PARTIE 4 / Chapitre IV
Publié : 04 avr. 2012 23:37
« - Tu crois que Seifer est content de retrouver son ami de toujours ? », demanda Hermès à sa sœur.
« - Je ne sais pas… Ils étaient jeunes. Comparé à la mort de Linoa, ces querelles d’adolescents doivent leur paraître bien futiles.
- Tu es au courant de tout ce qu’a fait Seifer dans sa jeunesse ?
- Pas en détails non. Pourquoi cette question ? Tu sais des choses que j’ignore ?
- Et bien… Avant d’être le pirate que l’on connaît, Seifer aurait eu des fréquentations douteuses. Il m’a dit qu’il y a vingt ans de cela, il n’aurait pas été à nos cotés, mais face à nous.
- Et aurait-il eu face à nous il y a vingt ans… ?
- Ultimècia. », s’exclama Marsh en les doublant. « Vous feriez mieux d’avancer. Ca risque de chauffer là derrière. »
En se retournant, le peintre et les jumeaux Venturi aperçurent les deux anciens rivaux se regarder dans le blanc des yeux, muets et immobiles.
« - Ils vont se sauter à la gorge. », chuchota Léo, qui rejoint le reste du groupe, suivi de peu par Leeve et Sydélia. Soudain, les deux vétérans se retournèrent brusquement vers eux.
« - Bon… avançons. Je ne veux pas être témoin de ce massacre », plaisanta Hermès en incitant ses acolytes et continuer leur route vers le petit village de Winhill.
Alors que les jeunes recrues arpentaient le petit chemin de terre perdu au milieu des champs de fleurs, les deux vétérans cessèrent leur combat silencieux, et se jetèrent dans les bras l’un de l’autre.
« - Content que tu soies en vie, Leonheart.
- Les choses ont bien changé, n’est-ce pas ? Je ne sais même plus combien d’années se sont écoulés… Est-il encore possible pour moi de rattraper le train ?
- Tu n’as as le choix. Pour ta fille. Pour Linoa. On doit connaître la vérité.
- J’espère qu’on trouvera ici quelqu’un pour nous aider à avancer.
- Le comté de Winhill est sûrement aussi coupé du monde que tu ne l’as été pendant toutes ces années… Peut-être même plus.
- Il y a encore certains détails qui sont restés les mêmes… C’est bon à savoir.
- Les montagnes qui entourent Winhill le rendent difficile d’accès. C’est l’endroit rêvé pour se mettre au vert quelques temps. »
On distinguait le clocher de l’église. Et quelques minutes plus tard, l’équipe au grand complet se tenait à l’entrée du village, face au petit magasin de souvenirs.
« - C’est dingue ! », s’enthousiasma Leeve « Je n’ai jamais vu un endroit aussi pittoresque !
- Parle doucement ! », la calma un peu Stella. « les gens d’ici sont des pécores ! Il ne faut pas trop les mettre face à leur condition. », ajouta t’elle en chuchotant.
« - Dites-moi que je rêve ! Elle n’a pas utilisé le mot ‘pécore’ ? » demanda Syd.
« - J’en ai bien peur… Ces Galbadiens alors ! Aucun savoir-vivre ! », plaisanta le peintre.
« - Il est temps de faire le point des amis », s’exclama Hermès en s’improvisant directeur des opérations. « Winhill est probablement le village le plus pacifiste du monde. Alors je vous recommande vivement de ranger vos armes. Et surtout : interdiction totale d’utiliser la magie ! Si nous demandons l’aide des villageois, nous devons avant tout respecter leurs coutumes.
- Et c’est lui qui dit ça ! », glissa Léo à l’oreille de Syd.
« - Question.
- Stella, nous t’écoutons.
- Pourquoi vient-on se perdre ici au juste ? Je n’y comprends plus rien ! A quoi rime cette mascarade.
- C’est vrai qu’il devient difficile de faire une liste exhaustive de nos ennemis tellement ils sont nombreux », ajouta la petite invokeur.
Marsh reprit alors le flambeau de chef d’équipe.
« - D’abord, l’armée galbadienne à nos trousses, puis la TGU, la BGU. Les dossiers secrets retrouvés à Deep Sea, Squall qu’on a fait passé pour mort… Absolument tout le monde sur cette planète cherche à nous cacher la vérité.
- Mais la vérité à propos de quoi !
- De Linoa, de la prohibition de la magie, des intentions de l’armée Galbadienne ! Il a quelque chose d’étrange dans cette affaire. Et nous devons le découvrir.
- Reculer maintenant serait idiot de toute façon. Allez, en avant. Il y a sûrement un hôtel ici. », conclut Marsh, en faisant signe à ses acolytes de le suivre au cœur du village. Tous s’exécutèrent. Sydélia et son père fermaient la marche.
« - Ca doit te faire bizarre, non ? », demanda la jeune fille.
« - Quoi donc ?
- Voir la lumière du jour.
- C’est de te retrouver qui me semble le plus bizarre, tu sais. Je ne pensais pas te revoir un jour. Tu as tellement grandi…
- Cela fait dix ans déjà…
- Oui… Dix ans… », dit l’ancien mercenaire dans un soupir, en regardant tout autour de lui avec un air nostalgique.
« - Tu es déjà venu ici, pas vrai ?
- C’est ici que vivait mon père… Et Ellone.
- Ellone ?
- Elle était comme ma sœur… Je n’a aucune idée d’où elle peut être aujourd’hui.
- Pourquoi ne l’ai-je jamais rencontré, même avant la mort de maman ?
- Leurs relations étaient conflictuelles. Et Ellone est quelqu’un de spécial…
- Spécial… comme moi ?
- Elle contrôle l’espace-temps. Ta mère voulait te préserver de la magie et ses dangers. Ellone voulait faire de toi le prophète qui lutterait pour sa réhabilitation.
- Je sais que maman ne voulait pas que je me serve de mes pouvoirs. Alors j’évite.
- C’est probablement à cause de cela qu’elle a été tuée. Tu fais bien de rester discrète. S’il t’arrivait quelque chose, ma vie n’aurait absolument plus aucun sens.
- Papa… Tu penses que maman est toujours…
- Je ne penses pas non.
- Mais, toi, pourtant, tu étais bien censé être…
- Syd, ne te mets pas cette idée dans la tête. En dix ans, j’ai eu le temps d’apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur le mausolée d’Esthar. Je connaissais la liste de tous les détenus. Il y en avait peu. Ma cellule se trouvait dans le quartier haute sécurité. Si ta mère avait été au mausolée, je l’aurais su. Et je peux t’affirmer, sans le moindre doute, qu’elle ne s’y trouve pas.
- Peut-être ont-ils simulé son exécution. Peut être est-elle ailleurs, je ne sais pas…
- Cite moi un seul endroit que tu n’aies pas encore visité sur cette planète.
- …
- Je ne veux pas briser tes espoirs. Mais… Elle est morte ma puce. Et je savais que cela arriverait depuis le jour ou j’ai été fait prisonnier. Je savais qu’ils ne vous laisseraient pas en paix.
- Qui ‘ils’ ?
- L’armée. Qu’elle soit de Galbadia, Dollet, Esthar. Ce qui leur fait peur, c’est la magie. Les hommes qui dirigent cette armée mondiale, ce sont eux les coupables.
- Le maréchal Venturi ?
- Il n’est qu’un pion. Lors de mon enlèvement, je l’ai entendu parler à ses soldats, qui refusaient d’obéir, s’offusquant de devoir s’en prendre à ‘celui qui avait sauvé le monde’. Le maréchal a rétorqué que ‘tels étaient les ordres, que ça n’était pas sa décision’.
- Mais alors, qui pourrait avoir une telle influence sur des hauts gradés de l’armée et en vouloir à notre famille ?
- C’est ce que nous devons découvrir. Mais les fugitifs que nous sommes se doivent de rester tranquilles quelques temps. Nous ne craignons rien ici, du moins pendant quelques jours.
- Et ensuite ?
- Ensuite nous aviserons. »
Les quelques sentiers qui parsemaient Winhill menaient tous à la place centrale du village.
« - C’est si calme ici… », chuchota Syd, par peur de briser le silence. « Et regardez-moi toutes ces fleurs ! Elles sont magnifiques ! », ajouta t’elle en s’approchant de la boutique de fleuriste qui se trouvait tout prés.
Soudain, une femme à la longue chevelure blonde et lisse, portant de petites lunettes rondes, surgit de l’intérieur du magasin.
« - Je peux vous aider ? », demanda t’elle d’un ton sec. Squall s’avanca et prit la parole.
« - Quistis ?
- Squall ?! », s’exclama t’elle après un temps de réflexion. En regardant de plus prés, elle reconnu également Seifer. Pourtant, se retrouver face à ses amis d’enfance ne semblait pas provoquer en elle un quelconque élan de nostalgie.
« - Ca fait longtemps Quistis… »
Elle ne répliqua pas.
« - C’est ma fille », ajouta t’il en pointant Sydélia d’un hochement de tête. « Elle a grandit, hein.
- Je suis prête à parier que tu n’es pas ici pour me pour rattraper le temps perdu. Alors qu’est-ce que tu veux Squall ?
- A dire vrai, je ne pensais même pas te trouver en venant ici. C’est un pur hasard.
- J’ai une dent contre le hasard depuis quelques années maintenant. Il semblerait qu’il continue à s’acharner sur moi… »
Ces retrouvailles tendues mirent mal à l’aise l’ensemble des spectateurs qui assistaient à la scène.
« - Nous cherchons juste un hôtel où passer la nuit. Nous nous sommes dit qu’aucune destination ne serait meilleure que ce charmant village, à la population connue pour être si accueillante ! », enchérit Léo, sur un ton ironique, pour voler au secours de son idole.
« - Suivez-moi. », déclara l’hôtesse en invitant ses convives inattendus à la suivre vers l’hôtel se trouvant juste en face.
La petite chambre était sobre mais coquette. La grande fenêtre en bois, entrouverte, laissait entrer une brise légère, aux arômes fleuris, qui faisait danser les rideaux blancs. Les rayons de soleil printanier éclairaient la pièce d’une lumière douce et rassurante.
« - Les deux autres chambres de l’étage, ainsi que celle-ci sont à votre disposition. », déclara Quistis, avec toujours peu d’enthousiasme. Elle s’apprêtait à quitter la pièce.
« - Ils faut que nous discutions. », ajouta Squall en la rattrapant par le bras.
« - J’ai bien peur que nous n’ayons rien à nous dire. On ne va pas mettre seize ans sur table.
- Il n’est pas question de ressasser les discordes du passé. J’ai besoin de ton aide.
- Mon aide ? Tu t’en es bien passé pendant toutes ces années il me semble.
- Je te dois des explications, c’est certain. Laisse-moi une chance de m’expliquer. »
Elle réfléchit quelques instants et soupira.
« - Rejoins-moi dans deux heures dans l’entrée principale du manoir. »
Et elle partit. Le silence qui vint alors n’avait plus rien de paisible.
« - Je garde cette chambre ! », s’écria Leeve en levant la main, tout en offrant son plus beau sourire. Sa fraîcheur et sa joie de vivre parvenaient toujours à adoucir les situations les plus pesantes.
La repartion des chambres se fit naturellement. Les filles établirent leurs quartiers dans la première chambre. Léo, Hermès et Marshall occuperaient la seconde, Squall et Seifer, la chambre restante.
***
« - Je vous propose une petite séance de manucure ! », déclara Stella, enchantée par cette halte.
« - Je ne pense pas que l’auberge de Winhill ait pensé à mettre ce genre de service à disposition de ses clients. », railla Sydélia sans même lever les yeux.
« - L’auberge peut être pas. Mais le SPA Venturi, lui, est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jour sur sept ! », ajouta la jolie blonde en sortant de sa petite besace une lime à ongles et un flacon de vernis.
« - Stella… Tu me fascines et m’inquiètes chaque jour un peu plus. », dit Syd médusée.
« - Ne soies pas rabat-joie pour une fois dans ta vie ! Allez, Leonheart ! Confie-moi tes petites menottes ! »
Dans un soupir déconcertée, elle fini par tendre les mains vers son acolyte.
« - Yeah ! Ca c’est une vraie soirée de filles ! », s’exclama Leeve, avant de pouffer de rire.
***
« - Elle est un peu spéciale cette Quistis, non ? », demanda Hermès.
« - Les vieilles rancœurs persistent toujours…
- Tu as déjà entendu parler d’elle Zalmander ? », questionna à son tour Marsh.
« - Non. J’ai lu de nombreuses biographies au sujet de Squall, et son nom n’est jamais mentionné. Je ne pense pas que Sydélia en sache plus que nous non plus.
- On dirait bien qu’elle le hait. Elle a peut-être simplement prit l’absence de Squall pour un abandon.
- Sa mort a fait la une des journaux. Elle n’a pas pu échapper à la nouvelle.
- Un ancien amour, peut-être ?
- Je parierais plutôt sur un amour non partagé. Squall n’était pas du genre à collectionner les conquêtes.
- Si c’est de cela dont il s’agit, elle a probablement mal digéré son mariage avec Linoa. Et je ne parle même pas de la naissance de Syd.
- En tout cas, je doute qu’elle nous soit d’une quelconque utilité dans notre quête. », décréta Hermès en se jetant sur l’un des lit.
***
Pendant ce temps, Squall et Seifer rattrapaient le temps perdu.
« - Tu vas aller au rendez-vous ?
- Evidemment. J’ai des comptes à régler avec Quistis depuis trop longtemps. Je crois que le moment est venu.
- Je ne savais pas que vos relations étaient si tendues. », ajouta Siefer. « Mais au fond, cela n’a rien d’étonnant. Déjà, lorsque nous étions petits, elle était folle de toi.
- Je n’ai jamais vu les signaux qu’elle m’envoyait. Je l’ai toujours considéré comme une grande sœur. Et puis, il y avait Linoa…
- Linoa… », déclara Seifer, mélancolique.
« - Tu ne l’as jamais oublié, pas vrai ?
- Jusqu’à ce jour, non. Mais Leeve m’a redonné goût à la vie. Il est hors de question que je laisse passer ma chance cette fois. »
Il sortit alors de sa poche un petit écrin qu’il ouvrit aussitôt. A l’intérieur reposait un anneau en or blanc, orné d’un diamant taillé en forme d’orchidée.
« - Je l’ai trouvé à la boutique à l’entrée du village. Je compte la demander en mariage.
- Je suis heureux pour toi, sincèrement Seifer. La vie est courte, on se doit de vivre pleinement chaque moment qui nous est offert.
- La mort de Linoa a bouleversé notre équilibre et nos rêves. Je crois qu’il est temps pour moi de recoller les morceaux brisés de ma vie d’avant, et de continuer d'avancer. Tu devrais en faire autant. Ne t’enferme pas dans tes souvenirs Squall.
- J’essaie… Mais il est peut-être trop tard pour moi, malheureusement.
- Ta fille est une personne admirable tu sais. Elle te ressemble.
- Elle ressemble à sa mère.
- Pour l’avoir côtoyé depuis un bon bout de temps maintenant, je peux t’assurer que son sale caractère fait bel et bien parti de ton héritage génétique Leonheart. », ajouta l’ancien mercenaire balafré.
« - Alors, la guerre est définitivement finie entre nous ?
- C’est dommage. Je dois avouer que cela m’amusait bien mais… on a tout les deux gardé une marque impérissable de ces querelles d’adolescents. », plaisanta t’il en faisant allusion à la cicatrice que chacun arborait sur le front. « Il est temps pour nous de mûrir et de les laisser de côté. »
Ils se serrèrent alors la main avec pudeur et respect.
« - Je dois y aller. Quisitis m’attend.
- Bon courage Leonheart ! Je suis sure que votre petite entrevue va réveiller l’institutrice militaire qui sommeille au fond d’elle.
- Et c’est vraiment sensé me donner du courage, ce que tu me dis là ? »
« - Je ne sais pas… Ils étaient jeunes. Comparé à la mort de Linoa, ces querelles d’adolescents doivent leur paraître bien futiles.
- Tu es au courant de tout ce qu’a fait Seifer dans sa jeunesse ?
- Pas en détails non. Pourquoi cette question ? Tu sais des choses que j’ignore ?
- Et bien… Avant d’être le pirate que l’on connaît, Seifer aurait eu des fréquentations douteuses. Il m’a dit qu’il y a vingt ans de cela, il n’aurait pas été à nos cotés, mais face à nous.
- Et aurait-il eu face à nous il y a vingt ans… ?
- Ultimècia. », s’exclama Marsh en les doublant. « Vous feriez mieux d’avancer. Ca risque de chauffer là derrière. »
En se retournant, le peintre et les jumeaux Venturi aperçurent les deux anciens rivaux se regarder dans le blanc des yeux, muets et immobiles.
« - Ils vont se sauter à la gorge. », chuchota Léo, qui rejoint le reste du groupe, suivi de peu par Leeve et Sydélia. Soudain, les deux vétérans se retournèrent brusquement vers eux.
« - Bon… avançons. Je ne veux pas être témoin de ce massacre », plaisanta Hermès en incitant ses acolytes et continuer leur route vers le petit village de Winhill.
Alors que les jeunes recrues arpentaient le petit chemin de terre perdu au milieu des champs de fleurs, les deux vétérans cessèrent leur combat silencieux, et se jetèrent dans les bras l’un de l’autre.
« - Content que tu soies en vie, Leonheart.
- Les choses ont bien changé, n’est-ce pas ? Je ne sais même plus combien d’années se sont écoulés… Est-il encore possible pour moi de rattraper le train ?
- Tu n’as as le choix. Pour ta fille. Pour Linoa. On doit connaître la vérité.
- J’espère qu’on trouvera ici quelqu’un pour nous aider à avancer.
- Le comté de Winhill est sûrement aussi coupé du monde que tu ne l’as été pendant toutes ces années… Peut-être même plus.
- Il y a encore certains détails qui sont restés les mêmes… C’est bon à savoir.
- Les montagnes qui entourent Winhill le rendent difficile d’accès. C’est l’endroit rêvé pour se mettre au vert quelques temps. »
On distinguait le clocher de l’église. Et quelques minutes plus tard, l’équipe au grand complet se tenait à l’entrée du village, face au petit magasin de souvenirs.
« - C’est dingue ! », s’enthousiasma Leeve « Je n’ai jamais vu un endroit aussi pittoresque !
- Parle doucement ! », la calma un peu Stella. « les gens d’ici sont des pécores ! Il ne faut pas trop les mettre face à leur condition. », ajouta t’elle en chuchotant.
« - Dites-moi que je rêve ! Elle n’a pas utilisé le mot ‘pécore’ ? » demanda Syd.
« - J’en ai bien peur… Ces Galbadiens alors ! Aucun savoir-vivre ! », plaisanta le peintre.
« - Il est temps de faire le point des amis », s’exclama Hermès en s’improvisant directeur des opérations. « Winhill est probablement le village le plus pacifiste du monde. Alors je vous recommande vivement de ranger vos armes. Et surtout : interdiction totale d’utiliser la magie ! Si nous demandons l’aide des villageois, nous devons avant tout respecter leurs coutumes.
- Et c’est lui qui dit ça ! », glissa Léo à l’oreille de Syd.
« - Question.
- Stella, nous t’écoutons.
- Pourquoi vient-on se perdre ici au juste ? Je n’y comprends plus rien ! A quoi rime cette mascarade.
- C’est vrai qu’il devient difficile de faire une liste exhaustive de nos ennemis tellement ils sont nombreux », ajouta la petite invokeur.
Marsh reprit alors le flambeau de chef d’équipe.
« - D’abord, l’armée galbadienne à nos trousses, puis la TGU, la BGU. Les dossiers secrets retrouvés à Deep Sea, Squall qu’on a fait passé pour mort… Absolument tout le monde sur cette planète cherche à nous cacher la vérité.
- Mais la vérité à propos de quoi !
- De Linoa, de la prohibition de la magie, des intentions de l’armée Galbadienne ! Il a quelque chose d’étrange dans cette affaire. Et nous devons le découvrir.
- Reculer maintenant serait idiot de toute façon. Allez, en avant. Il y a sûrement un hôtel ici. », conclut Marsh, en faisant signe à ses acolytes de le suivre au cœur du village. Tous s’exécutèrent. Sydélia et son père fermaient la marche.
« - Ca doit te faire bizarre, non ? », demanda la jeune fille.
« - Quoi donc ?
- Voir la lumière du jour.
- C’est de te retrouver qui me semble le plus bizarre, tu sais. Je ne pensais pas te revoir un jour. Tu as tellement grandi…
- Cela fait dix ans déjà…
- Oui… Dix ans… », dit l’ancien mercenaire dans un soupir, en regardant tout autour de lui avec un air nostalgique.
« - Tu es déjà venu ici, pas vrai ?
- C’est ici que vivait mon père… Et Ellone.
- Ellone ?
- Elle était comme ma sœur… Je n’a aucune idée d’où elle peut être aujourd’hui.
- Pourquoi ne l’ai-je jamais rencontré, même avant la mort de maman ?
- Leurs relations étaient conflictuelles. Et Ellone est quelqu’un de spécial…
- Spécial… comme moi ?
- Elle contrôle l’espace-temps. Ta mère voulait te préserver de la magie et ses dangers. Ellone voulait faire de toi le prophète qui lutterait pour sa réhabilitation.
- Je sais que maman ne voulait pas que je me serve de mes pouvoirs. Alors j’évite.
- C’est probablement à cause de cela qu’elle a été tuée. Tu fais bien de rester discrète. S’il t’arrivait quelque chose, ma vie n’aurait absolument plus aucun sens.
- Papa… Tu penses que maman est toujours…
- Je ne penses pas non.
- Mais, toi, pourtant, tu étais bien censé être…
- Syd, ne te mets pas cette idée dans la tête. En dix ans, j’ai eu le temps d’apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur le mausolée d’Esthar. Je connaissais la liste de tous les détenus. Il y en avait peu. Ma cellule se trouvait dans le quartier haute sécurité. Si ta mère avait été au mausolée, je l’aurais su. Et je peux t’affirmer, sans le moindre doute, qu’elle ne s’y trouve pas.
- Peut-être ont-ils simulé son exécution. Peut être est-elle ailleurs, je ne sais pas…
- Cite moi un seul endroit que tu n’aies pas encore visité sur cette planète.
- …
- Je ne veux pas briser tes espoirs. Mais… Elle est morte ma puce. Et je savais que cela arriverait depuis le jour ou j’ai été fait prisonnier. Je savais qu’ils ne vous laisseraient pas en paix.
- Qui ‘ils’ ?
- L’armée. Qu’elle soit de Galbadia, Dollet, Esthar. Ce qui leur fait peur, c’est la magie. Les hommes qui dirigent cette armée mondiale, ce sont eux les coupables.
- Le maréchal Venturi ?
- Il n’est qu’un pion. Lors de mon enlèvement, je l’ai entendu parler à ses soldats, qui refusaient d’obéir, s’offusquant de devoir s’en prendre à ‘celui qui avait sauvé le monde’. Le maréchal a rétorqué que ‘tels étaient les ordres, que ça n’était pas sa décision’.
- Mais alors, qui pourrait avoir une telle influence sur des hauts gradés de l’armée et en vouloir à notre famille ?
- C’est ce que nous devons découvrir. Mais les fugitifs que nous sommes se doivent de rester tranquilles quelques temps. Nous ne craignons rien ici, du moins pendant quelques jours.
- Et ensuite ?
- Ensuite nous aviserons. »
Les quelques sentiers qui parsemaient Winhill menaient tous à la place centrale du village.
« - C’est si calme ici… », chuchota Syd, par peur de briser le silence. « Et regardez-moi toutes ces fleurs ! Elles sont magnifiques ! », ajouta t’elle en s’approchant de la boutique de fleuriste qui se trouvait tout prés.
Soudain, une femme à la longue chevelure blonde et lisse, portant de petites lunettes rondes, surgit de l’intérieur du magasin.
« - Je peux vous aider ? », demanda t’elle d’un ton sec. Squall s’avanca et prit la parole.
« - Quistis ?
- Squall ?! », s’exclama t’elle après un temps de réflexion. En regardant de plus prés, elle reconnu également Seifer. Pourtant, se retrouver face à ses amis d’enfance ne semblait pas provoquer en elle un quelconque élan de nostalgie.
« - Ca fait longtemps Quistis… »
Elle ne répliqua pas.
« - C’est ma fille », ajouta t’il en pointant Sydélia d’un hochement de tête. « Elle a grandit, hein.
- Je suis prête à parier que tu n’es pas ici pour me pour rattraper le temps perdu. Alors qu’est-ce que tu veux Squall ?
- A dire vrai, je ne pensais même pas te trouver en venant ici. C’est un pur hasard.
- J’ai une dent contre le hasard depuis quelques années maintenant. Il semblerait qu’il continue à s’acharner sur moi… »
Ces retrouvailles tendues mirent mal à l’aise l’ensemble des spectateurs qui assistaient à la scène.
« - Nous cherchons juste un hôtel où passer la nuit. Nous nous sommes dit qu’aucune destination ne serait meilleure que ce charmant village, à la population connue pour être si accueillante ! », enchérit Léo, sur un ton ironique, pour voler au secours de son idole.
« - Suivez-moi. », déclara l’hôtesse en invitant ses convives inattendus à la suivre vers l’hôtel se trouvant juste en face.
La petite chambre était sobre mais coquette. La grande fenêtre en bois, entrouverte, laissait entrer une brise légère, aux arômes fleuris, qui faisait danser les rideaux blancs. Les rayons de soleil printanier éclairaient la pièce d’une lumière douce et rassurante.
« - Les deux autres chambres de l’étage, ainsi que celle-ci sont à votre disposition. », déclara Quistis, avec toujours peu d’enthousiasme. Elle s’apprêtait à quitter la pièce.
« - Ils faut que nous discutions. », ajouta Squall en la rattrapant par le bras.
« - J’ai bien peur que nous n’ayons rien à nous dire. On ne va pas mettre seize ans sur table.
- Il n’est pas question de ressasser les discordes du passé. J’ai besoin de ton aide.
- Mon aide ? Tu t’en es bien passé pendant toutes ces années il me semble.
- Je te dois des explications, c’est certain. Laisse-moi une chance de m’expliquer. »
Elle réfléchit quelques instants et soupira.
« - Rejoins-moi dans deux heures dans l’entrée principale du manoir. »
Et elle partit. Le silence qui vint alors n’avait plus rien de paisible.
« - Je garde cette chambre ! », s’écria Leeve en levant la main, tout en offrant son plus beau sourire. Sa fraîcheur et sa joie de vivre parvenaient toujours à adoucir les situations les plus pesantes.
La repartion des chambres se fit naturellement. Les filles établirent leurs quartiers dans la première chambre. Léo, Hermès et Marshall occuperaient la seconde, Squall et Seifer, la chambre restante.
***
« - Je vous propose une petite séance de manucure ! », déclara Stella, enchantée par cette halte.
« - Je ne pense pas que l’auberge de Winhill ait pensé à mettre ce genre de service à disposition de ses clients. », railla Sydélia sans même lever les yeux.
« - L’auberge peut être pas. Mais le SPA Venturi, lui, est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jour sur sept ! », ajouta la jolie blonde en sortant de sa petite besace une lime à ongles et un flacon de vernis.
« - Stella… Tu me fascines et m’inquiètes chaque jour un peu plus. », dit Syd médusée.
« - Ne soies pas rabat-joie pour une fois dans ta vie ! Allez, Leonheart ! Confie-moi tes petites menottes ! »
Dans un soupir déconcertée, elle fini par tendre les mains vers son acolyte.
« - Yeah ! Ca c’est une vraie soirée de filles ! », s’exclama Leeve, avant de pouffer de rire.
***
« - Elle est un peu spéciale cette Quistis, non ? », demanda Hermès.
« - Les vieilles rancœurs persistent toujours…
- Tu as déjà entendu parler d’elle Zalmander ? », questionna à son tour Marsh.
« - Non. J’ai lu de nombreuses biographies au sujet de Squall, et son nom n’est jamais mentionné. Je ne pense pas que Sydélia en sache plus que nous non plus.
- On dirait bien qu’elle le hait. Elle a peut-être simplement prit l’absence de Squall pour un abandon.
- Sa mort a fait la une des journaux. Elle n’a pas pu échapper à la nouvelle.
- Un ancien amour, peut-être ?
- Je parierais plutôt sur un amour non partagé. Squall n’était pas du genre à collectionner les conquêtes.
- Si c’est de cela dont il s’agit, elle a probablement mal digéré son mariage avec Linoa. Et je ne parle même pas de la naissance de Syd.
- En tout cas, je doute qu’elle nous soit d’une quelconque utilité dans notre quête. », décréta Hermès en se jetant sur l’un des lit.
***
Pendant ce temps, Squall et Seifer rattrapaient le temps perdu.
« - Tu vas aller au rendez-vous ?
- Evidemment. J’ai des comptes à régler avec Quistis depuis trop longtemps. Je crois que le moment est venu.
- Je ne savais pas que vos relations étaient si tendues. », ajouta Siefer. « Mais au fond, cela n’a rien d’étonnant. Déjà, lorsque nous étions petits, elle était folle de toi.
- Je n’ai jamais vu les signaux qu’elle m’envoyait. Je l’ai toujours considéré comme une grande sœur. Et puis, il y avait Linoa…
- Linoa… », déclara Seifer, mélancolique.
« - Tu ne l’as jamais oublié, pas vrai ?
- Jusqu’à ce jour, non. Mais Leeve m’a redonné goût à la vie. Il est hors de question que je laisse passer ma chance cette fois. »
Il sortit alors de sa poche un petit écrin qu’il ouvrit aussitôt. A l’intérieur reposait un anneau en or blanc, orné d’un diamant taillé en forme d’orchidée.
« - Je l’ai trouvé à la boutique à l’entrée du village. Je compte la demander en mariage.
- Je suis heureux pour toi, sincèrement Seifer. La vie est courte, on se doit de vivre pleinement chaque moment qui nous est offert.
- La mort de Linoa a bouleversé notre équilibre et nos rêves. Je crois qu’il est temps pour moi de recoller les morceaux brisés de ma vie d’avant, et de continuer d'avancer. Tu devrais en faire autant. Ne t’enferme pas dans tes souvenirs Squall.
- J’essaie… Mais il est peut-être trop tard pour moi, malheureusement.
- Ta fille est une personne admirable tu sais. Elle te ressemble.
- Elle ressemble à sa mère.
- Pour l’avoir côtoyé depuis un bon bout de temps maintenant, je peux t’assurer que son sale caractère fait bel et bien parti de ton héritage génétique Leonheart. », ajouta l’ancien mercenaire balafré.
« - Alors, la guerre est définitivement finie entre nous ?
- C’est dommage. Je dois avouer que cela m’amusait bien mais… on a tout les deux gardé une marque impérissable de ces querelles d’adolescents. », plaisanta t’il en faisant allusion à la cicatrice que chacun arborait sur le front. « Il est temps pour nous de mûrir et de les laisser de côté. »
Ils se serrèrent alors la main avec pudeur et respect.
« - Je dois y aller. Quisitis m’attend.
- Bon courage Leonheart ! Je suis sure que votre petite entrevue va réveiller l’institutrice militaire qui sommeille au fond d’elle.
- Et c’est vraiment sensé me donner du courage, ce que tu me dis là ? »