurons pas à escalader l’autre côté pour descendre, la pente n’est pas très prononcée, en marchant avec prudence ça devrait aller. Nous lançons chacun notre sac en bas pour plus de sûreté, et c'est moi qui arrive la première en bas. Je regarde le paysage sans un mot, maudissant intérieurement Etan, et les dix générations qui ont abouti à la naissance de cet abruti congénital.

- Etan, il est où ton village?

Je l’attends, les bras croisés, face à ce qui ressemble à tout, sauf à un village. Nous ne sommes plus dans le désert, ça c’est sûr. Le contraste est même saisissant. Il s’agit d’une petite vallée verdoyante entourée de hautes montagnes grises, et il y a une forêt juste en face de nous. Mais pas de village. Pas même la moindre petite cabane.
Etan est juste derrière moi, je l'ai entendu arriver, mais il se tait. J’ ai peur de comprendre.

- Etan ? Fais-je finalement devant son silence. Tu ne te souvenais de rien, n’est-ce pas?
- Non, mais tu n’aurais jamais voulu venir si je …
- C’est ça, alors c’est de ma faute si tu m’as raconté des bobards, elle est pas mal, celle-là ! Tu as menti !
- Je n’aurais pas eu à le faire si tu me faisais un peu confiance et si tu m’avais écouté quand je te disais qu’on ne pouvait pas rester là-bas ! S’énerve-t-il à son tour.
- Je suis venue parce que je tu m’as dit que tu savais ce que tu faisais ! Et moi, comme une idiote, je t’ai écouté. Ça ne fait que confirmer ce que je pensais, après tout : on ne peut pas se fier à toi ! Je ne vois même pas pourquoi ça me surprend…
- Oui, bien sûr : tel père, tel fils, hein ? Fait-il d'un ton hargneux.
- Qu’est-ce que ça vient faire là, ça ? Ce n’est pas le problème…
- C’est justement le problème !

Il jette ses sacs sur le sol, furieux et vient se planter devant moi.

- De quoi tu parlais, si ce n’était pas de mon père en disant ça, hein ! « Je vois pas pourquoi ça me surprend »... Il va falloir éclaircir certaines choses. Tu te crois sans doute meilleure que moi parce que tu es la fille de Squall, le Héros-et-Sauveur de la planète, hein ? Tu crois que tu as plus de mérite parce que tu es de sa famille que moi qui suis de celle du malade qui a menacé le monde?
- Tu divagues complètement… je fais, un peu effrayée par cet excès de colère que je n'avais jamais vu chez lui.

Malgré moi, je recule d’un pas, mais Etan s’avance encore plus près, ses yeux gris me foudroyant.

- Non, pas du tout, dit-il, frémissant de rage. Tout le monde pense la même chose de moi, tu n’ es pas la seule, je te rassure. Tout le monde me regarde comme un pestiféré, partout où je vais ; ce qu’ils voient, ce n’ est pas moi, c’est toujours le… le fantôme de Seifer. Si je fais quelque chose de bien, on se dit que ça cache quelque chose ; si je me trompe, que c’est normal et que ça devait arriver ! Je vais te dire une chose : je ne suis pas responsable si mon père a fait les mauvais choix et qu’il a pu menacer le monde ! Ça ne veut pas dire que je suis comme lui ! Qu’est-ce que tu crois ? Moi aussi je déteste cet homme pour ce qu’il a fait ; ça n’aurait jamais dû arriver! Je le sais, tout ça! Mais qu’est-ce que je peux y faire ? Il est mort, est-ce que ça ne vous suffit pas?

Il pète complètement les plombs…

- Mais toi, Eva, dit-il en me pointant du doigt, toi, tu es pire que les autres. Toi, tu aurais dû comprendre ! Tu aurais dû être capable de faire la différence, parce que tout les deux on est pareil, que tu l'admettes ou non ! On a la même histoire et le même but, et si quelqu’un était à même de comprendre c’est toi ! Les autres… Les autres, ils ne peuvent même pas imaginer ce que ça fait de vivre avec ce poids… Tes parents sont les rares personnes à savoir réellement qui je suis ; les seuls à avoir essayé de me connaître moi. On aurait pu espérer un peu plus de bon sens de la part de leur fille. Tu te crois supérieure, mais tu sais quoi... Tu es comme tous ces gens incapables de voir. Alors tes leçons de morales, garde-les pour toi !

Il ramasse son premier sac d’un geste furieux, le remet sur son dos, se tourne à nouveau vers moi, d’une voix apparemment calme, mais emplie d’ un mélange de colère contenue et de tristesse :

- Tu sais, s’il y a une chose pire que de grandir et vivre seul… C’est de vivre entouré de personnes qui te haïssent sans que tu comprennes pourquoi et qu’on te laisse la moindre chance d’y changer quoi que ce soit.

Il ramasse son second sac et le passe sur son épaule.

- Viens, il faut y aller maintenant, fait-il une d’ une voix neutre en se remettant en marche.

Comme je ne bouge pas, trop ahurie par tout ce que je viens d’entendre, il s’arrête à nouveau et se retourne.

- Ca ne m’amuse pas non plus, mais il faut qu’on reste ensemble. Ce sera difficile, mais chacun de notre côté on n’arrivera à rien. Je veux faire quelque chose pour ton père, c’est faire en sorte que sa fille rentre chez lui en vie, je ferai tout mon possible ; je ne le fais pas pour toi. Et ça te passe peut-être totalement au-dessus de la tête, mais moi aussi je tiens à retrouver la BGU. C’est aussi chez moi.
Je le suis, muette et hébétée. Je n’avais jamais vu Etan aussi fou de rage, même quand je cherchais à l’énerver. Et je ne crois pas m’être jamais sentie aussi mal. Etan avait-il tort? Est-ce que je suis vraiment comme ça…?



"Tu sais, s’il y a une chose pire que de grandir et vivre seul… c’est de vivre entouré de personnes qui te haïssent sans que tu comprennes pourquoi et qu'on te laisse la moindre chance d'y changer quoi que ce soit..."

Il régnait un désordre inhabituel devant la porte du dortoir des élèves. Les deux enfants s’avancèrent jusqu’au centre du cercle ; les « grands » semblaient se disputer, et ce n'était pas bon signe. Ils tyrannisaient toujours les plus jeunes, et il valait mieux ne pas être dans le coin lorsque cela se produisait. Mais ces deux enfants ne s'en étaient jamais préoccupé. Le garçon, âgé de 5 ou 6 ans, brun, tenait par la main son amie, probablement du même age, brune elle aussi, avec de grands yeux bleus.

- Qu’est-ce qui se passe? Demanda le petit garçon en se glissant parmi les autres enfants, tenant la petite fille par la main pour l'aider à passer.

Ils arrivèrent au centre de l’attroupement, où ils virent un petit garçon blond. Il se tenait droit et fier en face des "grands", mais des larmes perlaient dans ses yeux gris.

- Qu’est-ce que…
- Laissez-nous, vous deux, ordonna un grand en se tournant vers le petit garçon brun. C’est pas vos affaires!

La petite fille tomba en arrière, au milieu des rires. Furieuse, elle se releva, et, les poings sur les hanches, elle se dressa face au méchant grand et aux autres qui se tenaient autour de lui et semblaient face à elle former une véritable montagne... Cet idiot était peut-être plus grand et plus âgé qu’elle, mais elle ferait son possible pour l’empêcher de faire du mal au petit garçon blond…
Un grand courant d’air froid entra dans la pièce ; les enfants, inquiets, reculaient. Sheba apparut, et une pluie de glace s’abattit sur les enfants, et pendant un moment, la petite fille les perdit de vue. Lorsque la glace disparut, ils se trouvaient dans la forêt. Surprise, la petite fille eut un mouvement de recul. Des soldats lui faisaient maintenant face, une gunblade à la main, et s'approchaient d'elle. Elle se tourna vers ses amis pour les appeler au secours. Mais à présent il n'y avait plus que Seifer derrière elle, portant les vêtements du petit garçon blond, tandis qu’un immense monstre enflammé s’élevait dans les airs, emportant le petit garçon brun qui pleurait….


Je me redresse en sursaut, haletante, mon cœur battant à la chamade. Il me faut quelques minutes pour me rappeler où je me trouve. Ah oui. La forêt. La nuit.
Un rêve…
Rien qu'un stupide rêve…
Néanmoins perturbée, je reste assise à attendre que mon coeur reprenne un rythme normal. Je rattache mes cheveux en désordre, et je vais me rafraîchir à la source à côté de laquelle nous avons planté notre campement. Je mets un moment avant de retrouver mon calme, assise près du ruisseau, dans le silence de la nuit.
Ça avait l’air si réel !
Non. Pas réel… Pas seulement. C’était comme si… Comme si je l’avais vécu.
Mais c’est impossible, c’est du délire. Je n’ai jamais croisé Seifer, ni vu Sheba avant ces dernières semaines. Je m'en souviendrais. Pourtant, je suis quasiment certaine que c’était moi, cette petite fille ; et le garçon blond, c’était Etan. Et le troisième? Casey? Non, il n’était pas encore à la BGU à cet age-là… Ça n'a pas de sens…
Non, ce n'est qu'un rêve…
Je retourne au campement alors que le soleil commence à se lever et à colorer le bois d'une lueur dorée. Etan est toujours couché, dos au feu. Je vais m’asseoir sur une racine pour essayer de manger un morceau, mais j’ai l’estomac noué.
Pas un mot n’a été prononcé depuis hier. Nous sommes entrés dans la forêt ; comme la nuit tombait et que nous n’avions aperçu aucun monstre, nous avons décidé de rester ici. Sans parler. Sans se regarder. Le visage fermé, Etan a fait un feu, a sorti son sac de couchage et s’est couché. J’ai passé la moitié de la nuit à réfléchir à tout ce qu'il a dit, à ma façon d'agir avec lui. À tout ce qu'il me reproche. Et… je dois bien reconnaître que même si j'ai du mal à comprendre tout ce qu'il a pu dire, eh bien… il n’a pas peut-être pas vraiment tort, quelque part. J'ai forcément été influencée par le fait que son père soit Seifer. Qui ne l'a pas été ? Tous les gens autour de moi n'ont cessé de me seriner toutes ces histoires. Le fait que j'avais une place tellement spéciale. Moi, la fille de Squall et Linoa Leonhart. Contre lui, fils de Seifer Almasy, leur ennemi de toujours. Comment ne pas se laisser porter, quand tout le monde te met cette responsabilité entre les mains? Comment ne pas se sentir obligée de continuer le combat ? Mais si Etan et moi avons toujours eu une relation conflictuelle, ce n'est certainement pas qu'en rapport à son origine, aussi ancrée qu'elle soit dans notre histoire. Mais alors, qu'est-ce que je peux faire ? Oublier tout ce qui s'est passé jusqu'ici, recommencer à zéro, et voir si je me trompais ?
Etan se retourne puis s'assied, l'air un peu hagard. Il m’aperçoit - « b’jour » - et se lève. Il me rejoint de l’autre côté du feu et s’assoit pour manger. C’est le moment de prendre mon courage à deux mains et de mettre de côté ma fierté. Je n’ai pas arrêté de retourner dans ma tête ce que je pourrais lui dire qui ressemble à des excuses sans trop en avoir l’air. Je n’ai pas vraiment d’expérience dans le domaine.

- Etan euh…
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as envie de parler, maintenant ? Fait-il, sardonique. La grande Eva Leonhart daigne s’adresser à moi?

Ça va être encore plus difficile que prévu.

- Tu as fait un cauchemar et maintenant tu as peur? Demande-t-il du même ton en mordant dans un des sandwichs rescapés de Kassandra.
- Qu’est-ce que tu racontes?
- Tu avais le sommeil agité. Mais je préfère pas essayer d'interpréter des rêves que toi tu pourrais faire, je crois que ce serait trop tordu pour moi de toute façon.
- Qu...
- Ou alors tu vas dire que tu veux faire demi-tour et te taper la montagne à escalader ? C’est ton problème, moi j…
- Écoute, j’essaie de m’excuser, là! je m’énerve.

Il lève des yeux surpris vers moi, la bouche grande ouverte devant le sandwich qu'il oublie de mordre. Je me mettrais des claques. J’arrive pas à croire que j’ai pu être assez bête pour dire ça. Moi, en train de m’excuser ! Et devant lui ! La première des premières. Il va être insupportable après ça, j’aurais jamais dû, il va…

- C’est bon, ça va, dit-il en mordant tranquillement dans son sandwich.
- Tu me laisses m’en sortir comme ça ? Fais-je, étonnée qu’il n’insiste pas lourdement dessus.
- On va pas y passer la journée, il répond d’un ton las. J’apprécie que tu te sois excusée, j’espère juste que tu as compris. Je n’aurais pas dû m’énerver comme ça, j’ai peut-être un peu exagéré… ni te raconter des histoires, moi aussi je suis désolé. On a des problèmes plus importants, pour l'instant, alors laissons les gamineries de côté. Ça te va ?

Je me vois mal répondre non. Tout de même, je n’en reviens pas.
Nous levons le campement - si on peut appeler ainsi deux sacs de couchages et un malheureux feu de camp -, remplissons nos gourdes, et nous nous remettons en route. Nous atteignons la lisière quelques minutes plus tard. Etan, qui se trouve devant moi s’arrête soudain et je lui rentre dedans.

- Qu’est-ce qui t’arrive encore ? Tu peux pas faire attention !
- Re… regarde, bégaie-t-il, une maison !

Je lève les yeux. En effet. C’est même tout un village.

- J’y crois pas, fait Etan. On a passé la nuit dehors à dix minutes d’un village!

Tout en avançant vers les maisons, je calcule mentalement ce que le contenu de notre portefeuille peut encore nous permettre après l'arnaque dont nous avons été victimes. Il nous reste de quoi prendre quelques provisions et aller à l’hôtel ce soir, en se contentant d'une chambre avec deux lits. Après trois nuits passées à la belle – tu parles – étoile, c’est le rêve. Mais après ça, on sera à sec.
Ce n’est pas exactement ce qu'on peut appeler un petit village touristique. C’est même assez sinistre : peu de végétation, des rangées de maisons de briques grise identiques, des rues grises, tristes, sans vie. Mais on ne va pas faire les difficiles. Ce n’est pas très grand, non plus. Après avoir fait le tour du village trois fois, impossible de trouver l’hôtel. Au fur et à mesure de notre progression des habitants se sont mis à leur fenêtre pour nous observer. Je commence à me sens un peu mal à l’aise.

- C’est quoi leur problème ? Je murmure tandis que d’autres personnes sortent carrément de chez elles pour nous regarder passer.
- C’est peut-être dû au fait que tes vêtements sont pleins de poussière et déchirés par endroits.

Après plusieurs jours passés dans la nature, des heures à creuser dans la boue, un crash, des combats contre des monstres faisant trois fois ma taille et des heures de marches sous un soleil de plomb, je me doute que nous avons déjà été plus à notre avantage. La veste d Etan est déchirée au bras et dans le dos, complètement tachée, le bas de son pantalon aussi. Sans parler de toutes les égratignures que nous nous somme faites à force de combats et de crapahutages dans les rochers.

- Tu n’es pas mieux, je te signale.
- Trouvons vite l’hôtel ; ils commencent à m’énerver… chuchote-t-il en m'attrapant le bras et en pressant le pas.

À force de tourner en rond, nous finissons par trouver une petite boutique dans laquelle je vais me réfugier, autant pour échapper aux regards inquisiteurs des habitants que pour aller acheter des provisions. Pendant ce temps-là, Etan retourne chercher l’hôtel, il me rejoindra ici. J'ouvre la petite porte et me retrouve dans une pièce un peu sombre dont les murs sont couverts d'étagères surchargées. Mais personne.

- Hé, je suis là ! Fait une petite voix aiguë.

En y regardant plus attentivement, j'aperçois effectivement le sommet d'une petite tête rousse dépasser derrière le comptoir. La propriétaire de la tête se hisse sur un tabouret haut, croise les bras et me dévisage, la mine revêche.

- Tu es venue pour voler?
- Quoi ? Non, je viens acheter des …
- parce que ce n'est pas parce que je suis plus petite sue toi sur que tu vas m'avoir, fait-elle d'une voix que je commence à prendre en horreur. Je suis sûre que t’as même pas d’argent. T'es bizarre…
- Ah, c'est moi qui suis bizarre?

Non, arrête. Du calme, c’est qu’une gamine. Du calme. Souris.

- Je m’appelle Eva, et toi? Je demande avec mon sourire le plus avenant.
- C’est pas tes affaires, dit-elle en détachant parfaitement chaque mot.
- Ok… je réponds en sentant partir en fumée mes bonnes résolutions. Est-ce que tes parents sont là ?
- Nan.
- Et est-ce qu’ils rentrent bientôt?
- Nan.
- Est-ce qu’il y a quelqu’un à qui je peux m’adresser pour…
- Nan.

Elle commence franchement à me taper sur le système. Je pose les mains sur le comptoir et me penche vers elle.

- Ecoute, j’ai passé une nuit épouvantable, je suis épuisée, et je ne suis vraiment, mais alors vraiment pas de bonne humeur. Alors si ne tu vas pas appeler quelqu’un tout de suite, je…

La porte s’ouvre derrière moi, interrompant net ma tirade. C’est Etan qui est entré. Il me fait les gros yeux.

- Bon sang, je te laisse cinq minutes, et je te retrouve en train de te disputer avec une gamine ; t’es pas possible, toi…
- Je suis PAAAS une gamine ! Hurle la petite d’une voix suraiguë en se dressant sur le tabouret pour se trouver à notre hauteur à Etan et à moi. J’ai SIX ans, TROIS mois et DIX SEPT jours! Et je suis TRES mûre pour mon age!
- Veuillez accepter toutes mes excuses, mademoiselle, fait-il en s’inclinant, pour la taquiner gentiment.
- Te moque pas de moi! Toi, t’es peut-être grand, mais t’es bête, et t’es pas beau, et t’es mal habillé, et t’es bizarre. Je suis sûre que vous êtes des voleurs tous les deux!
- Si tu nous montrais ce qu'on peut acheter, déjà...? je m’énerve.
- Ecoute, nous ne sommes pas des voleurs, c’est juste qu’on a beaucoup voyagé et… tente de lui faire comprendre Etan.
- Vous êtes des vagabooonds ! Hurle-t-elle comme si nous essayons de l’assassiner.

Elle va rameuter tout le village, ma parole.

- Etan, on ferait mieux d'y aller, ils ont vraiment un problème, dans ce village...
- On a PAAAAS de problème! Pleure-t-elle tandis qu’Etan tente de la calmer.
- Juste toi, c’est ça ? Je demande, les bras croisés.
- Dis pas çaaaaa !
- Tu as vraiment besoin d’en rajouter ? me fait Etan. T’as pas cinq ans, merde !
- T’as pas le droit de dire des gros mooooots ! hurle la petite de plus belle.
- Tu vas me lacher deux minutes, toi aussi ? S’énerve Etan.

C’est au milieu d’un charivari indescriptible que la porte derrière le comptoir s’ouvre. La dispute tombe instantanément, nous restons chacun comme pétrifiés. C’est un homme, qui ne doit pas être beaucoup plus vieux que nous. Plutôt grand, des yeux noisette, des cheveux bruns coupés courts... Pas mal du tout, d'ailleurs…

- Lise, qu’est-ce qui se passe, ici ? Ne me dis pas que tu fais encore des tiennes?
- Mais nan, c’est eux qui…
- Merci de m’avoir remplacé. Tu devrais rentrer, maintenant.

Il passe la main sur la tête de la petite pour lui ébouriffer les cheveux, tandis qu’elle descend du tabouret et s’en va en chantonnant. C’est dingue.
Le nouvel arrivant se tourne alors vers nous en souriant. Et en plus il a un sourire magnifique…

- J’espère qu'elle ne vous a pas ennuyés ? Je devais juste m’absenter cinq minutes…
- Non, un vrai petit ange, je fais malgré moi en me mettant à sourire comme une idiote, tandis qu'Etan me jette un regard ahuri, un sourcil levé.
- Je m’appelle Zack, fait-il en se postant derrière le comptoir, les deux mains sur la table. Que puis-je pour vous ?


*


Commentaire de l'auteur :
Pas de grand grand changement ici non plus, en dehors du paragraphe suite au réveil d'Eva et de la musique d'ambiance. J'ai hésité à enlever le passage à la fin du chapitre. Eva passe un peu pour quelqu'un de superficiel, mais je ne savais pas vraiment comment tourner ça autrement...
Le chapitre est un un peu court mais, encore une fois, pour le laps de temps couvert, je ne pouvais pas tellement faire plus...

Biz biz à tous !
Dernière modification par Rae le 19 févr. 2009 0:48, modifié 2 fois.
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Messagepar Swanny » 08 mai 2005 16:34

OO
Pourquoi tu critiques tout le temps ta fic !!

Moi je l'adoreeeeee.

Et puis dans tous les livres y a des passages où il se passe pas grand chose et puis ce passage nous renseigne sur Etan et sur ce qu'il a vecu =) alors il n'est pas inutile au contraire.

Par contre j'ai été surpris par la fin xD, la voir devenir gaga devant un mec je m'imaginais pas ça xD

Bon comme d'habitude je vais attendre la suite le temps qu'il faudra. lol

Superbe fic =) Ma préféroch

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Messagepar squall59 » 12 mai 2005 8:47

Je pense que ça va devenir une habitude, mais j'adore trop ta fic =)...ce chapitre est excellent, comme tous les autres d'ailleurs

Je dis encore BRAVO, et te souhaite une bonne continuation pour les chapitres suivants, en espérant que ta fic soit encore très longue
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Messagepar Rae » 19 mai 2005 8:59

Merci à vous deux, la suite est en cours, elle devrait être en ligne la semaine prochaine, si j' arrive à ce que je veux. ^^

Mais il est pas du tout excellent ce chapitre - tant mieux si vous avez aimé- faut bien que je le reconnaisse. Je préfère être capable de critiquer ce que j' écris, je vois mes limites. Mais normalement si j' arrive à voir ce qui va pas, je devrais pouvoir arranger ça, mais non... :( Allez comprendre...

Le comportement d' Eva, à la fin ? Ouais, bizarre, je sais lol; ça m' a pris d' un coup, c' était pas prévu au départ, mais bon ... Ca donne une autre facette du personnage, on va dire. ^^
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Messagepar cogotch » 30 mai 2005 12:57

Salut Rae tu te rappel de moi?? Bref je vais pas tarder a passer à la caserne... Bref comme tu le sais déjà j'adore vraiment ta fic!!! j'attends impatiement la suite!!!
Franchement je suis en admiration devant ton oeuvre^^
Par contre si tu peux envoi moi ton num de gsm par MP, j'ai des sms à te faire parvenir!!! je te rejoins sur fanfic.
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Messagepar Rae » 31 mai 2005 15:52

Bon, désolée, j' avais écrit que le prochain chapitre serait pour la semaine dernière, mais, ben ... à l' évidence, ça a pas été le cas. ^^

J' ai encore quelques difficultés, parce qu' il est assez important par rapport à l' histoire; allez, j' en dit pas plus.
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Messagepar Rae » 25 juin 2005 12:55

CHAPITRE IX


La dernière fois que je me suis sentie comme ça, pour aussi loin que je puisse remonter, ça a été le jour de mon treizième anniversaire. Dimitri je-sais-plus-quoi, un garçon un peu plus vieux pour lequel je me morfondais d’amour depuis des semaines, m’avait offert des fleurs lors de ma fête - juste avant de me présenter sa petite amie, qu'il avait amenée avec lui et dont je n'avais jamais entendu parler. Le pauvre garçon n’a sans doute jamais compris pourquoi je lui ai balancé son bouquet à la figure et ne lui ai plus jamais adressé la parole. Je crois que c’est ce jour-là que j’ai décidé que de toutes façons, l'amour c’était nul et que je m'en passerais très bien. C’est pour ça que j’ai du mal à croire qu’il ne va pas encore arriver une tuile.
Derrière le comptoir, ses deux mains posées sur la table, Zack nous regarde tour à tour, tout sourire. Oooow… Il va forcément arriver une tuile.

- Bienvenue à Tréhignac, que puis-je pour vous?

Tréhignac ? Etan et moi échangeons un regard dépité. Jamais entendu parler. Bon, maintenant, nous savons où nous sommes, mais je ne crois pas que nous soyons tellement plus avancés, en fin de compte.

- Moi c’est Etan, et voilà Eva, dit Etan en faisant un signe de la tête dans ma direction. Voilà, euh... nous voyageons depuis un moment, et nous aurions besoin de contacter des amis au plus vite, pour les rassurer. Est-ce qu’il y aurait un endroit d’où nous pourrions téléphoner?
- Je suis navré. Le réseau ne couvre que la vallée, c’est à dire les trois villages qui s'y trouvent. Les montagnes empêchent toute liaison avec l’extérieur. Le seul moyen de faire passer des nouvelles est le courrier. Vous pouvez toujours nous laisser une lettre et nous la ferons envoyer. Le service aura justement lieu demain soir.

Ça va être pratique, tiens.

- Pas de fax, d’ordinateur avec connexion internet…? Je demande, sans trop oser espérer.
- Désolé. Le village est trop isolé. Nous sommes dans une toute petite vallée, elle n’est pas desservie par ce genre de réseau de communication.

C'est bien notre chance. Etan souffle et se gratte la tête, embêté.

- Très bien... bon… Est-ce que vous pourriez nous indiquer où se trouve l'hôtel? Nous avons cherché, mais…
- Euh… Il n’y en a pas non plus. Nous ne recevons pas beaucoup de touristes. C’est même très rare, en fait. Nous sommes un village très isolé - vous avez dû vous en apercevoir – ce qui fait que très peu de personnes passent par ici.

Je comprends mieux pourquoi tout le monde nous regardait comme des bêtes curieuses. Nous devons être l'attraction de leur semaine. Ça va être difficile de passer inaperçu.

- Et en général, ces personnes finissent par s’installer, termine Zack. Alors, un hôtel était inutile. Est-ce que c’est votre cas?
- Certainement pas...
- Nous sommes juste de passage, tempère Etan en me faisant les gros yeux.
- Ah. Un voyage en amoureux, je suppose ? Demande-t-il en me faisant un grand sourire.

Je manque de suffoquer.

- Non, pas vraiment, rit Etan en me jetant un regard amusé.

S’il n’efface pas tout de suite ce sourire, je lui arrache la tête.

- Oh, je suis navré, s’exclame Zack. Désolé, je ne voulais pas vous embarrasser…
- Elle s’en remettra.
- La ferme, je grommelle
- Pour l’hôtel, ne vous en faîtes pas. Nous nous organisons toujours pour héberger les nouveaux arrivants. Je vous logerai, si ça peut vous arranger. La maison est assez grande, on vous trouvera bien une place.
- Ce serait vraiment aimable. Eva, tu es d’accord ?
- Non, je meurs d’envie de passer une autre nuit sur le sol dans la forêt humide d’à côté, je soupire en levant les yeux au ciel.
- Alors nous acceptons. Merci beaucoup.
- J’appelle chez moi pour prévenir et je vous mène là-bas.

Il sort par la porte de derrière, après un dernier sourire. La voilà, la tuile. Il doit vivre avec sa petite amie ou sa femme, et il l’appelle pour la prévenir. Tant pis…

- Il nous a pris pour un couple, tu te rends compte? Fait Etan, accoudé au comptoir en me lançant un regard en coin.
- Hilarant.
- Et puis, à part ça, pourquoi deux personnes voyageraient-elles ainsi ? Alors on a deux choix : soit on est un couple...
- Ça va pas la tête ?! Je hurle presque.
- Soit on est frère et soeur... Je suppose que c'est donc le n°2 qui l'emporte. Bon, vu nos relations, ce sera pas un rôle de composition, on devrait être crédibles…

Je n’ai pas le temps de répondre, Zack revient.

- Il n’y a personne pour l’instant. Tant pis, est-ce que vous voulez que je vous mène là-bas tout de suite?
- Je pense qu'on va aller déposer déposer nos affaires, merci.
- Bon, alors je vais vous y conduire.

Nous sortons de la boutique, que Zack ferme à clé. Immédiatement, des têtes fleurissent aux fenêtres. Contrairement à nous qui rentrons la tête entre nos épaules, Zack ne semble même pas les remarquer et, enthousiaste, nous pose des questions sur notre voyage et sur nous. Enfin, il m'en pose surtout à moi : nous marchons au milieu de la petite rue pavée, je me trouve entre Etan et lui, alors il s'adresse directement à moi et semble ignorer royalement Etan. J’aimerais pouvoir en faire autant.

- C’est marrant, me dit Zack, mais j’ai l’impression de vous avoir déjà vue quelque part…

Il y a en effet peu de chance que ce soit le cas, vu que je n’ai jamais mis les pieds dans ce trou et que lui n’en est probablement jamais sorti. Je hausse les épaules, ne sachant trop quoi répondre.

- Eh ben, il perd pas de temps, celui-là, me chuchote Etan en levant les yeux au ciel. La technique la plus bidon que j'aie jamais entendue…

Ignore-le, ignore le…
Je me retourne vers Zack. Heureusement, il n’a pas entendu l'autre crétin. Tandis que nous marchons, j’ai le temps de mieux l’observer. Il est assez grand, avec un visage assez fin, et des cheveux bruns bouclés. Il parle très vite en faisant de grands gestes avec ses mains et rit à quasiment chaque phrase.

- Vous n’êtes jamais venue ici ? Insiste-t-il.
- On ne connaissait même pas cet endroit.
- Bizarre. Pourtant, en voyant, j’ai un étrange sentiment de familiarité. Comme si j’ avais déjà vécu quelque chose de semblable…
- Euh...

A vrai dire, j’ai une impression étrange, c'est vrai… Mais je ne saurais pas dire si c’est ça ou non, mais plus je lui parle et l'observe, plus je ressens une sorte de… de malaise.

- Alors j’ai dû rêver, finit-il en riant.
- Comme c’est mignon, il a rêvé de toi... La prédestination, c’est ça ? Tu veux que je vous laisse seuls, peut-être ? Chuchote Etan, sardonique.
- Oui, c’est ça, je fais, impatientée, en le poussant d’un bras.

J’essaie de suivre la conversation de Zack qui n’entend heureusement pas le flot de délires de cet abruti et poursuit sa description de la ville, mais je n’arrive pas à entendre le moindre mot.

- Certainement pas, je plaisantais. Pas question que je te laisse pas avec ce type. C’est peut-être un assassin ou un violeur.
- T'as pas fini, un peu ! Fais-je en tentant de mon mieux de me maîtriser pour chuchoter.
- Je rigole pas ! A vivre dans cet endroit, il doit croiser que des poules, des moutons et des arbres. Il a probablement jamais croisé de fille de sa vie, ce pauvre garçon…
- Parce que tu crois qu’il faudrait que je sois la seule qu’il ait vue pour qu’il puisse s’intéresser à moi, c’est ça ? Je chuchote, furax.
- C’est toi qui l'as dit, ma chère…
- Quelque chose ne va pas ? Demande Zack qui s'est arrêté au moment où j'allais coller mon poing dans la figure d'Etan. On est arrivés.

Il s’avance vers une petite maison perdue tout au bout de la rue et nous fait entrer. Ce n'est pas vraiment grand, mais plutôt agréable et accueillant, ce qui détonne avec l'extérieur maussade de la maison, et même de celui de tout le village, où tout est gris et terne. Il nous indique une chambre d’ amis à l’ étage, où nous montons déposer nos bagages, tandis qu’il va préparer à manger.
La chambre est plutôt petite. Deux lits sont alignés contre le mur et sont séparés par une petite table de nuit en bois. La fenêtre donne sur la forêt et la montagne. En ressortant, je tombe sur quelqu’un.
Lise.

- Qu’est-ce que tu fais là, toi ? Me demande-t-elle le nez froncé.

C’est exactement ce que je me demandais à son sujet. Est-ce qu’elle n’était pas censée rentrer chez elle? Zack arrive à ce moment.

- Oh, j’avais oublié de vous dire, je crois… Lise est ma sœur. Lise : Eva et Etan vont rester quelque temps chez nous. Vous pouvez descendre, le déjeuner est prêt.

Puis il ouvre une porte et sort du couloir. Je contemple avec horreur le petit visage renfrogné qui me fusille du regard. Je m’étais trompée, on dirait. La voilà, la tuile.
J’apprends au cours du repas qu’ici c’est chez leurs parents. En fait, Zack a le même âge qu’Etan et moi et il vit encore ici. Quand son père part dans le village voisin comme aujourd'hui, c’est lui qui garde la boutique, et il aide sa mère, qui ne devrait pas tarder à rentrer par ailleurs.
Zack est adorable, et j’arriverais sans doute à me détendre sans les regards hostiles de Lise. Face à moi, elle mange sans me lâcher des yeux comme si elle redoutait que je ne m’enfuie en courant avec une assiette, si bien que sans s‘en rendre compte elle fait dégouliner la sauce sur sa robe. Et Zack non plus ne me quitte pas des yeux et parle avec animation de tout et n’importe quoi. Et dieu sait pourquoi, même ça me fait me sentir de plus en plus mal à l’aise. Y’a quelque chose qui cloche... Je me sentais pas du tout comme ça quand je l’ai vu au début. Pas qu’il soit désagréable, pourtant, au contraire. A moins que ce ne soit le cadre, ce village inconnu perdu au milieu de nulle part... Ou les réflexions stupides qu’Etan me fait à mi-voix, à propos de Zack et moi, décrivant notre futur mariage, nos enfants et je ne sais quoi encore. Zack finit par me demander si je ne suis pas malade, parce que je suis toute rouge. Je me jure d’étrangler Etan dès que nous serons seuls.
L’après-midi, Etan va à la boutique avec Zack acheter les provisions pour le voyage. Il est prévu que nous repartions dès le lendemain matin, à la première heure, alors il prend tout de suite ce dont nous aurons besoin, et en même temps, il va se renseigner sur la route.
Lise fait la sieste, Etan et Zack sont partis, les parents sont toujours absents. Je vais profiter du calme pour prendre un bon bain chaud; un quart d’ heure plus tard je sors, avec des vêtements propres, et les anciens roulés en boule sous mon bras et qui sont bons pour la poubelle.
Et dans le couloir, je tombe sur Lise, encore une fois. Qu’est-ce qu’elle me veut, encore ? Elle est là, debout, ses bras toujours croisés.

- T’étais pas censée faire la sieste, toi ? Je soupire.
- C’est pas tes affaires.

Voilà qui a le mérite d’être clair. N’empêche que venant de la bouche d’une gamine de six ans, ça a de quoi agacer. Inutile de s’énerver encore. Je la contourne et tente d’ouvrir la première porte. C’est fermé.

- C’est le bureau à Papa, t’as pas le droit d’entrer. De toute façon, c’est fermé à clé, ajoute-t-elle, sans doute pour m’ indiquer qu’il n’est pas nécessaire de se fatiguer à chercher quoi que ce soit de ce côté-là.

Elle n’est pas énervée, mais peu s’en faudrait ; je sens que je vais encore avoir droit à une crise de nerf. Du calme. Elle n’a que six ans. C’est une petite fille, hein, et moi, je suis adulte. Je respire à fond, et je fais demi-tour.
La porte s’ouvre en bas, Zack et Etan sont rentrés. Je m’empresse d’aller les rejoindre, soulagée pour une fois de voir Etan.

- On a ce qu’il faut, dit-il en montrant les sacs pleins.

Je l’aide à porter les affaires dans la chambre pour tout ranger dans nos sacs. Il a l’air pensif.

- Ça va pas être évident, chuchote-t-il. Je n’ai pas pu obtenir de carte, ni aucune indication, alors je ne sais pas du tout par où on va devoir partir.
- Et Zack, tu lui as demandé ?
- Évidemment. Mais à part pour aller au village voisin, il n’est jamais sorti d’ici. Il ne connaît personne qui ait réussi à franchir les montagnes non plus ; la seule sortie dont il ait entendu parler, c’ est l’endroit par lequel on est arrivés, mais évidemment, ça ne mène qu’au désert alors ça ne l'a jamais intéressé, et ça ne nous avance pas.
- Tu ne vas pas me faire croire que personne n’a jamais voulu et réussi à sortir d’ici?
- A l’écouter, non. C’est incroyable, il ne semble même pas savoir où le village se situe exactement par rapport au continent, et j’ai parlé à d’autres personnes : les rares qui ont bien voulu m’adresser la parole ont été incapables de me répondre.

Je soupire.

- Peu importe comment, on a intérêt à partir d'ici au plus vite, je me sens vraiment pas à l’aise.
- Même avec Zack ? Demande-t-il, un sourire en coin et un sourcil levé.
- Surtout avec Zack, en fait. Je suis sérieuse, pas la peine de rire ! Y’a vraiment une ambiance bizarre, ici ; mais quand je le vois, y’a quelque chose d’ encore plus étrange. Je sais pas ce que c’ est… Je ne saurais même pas dire si c’est quelque chose de bien ou de mauvais...

Je me rends soudain compte que j’ai pensé tout haut. Qu’est-ce qu’il m’ a pris de lui dire ça… Pourtant, à ma grande surprise, il semble le prendre assez sérieusement.

- Tu sais, après tout ce serait pas étonnant si…

La porte s’ouvre soudain derrière et il s'interrompt. C’est Lise, quasiment suspendue à la poignée trop haute pour elle.

- Zack dit que vous devez descendre, dit-elle de sa petite voix aiguë. Y’a ma Maman qui est arrivée.

Nous la suivons dans l'entrée où nous vouons que Zack est au téléphone.

- Non, là, c'est vraiment pas le bon moment... dit-il.
- …
- Y’a vraiment pas d’ autre moyen ?
- …
- Très bien, j’arrive, soupire-t-il en raccrochant.

Nous sommes restés sur le pas de la porte pour ne pas le déranger. Il nous aperçoit quand il se retourne.

- Ah, vous êtes là ! Je vais devoir m’absenter pour un moment, je ne peux vraiment pas faire autrement. Un ami de mon père a besoin d'aide pour remorquer un chargement jusqu'au village voisin, et je dois y aller tout de suite. Ça va prendre un moment, mais de toute façon, même si je ne vous revois pas d’ici ce soir, je serai là demain matin pour vous dire au revoir. Ma mère est dans la salon, vous devriez aller la voir. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, demandez lui, n’hésitez pas. Lise, mène les, s’il te plait, et préviens Maman que je dois y aller. A demain!

Et il sort avec précipitation. Nous allons dans le salon, où se trouve une femme assez grande et forte. Ses cheveux roux sont relevés en un épais chignon. Elle range des livres sur l’étagère et elle se tourne vers nous en souriant lorsque nous arrivons.

- Bienvenue, nous dit-elle en nous serrant la main avec chaleur. Zack m’a dit que vous étiez de passage ici ? Je dois dire que ce n’est pas souvent que nous recevons des visiteurs, nous sommes ravis de vous avoir.
- Merci à vous d’accepter de nous héberger, madame.
- Oooh, non, voyons, rit-elle, appelez moi Maureen, enfin!
- Merci, Maureen. Moi, c’est Etan, et voici Eva, ma s…

En voyant Maureen écarquiller les yeux, il s’interrompt.
- C’est… Non, ce… ce n’est pas possible, bégaie-t-elle.

Elle pose sa main sur sa joue et me fixe étrangement.

- Et pourtant… ces yeux… Eva… Leonheart ?

Là, je frise la crise d'apoplexie. Comment connaît-elle mon nom ?

- Etan Almasy ? Oui, c’est bien vous les enfants, n’est-ce pas ?

Elle sourit soudain, l’air radieux, et nous prend dans ses bras.

- Oh, vous n’ avez pas changé, mes petits ! Dire que vous êtes là, je n’en reviens pas! Je suis tellement heureuse de vous voir, cela faisait si longtemps! Mais asseyez vous donc, vous venez de loin…

Tant pis pour la couverture. Je jette un regard effaré à Etan. Qu’est-ce qui nous attend, encore ?

- Comment savez vous qui nous sommes? la questionne Etan.
- Mais enfin, vous ne vous souvenez pas de moi ? Bon, ça n’a rien de très étonnant, après tout, vous étiez tous petits lorsque je suis partie de la BGU.
- La BGU ?
- Mais oui, nous dit-elle, comme si cela semblait tout naturel. Je travaillais avec votre mère, moi aussi j’étais gouvernante là-bas. C’est moi qui me suis occupée de vous lorsque vous étiez tous petits. Enfin, Etan, moins, parce que toi tu es arrivé peu de temps avant que je ne parte de la BGU, mais je me souviens très bien de toi aussi. Vous étiez tout le temps fourrés ensemble, tous les deux avec mon Zack.
- Ensemble ? Vous devez vous tromper, je fais étourdiment, comme s’il y avait pu avoir beaucoup d’autres BGU, Etan Almasy et Eva Leonheart à l’époque.

En face de nous, Maureen nous sourit.

- C’est pas possible, j'explique en haussant les épaules pour souligner l'évidence. J’ai jamais pu supporter Etan.
- Je confirme.
- Et pourtant, vous étiez inséparables tous les trois. Et vous nous en faisiez vraiment voir de toutes les couleurs.

Elle rit et se lève. Elle se dirige vers un meuble dont elle sort un album. Elle le pose devant Etan et moi, et l'ouvre. A l’intérieur, des dizaines et des dizaines de photos. De la BGU, de Maureen, de certains des plus anciens de nos professeurs, avec Maman, ou des tas d’enfants. J’arrive à en reconnaître certains. Là, c’est Greg, et avec les longues tresses, c’est Umi. Et à côté, c’est Meryl, je reconnaîtrais sa tête de bouledogue entre mille. Et moi, je suis là, dans le coin, avec mes cheveux dans les yeux et des écorchures pleins les bras. Incroyable.

- Pourquoi êtes-vous partis ? Demande Etan en tournant les pages.

Maureen soupire.

- Harl - c’est mon époux - a dû venir travailler ici. Alors je l’ai suivi. Zack était tout petit, il n’ a dû en garder aucun souvenir, il ne vous a pas reconnus ou il m'aurait prévenue.
- Quand était-ce? demande Etan.
- Il y a presque onze ans. Zack devait avoir six ans. Tenez, une photo de vous trois.

Je me penche, en même temps qu’Etan, et j’ai soudain l'impression d'avoir avalé un bloc de glace. C’est bien moi, là, et à côté, c’est Etan, ça ne fait pas de doute. De l’autre côté, ce garçon… c’est celui que j’ai vu dans mon rêve ! Alors c'est Zack... Dessus, nous nous tenons la main en souriant. C’est bien nous, ça ne fait aucun doute, et pourtant…
Etan et moi sommes abasourdis, mais Maureen, elle, se plonge dans ses souvenirs avec un plaisir non dissimulé, et nous montre de temps en temps une photo d’un autre professeur, d’un élève. Elle sort encore plusieurs albums de photos, dont elle tourne les pages avec émotion, nous racontant la vie à la BGU à l'époque, ou les bêtises que nous faisons tous les trois - et visiblement nous n’en loupions pas une.
Je prends un album pour le feuilleter et je vais m'asseoir sur le côté. Je tombe sur une photo de ma mère. Elle a un gros ventre rond et se tient en souriant auprès de mon père.

- Elle était enceinte de huit mois, me glisse Maureen en passant derrière moi. Moi, j’avais accouché depuis un mois déjà. Zack et toi avez été dans le même berceau, en fait.

Une boule se forme dans ma gorge. J’ai beau essayer de ne pas penser à ce qui se passe maintenant, c’est difficile.
En tournant les pages, je trouve d’autres photos d’Etan, Zack et moi. Tous les trois déguisés, ou en train de jouer devant la BGU, ou à la plage… En voyant ça, je ne peux que me rendre à l’évidence : Maureen dit la vérité, nous devions bien être amis à cette époque, quoique je me demande comment je peux ne pas me souvenir d’une chose pareille. Je lève les yeux presque malgré moi et je croise le regard d’Etan qui a l’air lui aussi complètement perdu. Je détourne immédiatement le mien.
Qu’est-ce qui s’est passé depuis ? D’ accord, l’utilisation des G-Force a un impact sur la mémoire - et je dois être d’autant plus touchée que j’ai Sheba depuis ma naissance - mais tout de même…

- Ca ne va pas? demande Maureen en venant s’asseoir près de moi.
- Oh si, si. C’est juste que ça me fait bizarre de voir ces photos.
- C’était une si belle époque. J’ai eu beaucoup de mal à partir, mais enfin… Je ne pouvais pas laisser mon mari.

Elle sourit, mais la tristesse dans sa voix est palpable. A voir les photos, elle et Maman devaient être très amies. Pourquoi est-ce que je n’ ai jamais entendu parler d’elle et Zack ? Pendant un moment, j’ hésite à lui raconter ce qui se passe. L’attaque de la BGU, l’implication d’ Esthar. Mais je préfère en parler d'abord avec Etan.
La porte s’ouvre soudain, et un homme entre. Il est grand, plutôt costaud, et de longs cheveux poivre et sel lui tombent sur les épaules. Il stoppe net en nous apercevant, l’air incertain tandis que Maureen se lève vers lui. Avec un grand cri de joie, Lise, que nous avions complètement oubliée, bondit à son cou.

- Oh, Harl, tu n’en reviendras pas! Devine qui nous avons ici !

Il nous salue d’un geste de la tête en souriant, mais fait signe à sa femme qu’il n’en a aucune idée, il ne nous reconnaît pas.

- Eva et Etan!
- Qui ?
- Eva ! Enfin, Harl ! Le gronde-t-elle gentiment. La fille de Squall et Linoa, et Etan Almasy! Ce n’est pas incroyable?

C’est aussi ce que semble penser Karl qui nous reconnaît enfin et arbore un air indéfinissable.

- Elle ressemble toujours autant à son père tu ne trouves pas ? S’extasie Maureen en joignant les mains.

Je suppose que dans sa tête il s’agit d’un compliment.

- Ça alors, souffle-t-il, abasourdi, en tirant une chaise pour s’ asseoir. Mais vous venez d’où ? Et comment êtes-vous arrivés ici ?

En tout cas, c’est pas la joie qui le submerge. Ces deux questions suffisent à me hérisser. Je ne saurais pas trop dire pourquoi, en fait. Enfin, est-ce que c’est vraiment ce qu’on se dit en voyant des personnes qu’on avait pas vues depuis des années ?

- Euh… c’est une longue histoire…
- On s’est perdus, je fais, pour donner la version courte.

Harl attend visiblement que j’en dise plus, mais je ne suis pas certaine d’être autorisée à dire ce qui se passe en ce moment à la BGU - et je n‘en ai pas la moindre envie, à vrai dire. Quelque chose dans mon ton a dû passer, parce que Etan me regarde bizarrement, mais il n’ajoute rien non plus.
Il y a des gens avec lesquels on se sent parfaitement à l’aise dès la première rencontre. Comme avec Maureen ou Zack. On a comme l’impression de les avoir toujours connus - c’est ici le cas, mais passons. En revanche, il y en a d’autres qui vous deviennent immédiatement antipathiques, avant même qu’elles aient ouvert la bouche, même si vous ne savez pas pourquoi. Et c’est le cas avec Harl. Au final, ça peut se révéler être une fausse impression, mais pour l’instant, il ne m’inspire aucune confiance.

- Et ils resteront cette nuit avec nous, fait Maureen, toujours rayonnante, sans remarquer la tension.
- Mais nous repartirons demain à la première heure, ne vous inquiétez pas, dit Etan.
- Oh... C'est... Ca n’ a rien de pressé, voyons, restez autant que vous le voulez, dit-il essayant de se reprendre. Après tout, vous êtes un peu de la famille, nous vous avons vus tous petits. C’est bien que vous soyez là. Et tes parents... Euh Eva, comment vont… ?
- Ils vont bien, merci, je réponds en essayant d’avoir l’air détendue.
- Ah… Bon, bon…
- En fait, nous voudrions les joindre, mais nous n’ avons trouvé aucun téléphone. Est-ce qu’il n’y aurait pas un autre moyen de contacter l’extérieur ?

Là, Etan me fait les gros yeux. Mais oui, je sais bien que Zack a dit que non. Mais c’est sa réponse à lui que je veux.

- Non, malheureusement, ici nous sommes complètement coupés de l’extérieur. Mais vous pouvez toujours envoyer une lettre si vous voulez, nous la transmettrons dès demain.
- Merci, je réponds, sachant pertinemment que nous n‘en ferons rien.

J’ai plus de chance d’ arriver à destination avant la lettre, alors…

- Bon… Euh, Je vais aller travailler dans mon bureau, Maureen, dit Harl en se levant. J’ai beaucoup à faire. Et vous deux, eh bien, faites comme chez vous surtout.
- Merci, répondons nous avec ce qu’il faut d’enthousiasme.

Il nous fait un signe de la tête et se rend à l’étage. Lise s’éclipse et va jouer dans le jardin alors que sa mère lui avait demander d’aller ranger sa chambre, et Maureen range les albums que nous avons fini de feuilleter.

- Faut que je te parle, me souffle Etan, en me prenant par le bras pour me mener dans la chambre.

Il vérifie qu’aucune oreille curieuse ne traîne, et il ferme la porte. Moi, je me laisse tomber sur une chaise en soupirant et je me prends la tête dans les mains. Je suis complètement paumée, là. Au sens propre comme au sens figuré, d’ailleurs. La BGU, Maureen, Zack... Ces photos.

- Qu’est-ce qu’on fait ? On leur dit ce qui se passe, tu crois ? Me demande-t-il.
- Tu me demandes mon avis, maintenant? C’est nouveau, ça.
- Ouais, répond-t-il comme s’il n’avait pas compris l’ironie, mais là, je vois vraiment pas quoi faire. Je ne suis pas sûr qu’il faille les mêler à ça. Mais d’un autre côté, ils ont déjà travaillé et vécu à la BGU…
- Je n’ai pas confiance en eux.
- C’est ce que j’ai vu. Mais ils connaissent tes parents...
- Et moi je n’ai jamais entendu parler d’eux. S’ils étaient amis, je l’aurai su.
- Tu crois qu’ils auraient pu trafiquer les photos et nous mentir sur notre soi-disant amitié avec Zack ?
- Non, je ne pense pas.
- De nos jours, il a de très bons moyens de…
- Je t’ai dit non.

Il me jette un regard interrogateur devant mon ton catégorique. Des bribes de mon rêve me reviennent à l’esprit. Il va me prendre pour une dingue, c’est sûr… Je me lance quand même:
- Tu te souviens, dans la forêt, ce matin… Tu disais que j’avais l’air d’avoir fait un cauchemar.
- Mmh.
- Eh bien, c’était presque ça. J'ai rêvé de Zack, quand on était petits et… je sais pas comment dire ça, mais ça ressemblait plus à un souvenir, en fait...
- Un cauchemar, avec Zack ?

Le ton est ironique, évidemment.

- Tu étais dedans aussi, je réponds sèchement. Est-ce que je peux continuer? C’était le même garçon que sur les photos, c’était Zack, et on devait te rejoindre pour aller jouer. Quand on est arrivés, il y avait d’ autres enfants qui t’embêtaient, j’ai voulu venir à ton secours… et après, c’est devenu complètement flou. Il y avait ton G- Force qui emportait Zack et toi tu t'es transformé en… en... ton père.

Il sursaute et me jette un regard surpris, les sourcils froncés.

- Mais… tu n’as jamais vu mon père… ?

Je secoue la tête.

- Et… je n’ai mon G-Force que depuis deux ans, tu n’as pas pu le voir avant.
- Je sais bien, mais ça avait l’air tellement réel…
- C’est souvent comme ça, avec les rêves, fait-il remarquer.

Nous restons une éternité côte à côte à réfléchir. C’est vrai que c’ est totalement insensé.

- Écoute, oublie ça, je finis par dire. C’était probablement juste un souvenir qui m’est revenu, comme ça, et au moment où il n’y avait plus rien, ça c’est brouillé et mon imagination a comblé le reste avec n'importe quoi...
- Sûrement, fait Etan, manifestement peu convaincu par l’explication. En même temps, le fait que je me sois transformé en mon père dans ton rêve montre clairement comment tu me vois, continue-t-il d’un ton cassant.
- Qu’est-ce que tu racontes, encore ?
- Ça paraît évident, et ce n’est pas surprenant en fait. Pas besoin d’être un spécialiste de l’interprétation des rêves pour comprendre de quoi il s’agit. La plupart des gens s’imaginent que je me transformerait tôt ou tard en mon père, alors…

Il a terminé sa phrase sur un ton amer et il a la même expression sur son visage que lors de notre dispute de la veille dans la forêt. Mon cœur se serre. J’aurais du la fermer, avec mon rêve stupide.

- Bon, alors on ne leur dit rien, c’est ça ? Conclue-t-il au bout d’un moment.
- Il vaut mieux pas, à mon avis.
- Quoi qu'il en soit, ça ne change pas nos plans. On part demain matin, dès que possible. C’était juste pour savoir si selon toi il fallait leur parler de tout ça ou non. En même temps, je doute qu’ils puissent nous aider plus qu’ils ne l’ ont fait. Après… toute cette histoire, on n’aura qu’à en parler à tes parents.

Il se lève, avec un sourire optimiste que je soupçonne d’être un peu forcé. Comment savoir si j’aurai jamais l’occasion d’en parler avec eux ? Qu’est-ce qu’il en sait, cet idiot, qu’on les reverra ? Parti comme c’ est, tout ce qu’on réussira à faire c’est de nous perdre encore dans les montagnes, si...
Tout à coup, je reçois un oreiller sur la tête. Saisie, je l’attrape et regarde le coupable.

- Interdiction de penser à des bêtises.

Je le lui renvoie à la tête de toutes mes forces et il vacille sous le choc.

- Comme si tu pouvais savoir à quoi je pense, je fais avec mauvaise humeur.
- Je lis un peu dans les pensées, tu sais, plaisante-t-il.
- Ben voyons.

Il pose le coussin.

- Disons qu’à voir ta tête, c’était des pensées pas très optimistes, et c’est la dernière chose dont on ait besoin. J’aurais pas dû parler de tes parents, en fait : tu as tendance à faire et dire toujours le contraire de ce que moi je dis. Alors si je dis que tout va bien, tu vas tout voir en noir. Je me trompe?

A voir son regard en coin, il a compris qu’il a touché dans le mil'. Ce qu’il m’ énerve quand il est comme ça…
On frappe doucement à la porte au moment où je m'apprêtais à lui re-balancer un oreiller dans la tronche. Maureen apparaît.

- Je suis désolée de vous déranger…
- Non, pas du tout.
- C’est que… Harl vient de me rappeler que nous étions invités ce soir - et moi, tête de linotte comme je suis, j’avais complètement oublié, fait-elle avait un petit rire. Malheureusement nous ne pouvons pas annuler. Est-ce que vous voulez venir ?
- Maureen, il faut y aller, fait Harl, qui arrive derrière elle. On va être en retard, dépêche-toi.
- Je leur demandais s’ils ne voulaient pas nous accompagner. Je ne voudrais pas les laisser seuls, les pauvres petits…

Je me demande si elle se rend compte que les « pauvres petits » ont seize ans et sont parfaitement capables de se débrouiller. Même si tout ce qu’ils ont réussi à faire ces quelques jours, c’est de venir atterrir ici, alors qu'ils devraient être en train de faire leur possible pour sauver la BGU. Mais ça elle n’est pas censée le savoir en revanche…

- Ah mais non non, c’est pas possible, intervient Harl. Tu ne vas pas imposer deux invités à nos hôtes, enfin, Maureen. Ils ne les connaissent même pas…
- De toute façon, le voyage nous a beaucoup fatigués. Nous nous coucherons tôt, je pense…
- Ça m’embête de vous laisser, vraiment… C’est vraiment bête, vous êtes enfin là, et…
- Ce n’est vraiment rien, je vous assure.
- Alors, tu vois ? S’ impatiente Harl. Allez, nous allons être en retard. Bon, les jeunes : bonne nuit. Et… Euh… évitez de sortir. Vous savez, le soir, c’est pas très sûr, dehors...
- Et Zack qui n’est pas là… se désole Maureen. Je suis vraiment désolée. Alors on vous laisse, les enfants. Nous emmenons Lise avec nous. Bonne nuit.

Et ils ressortent enfin. C’est vrai qu’il fait nuit, je n’avais pas fait attention. Nous descendons au rez-de-chaussée, sans trop quoi faire. Il n’y a pas de télé, pas de radio, les bouquins sont barbants au possible.

- Je vais faire un tour, dit Etan au bout d’un moment.

Je lui ferais bien remarquer qu’Harl nous l’a déconseillé, mais moi-même, si je me sentais d’attaque, j’aurais été la première à lui désobéir. Je n’ai aucune envie de l’accompagner dans sa balade alors je remonte. Je passe devant la chambre de Lise, la salle de bain. Et le fameux bureau de Harl.
Fermé.
A clé.
Je passe devant plusieurs fois devant avant de comprendre ce qui me tracasse. Il faut que je l’ouvre.
Je tourne la poignée, mais c’est toujours fermé à clé. Je reste un instant devant à lutter contre mon envie de l’ouvrir. Après tout, personne n’en saurait rien si je crochetais la serrure et que j’allais voir, si je ne touche à rien. Je n’aurais qu’à bien refermer ensuite.
Non, ils m’ont invitée, ça ne se fait pas… D’un autre côté, quelqu’un qui ferme une pièce à clé cache forcément quelque chose. Et je ne resterais qu’un tout petit peu, pour regarder, c’est pas comme si j’allais le voler. Mes doigts commencent à me picoter, ils ne veulent plus rester tranquilles. Il vaut mieux que je retourne dans la chambre.
Je m’arrête dans la salle de bain, prends une épingle sur le meuble, et je fais demi tour immédiatement. Je la tords pour la faire entrer dans la serrure et je me penche. J’en viens à bout quinze secondes plus tard - grâce à Zell, je suis une pro dans ce domaine - et j’ouvre la porte avec précaution. Face à moi, un escalier. Je grimpe doucement la dizaine de marches qui mène à une petite pièce poussiéreuse. Les murs sont recouverts d’étagères encombrées de livres et de papiers mal rangés. Des feuilles traînent par terre, à côté d’outils, de crayons. Bref, il règne un souk indescriptible. Même mon bureau est mieux rangé ; ici, des tas de papiers, de livres s’entassent sur au moins un mètre. Dans le coin, un sac en plastique recouvre quelque chose. J‘en soulève un coin pour jeter un œil dessous, et en voyant de quoi il s'agit, je jette le plastique à terre avec précipitation, le cœur battant.
Un ordinateur. Et pas n’importe lequel. Celui-là je l’ai déjà vu quelque part. C’est un des anciens ordinateurs de la BGU. Ils ont été changés il y a quatre ou cinq ans, et ils étaient exactement du même modèle que celui-ci, j’en mettrais ma main au feu. C’est vrai qu’au fond d’une des salles de cours de cours à l’étage il manquait un ordinateur… ce sont des appareils spécialement crées et uniquement conçus pour la BGU. Ils sont connectés sur un réseau international, grâce à un satellite spécialement programmé pour les universités et qui permettent de capter de n'importe où.
Je me hâte de l’allumer. C’est bien ce que je pensais : l’unité centrale se met à ronronner doucement, signe qu’il est en état de marche. Harl nous a menti, j’ en étais sûre. Il a probablement piqué cet ordinateur, parce qu’il est totalement impossible qu’il ait eu l’autorisation de le sortir de l’établissement, ne serait-ce que pour sa propre sécurité. Je sens qu’on va avoir une petite discussion, à leur retour.
Une fois l’écran allumé, je me dirige vers la messagerie. Les messages sont très récents, il y en a même deux qui datent d’aujourd’hui. Alors même la connexion internet fonctionne parfaitement, quel abominable menteur…
Je vais sur la boite d’ envoi, et j’envoie un court message sur la boite électronique de Bess. Il me revient quasi instantanément avec un message d’erreur. Pareil avec les autres adresses des élèves de la BGU. Essayons Trabia. Je suis en correspondance avec Debbie, la fille aînée de Selphie, depuis qu’on est toutes petites. Elle n'a qu'un an de plus que moi, et elle est déjà Seed soit dit en passant.
Je tape l’adresse, un court mot et je poste. Quelques secondes plus tard, une fenêtre de discussion instantanée s’ouvre et j’ai une réponse:

Dieu aima les oiseaux et inventa les arbres…

C’est un code dont Debbie et moi sommes convenues il y a quelques années, pour être certaines que nous parlions bien l'une à l'autre. Je tape fébrilement la réponse, qui est la suite de la citation :

…L'homme aima les oiseaux et inventa les cages.

Quelques secondes plus tard, la réponse arrive:

- Mon dieu, c’est vraiment toi Eva ? Tu vas bien ? Nous avons vu ce qui est arrivé. Un appel au secours de la BGU est arrivé il y a quelques jours, et des troupes de Trabia se sont immédiatement rendues à Balamb pour venir à votre secours, mais c'était trop tard. Le bâtiment avait disparu et des soldats d'Esthar sont arrivés et ont attaqué. J'étais morte d'inquiétude.
- Là, ça va, même s’il se passe des choses bizarres, je t'en parlerai plus tard ; il faut que je parle à tes parents.
- J’ai envoyé ma voisine de dortoir chercher mon père. Où est-ce que tu es ?
- Tréhignac, ça te dit quelque chose ?
- Connais pas. C’est où ?
- Aucune idée, et ce serait trop long d’expliquer comment on est arrivé là pour l’instant. Mais vous, où êtes-vous ?
- Attends, Papa est là, je te le passe.
- Eva, tu vas bien ?
- Oui, moi ça va, mais vous avez des nouvelles de la BGU?
- Non, je ne sais pas quoi te dire, on croirait qu’elle a totalement disparu, nous n’arrivons pas à la localiser, ni à la contacter.

C’est quand même dingue, un bâtiment de cette taille…

- Qu’est-ce qui se passe, Irvine ? Pourquoi est-ce qu’on a attaqué la BGU ? Et qui a dirigé ça ? On a vu des soldats esthariens.
- « On » ? Avec qui es-tu ?
- Etan.
- Qui ?
- Almasy.
- Ah, répond-il après une hésitation. Nous essayons de te localiser d’après ta connexion, ça va prendre une minute.
- Ok.
- L’ingénieur demande si tu pourrais trouver le code, ça l’aiderait.
- Ok.

Je ferme la fenêtre et ouvre le fichier sur les propriétés de l’ordinateur, et je communique le code que j'ai trouvé. Pendant qu’ils continuent à chercher, je jette un œil à la boîte de réception. Au point où j’en suis, Harl serait mal placé pour râler, alors j’ouvre ses messages. Il va falloir qu’on ait une sacrée discussion, et avec toute la famille, Etan a intérêt à rentrer vite fait. L’ingénieur à Trabia n’a toujours pas réussi à me localiser. J’ouvre le premier message que je le lis rapidement.

Get out alive

Oh merde.
Mon sang se fige dans mes veines au fur et à mesure que je parcours le mail.
J’ai dû mal comprendre, c’est pas possible.

__________________________________________________________________________________________________________________________

Exp. : Erry top 18h47
à : Harl Hendle
(Re) :
Message reçu. Veuillez vider les lieux dans les plus brefs délais. Considérez qu’ à partir de la réception de ce message , vous avez une heure pour vous mettre en sécurité. Rendez vous à la base sur le champ. Prenez vos précautions : tout individu restant dans la maison sera considéré comme un ennemi et sera éliminé. Inutile d’ emporter quoi que ce soit, tout vous sera fourni sur place. Nous vous recontacterons pour votre récompense. Nous ignorons comment vous avez fait , mais si vos renseignements son exacts, il s’ agit d’ une prise d’ une importance capitale. Si vous avez enfin réalisé votre mission, vous serez également autorisé à récupérer votre grade. Dans le cas contraire, nous devrons agir en conséquence.
Message d’ origine:
Identification : Agent 07589.
J’ ai actuellement Etan Almasy et Eva Leonheart sous mon contrôle. En attente des ordres de la base.

________________________________________________________________________________________________________________________________________

- Ce salaud nous a dénoncés…

Sous le choc, je me rends à peine compte que j’ai parlé à voix haute. Il était 18h47 quand il a reçu le message, et maintenant, il est 19h42.
Cinq minutes.
Je me lève en faisant tomber la chaise derrière moi et je cours à la chambre. Il me reste cinq minutes pour dégager, en espérant que ces enfoirés ne seront pas en avance. Ils doivent déjà être tout près, à l’heure qu’il est. Et Etan, qu’est-ce qu’il fiche, merde ? Je ramasse nos sacs et je descends l’escalier en trombe. En bas, je stoppe. Il y a du bruit et de la lumière dans la cuisine. Oh non, pas déjà...
Je pose doucement les sacs et j’avance à pas de loup en longeant les murs. J’en profite pour attraper une petite hache qui est sur une étagère dans le sellier et j‘attends, cachée contre le mur, près de la porte, que le ou les soldats sortent. Les pas se rapprochent de la porte. Je brandis l’arme et un grand cri aigu suivi d’un bruit de bris de vaisselle emplissent le couloir.

- Lise ? Je fais, sous le choc, en suspendant mon geste quelques centimètres au-dessus de sa tête.

Elle a de la chance de n’être pas plus grande.

- La… La… bégaie la petite, blanche comme un linge en fixant la hache.
- Mais qu’est-ce que tu fous ici ? J’explose, folle de rage.

Son regard devient plus dur.

- Ce que moi je fais chez moi ? Et toi avec ta hache? T’es pas un peu cinglée? Espèce de… de spyca… pyscho… de psycha… Assassin !
- Où sont tes parents ? T’étais pas censée être avec eux ?
- J’avais pas envie d’aller chez ces gens. Ils regardaient pas, je me suis échappée juste avant qu’on rentre dans la voiture, je suis allée m’amuser en ville, puis je suis rentrée ici pour jouer.

Ses parents sont partis, et les soldats vont arriver d’ici une minute avec ordre de tirer sur tout ce qui bouge. Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que je dois faire ?!

- Bon sang, mais ça t’arrive jamais d’écouter tes parents, toi ?
- Quand Maman va rentrer, je vais le lui dire, que tu es folle et que c’est à cause de toi que la vaisselle est cassée, dit-elle en se penchant pour ramasser les dégâts.

Ok, c’est une peste. Mais même si elle n’a que six ans, les soldats lui feront de cadeaux. Je sens que je vais le regretter, mais je ne peux pas la laisser là. Je l’attrape par le bras, faisant tomber tout ce qu’elle avait dans les mains au passage et je la traîne jusqu’à l’endroit où j’ai laissé les sacs.

- Hé, râle-t-elle en essayant de se dégager.
- Écoute-moi très attentivement, fais-je en stoppant et en la fixant dans les yeux, les mains crispées sur ses épaules. D’ici une minute, des hommes avec des armes vont arriver. Beaucoup d’hommes, qui seront encore moins patients que moi. Et crois moi, ils n’auront pas besoin d’excuse pour tirer sur une petite gamine insupportable comme toi.

Ça la calme direct. Comme statufiée, elle me regarde ramasser mes affaires, la hache toujours à la main.

- C’est… c’est pas vrai ? Tu mens, hein ? Demande-t-elle d’une voix blanche.
- Si tu veux vérifier tu n’as qu’à rester ici.

A mon avis, elle décide de me croire sur parole, parce qu’elle avance d’elle-même vers la porte de la cuisine. Avant que je n’aie pu atteindre la poignée, celle-ci se tourne et la porte s’ouvre. Lise et moi avons en sursaut en arrière, tout comme la personne en face. C’est Etan. Il halète, il a visiblement couru. Il s’appuie sur la porte et tente de retrouver son souffle.

- On a… un problème, parvient-t-il à articuler.
- Ca, c’est rien de le dire.

Les soldats ne vont plus tarder à arriver, maintenant. Je lui fourre la petite dans les bras, je le prends pas les épaules pour le faire pivoter et je le pousse en avant pour qu'il avance. Puis j’attrape les sacs et la hache, et je le suis en courant.
Dernière modification par Rae le 19 févr. 2009 1:03, modifié 3 fois.
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Messagepar Swanny » 26 juin 2005 13:45

Je peux avoir un autographe xD

Sérieusement j'aime toujours autant ta fic Rae, la façon dont tu fais penser Eva, on dirait que c'est naturel, on pourrait penser que c'est vraiment elle qui écrit =)

Tu nous laisse sur notre faim là :p alors j'attends encore la suite avec une très grande impatience.

En plus depuis que j'ai lu le chapitre précédent je me suis remise à jouer à ff8 xD

Bonne continuation.

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Messagepar Rae » 29 juin 2005 15:03

Sérieusement j'aime toujours autant ta fic Rae, la façon dont tu fais penser Eva, on dirait que c'est naturel, on pourrait penser que c'est vraiment elle qui écrit =)
Tu nous laisse sur notre faim là :p alors j'attends encore la suite avec une très grande impatience.

En plus depuis que j'ai lu le chapitre précédent je me suis remise à jouer à ff8 xD

Bonne continuation.
En même temps, c' est le but, si j' écris mon texte à la première personne... lol
En tout cas, ça veut dire que j' arrive à rendre mon texte vivant, je suis contente ^^
La suite ... mmh, ça risque de bouger :D ; vu ce que j' ai en tête, j' espère être capable de rendre ça. On verra, c' est déjà commencé, je dois avoir trois pages pour l' instant. Alors patience. :wink:
Merci pour ton commentaire en tout cas.
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Messagepar Rae » 04 juil. 2005 13:02

CHAPITRE 10


- Un… camp… pénitentiaire… d’ isolement…

Etan se tient devant un arbre et se cogne la tête contre le tronc à chaque mot. Ca fait trois fois qu’ il répète cette phrase.

- Pourquoi est-ce que je n’ ai pas pensé à ça avant ? Ca crevait les yeux pourtant…

Depuis que nous avons quitté la maison en catastrophe, nous avons couru autant que possible, sans faire attention à la direction - puisque de toute façon nous ne savons pas où nous sommes - et nous sommes retournés dans la forêt. Nous nous sommes écroulés ici il y a dix minutes. Assez loin ou pas, nous sommes trop épuisés pour continuer pour l‘ instant.

Pendant que nous courions, Etan m’ a expliqué qu’ en marchant dans la rue, il était tombé sur une troupe de soldats Esthariens. Il en a éliminé quelques uns, puis il a compris qu’ ils se dirigeaient vers la maison de Maureen; alors il les a semé pour venir me prévenir.

J’ ai parlé à Etan du message que j’ ai trouvé sur l’ ordinateur de Harl. Ca implique tellement de choses que nous ne savons plus à quoi réfléchir. Il ne fait aucun doute que le « à nouveau » faisait référence à la raison pour laquelle Harl a été condamné et viré de la BGU. Il devait effectuer une mission à la BGU qui avait un rapport avec nous, mais il a été découvert. Seulement, Etan pense que « Erry top » était très certainement un pseudonyme, alors nous ignorons à qui le message était destiné exactement. A Esthar c’ est sûr, mais après…

D’ ici, on peut voir de la fumée s’ élevant au dessus du village, signe qu’ un grand incendie fait rage. Le feu colore les hautes colonnes de fumée qui s’ élèvent et le ciel entier semble s‘ être embrasé. A mon avis, il n’ y a pas que la maison de Maureen et Harl qui a morflé, mais tout le tout le village avec.

Maintenant, Etan fait les cent pas et semble en pleine dispute avec lui-même.

- Ce que je peux être idiot, c’ était évident pourtant ! Des villages coupés du reste du monde, des…
- Mais de quoi est-ce que tu parles, à la fin ?
-Ils se sont bien moqués de nous…
-Etan ?!

Il semble enfin se souvenir de ma présence et baisse les yeux dans ma direction. Il soupire.

- C’ est que… je viens de comprendre où on était. C’ est pas un village normal.
- Ca j’ avais remarqué, merci.
- Non, tu ne peux pas savoir, justement. ( re-soupir ) Par où commencer… Tu sais qu’ à la fin de la guerre contre Ultimécia, il y a eu de nombreux procès, et que les personnes jugées coupables de trahison, de collaboration, de participation de près ou de loin aux troubles ont été condamnées?
- Bien sûr, j’ en ai entendu parler.
- Seulement, leur sanction n’ a jamais été révélée au grand public. Comme on ne pouvait pas tous les condamner à mort - parce qu’ il étaient quand même des centaines - il a fallu trouver une solution pour qu’ ils ne puissent plus nuire à la société. Alors des sortes de « villages » ont été bâtis dans des lieux isolés, quasiment impossibles à atteindre et dont on ne pouvait pas s’ échapper, d‘ autant plus qu‘ ils sont surveillés par des organisations secrètes. Bref, ils ont construit une dizaine de ces villages à travers le monde pour les éparpiller, mais dans des zones qui restent aujourd’ hui encore secrètes.

- Et tu penses que Tréhignac est un de ces villages?
-Ca ne fait aucun doute. C’ est pour ça que quasiment personne n’ y vient, et qu’ ils ne repartent pas. Je n’ en reviens pas de n’ avoir pas compris avant. Bref. Depuis, ce genre de camp, c’ est le moyen qu’ ils gardent pour punir les responsables de haute trahison. Harl a probablement fait quelque chose de très grave pour se retrouver là.
-Ca a certainement un rapport avec la BGU. Et avec ce qui s‘ est passé ce soir, et donc avec nous, puisque Harl nous mentionnait dans le message. C’ est pour ça qu’ ils ont dû partir de la BGU, pas pour le «travail » de Harl…

Comment on a pu se faire avoir comme ça ? Comment on a pu encore se faire avoir?

-Maureen était peut-être sincère, tu sais? Dit Etan. Elle n’ était probablement pas au courant de ce qui se passait réellement.
-Tu crois vraiment que c’ est possible? Comment une personne innocente aurait pu être isolée aussi, et avec un enfant en plus?

Il hausse les épaules.

-J’ ai quand même du mal à imaginer qu’ elle nous ait menti, dit-il. Pourquoi est-ce qu’ elle se serait fatiguée à nous raconter tout ça, si elle avait eu de mauvaises intentions? Elle aime son mari, ça crève les yeux qu’ elle l’ aime. Je ne pense pas si ça aurait été le cas si elle avait su que c’ était un traître.

J’ en sais rien. Je ne sais plus rien. Après tout ce qu’ elle nous a raconté, est-ce qu‘ elle pourrait vraiment nous avoir trahi?

-Mais… comment tu sais tout ça, toi ? Les camps, tout ça… ? Je demande, intriguée.
-Squall me l’ a raconté.

Et voilà. Mon père. Etan vient s’ asseoir en face de moi, il joue avec un bout de bois.

-Pourquoi à toi et pas à moi?
-Mon père faisait partie de ces condamnés.

Un silence suit cette déclaration. Et moi je me sens plus stupide que jamais. Il trace toujours des lignes imaginaires sur le sol, sans me regarder.

-Il a été dans un de ces camps?
-Oui, mais il n‘ y est resté que peu de temps, en fait. Mon père avait été un des proches d’ Edea au commencement, et il avait continué avec Adel, comme si ça ne suffisait pas. Tous les autres criminels se liguaient contre lui, comme s‘ il était le seul responsable. Il était menacé.
-C’ est pour ça qu’ il s’ est échappé ?

Ca avait fait grand bruit d’ après ce que j’ ai pu lire dans les journaux de l’ époque. Le plus grand criminel de cette guerre, échappé ! Comme s’ il n’ avait pas fait assez de mal, il fallait encore que le responsable de tout ce gâchis reste impuni.

-Il ne s’ est pas échappé.
-Si, il s’ est échappé. Sauf qu’ on avait entendu dire que c’ était de sa prison.
-C’ est ce qu‘ on a fait croire à l‘ époque, mais il n‘ a pas fui.
-Quoi ??
- La vérité, c’ est qu’ il a été rapidement transféré et placé dans un lieu ultra secret, et seul.
-Ils l‘ ont relâché, en fait, si je comprends bien, c‘ est ça ? Comment il a pu avoir un traitement de faveur pareil?
-Quelqu ’ un s’ était porté garant.
- Mais quel est l’ idiot qui a autorisé ça ?
-Ton père.
- Hein ? C’ est… C’ est pas possible! C’ est lui qui a dirigé les recherches toutes ces dernières années pour retrouver Seifer!
-Pourquoi tu crois qu’ il ne l’ a jamais trouvé, avec tous les moyens dont il disposait ? Il l’ aidait à rester caché, c’ est tout.
-Mais… pourquoi il a fait une chose pareille ?
-Il estimait sans doute que mon père avait assez souffert. D’ après Squall, il était vraiment mal, même avant d’ avoir été condamné. Il était plus malade que mauvais. Et puis, malgré tout ils avaient été amis.

Mon père… Est-ce qu’ il vraiment pu faire ça ? Cacher Seifer, un homme qu’ il a combattu ? Ca n’ a aucun sens…

- Et toi alors ? Si ton père était seul, comment est-ce que tu …
- Il fallait quand même quelqu’ un pour lui apporter de quoi vivre. Plusieurs personnes se sont relayées, dont ma mère. Je ne sais que ce que Squall m’ a dit, et il ne savait pas grand chose à ce sujet. Ils sont tombés amoureux, c’ est tout. Ils ont pu se marier et elle est venue vivre avec lui. Et voilà comment on devient le fils du plus grand criminel de tous les temps.

Il tente de terminer sur une pointe d’ ironie, mais ça tombe totalement à plat.

-Alors pourquoi tu es venu à la BGU ?
-Là aussi, tout ce que j’ en sais, c’ est ton père qui me l’ a dit. Je n’ en ai que très peu de souvenirs. Un jour, des hommes ont fini par retrouver la trace de mon père. Ils s’ en sont pris à ma mère, l’ ont tuée. Mon père a seulement pu me prendre et s’ enfuir. Il m’ a amené à la BGU pour me mettre en sécurité et il est reparti. Il a été tué peu de temps après, dans les environs de Dollet. Ca, c’ est moi qui l’ ait découvert, l’ année dernière.
-C’ est pour ça que tu partais tout le temps de la BGU…

Il hoche la tête en signe d’ affirmation. Ca fait beaucoup pour une soirée, je me sens épuisée et j‘ ai une grosse boule dans la gorge.

-Etan, je … je suis vraiment désolée. Pour tes parents.
-Merci.

Lise se retourne. Elle s’ était endormie sur mes genoux, serrant ma main à la broyer, et des larmes glissant le long de ses joues. Elle a eu très peur.

-Elle est plutôt mignonne, finalement, dit Etan en observant la petite.
-Oui, elle ressemble presque à un être humain, quand elle dort.

Elle a un petit visage rond, et de longs cils bordent ses yeux. Elle a quelques taches de rousseur, je n’ avais pas fait attention jusqu‘ ici. Ses deux petites couettes qui retiennent ses cheveux châtains sont de travers.

-Comment on va faire ? Je finis par demander. On ne peut pas l’ emmener avec nous. C’ est déjà assez dangereux comme ça, on ne pourra pas la protéger. On a déjà du mal à rester nous même en vie, alors si on l’ a dans les pattes…
-Je sais. D’ un autre côté, on ne peut pas non plus la laisser seule ici. Les Esthariens vont ratisser la vallée quand ils verront qu’ on est pas dans le village, et ils ne vont pas mettre longtemps avant de nous trouver.
- Si ça se trouve ils n’ iront pas jusque là. Ils vont penser que Harl leur a menti, et ils n’ iront pas chercher plus loin…
-J’ espère, dit Etan d’ un air dubitatif. De toute façon, c ’ est certain qu’ on ne peut pas l’ amener. Il faudrait la laisser à proximité d’ un village pour qu’ elle puisse s’ y rendre sans que nous ayons besoin de l’ accompagner. Nous, il faut qu’ on sorte d ’ici aussi vite que possible, quitte à traverser les montagnes.

Sans savoir ce qu’ il y a derrière. On va s’ amuser.

-D’ un autre côté, on ignore si Trabia a réussi à nous localiser. Dans ce cas, on aurait plutôt intérêt à rester ici.
-Qu’ ils aient réussi ou non, peu importe: ils ne sont pas ici. Esthar si. C’ est tout ce qui compte, pour moi. Je préfère risquer de louper Trabia que rester là et être attrapé par Esthar à coup sûr.

Il a probablement raison.
Lise se réveille, surprise de se trouver au milieu de la forêt, et avec nous, surtout. Puis les évènements lui reviennent en tête.
Nous lui expliquons que nous avons décidé de la mener au village le plus proche pour qu’ elle soit en sécurité. Heureusement, elle connaît les lieux et est capable de nous diriger. Mais elle n’ a pas l’ habitude de faire le chemin à pied, apparemment. Dix minutes plus tard, elle commence à se plaindre des pieds.

-C’ est de ta faute, m’ accuse-t-elle, tu ne m’ a pas laissé prendre mes baskets.
-Tu aurais sans doute du demander aux soldats, je fais, agacée.
-En plus vous me faites marcher dans l’ eau, ça va bousiller mes sandales.
-Comme si une seule Eva ne suffisait pas… soupire Etan.
-Pardon ???
-Papa va pas être content. Il me les a acheté la semaine dernière, et il va me gronder, mais je vais lui dire que c’ est de ta faute. Et pour l’ assiette cassée aussi. J’ ai même pas pu ranger en plus. Et ma robe, elle est déchirée et sale parce que tu m’ a fait dormir par terre. Et je veux voir mon papa et ma maman…
-T’ es sûre qu’ ils ont pas fait exprès de te laisser derrière, tes parents ?? je finis par demander, excédée.
-Eva ! S’ insurge Etan.

Nous n’ avons pas dit à Lise ce que c’ est à cause de ses chers parents que nous sommes dans cette situation. Elle est trop petite pour être au courant de ce qu’ a pu faire son père et comprendre tout ça. Mais je la préviens que si elle continue à se plaindre, je l’ attache à un arbre et je la laisse là. Cette fois, Etan ne proteste pas.

Nous ne tardons pas à atteindre l’ orée de la forêt; le village est en face. Nous la raccompagnons quelques mètres, puis nous la laissons, soulagés, lorsque nous voyons qu‘ elle est arrivée. Nous rebroussons ensuite chemin avec hâte vers la forêt, en direction du nord. Peu importe notre route, il nous faudra traverser une montagne. Nous avions songé à emprunter une voiture, mais nous ne sommes pas très loin le montagne, ça ne nous serait évidemment d’ aucune utilité là-bas.

Sur le chemin, Etan me raconte un de ses voyages, où il s’ était perdu dans une forêt comme celle-là. Il avait tourné et tourné dedans pendant deux jours avant de croiser un gamin de sept ans qui lui a demandé ce qu’ il fabriquait sur la propriété de son papa. La sortie était vingt mètres plus loin. Je ne peux pas m’ empêcher de sourire.

-Ca alors, fait Etan en me regardant bizarrement. C’ est la première fois que je te vois sourire en ma présence. Je te jure.
- Tss… N’ importe quoi.
-Je veux dire, un vrai sourire, insiste-t-il. Qui ne soit pas moqueur ou faux. Et qui me soit adressé à moi.
-Ce que tu peux être idiot…

Nous allons bientôt atteindre le bout de la forêt quand des tirs se font entendre derrière nous. Surpris par la détonation, nous faisons rentrer notre cou entre nos épaules. Le tir d’ un pistolet laser aboutit sur l’ arbre devant moi, et quand je me tourne vers Etan, une petite fumée s’ échappe de son sac à dos. Il me suffit d’ un bref regard en arrière pour voir qu’ il s’ agit des soldats d’ Esthar. En un quart de seconde, nous roulons sur le côté pour nous protéger derrière les arbres.

Mais comment ils ont pu arriver derrière nous sans que nous les entendions ? Heureusement, Etan a été protégé par l’ épaisseur de son sac et Sheba a pu détourner le tir qui m‘ était destiné, parce qu‘ à cette distance, ils ne m‘ auraient pas loupée.

Etan est à quelques mètres de moi, à ma gauche, lui aussi caché derrière un arbre. A cette distance, il ne peut rien faire. Sa gunblade n’ est qu’ une arme de corps à corps, tout comme mon arme. Je la détache malgré tout de ma ceinture et déploie les lames que je rentre quand je ne l‘ utilise pas, parce que je sais que nous n’ allons pas tarder à nous faire encercler. Les soldats, face à nous sont eux aussi cachés derrière des arbres ou dissimulés derrières les fourrés. Je sors aussi de la pochette de mon sac la hache que j’ avais pris dans la maison de Harl. J’ attends que les tirs cessent et je me décale à côté du tronc. Je la lance alors de toutes mes forces vers un des buissons. Elle tourne dans les airs à toute vitesse et pénètre dans les buissons en faisant voler des branches. Un cri se fait entendre, puis un bruit sourd de corps qui s’ effondre, et de nouveaux tirs fusent.

-Eva, derrière toi ! Me crie Etan.

J’ ai le temps de me baisser et une épée s’ abat sur l’ arbre devant moi. Je serre fermement mon arme et j’ abas le premier soldat. Le second tente de me frapper, mais je profite de son élan pour l’ attraper par le bras et l’ envoyer contre l’ arbre.

De l’ autre côté, Etan se bat lui aussi contre des dizaines de soldats. Il faut que je me rapproche de lui. Je m’ éloigne de l’ arbre derrière lequel je m’ étais réfugiée puisque de toute façon, les tireurs ne sont plus en place et ont troqué leurs pistolets contre des épées. Les armures des soldats, si elles sont toujours aussi ridicules, sont pourtant drôlement efficaces. C’ est Laguna qui avait revu le modèle il y a quelques années, ce n’ est vraiment pas de chance. Il faut souvent frapper à plusieurs reprises pour les éliminer. Ce n’ est pas si difficile, mais vu le nombre des soldats, on ne va pas tenir longtemps à ce rythme. J’ aperçois à quelques mètres des hommes ne se mêlant pas au combat. Ils portent les couleurs d’ Esthar, mais ne font que regarder leurs hommes tomber les uns après les autres. Qui est-ce que ça peut être ? Cette seconde d’ inattention me vaut de prendre un coup de la garde de l’ épée de l’ adversaire dans l’ épaule. Je me relève en lui envoyant la lame sur le bras et je le repousse. C’ est le moment d’ en finir, il faut que Sheba vienne. Mais au moment où je l’ invoque je reçois comme une grande décharge d’ électricité qui me paralyse et je me sens m‘ effondrer.

- EVAAaa…


***

… Les deux enfants se mirent à courir en direction du dortoir des enfants.

-On ne court pas dans les couloirs ! Leur cria un surveillant en les voyant passer devant lui à toute allure. Hé ! Vous m’ avez entendu ? Hé !!

Mais ils ne prêtaient pas attention à lui, comme d‘ habitude. Ils continuaient à courir en riant. Ils aimaient bien embêter le vieux surveillant acariâtre.


Ils tournèrent dans le couloir nord pour se diriger vers le dortoir. Le leur se trouvait à la première porte. La petite fille ne dormait là que depuis quelques semaines, depuis que le petit garçon blond triste était arrivé. Il faisait souvent des cauchemars dans la nuit, lui avait raconté son ami Zack, qui partageait la chambre du nouveau. La petite fille, devant le refus de ses parents de la laisser s’ installer dans le dortoir, avait commencé à s’ échapper en pleine nuit de sa chambre située à l’ étage. On la retrouvait le lendemain, assise sur le lit du petit garçon blond, tenant sa main pour qu’ il ne fasse plus de cauchemars. Ses parents finirent par accepter de la laisser là.

Un brouhaha inhabituel régnait devant le dortoir des enfants. Plusieurs élèves plus âgés s’ étaient regroupés là alors qu’ ils n’ en avaient pas le droit, discutaient avec animation et ricanaient.

-Qu’ est-ce qui se passe ? Demanda Zack dans l‘ indifférence générale.

Il se dirigea vers le groupe d’ enfants et se glissa entre deux d’ entre eux, tenant toujours la main de la petite fille pour l‘ aider à passer. Ils arrivèrent au centre de l’ attroupement, où ils virent le petit garçon blond. Il se tenait droit face aux « grands ». Il tentait d’ être fort et fier, il ne disait rien, mais des larmes perlaient dans ses yeux verts.

-Qu’ est-ce que…
-Laissez-nous, vous deux, ordonna un grand en se tournant vers le petit garçon brun. C’ est pas vos affaires!

La petite fille s’ avança vers le petit garçon blond et lui tendit la main.

-Viens, appela-t-elle doucement.
-Laisse-le, dit le grand en la repoussant.

Elle tomba en arrière, au milieu des rires. Furieuse, elle se releva, des larmes et de la colère plein les yeux. Elle se dressa face au méchant grand et aux autres qui se tenaient autour de lui et semblaient face à elle former une véritable montagne... Ces idiots étaient peut-être plus grands et plus âgés qu’ elle, mais elle ferait son possible pour les empêcher de faire du mal au petit garçon blond.

-Dire que toi, tu es amie lui, s’ exclama « le grand » avec un ton méprisant. Tu devrais avoir honte.

-Quoi ?

-Tu ne sais pas ce que son père a fait, hein ?

-Si je le sais, et alors ?

-Et alors, son père était un fou. Lui aussi l’ est. Il a rien à faire ici.

-N’ importe quoi !

Plus petite de plusieurs têtes qu‘ eux, ses yeux devenus couleur acier lançant des éclairs, elle se tenait face à eux pour protéger le petit garçon blond. Zack lui aussi s‘ était précipité aux côtés de la petite fille.

Mais ils n’ avaient pas eu à aller jusque là. Zell, qui passait par là avait entendu la dispute et s’ était interposé. En apprenant ce qui s’ était passé, il avait renvoyé les « grands » dans leur dortoir après les avoir sermonné. Lui, le gentil Zell, qui ne se fâchait jamais et était un des rares adultes à toujours prendre les enfants au sérieux.

Ce soir là, une fois de plus, le petit Etan s’ était endormi en serrant la main d’ Eva. Oui, elle savait ce que son père avait fait. Mais elle savait surtout qu’ il était seul au monde.


***

Une douleur fulgurante me traverse et je me réveille en sursaut. J’ ouvre les yeux. Il fait complètement noir et je n‘ arrive pas à bouger.

Une forte lumière s’ allume soudain devant moi, m’ éblouissant. Je cligne des yeux et tourne la tête pour tenter d’ y échapper.

- Ne vous fatiguez pas, vous êtes attachée, fait une voix plutôt jeune, masculine. Vous vous blesseriez, ce serait dommage.

Une fois habituée à la lumière, je m’ aperçois que je suis maintenue debout contre une table de métal par des attaches aux poignets, aux chevilles et à la taille. J’ ai beau donner des secousses, elles ne se détachent pas. Je ne vois pas bien qui est en face de moi, mais je n’ en ai pas besoin pour comprendre qu’ il s’ agit d’ un ennemi. Je peux uniquement distinguer sa silhouette. Il est debout devant moi, les mains dans les poches. Je ne supporte pas son ton condescendant, il va avoir de mes nouvelles , si j’ arrive à ma libérer de ce truc.

La lumière braquée dans mes yeux m’ empêche de distinguer quoi que ce soit, impossible de savoir où je me trouve. Une chose est sûre, je ne suis plus dans la forêt. Il ne reste pas trente-six solutions pour sortir de là.

-Oh, fait-il en levant l’ index, comme si une chose lui revenait soudainement à l’ esprit. Et avant que vous n’ ayez l’ idée d’ invoquer votre G-Force, je tiens à vous signaler que ceci ( il désigne un boîtier sur lequel il s’ appuie nonchalamment et donne une petite tape) est ce qui vous a valu votre perte de conscience lorsque vous avez voulu l’ appeler dans la forêt. De même, tout ce bâtiment est équipé de boucliers qui rendent les invocations en son enceinte impossibles.

Impossible de savoir s’ il bluffe, sur le moment. Est-ce qu’ une arme empêchant l’ invocation des G-Forces pourrait vraiment exister ? Mais autrement, comment saurait-il que j’ ai effectivement cherché à appeler Sheba quand je me suis évanouie?

- Je vous souhaite la bienvenue sur le Commandor, mademoiselle Leonheart. Vous vous trouvez actuellement sur l’ un des plus grands bâtiments de la flotte d’ Esthar.
-Très honorée.

Esthar. Et il connaît mon nom. Là je suis mal.

Il est hors de question de lui laisser penser qu’ il arrive à me déstabiliser. L’ entraînement que nous avons reçu nous permet de nous contrôler en toute situation afin de garder l’ avantage sur l’ ennemi. Ca, et ce que Casey appelle mon « esprit de contradiction ».

Il s’ approche de moi de quelques pas, les mains de nouveau dans les poches.

-Vous vous demandez certainement comment cette machine procède pour empêcher la venue des G-Forces. Il s’ agit là d’ une technologie réellement impressionnante, je comprends votre curiosité.

Je reste muette, sidérée. Impressionnante, ce n’ est pas le mot que j‘ aurais choisi. Si ce truc est vraiment capable de ça, alors ça signifie l’ impossibilité pour les Seed de maintenir la paix dans le monde et d’ intervenir avec leur arme la plus puissante, les G-Forces.

- A vrai dire, il s’ agit d’ un prototype qui a été achevé il y a quelques jours seulement. Ce petit bijou a demandé pas moins de neuf ans de recherches et de mises au point, vous n‘ avez pas idée. Vous avez en quelque sorte participé à son test final - il y en a eu bien d‘ autres auparavant, bien sûr - et il a parfaitement fonctionné.

Il se délecte visiblement de sa position et parle de sa machine comme d’ une œuvre d’ art.

- Son fonctionnement est un peu complexe, mais pour aller à l’ essentiel, je dirai qu’ il est capable de repérer les ondes spéciales qu’ émettent les invoqueurs lorsqu’ ils vont appeler les G-forces. Et lorsqu’ ils le font, ils reçoivent une sorte de grande décharge d’ énergie qui met les G-Forces hors d’ état et affaiblit l’ invoqueur. Mais vous avez du vous en rendre compte par vous même, Eva - je peux vous appeler Eva, n’ est-ce pas ?
-Non.
-Ainsi, Eva, vous êtes certainement mieux à même que moi de comprendre les capacités extraordinaires de cette machine.
-J’ exige de voir mon grand père.
-Ah, fait-il l’air faussement embêté. J’ ai bien peur que cela ne soit pas possible. Il est appelé ailleurs pour le moment.
-Où est la BGU ? Qu’ est-ce que vous leur avez fait? Où est Etan ? Et qu’ est-ce que vous cherchez au juste?
- Je crains que vous ne vous trouviez à la mauvaise place pour poser des questions. C’ est vous qui êtes sur la table de torture, au cas où cela vous aurait échappé.

Torture ? Je me sens blêmir. Je ne crois pas que nous ayons déjà été préparés à cette éventualité pendant nos cours. L’ homme se retourne et va s’ asseoir près de la machine.

-Puis-je poursuivre ? Je disais donc que cette extraordinaire machine permet de mettre hors-service les meilleurs G-Forces. Mais figurez vous que ce n’ est pas tout. Cette commande-ci permet d’ élever à un autre niveau la décharge d’ énergie délivrée. Et à ce stade, le G-Force n’ est plus seulement KO: il est carrément modifié à sa source, de sorte qu’ il subit des transformations irrémédiables, que l’ on pourrait assimiler à une maladie incurable, si vous voulez. Une malformation est créée qui le détruit peu à peu, mais aussi - et c’ est ici le plus intéressant - l’ invoqueur, au fur et à mesure, et un peu plus à chaque invocation. De plus, avec ces transformations, il devient absolument impossible de se débarrasser du G-Force, sinon, tout le côté amusant de l‘ affaire disparaîtrait.

Il termine son petit discours avec une petite tape affectueuse sur l’ appareil. Ce type est un malade.

- Cet aspect-ci n’ a été testé qu’ une seule fois à ma connaissance, mais le sujet a réussi à nous échapper grâce à la notable incompétence de mes prédécesseurs. Nous ne savons donc pas quelle est la réelle portée de ces modifications.
-Et c’ est là que j’ interviens, je suppose.

J’ ai essayer de parler d’ un ton égal, mais j’ ai la gorge sèche.

- Comme elle est intelligente! Voilà, vous avez deviné. Vous et votre ami aussi, d’ ailleurs. Mais nous ne nous y mettrons pas tout de suite. Vous avez besoin de repos, pour l’ instant. Le premier test a dû vous épuiser et si nous voulons avoir les résultats les plus exacts possibles, il faut que vous soyez en forme.
- Alors pourquoi est-ce que je suis attachée ici?

Je ne pense pas qu’ il puisse croire pouvoir tirer la moindre information de moi - ce serait stupide puisqu’ à tout moment mon ignorance m’ est balancée à la figure comme une paire de claque.

L’ homme se reproche jusqu’ à ne se trouver plus qu’ à un mètre de moi. Il doit lever légèrement la tête pour me regarder dans les yeux car la table est surélevée. Je peux distinguer son sourire.

-Je tenais à vous souhaiter personnellement la bienvenue. Vous ne pensiez tout de même pas que nous allions vous torturer barbarement à peine arrivée, j’ espère ? Non, vous avez plus de valeur que ça à nos yeux. Ce n’ est qu’ accessoirement que vous nous servirez de cobaye.
-Qu’ on me détache seulement une main et je vous arrache moi-même les yeux, machine anti-G-Force ou pas, ça je peux vous en faire la promesse, lui dis-je en détachant chaque mot.
-Encore plus charmante que je me l’ étais imaginée, fait-il d‘ un ton léger.

Il fait demi tour et disparaît dans le noir.

-Menez-la à sa cellule, dit-il sèchement.

Deux hommes, probablement des gardes, apparaissent devant moi. Je ne crois pas qu’ il y ait qui que soit d’ autre dans la salle, il faut que j’ en profite. J’ attends qu’ ils me détachent et je frappe du coude le premier garde à la tête et il tombe en arrière. J’ attrape le second par le bras, je l’ envoie contre la table de métal et je le cloue au sol d‘ un coup de pied dans l‘ estomac. Avant que je n’ aie le temps de me retourner une douleur dans la jambe me fait tomber. C’ est le premier garde qui m’ a eu avec sa matraque électrisante. Le deuxième se lève en jurant et me frappe à son tour. Comme j’ ai trop mal pour me lever, ils m’ attrapent par les bras et me traînent dans les couloirs, jusqu’ à une cellule dans laquelle ils me jettent. Je retombe deux mètres plus loin et la porte se referme violemment.

-Est-ce que ça va ? Demande Etan en se précipitant vers moi.

Je suis toujours à terre, j’ essaie de me lever mais ma jambe me fait trop souffrir. Etan me prend doucement par le bras pour m’ aider à m’ asseoir sur une des couchettes. Des larmes de rages me viennent aux yeux.

-Ils t’ ont fait quelque chose ? Demande Etan en voyant mon état pitoyable.
-J’ ai juste essayé de m’ échapper, je réponds en reniflant. Ils avaient l’ air moins grands quand j’ étais attachée… Et toi ?
-Ca va. J’ étais en train d’ attendre qu’ ils ouvrent la porte pour attaquer, mais ça a été trop rapide, et puis j’ ai vu que c’ était toi…
-Bon dieu, mais qu’ est-ce qui s’ est passé, dans la forêt ?
- Quand tu es tombée, les soldats t’ ont encerclée. Ils te tenaient en joue… J’ ignorais s’ ils auraient vraiment tiré, j’ ai préféré rendre les armes. Je suis désolé.
-C’ est rien, tu ne pouvais rien faire d’ autre. Ils étaient trop nombreux pour pouvoir continuer seul, ils t‘ auraient eu aussi. Mais toi tu aurais du t’ échapper.
-Du coup, poursuit-il, ils ont confisqué les armes et les sacs. Ils m’ ont jeté ici sans rien me dire. Toi, tu étais toujours inconsciente. Je n’ ai pas vu où ils t’ emmenaient. Tu es sûre que ça va ?
-Je vais très bien, en essayant de me ressaisir et d‘ essuyer mon visage. Il faut trouver un moyen pour sortir d’ ici et vite.

Je lui répète ce que j’ ai appris dans la salle de torture.

-C’ est pas vrai… murmure-t-il.
-Je ne sais pas si c’ est vrai ou non que cette machine existe, mais je ne tiens pas à vérifier plus que ça.

Ma jambe me fait encore mal quand je me lève mais je tiens debout. Je la plie plusieurs fois et je ne peux pas m’ empêcher de grimacer de douleur. Tant pis. Il faudra bien que ça aille. Je vais inspecter la porte. Etan a déjà du le faire, mais tant pis.

-Si, elle existe vraiment, fait Etan d‘ un air décomposé, la tête appuyée contre le mur derrière lui.
-Mon père était au courant que ce genre de machine existait ?
-Oui. Parce que le premier sujet sur lequel ils ont testé l‘ appareil, c’ était moi.

Je me fige. C’ est pas possible, j’ ai mal compris…

-Qu’ est-ce que tu racontes ??
- Il y a un an et demi environ, j’ étais encore à la recherche de mon père. J’ ai été capturé, mais je n’ ai jamais su par qui. Ils ignoraient également qui j’ étais. Mais ils savaient que je venais de la BGU et que j’ avais un G-Force. Ils ont fait des sortes d’ expériences sur moi; je ne sais pas exactement quoi, parce qu’ ils m’ endormaient quasiment à chaque fois. J’ ai réussi à m’ échapper de leur laboratoire au bout de quelque temps et je suis retourné tant bien que mal à la BGU. Pendant les jours qui ont suivi, j’ ai été envoyé en observation au labo de Geyser par ton père pour essayer de comprendre ce qui m’ était arrivé. Ils n’ ont pas trouvé exactement, mais j’ ai fini par comprendre plus tard, au fur et à mesure des entraînements et de mes missions. Je voyais que mon G-Force changeait. Et j’ étais malade à chaque fois après l’ avoir invoqué. Avec ce que tu viens de me dire, je comprends mieux.

J’ ai encore l’ impression de m’ être pris une baffe monumentale.

- Mais pourquoi tu ne m’ as jamais raconté ça avant ??
- Ton père a mené des recherches avec d’ autres Seed mais ils n’ ont rien découvert. On n’ a jamais entendu d’ affaires semblables à la mienne. Ils ont donc supposé que le projet avait été abandonné.

Ils ont bien dû trouver avoir moyen de se débarrasser de ça…

Il hoche la tête, le regard toujours dans le vide.

- On a fait des recherches; le professeur Geyser a essayé des tas de trucs, mais ça n’ a jamais marché. Au bout d’ un moment, on a fini par entendre parler d’ une sorcière capable de faire une potion qui amoindrirait les effets.
- Kassandra…
- Mais ça fait juste disparaître les effets sur l’ invoqueur, ça ne le guérit pas.

C’ est pour ça qu’ il hésitait tellement à invoquer son G-Force. Je repense à ce que l’ homme m’ a dit de ce que la machine faisait. Une maladie incurable. Qui détruit l’ invoqueur au fur et à mesure de ses invocations. Etan aussi vient de comprendre. Il est condamné.


***

Ca alors, et j’ ai même pas mis 6 mois pour le finir, ce chapitre ! Waaa, je suis fière de moi! lol

Je ne sais pas si beaucoup se posaient ces questions : savoir ce qui était arrivé à Seifer après la guerre contre Ultimécia, et comment il avait pu se trouver qu’ Etan avait grandi à la BGU; mais en tout cas, maintenant, vous avez les réponses. Pas tout à fait complètes, mais ça viendra. ^^

On va me dire que ça fait mélodrame, ce « rêve-souvenir ». C’ est en quelque sorte la version complète du 1er qu’ Eva avait fait. Maintenant qu’ elle a plus d’ éléments, ça lui permet de refaire fonctionner sa mémoire. Je ne sais pas comment vous aviez interprété le rêve, la 1ere fois que j’ en ai parlé, mais je vous préviens que je ne dirai pas clairement dans la suite du fic ce qu’ il en est réellement. Ce que j’ espère, c’ est que vous serez capables de faire le lien quand j’ apporterai les réponses. Je disperse les éléments de réponse à travers le fic, des indices qui mènent à l‘ explication que je donne ici. Parce que je ne peux pas m’ amuser à chaque fois à faire revenir le personnage sur les choses comme je l’ ai fait à la fin dans ce chapitre.

Pour décrire les scènes d’ action, je ne suis pas très douée, j’ avoue. Je sais que quand je les imagine, moi, ça me fait vraiment quelque chose. J‘ ai le cœur qui bat parce que moi, dans ma tête, je vois les lieux, j’ entends les tirs, les cris… Mais je ne sais pas vraiment ce que j’ arrive à faire passer quand je l’ écris… Ce qui est sûr c’ est que ça n’ a plus grand chose à voir. C’ est dans ces moments que je me dis que ça passerait mieux en film, tout comme pour la scène dans la salle de dorure. Mais on fait avec les moyens qu’ on a… ^^

Concernant le fameux personnage dans la salle de torture, je l‘ imaginais du genre de Sark, si vous connaissez la série Alias, pour sa voix, son ton, sa façon de se comporter - pas forcément le physique, par contre. Quoique. Je ne peux rien dire qui vous montrerait davantage comment est ce personnage. Et puis, je réfléchirai à un nom plus tard.

Sinon, j’ avais d’ abord pensé finir le chapitre sur le « parce que le 1er sujet sur lequel ils ont testé l’ appareil, c’ était moi » de Etan et mettre la suite au début du chapitre 11, puis je me suis dit, bah, on va aussi mettre une petite gifle au lecteur et terminer carrément sur le « il est condamné », tant qu’ à faire. Ca donnera un plus grand impact en terminant comme ça, je pense. ^^

Malgré tout ce chapitre m’ est venu beaucoup plus facilement que les précédents. Disons qu’ avant je devais apporter tous les petits détails qui mèneraient aux explications de ce chapitre.
Bon, mon commentaire est peut-être un peu long, mais comme il y avait plein de choses dont je devais parler… ^^
Merci et à plus tous! Biz biz
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Messagepar Swanny » 02 août 2005 3:58

Han mes comment j'adore sérieux xD les scènes d'actions sont super réalistes et je trouve que tu te débrouilles très bien pour les scènes de combats et c'est vrai que je me l'imagine mieux que certaines autres fics précédement lu.

Pour le rêve que tu avais mis dans un des chapitres précédents, j'avais pensé justement que c'était Etan. J'avais raison !! :p

Enfin là le "Il est condamné." me laisse vraiment sur ma fin (faim ?) xD j'espère que la suite arrivera vite vite : )

Bonne continuation =)


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