[Arkiidoh] Azial : Cycle I - Innocences

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Arkiidoh
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Messagepar Arkiidoh » 17 mars 2005 19:33

Voilou, c'est la suite...



05 – Pluie de sang


« Quelle garce ! » hurla Sienel, la flèche toujours entre ses doigts.
« Allez, Sienel, applique-toi, et bute-la ! »
« Et toi, qu’est-ce que tu fous Ordhat ? T’es censé être archer, non ? Alors, bande ton arc et tire. »
« Je ne me suis infligé qu’une seule règle, Syrnoush : ne jamais tuer de femmes. »
« De toute façon, tu la toucherais pas si tu tirais, ça sert à rien de gaspiller une flèche. » La voix de Vron résonna un long moment dans le désert.
Ordhat évalua en un instant les chances qu’il avait de le battre en duel, et il en vint à la conclusion qu’elles étaient minces, mais il lui répondit tout de même.
« Tu peux répéter ça ? » le défia-t-il.
« Mais bien sûr ma chérie, autant de fois que tu voudras… »
La corde claqua, et le la flèche siffla silencieusement dans l’air. Le tissu qui occultait Mayal fut arraché par le carreau et déchiqueté par les empennes d’acier, servant – dans le cas de Sienel – à retenir le projectile dans le corps de la cible.
« Tu l’as loupée, elle se barre », déclara Ordhat, comme un père réprimande son fils.
« Je l’ai touchée. » Le regard de Sienel était fixe, il ne bougeait plus.
« Elle se barre, Sienel, tu veux mes yeux pour t’en rendre compte ? »
« Je l’ai touchée », répondit-il absent, les yeux demeurant dans le vague.

Méék’an esquissa un mouvement pour se retourner, mais une voix retentit dans la nuit, lui faisant suspendre son geste :
« Leur tourner le dos ! Voilà qui ne te ressemble pas Méék’an ! Tu sais qui elle est, qui elle est vraiment… Elle tiendra contre eux… » Arkiidoh était descendu de son cheval et commençait à s’approcher de Méék’an. Il posa son regard sur Iralia, et celui-ci l’imita.
« Arkh, qu’est-ce que tu fais ? Arkh ? » demanda Mérann, désespéré, en voyant cet allié de poids s’éloigner de lui.
« Je préfère rejoindre un ami plutôt que de vivre avec sa mort sur la conscience. » Le vieil homme s’était retourné pour laisser à Mérann le loisir de jauger sa volonté. Tout en lui devenait écarlate, de ses cheveux jusqu’à sa barbe, en passant par ses yeux : la Lune avalait tout autour d’eux, tout le blanc se gorgeait de sang.
« Tu ne vivras pas longtemps si tu retournes avec lui. Le fil de ta vie est près à se briser… »
« Pas le mien Mérann… L’aurais-tu oublié, je suis éternel. Les Âges coulent sur moi telle la pluie. Rien ne se fige, tout est emporté. Je suis le phare du temps. J’ai vécu avant vos vies. Je vivrai après vos morts. »
Sograynn semblait fasciné par Arkiidoh. Son regard était fixé sur ses lèvres. Il n’écoutait pas les sons qu’elles laissaient échapper, il lisait sur elles.
« Arkh, pourquoi es-tu là ? » demanda Méék’an, le visage grave. « Qu’es-tu venu faire dans ma demeure ? Tu apportes la mort ! Tu le sais, tu l’as toujours fait… »
« MEEK’AN ! Réveille-toi. T’es dans la merde ! Nous sommes venus t’aider, moi et Arkiidoh, mon maître. » Iralia sentait le désespoir dans la voix de cet hôte. Il fallait le faire réagir, même si pour cela, il devait dévoiler sa voix de basse.
« Je crains que vous ne soyez arrivés trop tard alors. Ma fille est morte, les Ailés me l’ont dit. Mon fils le sera bientôt. Et ma femme, quel est son avenir ? »
« Tu veux le connaître ? Son avenir ? » demanda lentement Mérann. « Alors le voici : Yiarl, Urisad, Bréhour et Yevhi, partez à sa poursuite, et ramenez moi sa tête. »
Méék’an dégaina son épée en pensant : En cas de besoin, l’autre est sous mon pied gauche, bien camouflée par le sable. Urisad fonçait droit sur lui, la tête rasant le sol, les bras tendus en arrière.
« Ta fillette, je vais la dévorer. Comme les cent trente-neuf autres. »
Deux poignards jaillirent de ses manches, il les saisit et se releva vers Méék’an. Celui-ci abaissa son arme, visant la gorge d’Urisad. La lame dans sa main gauche lui sauva la vie. L’autre dague siffla dans l’air. Méék’an fit alors jaillir la seconde épée du sable, libéra une de ses mains, la saisit par le fourreau et stoppa l’attaque.
« Nous voilà coincés ! » La déception se lisait sur les traits d’Urisad, mais l’excitation illuminait son iris gauche.
« Ah bon ? Moi, je ne pense pas ! »
Méék’an fit glisser ses doigts le long du fourreau, les serra sur la poignée et dégaina, abaissant l’arme vers l’épaule de l’hassambahr. Urisad retira son bras droit, le réaxa, prêt à contrer cette seconde épée.
Une corde claqua une nouvelle fois dans l’air. Les yeux de Méék’an se portèrent sur Sienel, et vit que son regard était toujours vide, et cela le rassura : cet archer n’était pas du genre à manquer sa cible. Il tourna la tête vers Ordhat et vit son arc se relâcher. Méék’an eut tout juste le temps de s’écarter pour éviter la flèche. Urisad en profita pour passer derrière lui. Le chemin était enfin libre jusqu’à la grange !
« Iralia, arrête-les ! » Le ton impératif d’Arkiidoh le fit sursauter.
« Compte sur moi, Arkh ! »

Yevhi s’interposa, la lance entre ses mains. Elle n’était pas surmontée d’un carreau, comme une flèche, mais d’un arc d’acier aux extrémités recourbées. D’innombrables dents aussi tranchantes que des lames de rasoir en tapissaient l’intérieur. En réponse, le disciple d’Arkiidoh dégaina une simple épée.
« Voyons, Iralia, tu es jeune, tu as une vie devant toi. Ne te mets pas entre nous et notre proie. »
Les trois autres hassambahr s’éloignaient déjà de la scène, courant comme des hystériques.
« Je n’ai pas de temps à perdre avec toi, vieil homme ! » Iralia ne sciait pas devant cet homme ayant deux fois son âge, il demeurait imperturbable.
Yevhi se rua à l’attaque.
Que peut-il me faire avec une arme comme celle-là ? songea le jeune homme. Puis, lentement, l’illumination lui vint. Emprisonner la mienne!
Mais même en sachant cela, il ne lui restait pas assez de temps pour trouver une parade. Pour se protéger de ces dents, il devait sacrifier sa lame, bien que cela lui en coûte.
Iralia tendit son bras, l’épée parallèle au torse, et la lance l’avala, refermant sa mâchoire sur l’acier. Puis d’un mouvement sec du poignet, Yevhi arracha l’arme, et la déposa sur le sol. Iralia laissa échapper un mugissement de douleur, bien que le sentiment qui le traversa ressemblait plus à du regret, celui de ne pas avoir vu plus tôt l’ouverture dans la garde de son adversaire.
Le dépassant, Yevhi fit tournoyer sa lance, frappant l’arrière du crâne du jeune homme, qui s’écrasa, le nez dans le sable, un instant plus tard.
Iralia se redressa lentement, allongeant le bras pour saisir son arme.
Se laisser frapper, ça fait beaucoup plus mal que je ne le pensais !
« Iralia, il y a une vie en jeu ! Dépêche-toi »
« Désolé, Arkh ! »


Mayal fut avalée par la grange, par son envahissante obscurité, par son écoeurante effluve de sang.
Les enfants, j’espère qu’il ne leur est rien arrivé !
« Alors ma jolie ! On cherche une monture pour s’enfuir ? » Bréhour se tenait derrière elle, un sourire malsain courant sur son visage. « Tu es très belle, je suis sûr que tu pourrais nous satisfaire moi et eux (il désigna les deux hommes derrière lui d’un signe de la tête.) Qu’en dis-tu ? »
Mayal recula vers la malle aux épées, y plongea les deux bras, continuant à fixer l’homme devant elle, et saisit la dernière arme à encore s’y trouver. Elle sortit lentement la lame du fourreau, sans faire le moindre bruit, Bréhour continuant à s’avancer vers elle.
« Allez, donne-moi ta jolie main ! Je vais la guider ! »
Mayal retira doucement son bras droit hors de cette gigantesque boîte, et sans que l’homme, face à elle, ait le temps de s’apercevoir qu’un sabre fonçait sur lui, sa main tendue se retrouva sur le sol.
« Ma main ! Tu vas me le payer sale péta… »
« Silence ! »
Mayal fit siffler l’arme dans l’air immobile de la grange. La tête de Bréhour vola un court instant dans l'atmosphère pénétrante de la pièce avant de s'écraser sur le sol en un martèlement sourd, son corps lui fit écho quand ses genoux le rencontrèrent à leur tour.
« Je vous propose de finir vos vies à l’extérieur, illuminés par la clarté de la Lune, qu’en dites-vous ? » La mère d’Ilgann se releva avec sa splendeur de Sorana, une épée ensanglantée dans la main droite. « Je n’apprécie pas l’odeur de renfermé qui habite cette pièce. Et toutes ces bêtes, leurs yeux me font froid dans le dos. Alors, sortez ! »
Son ton impératif les fit plier, Urisad et Yiarl se retournèrent et sortirent sans broncher. Elle les suivit à bonne distance.

Ils se retrouvèrent dehors, formant un triangle équilatéral parfait.
« Tu vas payer le prix fort pour avoir tuer l’un des nôtres… »
« Je n’accepte pas qu’un homme voulant dévorer ma fille m’adresse la parole. (Son regard glissa jusqu’à rencontrer celui Urisad.) Est-ce assez clair ? »
« Je n’accepte pas que les mortes m’adressent la parole, puisque c’est ce que tu seras bientôt. Alors, ferme-la espèce de garce ! »
En un instant, il avait comblé les quinze mètres qui les séparaient. Les dagues dans ses mains frémissaient. Il referma ses bras en une gigantesque cisaille. Mais Mayal fit glisser son pieds droit sur le sable si bien que son cou délicat était parvenu à se frayer un passage entre les lames. Accroupie, la Sorana saisit l’épée de ses deux mains habiles et la releva, visant la gorge d’Urisad. Il recula d’un pas, lança sa tête contre sa nuque et ramena ses mains armées vers son cou. La lame de Mayal glissa sur les poignards en un crissement suraigu.
Faisant quelques pas en arrière, et fixant Mayal de son regard borgne, Urisad dit : « Je t’ai sous-estimée ! Qui es-tu ? »
Du sang coulait abondamment de son visage sur le sol, teintant le sable d’un rouge glacial. Elle lui avait fendu les deux lèvres avec son attaque. Ses dents apparaissaient sous les lambeaux de chair. Il cracha sur le sol, et la peau sur son visage se déchira un peu plus.
« Réponds-moi, qui es-tu ? »
« À quoi ça pourrait bien servir de répondre à un borgne qui bientôt sera sourd ? »
Mayal passa la main sur sa lame et y traça deux longs sillons rouges avec ses doigts.
« Tu vois cela ? C’est ton sang ! Bientôt, elle en sera recouverte ! »

Yiarl regardait la scène, médusé. Urisad lui faisait peur, alors il avait été rassuré que le Chef prononce son nom après le sien. Il pensait qu’il aurait pu le protéger au cas où quelque chose se passerait mal, mais là, il n’était plus tout à fait sûr qu’il était en sécurité. La terreur commençait à l’envahir. Ce n’était qu’une femme, mais elle était en train de réduire ce pauvre borgne en charpies. Que fallait-il faire ? Fuir ? Non, Mérann le tuerait à coup sûr. Attendre ? Oui. Yevhi allait arriver. Il suffisait d’attendre !
Mayal se rua vers Urisad, visant sa tête. D’un geste vif, il dévia la lame, et elle ne lui trancha qu’une oreille.
« Plus qu’une ! Et tu seras sourd ! »
« Je vais te tuer ! »
« J’attends de voir ça… »
L’hassambahr l’attaqua de nouveau, se servant une nouvelle fois de ses armes comme on se sert de ciseaux. Mayal esquiva, reculant d’un pas. En l’espace d’une thinn, elle leva son arme, la lame étincelant à la lueur de la Lune, et l’abaissa, tranchant la seconde oreille qui s’écrasa sur le sable.
« Te voilà sourd ! » dit Mayal d’une voix totalement différente, candide.
« Si tu penses qu’on devient sourd uniquement parce que la partie externe de l’oreille disparaît, tu es bien naïve ! »
« Si tu penses que je ne t’ai pas endommagé l’oreille interne, c’est toi qui est naïf ! »
Urisad recula de quelques pas, ses dagues retournant dans leurs étuis, bien au chaud, dans ses manches. Il plaça les mains sur son front, perdant peu à peu l’équilibre.
« Que m’as-tu fait ? » Il ne parvenait presque plus à capter le son sa propre voix. « Je n’entends plus ! » Il sentit une douleur acide lui traverser les tempes. Et quelque chose coula des trous béants par lesquels il écoutait, autrefois. « Qu’est-ce que… »
« C’est tout ce qu’il y avait dans tes oreilles ! Tout s’est liquéfié, même les osselets ! Mais malgré tout, tu es chanceux. J’ai aussi fait brûler tes nerfs, alors, tu ne sens plus la douleur ! »
Urisad ne l’entendait pas, mais il comprenait ce qu’elle disait, les sons résonnaient dans son esprit. Et quand il ouvrit la bouche pour tenter de parler, il eut l’impression que sa gorge se desséchait.
Les dagues jaillirent à nouveau dans ses mains. Il pensa un moment au suicide, se considérant sourd jusqu’à la fin de ses jours, mais il écarta très rapidement cette idée, aussi rapidement qu’il atteignit Mayal.
Toujours la même attaque ! Il m’ennuie ce borgne !
Elle tendit l’épée droit devant elle, bénéficiant de l’allonge phénoménale de ses bras accouplés à l’acier. La pointe se logea dans l’œil gauche d’Urisad qui ne put l’éviter. Il poussa le dernier hurlement de sa vie, bien qu’il ne put bénéficier de la note délicate qu’il produisit. La Sorana retira l’arme, et le borgne, devenu aveugle, s’écroula sur le sable blanc se colorant peu à peu de rouge.

« À ton tour maintenant ! » dit Mayal en se retournant vers Yiarl, le visage déformé par son envie meurtrière. « Je te laisse sortir ton arme. Je ne veux pas tuer une personne désarmée. »
« Très bien ! Je pense que je ne vais pas te contrarier alors ! »
Il glissa sa main droite dans la sacoche en cuir qu’il portait à son côté et en sortit une gigantesque pierre ronde. Il y avait un creux en son centre. Une chaîne en définissait le rayon, elle était reliée à ses phalanges. Il desserra son étreinte, la meule effleura un instant sa paume et la quitta. Les maillons s’entrechoquèrent lorsque l’élasticité réduite de l’acier retint la pierre. L’arme était tendue.
« Voilà une façon de combattre plutôt inhabituelle ! Tu n’es pas un adepte du combat rapproché… Quoique, ce que tu utilises pour combattre possède à peu près la même allonge qu’une épée. »
« Oui, tu as raison, à ceci près que je ne l’utilise pas pour trancher, mais pour… briser ! » Yiarl se sentait mieux, le fait de lui parler faisait fuir sa terreur. Dans un sens, le fait d’échanger avec elle des paroles l’humanisait. Mais il posa ses yeux sur le corps d’Urisad, et vit que la peau de son visage avait presque été arrachée par cet affrontement.
Je vais lui casser les bras, pensa Yiarl. Yevhi se chargera du reste.
« Commençons ! » La voix de Mayal claqua dans l’atmosphère étouffante du désert.
« Honneur aux dames ! »
Yiarl lança le mouvement de sa meule, la faisant tournoyer comme une fronde. La Sorana la considéra un moment puis s’élança. La pierre siffla dans l’air, Mayal se baissa, le bras la contrôlant suivit le même mouvement et toucha son but, en dépit de l’épée qui s’était interposée. Un panache d’étincelles illumina la nuit. Mayal glissa sur le sable sur plusieurs mètres. Son bras gauche était en sang, les os avaient traversé la peau après s’être brisés.
« Finalement, ça s’avère plus facile que ce que je pensais ! »
« Ne crois pas pour autant que c’est fini ! » Mayal ne laissait en rien transparaître la douleur qui la clouait au sol. Son esprit se refusait à s’avouer vaincu.
« Je ne me rapproche pas de toi parce que c’est fini, mais parce que ça ne fait que commencer ! »
Il se trompe ! N’est-ce pas évident que quoi que je fasse, j’ai déjà perdu ? Le dernier finira bien par arriver, et si je ne l’ai pas tué d’ici là…

Yiarl faisait toujours tourner son arme. Il la fit lentement descendre vers la Sorana.
« Actuellement, seule la vitesse régit la force. Si je prenais un simple caillou, et que je lui donnais la vitesse adéquate, il te ferait autant de dégâts, cependant, son rayon d’action serait beaucoup moins grand… » Il semblait qu’il se faisait plaisir en décrivant son arme et son principe, alors la mère d’Ilgann le laissa continuer. « En réalité, plus la pierre est grosse – dans une certaine limite quand même –, et moins je me fatigue, l’inertie étant plus grande. »
« Je te remercie pour ce cours magistral, mais il faut que je te tue ! Alors tu m’excuseras si je n’ai pas vraiment le cœur à t’écouter parler… »
« Tu ne te rends pas compte ou quoi ? Ça sera comme tout à l’heure, un combat à sens unique, en un coup, je te casserai autre chose… »
« À vrai dire, tu ne m’as rien cassé… »
Progressivement, les os se mirent à bouger, rentrant se blottir sous la peau de Mayal, poussant le vice jusqu’à se ressouder totalement.
« Mais, qui… qui es-tu à la fin ? » se surprit à hurler Yiarl.
« Je suis (sa voix se mit à changer après ce mot, devenant écho) ton pire cauchemar. »
Elle agrippa la poignée de son épée à deux mains et fonça sur Yiarl. La meule siffla dans l’air et pris la tempe gauche de Mayal pour cible. Elle lui fit rencontrer l’acier, et l’écarta au loin – dans la limite de tension du bras de l’hassambahr. Elle leva l’arme, mais au moment de l’abattre, elle sentit une profonde douleur émaner de sa poitrine. Puis, le sang escalada sa gorge, s’accumulant dans sa bouche. Reprenant son souffle, elle le cracha. Son arme lui échappa des mains. Elle posa son regard vers son buste et y vit une gigantesque mâchoire d’acier le traverser.
« Il était temps que j’arrive ! Elle aurait fini par tous vous tuer ! » Yevhi se tenait debout, derrière Mayal, sa lance lui traversant le dos.
Il désincarcéra lentement son arme, la retournant dans la plaie. Mayal hurlait de sa voix cristalline.
Elle s’écroula au sol, une flaque de sang grandissant sous sa délicate silhouette. Yevhi se pencha sur elle, Mayal haletait. Sa respiration était de plus en plus saccadée, s’accélérant.

« Qu’est-ce que vous avez foutu ? Ce n’est qu’une… femme ! » Le lancier était furieux, l’homme qu’il avait formé – Bréhour – venait de mourir. Il ne l’avait pas entraîné durant plus de cinq énha pour qu’il se fasse tuer, par une femme, de surcroît !
« Elle est spéciale ! Elle… elle sait se battre… »
« Et qu’est-ce que tu veux que ça me foute ? Toi aussi, tu sais te battre, non ? »
« Regarde Urisad, t’as vu ce qu’elle lui a fait ? Et son bras, je l’ai brisé avec la meule. Les os ressortaient de la peau, et elle les a fait rentrer, comme si c’était des griffes. Ses plaies se sont refermées. »
« Je ne crois pas qu’elle refermera la mienne… »
« Achève-la quand même ! On sait jamais ! »
« Puisque c’est demandé si gentiment, je vais le faire ! »
Yevhi saisit sa lance entre ses deux mains, la leva, referma la mâchoire en une lame, appuyant sur un bouton incrusté dans l’œil d’un des dragons volant sur le manche. Mayal le fixait de ses deux perles pourpres.
« T’inquiètes pas, ça sera rapide et sans douleur ! »
En une fraction de thinn, l’acier la transperça et le souffle de sa vie s’effaça de son visage.

Je suis arrivé trop tard !
Le désespoir envahit l’esprit d’Iralia. Lui qui avait toujours eu un coup d’avance sur le destin, avait manqué de temps.
Elle ne devait pas mourir ! Elle est Sorana. Ces femmes ne meurent pas.
Il observait la scène du toit de la ferme. Il était arrivé à l’instant où Yevhi avait planté son arme à travers la poitrine de Mayal.
« Savez-vous quelle erreur vous avez commise ? » leur cria le jeune homme du haut de son perchoir.
« Nous, une erreur… »
« Elle était Sorana ! Ce qui veut dire que si vous vous en sortez en vie, ce dont je doute fort, vous serez pourchasser jusqu’à votre mort… »


Iralia s’éloigna tel le vent, escaladant l’air jusqu’à atteindre le toit de la petite ferme sans émettre la moindre note discordante.
Sograynn descendit sans bruit de son haut coursier, puis il fit glisser ses bottes sur le sable sans produire le moindre son, si bien que personne ne le remarqua jusqu’à ce qu’il élève la voix.
« Me laisseriez-vous joindre mes forces aux vôtres ? Il semble que vous soyez en manque d’effectifs. Pour ma part, je désire intégrer le camp de vainqueurs. Par conséquent je vous offre mes services. » Ses mots étaient d’une douceur incomparable, ils glissaient sur cette atmosphère morne qui avait envahie le désert, mais ils étaient froids comme la glace. Son regard semblait figé à l’horizon.
« Tu te pointes ici avec l’intention de me tuer moi et ma famille et tu crois que je vais accepter… » Méék’an était hors de lui, un assassin lui proposait son assistance…
« Nous acceptons humblement ton aide ! » Arkiidoh transperça la nuit de ses paroles. Il posa un regard impératif sur Méék’an et celui-ci se retint de discuter cette décision.
« Tu nous trahis, Sograynn ! Mon père en sera informé, sois-en sûr ! » dit fièrement Ivéroth, glissant de sa selle sur le sol.
Le jeune démon aux iris de sang se retourna avec une grâce indéfinissable. Sa main s’était portée à la poignée de son arme, sur sa hanche gauche.
« Etant donné tes capacités d’élocution, je te propose de régler nos différents au sabre… »
« Parfait ! Depuis le temps que j’attendais ça… » répondit naïvement Ivéroth avant de retenir ses mots.
Méék’an avait à peine cligné des paupières que la lame de Sograynn se retrouvait déjà au travers du corps de l’hassambahr.
Il tenta de décomposer le mouvement. Selon la logique des choses, Sograynn avait d’abord dégainé son arme. Le détail qui faisait que Méék’an pouvait l’affirmer tenait du fait que la lame du jeune homme était parallèle au sol, ce qui sous-entendait qu’il l’avait sortie du fourreau avant de se lancer sur Ivéroth. Il y avait quatre traces de pas profondément ancrées dans le sable. Or, une vingtaine de mètres séparaient les deux hommes. Ivéroth n’avait aucune chance d’éviter l’attaque.
« Félicitations cher Ivéroth ! Je remarque que tu es bien plus fort que je ne le pensais. Tu es parvenu à placer tes mains sur la poignée de ton arme et à amorcer la sortie du fourreau. Je te félicite une nouvelle fois ! »
Le regard d’Ivéroth s’était fixé sur les pieds de son adversaire, sur le sang qui s’écoulait de la plaie sur son abdomen.
« Toi… par contre… tu es… plus faible… que je ne… le pensais… Tu ne… m’as pas tué… en un coup… » Il peinait à parler, un liquide rouge et poisseux s’écoulait sur son menton, ses yeux se fermaient peu à peu. Ses doigts lâchèrent son arme et furent rattrapés par la gravité, pendant pointés vers le sol.
« Dis-toi bien que c’est une faveur que je t’ai faite. Mais il semble que tu ne saches pas l’apprécier à sa juste valeur. Ta vie s’arrête donc ici ! »
Sograynn pris appui sur son pied droit et pivota, son corps suivant le mouvement, ses bras emportant l’épée, la lame tranchant la chair. Ivéroth s’écroula sur le sol.
Le jeune hassambahr sortit un morceau de tissu immaculé de sa poche et entreprit d’essuyer l’acier avec. Sa couleur se modifia irrémédiablement jusqu’à atteindre celle de la Lune.

L’aura des hassambahr avait changé. Elle était devenue instable. Tous descendirent de leur monture. Mérann tournait la tête convulsivement. Il avait compris que l’ivresse de la bataille avait fait son œuvre parmi la troupe. Il connaissait les aversions que certains d’entre eux se vouaient, et il voulait empêcher que ses hommes s’entretuent.
Sograynn possède une personnalité qui lui permet de déceler les vrais combattants, songea Nemrod en avançant vers Arkiidoh et Méék’an. Je n’ai pas d’alliés ici, les seules personnes avec qui je m’entends chez les Seyul’ann sont restés avec le Grand Chef. Si je ne retourne pas ma veste très vite, je mourrai, c’est une certitude.
« Nemrod ! Que fais-tu mon ami… »
« Ne te méprends pas Fraïha, tu n’es pas mon ami ! Et pour répondre à ta question, j’ai l’intention de rejoindre Sograynn et Arkiidoh. »
Tous posèrent leur regard sur l’hassambahr.
« Alors, toi aussi tu nous trahis ! Qui désire encore les rejoindre, qu’on en finisse ? » Mérann avait tenté de les en dissuader en utilisant un ton d’une dureté n’ayant d’égale que celle du diamant.
Cependant, Ordhat leva la main et s’avança vers Méék’an.
« Non, toi tu ne partiras pas ! »
Sienel avait encoché une flèche.
« Bon, eh bien, puisque le Seigneur Sienel s’y oppose, je pense que je vais rester avec vous ! » Ordhat se sentait très mal. Il savait qu’il n’accepterait pas son retour.
« Tu ne reviendras pas non plus ! »
Le projectile partit, et à la surprise générale, l’Elfe l’évita avec aisance.
« Je crois que vous oubliez qui je suis ! Je suis un Elfe, pas un vers de terre. »
« Tu es le plus faible d’entre nous, et cela, je ne l’oublie pas »
Sienel encocha une nouvelle flèche.


Nemrod ne suivait pas la scène, il marchait sans se retourner, se rapprochant de Méék’an et Arkiidoh.
« Tu crois que je vais accepter que tu t’en ailles ? Je te respecte, je ne veux pas que tu fasses de bêtises ! Si tu pars, il viendra un jour où on te le fera payer ! » Fraïha ne pouvait plus réprimer sa colère. Il adorait cet homme. Il ne voulait pas le voir s’éloigner de la troupe.
« Aucun de vous n’est assez fort pour me le faire payer, ni toi ni un autre ! »
« Réglons ça alors ! »
Nemrod avait repris sa marche silencieuse, il ne considérait déjà plus l’homme dans son dos. Cependant quelques pas massifs retentirent puis, le glissement d’une lame sortant du foureau. Un soudain déplacement d’air derrière son oreille droite lui indiquait que l’arme se levait. En un unique geste, Nemrod saisit le manche de sa hache dont le double arc pendait proche du sol, le fit basculer, l’extrémité frappa Fraïha à l’aisselle gauche. Il fut comme collé au bois. Il s’envola.


La corde se détendit, et l’Elfe esquiva de nouveau. Il agrippa son arc et fonça vers la monture de Sienel – il était le seul à demeurer sur sa selle. Sienel tira, et une nouvelle fois, Ordhat l’évita. Il atteint enfin les flancs de la bête. Il fit un saut spectaculaire, étant comme suspendu au dessus de l’archer. L’Elfe décocha deux flèches, fit une imperceptible pause et en envoya une dernière. Dans le même temps, Sienel ne put en lancer qu’une seule, qui ne fit que dévier la troisième de son adversaire. La première siffla au dessus de sa tête après avoir découper son arc en deux. La seconde vint se loger dans son épaule droite. Sienel lâcha son arme devenue inutilisable et bascula en arrière, atterrissant sur le sable, prenant appui sur ses deux jambes.


Fraïha se sépara du sol, et il détesta cette impression. Il se sentait lourd tout d’un coup… et faible. Oui, terriblement faible !
Et voilà, se dit Nemrod, la vie d’un homme vient de s’arrêter ! Pourquoi ai-je reçu cette force ? Pourquoi m’oblige-t-on à m’en servir pour tuer ? Pensent-t-ils tous que je suis faible ?
Le manche de la hache formait à présent un angle droit avec le sol, et Fraïha commençait à tomber.
Vais-je mourir ? Moi, un homme plus fort que toute une armée ? Vais-je mourir, tranché par la hache de ce porc en armure ?
L’esprit de l’hassambahr se brouillait, il voyait déjà la noirceur de la mort l’envelopper, et la langue ardente de Feymar, le Dieu de l’Autre Monde, caresser sa joue, y laissant une brûlure qui jamais ne se refermera.


Ordhat dégaina son épée une fois revenu au sol, et chargea. Sienel s’était fait un bouclier de sa monture. L’Elfe fit jaillir sa lame à travers le flanc de l’animal.
« Un coup dans le vide ! » dit fièrement Sienel.
« Mon peuple ne donne jamais un seul coup dans le vide », rétorqua Ordhat.
« Hein, qu’est ce que… »
Sienel sentit l’acier traverser sa peau, sa chair, son être. Ses yeux trahirent sa surprise.
Comment a-t-il réussi à dissimuler une si grande force pendent une si longue période ?
Le doute envahissait l’esprit de l’hassambahr. Il recula comme pour s’éloigner du gouffre qui s’était créé dans sa tête.
La lame se retira de son abdomen, et malgré l’impressionnant diamètre de la blessure, elle saignait à peine. Il retira la flèche logée dans son épaule droite et dégaina ses deux dagues.


Fraïha rencontra le désert avec une violence phénoménale, Nemrod n’avait pas fait que le soulever avec le manche de sa hache, il l’avait écrasé au sol. Il sentit et entendit sept de ses côtes se briser sous la violence du choc. Il savait déjà que même s’il survivait, il ne se relèverait pas immédiatement.
Pourquoi penser à l’après ? Il n’y en aura pas pour moi, conclu-t-il.
Le double arc d’acier de la hache en rotation avait amorcé sa descente vers l’estomac de Fraïha. Nemrod lui insuffla toute sa force, gonflant les muscles de tout son corps.
L’hassambahr fut tranché comme s’il eut été aussi mince qu’une feuille de papier. Il sentit l’arme le pénétrer, sentit la douleur affluer, sentit la mort le libérer. En un instant, il n’existait plus. Et tout ce qu’il avait construit s’effaçait. Son mariage s’éloignait de ses souvenirs aussi vite que ses enfants mourait lors d’un raid à Lahcan, aussi vite que sa femme succombait lors de l’incendie d’Hevéren, aussi vite que toute sa mémoire défilait devant ses yeux, aussi vite que ce défilé d’images vécues se figea devant cet homme qui était devenu son bourreau, aussi vite que la douleur s’insinua à nouveau en lui. Puis, il rendit son dernier souffle, ayant pu admirer une dernière fois le bilan de toute une vie ternie par la fatale destinée.


Ordhat retira sa lame du flanc de la monture de Sienel et la contournant à l’instant où elle s’effondra sous la brûlure de la douleur. Le regard de l’Elfe devint noir, il se fermait et laissait sa colère le submerger. Mais ce n’était pas l’unique noirceur d’un regard qui pourrait faire reculer un homme comme Sienel. Au contraire, il aimait voir cette haine se dessiner sur le visage de son adversaire, ça le stimulait ! Il fonça sur Ordhat, faisant siffler ses armes vers la gorge de l’Elfe qui les contra toutes les deux en un seul mouvement, les éloigna de lui et planta la pointe de son épée dans la plaie creusée par sa flèche. Il plia le bras, sa lame visant le sol, forçant Sienel à fléchir sous la profondeur de la blessure. Il le fit s’allonger, faisant abstraction de ses cris de souffrance, dos contre le sol, tournant et retournant sans cesse l’arme dans la blessure de l’hassambahr.
« Je vais te laisser vivre, Sienel ! Tu as un fort potentiel, cultive-le ! »
Son bras se contracta une nouvelle fois et l’épée traversa totalement l’épaule de l’archer qui hurla une dernière fois. Il arracha son arme de son adversaire et la remit au fourreau.

Nemrod et Ordhat marchait paisiblement vers Arkiidoh, Méék’an et Sograynn. Ils avaient fait forte impression et plus personne ne leur contesterait leur liberté de se séparer des Seyul’ann, de choisir le chemin qu’il considérait le plus juste. Les quelques hassambahr qui se trouvaient encore devant la ferme savaient à quoi s’en tenir à présent avec eux deux.


Laissez un pti commentaire.
Il reste encore une ou deux parties pour ce chapitre, mais j'ai peur que vous aimiez moins, y'a que de la fight dans la partie 6... tant pis.
Et comme elle est pas encore tout à fait finie, il va falloir patienter un petit peu pour l'avoir...




Et en bonus, La carte de Laëgus <<<<<<<<<<<<Cliquez dessus, c'est le lien!!!!!!
Quand on voit les dégats que font les pigeons, on est en droit de bénir la nature pour ne pas avoir donné d'ailes aux vaches...
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Arkiidoh
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Messagepar Arkiidoh » 28 mars 2005 11:20

Voilà la suite....




06 – Acier, l’acéré


Iralia descendit de son perchoir, lentement, porté par les vents, contrôlant parfaitement sa chute. Il frôla un instant le sol et s’y posa, glissant sur les grains de sable, traçant un océan de vaguelettes microscopiques. Les deux hassambahr se tenaient devant lui, l’arme à la main, fiers. Iralia dégaina son épée et s’avança vers eux, sa haine régissant ses pas.
« Pour vous, une seule issue : la mort ! »
« Tu crois pouvoir nous battre ? Tu crois pouvoir me battre ? » Yevhi était cinglant dans ses paroles, ce qui fit grandir la colère d’Iralia.
« Ya’sahma ! » hurla le jeune homme. Ce mot ne possédait aucun sens réel, mais pour les Kreil, il représentait leur cri de guerre. Si on suit son étymologie, ya pourrait être considéré comme l’ancienne racine du mot zya, signifiant Dieu ; sahma, quant à lui, désigne un transfert. « Ya’sahma » signifierait donc un appel des Kreil aux Dieux afin qu’ils leur prêtent leurs forces.
« Ya’sahma ? Tu es donc un de ces monstres… Voilà qui explique ton teint si pâle, ton accoutrement – car les Kreil s’habillaient de telle façon que seule la couleur de leur visage restait visible sous les vêtements –, ta façon de glisser sur les vents... » Les points se reliaient tous dans sa tête, Yevhi commençait à comprendre que leur adversaire n’était pas comme eux, il était d’un autre niveau. « Tu es d’Air… Arkiidoh t’as appris l’art du combat… (Il se retourna vers Yiarl.) Les Dieux nous ont envoyé notre bourreau. Ce soir, nous allons expier nos fautes, mais nous nous battrons de toutes nos forces… »


« Je pense qu’il faut nous préparer au combat. Vaincre Arkiidoh, Sograynn et Nemrod ne sera pas une mince affaire ! »
« Et pourtant Weryanh, je suis sûr que nous pourrons atteindre cet objectif sans ton aide. » La voix rauque de Kroyag s’était liée aux crissements des bottes de Nemrod et d’Ordhat sur le sable. « Je ne t’apprécie pas. Tu m’as pris une oreille, alors je vais te tuer ! »
« Ah oui ! Et ce n’est que maintenant que tu te venges ! Tu vas tous nous faire tuer pour une… vengeance ! Tu sais que si on ne se bat pas tous contre eux, on va crever ? »
Kroyag ne semblait pas écouter ce que disait Weryanh. Il faisait abstraction de tout autour de lui. Il devenait le vent, la nuit, le désert.
« Il y a huit énha, quand tu m’as blessé, j’ai pu voir à quel point tu étais fort. Mais aujourd’hui, je sais que je peux t’avoir… »
« Kroyag, j’espère que tu n’oublies pas que la vie ne se joue pas sur un coup de dés ! Tu ne peux pas risquer la vie des autres juste parce que tu ne m’apprécies pas… »
« J’en ai rien à foutre des autres. » Bizarrement, la colère transformait ce géant – il devait bien mesurer dans les deux mètres trente – en humain. « Je vais te tuer, et c’est tout ce qui compte… »
« C’est tout ce qui compte pour toi. Et ton frère, Syrnoush, qu’en pense-t-il ? »
« Il m’appuie, bien sûr. » En finissant sa phrase, Kroyag dégaina sa gigantesque épée.
« C’est vrai, Syrnoush ? Tu le soutiens ? »
« Que vient-il de te dire ? » Il suffisait à Syrnoush de prononcer une seule phrase pour dégager plus de force que ne le pourrait jamais son frère.
Weryanh demeurait impassible devant l’arme brandie par le Gellaïenn – puisque c’était ce que Kroyag et, par extension, Syrnoush étaient – se trouvant en face de lui.
« Tu t’es résigné à la mort, tu ne sors même pas ton arme ? »
« Kroyag, estime-toi heureux qu’elle soit encore au fourreau. S’il tel n’était plus le cas, tu serais déjà en train de nager dans les eaux du Lahyrann… »
« Le Lahyrann ? »
« Le fleuve qui relie notre monde au monde intermédiaire. Le passage obligé avant la mort totale, celle du corps et de l’âme… (Weryanh fit une pause afin de voir à quel point ce discours faisait son effet sur son adversaire : la terreur emplissait ses yeux.) Car dès que mon bras sera armé, tu te retrouveras emprisonné par ses courants violents. Tu ne seras ni totalement vivant, ni complètement mort. Car dès que mon bras sera armé, ton destin m’appartiendra… »


« Eh bien, il n’y a plus personne entre nous, si on excepte le vieil Arkh bien sûr. »
« Ne t’inquiètes pas, le rampant, Arkh ne bougera pas lorsque je te tuerai. » Méék’an était cinglant. Ses yeux ne renfermaient aucune peur, son visage s’était fermé. Il n’avait plus qu’une seule pensée en tête : Je vais le tuer… le tuer...
Mérann s’approchait lentement, sentant l’aura de Méék’an l’envelopper comme on enveloppe un nouveau-né dans un linge blanc. Il eut, l’espace d’un instant, l’impression qu’il allait disparaître de ce monde. Puis, il sentit son tic revenir, celui qui faisait vibrer sa joue sous son œil droit.
« Tu n’es pas un bon Chef. Tu ne tiens pas tes troupes, elles s’entretuent ! »
« Pour cette mission, je me rends compte que ces troupes ne me sont d’aucune aide. Si j’étais venu sans, il n’y aurait pas eu de mutinerie, et alors, il n’y aurait eu personne entre toi et moi. Entre moi et cette babiole en harkis… »
« Je n’ai jamais vu une seule babiole forgée dans de l’harkis… (Méék’an se figea un instant et dit : ) Ne fais pas un pas de plus ! Si tu avances encore, je te tuerai sans hésiter. » En disant ces mots, il posa un bref regard sur les deux épées dans ses mains, et remarqua que Mérann les fixait aussi.
Même s’il ne veut pas l’admettre, Méék’an est désavantagé avec ces deux épées. Elles réduisent son périmètre d’attaque, mais sa défense devient, quant à elle, impénétrable. Mais une chose reste sûre, ce n’est pas en se défendant que l’on tue quelqu’un !
« Tu avais l’intention d’hésiter avant de me tuer ? Merci pour la considération que tu me portes, mais je n’en vaux pas la peine ! »

Arkiidoh recula de quelques pas afin de laisser à Méék’an assez de place pour qu’il se mette en garde. Celui-ci fit lentement glisser ses bottes sur le sable, tendant la jambe droite, pliant la jambe gauche. Ses bras armés se déplacèrent lentement dans l’air lourd du désert : un devant son torse, et l’autre dans son dos. Mérann plaça sa main sur le fourreau de son arme, prêt à dégainer.
Dans cette position, je ne peux qu’attendre son attaque, songea Mérann. Il est plus fort que Tarall, il faut que je me méfie de ce renard des sables…


« Ce combat sera bref… »
« Tu as raison sur ce point, Yiarl, vous mourrez vite ! »
Iralia s’élança sur eux, faisant siffler son épée. Les deux hassambahr eurent tout juste le temps d’éviter l’attaque.
Il a changé, songea Yevhi. Il n’est plus l’homme à qui j’ai arraché l’arme tout à l’heure.
Si on n’avait pas bougé, pensa Yiarl, nous serions morts. Il nous aurait eus tout les deux en une seule attaque. Des personnes comme lui n’existent pas !
Iralia choisit sa cible en une thinn, et bondit sur Yiarl.
« Vous auriez dû partir dans la même direction tous les deux. Tu es isolé maintenant, Yiarl ! »
La meule contra la lame d’Iralia, qui trouva instantanément le moyen de passer à travers la garde de son ennemi.


La lame découpa l’air et frappa le bras droit de Weryanh, qui avait placé les mains dans ses poches. Ses pieds restèrent profondément ancrés dans le sable, son buste pivota, sa poitrine s’avança, poussée par l’acier, son cou se tordit. Il semblait désarticulé tel un pantin à qui on aurait coupé les fils.
« Ça y est, tu es mort ! (Il soupira de soulagement.) Pendant un instant j’ai eu peur, mais c’est bon, ça va mieux ! » Kroyag était soulagé, avec le coup qu’il avait donné, Weryanh ne pouvait survivre.
« As-tu seulement vu mon sang couler ? » dit Weryanh, repositionnant sa tête dans un alignement correct et posant un regard noir sur le Gellaïenn. « Non ! Je te rassure, personne ne l’a jamais vu. Et tu ne seras pas le premier ! »
Il se remit progressivement droit, comme avant le coup. Puis, sortant sa main droite de sa poche, il repoussa l’arme de Kroyag, faisant reculer le géant.
« Tu les entends ? »
« Quoi ? » demanda ingénument Kroyag.
« Les rapides du Lahyrann ! »
« Et pourquoi devrais-je les entendre ? Tu n’as pas dégainé ton épée que je sache… »
« En es-tu si sûr ? »
Kroyag vit alors miroiter dans l’obscurité une sorte d’excroissance laiteuse au bout du bras de Weryanh.
« Depuis quand est-elle sortie ? »
« Depuis que j’ai tranché ta main droite ! »
« Quoi ? »
Kroyag posa ses yeux sur son poignet, et le vit sectionné avec une précision chirurgicale.
« Je ne saigne pas et ne ressens aucune douleur… » L’incompréhension se lisait sur son visage.
« Dis-toi que c’est un cadeau de la maison… »


Puisqu’il m’invite, je ne vais pas le faire attendre.
Méék’an s’élança sur l’hassambahr et abaissa sa première épée, Sisaynn. Mérann esquiva en pivota sur un pied et se retrouva le dos collé à la poitrine de Méék’an.
« Excitant, n’est-ce pas, mon cher hôte ? »
Il fit jaillir son arme du fourreau, la gardant totalement perpendiculaire au sol, la pointe dirigée vers la sable, et frappa Méék’an avec la poignée, la lui écrasant sur le menton. Au cours de l’opération, la lame glissa sur le buste de Méék’an, ne tranchant miraculeusement rien de plus que du tissu. Le mari de Mayal s’éloigna alors en un instant. Dommage pour Mérann qui avait finalement fait basculer son sabre, désireux de le couper en deux par la longueur !
Méék’an reprit lentement ses esprits, surveillant Mérann du coin de l’œil.
Ce coup… Ce rampant s’est amélioré depuis notre dernière rencontre ! Faudra-t-il que je me batte vraiment contre lui ?


Yiarl recula d’un pas, et une nouvelle fois évita l’attaque.
Si je continue à fuir, je finirai par faire un faux-pas…
Mais Iralia n’allait pas attendre cette faute de la part de son adversaire, il allait le découper avant. L’acier siffla, arrachant une partie du vêtement de l’hassambahr qui, si cela continuait, se retrouverait totalement nu ! Sa meule fusa, et il fut certain d’avoir touché Iralia. Il avait sentit le léger contact de la pierre contre la peau, mais il s’était effacé en un instant. Elle aurait dû pénétrer par son œil et ressortir en brisant tout, traversant la mâchoire. Mais rien de cela ! Elle l’avait traversé, Yiarl en était sûr… Mais, si elle n’avait fait que le traverser ?…
Iralia faisait danser sa victime sous ses coups. Mais malgré sa supériorité évidente, il arrivait tout de même à l’hassambahr de lui porter quelques sublimes estocs, telle celle qu’il lança à cet instant. La meule frôla la gorge du Kreil, puis lui toucha l’épaule. Là, le réflexe prit le dessus.
Son corps se gazéifia, libérant ses atomes de la prise qui les liait entre eux et qui rendait le corps, si cassant, si vulnérable. Il n’était plus prisonnier de son enveloppe vivante, il était son propre maître, une eau choisissant son état, et passant en un éclair du solide au gazeux. La force de l’esprit permet de telles choses – quelle misère que nous, pauvres Hommes, n’utilisions qu’un dixième de ses capacités….
La pierre ressortit au niveau de son poignet gauche, lui laissant une désagréable impression de vide. Il se recomposa immédiatement et porta une nouvelle attaque.


« Quand je lancerai ma seconde attaque, tu atteindras le Royaume des Zalfarn, le peuple peseur d’âme. »
En bon Gellaïenn qu’il était, Kroyag ne se fit pas prier pour rentrer sa peau dans sa carapace de pierre.
Ce combat le troublait au plus haut point, il s’était fait trancher la main alors qu’elle se trouvait encore sur la poignée de son épée.
Comment peut-on faire ça, songea-t-il.
À présent l’effort pour maintenir l’arme brandie n’était plus aussi élevé. Il était plus lourd, mais aussi plus fort, et surtout, invulnérable.
Weryanh se jeta sur lui, les yeux iridescents de fureur. Cependant, au moment de frapper, il sembla se ramollir, comme si tous ses os avaient disparu.
Il faiblit, jubila Kroyag.
Puis, ce fut l’assaut, les muscles de Weryanh se contractèrent, tous, sans exception. Le plat de la lame caressa un instant la jambe de Kroyag, la soulevant comme une brindille. Puis le plat devint tranchant, l’acier gagnant encore plus de vitesse et de force, pénétrant la pierre, la chair, l’os. L’arme continua à s’élever en l’air, tintée du sang orangé des Gellaïenn.
Kroyag avait perdu sa jambe, arrachée par une simple épée. Un vétuste morceau de métal avait transpercé la plus résistante des armures.
« Après les Zalfarn, te voici sur le fleuve Ugressar, celui qui te mènera jusqu’au royaume des morts », dit Weryanh, fixant Kroyag dans les yeux.
Finissant sa phrase, il retourna son poignet, le tranchant de la lame à présent dirigé vers la gorge du Gellaïenn.


Mérann s’élança vers Méék’an, ses deux mains crispées sur la poignée de son arme. Il amorça une attaque mais rencontra la garde croisée du père d’Ilgann, ses deux épées glissant l’une sur l’autre, prolongements métalliques de ses bras. Méék’an libéra une lame et la fit fondre sur le Chef des hassambahr qui parvint à se dérober sans subir le moindre dommage, il perdit uniquement son équilibre, glissant sur le dos. Le mari de Mayal se jeta sur lui. L’hassambahr roula sur le côté et se releva, prenant appui sur sa main, faisant de nouveau face à son adversaire avec une garde presque parfaite.
« Je vois que nous sommes à présent au même niveau », dit calmement Mérann, souriant, de la sueur perlant sur son front.
« Tu oses te comparer à moi ! Je te suis en tout point supérieur ! »
Le visage de Mérann s’était transformé, il était devenu livide. Son sourire s’était effacé, et toute son assurance s’était muée en peur.
« Je vais… » bredouilla-t-il.
« Quoi ? »
« Je vais… t’égorger comme un porc ! » hurla l’hassambahr de sa voix rauque et puissante, ses yeux se gorgeant de haine.
La lame entre ses doigts trembla – l’excitation avant l’assaut ! Les muscles de ses jambes se contractèrent violemment. Il était parti. Ses pieds laissaient des stigmates de plus en plus profonds dans le sable blanc qui, tout autour d’eux, rayonnait d’un rouge glacial. L’acier s’abattit sur Méék’an.


Yevhi semblait paralysé par la joute qui opposait Iralia à Yiarl. Il regardait, de loin. C’était une hypnose où le pendule était une meule.
Iralia avait percé à jour la faille dans la danse de son adversaire : sa garde était médiocre. Il suffisait de pénétrer son périmètre de défense, et il était mort.
Je vais m’approcher, songea-t-il, et…
« … Et le tuer ! C’est ça ? » finit Yiarl, un sourire glissant sur ses lèvres.
Le visage d’Iralia sembla se liquéfier. Il lisait ses pensées ?! Cet hassambahr insignifiant lisait ses pensées !
« Je lis en toi comme si tes yeux n’étaient qu’eau claire, reflétant les méandres de ton esprit. »
« Alors, je te fermerai les yeux, et tu ne verras plus qu’un gouffre de noirceur insondable. »
« Personne ne peut faire ça ! »
« Alors ! Dis-moi à quoi suis-je en train de penser ? (Il marqua une pause.) Tu ne le sais pas, hein ? »
« Non, c’est vrai, mais je n’essaie pas en ce moment ! »
Il faut abandonner toute stratégie, et improviser, se dit Iralia.
Yiarl se jeta sur lui, ayant entrevu son plan d’attaque. Mais Iralia se joua de lui, et cacha sa véritable envie. Il devint gaz, volatile et léger, et se laissa traverser. Et sans que l’hassambahr n’ait le temps de comprendre ce qui se passait, Iralia se retrouva dans son dos, regagnant le plan solide. Il releva son bras armé, transperçant Yiarl, le déchirant.
L’hassambahr s’écroula sur le sol, mort.


Le fil de l’épée se rapprocha de sa gorge, s’y enfonça, la traversa et ressortit. En un instant, tout fut finit.
« Te voilà en Eraïnnor, la demeure de Feymar, ton nouveau Roi », déclara lentement Weryanh, Kroyag à ses pieds.
Mais l’hassambahr n’eut pas le loisir de savourer sa victoire, déjà, l’air se remit à siffler à ses délicates oreilles. Un cliquetis d’acier accompagna le déplacement soudain du vent.
Syrnoush vengerait-il son frère ? L’a-t-il un jour considéré comme un frère ?
Weryanh se jeta au sol, et la triad du Gellaïenn dessina une ellipse au-dessus de sa tête. Une chaîne y était rattachée, permettant à l’arme – maculée de sang, en règle générale – de regagner les mains de son propriétaire.
Weryanh roula sur le coté, l’arme de Syrnoush s’écrasa précisément sur le petit bout de désert qu’il venait de quitter, se releva et s’élança sur l’hassambahr qui, sans son arme, devenait une cible facile.
Plus que deux mètres, et il l’atteindrait. Il leva ses mains, l’arme au creux de leur paume. Mais au moment de l’abattre, il sembla se ramollir, comme une feuille de papier qu’on aurait maculée d’eau. La triad chargea vers le dos de Weryanh, mais pas assez vite. Ses muscles crièrent sous la contraction extrême qu’ils subissaient lors de chaque attaque. Son épée scintilla un instant, et disparut, bien à l’abri dans son fourreau.
La triad arrêta sa course folle et s’enfuit vers le désert, loin de son maître ne tenant plus la chaîne « ombilicale ». Syrnoush était au sol, étendu, une profonde entaille dessinée sur sa poitrine proéminente – l’un des nombreux apanages des Gellaïenn.
Les deux frères étaient morts à présent, en souffrant peu. Weryanh épargnait la douleur à ses victimes…


Sienel sentait la vie revenir dans son bras. La douleur le quittait peu à peu. Il avait agonisé pendant un quart de nailan (une ancienne mesure de durée composée de soixante myre), mais il avait recouvré le contrôle de son corps meurtri. Il pouvait de nouveau bouger librement. Ses doigts se pliaient, ses jambes glissaient sur le sable, sa tête se relevait, ses bras le soutenaient.
Comment cet Elfe a-t-il fait pour me battre ?
Il se releva et jeta un bref regard autour de lui. Le désert qu’il avait analysé quelques minutes plus tôt s’était mué en cimetière. Ses collègues – pas ses amis – se trouvaient soit au sol soit au beau milieu d’un combat. Il se rappela lentement ce qui venait de se dérouler en ces lieux. Il essaya de voir qui était mort.
Tout d’abord, Tarall s’était fait tuer par Mérann, pour « insubordination ». Puis, on avait envoyé Kar’ay pour « punir » Viranil. Ensuite, Mérann avait lancé Yevhi, Yiarl, Urisad et Bréhour à la poursuite de la femme de Méék’an, mais Arkh avait demandé à Iralia de les poursuivre, alors, ils devaient aussi avoir passé l’arme à gauche. Ivéroth avait – malheureusement pour lui – éveillé le courroux de Sograynn. Il se trouvait maintenant allongé sur le sable, un trou béant à la place de son estomac. Fraïha avait vainement tenté de retenir celui qu’il considérait comme son maître à penser, Nemrod. Il était devenu son bourreau. Et à l’instant, Weryanh venait de tuer les deux frères Gellaïenn : Kroyag et Syrnoush.
Sienel dégaina ses deux dagues et en éprouva l’équilibre. Il remarqua que l’entaille et la fracture dans son épaule le laissaient totalement libre de ses mouvements.
Il remarqua que le combat opposant Mérann et Méék’an ne désignerait aucun vainqueur. Personne ne prenait l’avantage…
Je vais les aider un peu, songea-t-il.
Ses deux dagues quittèrent l’abri de ses doigts…


La danse funèbre qui liait Méék’an à Mérann semblait ne pas avoir de fin. Devant les survivants, une succession d’estocs, de contres, de parades, de feintes se succédaient à une vitesse folle. L’assaut ralentit puis s’arrêta.
« Tu fatigues, Chef ? » lança Méék’an, sarcastique.
« La fatigue n’est pas un problème. De toute façon, ton sommeil sera éternel ! »
Le combat reprit, aussi vif qu’avant. Mais moins précis. Les écarts se faisaient plus flagrants, chacun des deux pouvait finir par trouver le bon moment, attaquer et tuer. Les interstices et les failles se multiplièrent. Mais ni Méék’an ni Mérann ne s’y risquaient. Ils savaient qu’il ne s’agissait que de pièges tendus à l’autre. Mais la tentation fut trop forte pour Mérann.
Méék’an contra l’attaque instantanément et frappa. Le Chef feinta, se décala et fendit l’air de sa lame. La seconde épée de Méék’an s’envola avec un écho métallique
« Voilà qui va me faciliter la tâche ! »
« Ah oui, tu crois ? » répondit Méék’an sans esquisser la moindre marque de doute sur son visage. « De toute façon, aucun de nous ne survivra ! »
« Quoi ?! »
Mérann se releva, face à Méék’an. Il laissa lentement son arme glisser entre ses doigts, imité par le père d’Ilgann.
Sienel était debout, le visage tourné vers le sol. Ses dagues étaient de sortie, scintillant du rouge lunaire de la scène.
« Sienel, qu’est-ce que tu fais ? » demanda Mérann.
Mais il n’entendait pas, il ressentait, il laissait sa haine remonter vers la surface. Il lança ses deux armes. Vron l’imita une seule fois, n’en déviant qu’une seule : celle destiné à Méék’an. Mais ce ne fut pas suffisant.
Mérann reçu le projectile à travers la gorge, le tuant sur le coup. Méék’an aurait dû sentir la brûlure de l’acier au même endroit, mais l’intervention de l’hassambahr la logea dans son cœur.
En un instant, Arkiidoh se retrouva au coté de son ami, criant : « Sienel, tu es un homme mort… »


Yevhi, sorti de sa torpeur et se jeta sur Iralia qui évita facilement son attaque. Il saisit le long manche de la lance entre les doigts de sa main gauche, et le trancha avec l’épée dans son autre main.
« Voilà la faille que je n’ai pu voir tout à l’heure ! »
Il releva son arme en un cercle meurtrier, et lui trancha la gorge.
« Ce travail est enfin fini. Mais j’ai failli à ma tâche. Je ne t’ai pas protégée, Mayal. Que dira Méék’an quand je lui annoncerai la nouvelle ? »
Iralia rengaina son arme, posa un dernier regard sur la scène du massacre et retourna sur le toit de la grange, flottant, tel un ange.


Weryanh eut tout juste le temps de décaler la tête sur son épaule. Le poignard lancé par Vron ne fit que lui griffer la joue gauche avant de dévier l’arme de Sienel.
Mérann avait déjà quitté ce monde. Méék’an se trouvait à mi-chemin.
Arkiidoh tenait son ami au creux de ses bras, l’oreille à quelques centimètres de sa bouche.
« Je suis là Méék’an », dit-il avec une voix douce, tentant de paraître avenant, le sourire aux lèvres.
« Arkiidoh, mon ami, je suis désolé. J’aurais du accepter ton aide, je l’ai lu dans tes yeux que tu désirais porter ton arme à mes cotés. J’ai été égoïste. Mais ne t’en veux pas, Arkh. Ce n’est pas ta faute, tu n’es pas le coupable, c’est moi. J’ai volé, et… voilà les conséquences, toute ma famille est morte. Et moi aussi, je m’éteints », dit Méék’an, puisant dans le peu de force qu’il lui restait.
« Ne dis pas ça, toute ta famille n’est pas morte. Je suis sûr que Mayal vit… »
« Le timbre de ta voix trahit tes pensées, mon ami. »
À cet instant, Iralia revint auprès de son maître, abruti par l’effluve ferreux de sang qui se dégageait en ce lieu. Arkiidoh lui jeta un regard plein d’espoir, mais il y répondit avec des yeux honteux.
« Je n’ai qu’une faveur à te demander, Arkh. »
« Oui, laquelle ? »
« Ne me mens pas. Dis-le moi : ma femme et mes enfants sont morts. »
« Tu sais, on en est pas sûr… (Méék’an le regarda un instant avec fureur) C’est vrai, ils sont morts… »
« Enterre-les décemment. »
« Compte sur moi, Méék’an. Je serai le gardien de tes volontés. »
« Tu sais, ma fin approche, Arkh. »
« Je sais. » La voix du vieil homme se troubla et ses yeux se chargèrent de larmes.
« J’ai un dernier cadeau à t’offrir avant de m’en aller. »
« Ce que tu as pris ? » demanda Arkiidoh avec lenteur.
« Oui, je te le donne, il est dans ma botte droite », murmura-t-il.
« Tu ne le portes plus au doigt ? »
« Non, il devenait trop voyant… » Ce fut les derniers mots qui sortirent de sa bouche.
Le sang commençait à baigner ses lèvres, et il ne parvenait plus à contenir sa toux, crachant rouge. Arkiidoh lui tenait la main, sentant que son vieil ami allait s’éteindre.
Méék’an tressaillit une dernière fois. Puis la vie quitta son corps. Il arrêta de respirer.

Arkiidoh se releva et s’avança vers Sienel, une envie de meurtre déformant ses traits. Mais, Ordhat s’interposa.
« Je ne l’ai pas laissé vivre pour que tu le tues, Arkiidoh. »
« Il a tué un de mes amis. Il va mourir… » lui répondit le vieil homme.
« Je ne pense pas… »
« Je peux me défendre tout seul, je ne sens pas les blessures », dit lentement Sienel.
« Les blessures … Ah oui ! j’oubliais. » Ordhat fit un geste de la main, et Sienel se mit à hurler de douleur. « Je ne pensais plus à ça. C’est grâce à moi que tu ne sentais plus la douleur. C’était une sorte de cadeau. »
Sienel était étendu par terre, la main sur son épaule, criant de plus belle.
« Laisse-moi le tuer… Tu sais qui je suis ? » demanda Arkh à Ordhat.
« Oui. »
« Et tu n’as pas peur ? »
« Non. Tu sais qui je suis ? »
« Oui. Et je ne suis pas rassuré. Je sais que je ne peux te réduire au silence comme cette loque que tu protèges. »
« Alors, rebrousse chemin, et enterre ton ami et sa famille comme il se doit. »
Lentement, Arkiidoh se détourna. Iralia s’approcha de lui et demanda par l’intermédiaire de leur langage secret, par signes :
« Qui est-il pour que tu ne le tue pas ? »
« Je n’ai qu’une chose à te dire : ne cherche surtout pas à le savoir… »

Arkiidoh se dirigea ensuite vers l’écurie, parti chercher le corps de la défunte épouse de Méék’an, marchant lentement, reniflant à chaque larme s’attardant sur ses joues. Il avait la désagréable sensation qu’Ordhat venait de l’entraver. Mais sa vengeance serait complète, il le savait. Tôt ou tard, Sienel périrait par sa lame. Arkiidoh était patient. Toutes ses énha de vie lui avait au moins appris cela : la patience.

Iralia se tenait devant les survivants – Kar’ay s’était à nouveau glisser dans la troupe. Il n’y avait que huit hassambahr à être encore en vie : Iralia, Arkiidoh, Sograynn, Nemrod, Ordhat, Kar’ay, Weryanh et Sienel. Iralia ne savait pas quoi faire. Il attendait le retour d’Arkiidoh, mais Kar’ay parla pour lui :
« Quittons cet endroit. Laissons nos anciens camarades se faire dévorer par les charognards qui peuplent ce désert. Nous n’avons plus rien à faire ici. Dispersons-nous, et disons-nous adieu… »
Bizarrement, Iralia fut sur le point monter sur son cheval et de partir. Kar’ay avait jouer avec ces mots, et leurs avait donné une consistance impressionnante. Il les avait tous convaincu, il ne leur laissait pas la possibilité de réfléchir. Il imposait. Les sept hommes en face du disciple d’Arkiidoh se mirent en selle, et fuirent la scène.

Arkiidoh continuait à avancer. Il vit les corps de trois hassambahr – Yevhi, Yiarl et Urisad – et celui de Mayal étendu sur le sable. Comme il s’approchait d’elle, il entendit, dans sa tête : Monte. Sans chercher d’explication au message, il pénétra dans la grange et posa son regard sur la malle vide, derrière Bréhour, décapité. Il escalada l’échelle et atteint l’étage.
Il se dégageait du bois composant le plancher une forte odeur de sang. Arkiidoh analysa l’ensemble de la pièce en un regard : deux sythar’h salement amochés étaient sur le sol, mais ils étaient encore en vie ; Mirah se trouvait contre un mur, ressemblant à une marionnette sans fil, désarticulée.
Il est là-bas. Il vit encore, dit la voix dans sa tête.
« Vous n’êtes restés en vie que pour lui montrer la scène du massacre de sa famille… Vos esprits, je les ai sentis dans le ciel… Vous observiez et enregistriez tout… Vous la lui avez déjà implantée dans son esprit ? (Il sentit un acquiescement retentir dans ses pensées.) Vous êtes des monstres… »
Nous sommes restés en vie pour qu’il n’oublie pas. La folie des adultes de votre monde ne doit pas être occultée, surtout à quelqu’un qui l’a vécue et qui l’a vue…
« Allez au diable… » dit Arkiidoh.
Il marcha vers le fond, enjambant la hache et le corps sans vie de Viranil. Et il le vit : Ilgann, respirant imperceptiblement. Il saignait beaucoup et avait perdu connaissance, mais le souffle de la vie demeurait en lui. Arkiidoh s’approcha encore et le souleva, le prenant dans ses bras. Il dit alors à voix basse : « Je suis désolé Méék’an, je t’ai menti. Toute ta famille n’a pas péri. Ton fils était bien en vie. Je m’en occuperai comme s’il était issu de ma chair… »
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Swanny
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Messagepar Swanny » 01 avr. 2005 16:45

Toujours aussi excellent !!
Les combats sont très bien détaillés...
La seul chose qui me génait c'est que je m'embrouillais avec tous les personnages xD m'enfin c'est pas trop grave.
Un vrai livre de fantaisie comme je l'ai aime :D
Continues !

Arkiidoh
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Messagepar Arkiidoh » 01 avr. 2005 19:18

Merci pour les compliments et les encouragement!
Mais je ne pense pas que je vais publier le 2ème chapitre sur le forum (et par extension, le net), je n'aimerais pas que mes idées se retrouvent dans un autre boukin (pour ceux qui auraient oubliés, je veux le publier, mon livre!!!!!)
Donc je pense que je vais finir le premier chapitre (avec une partie 7 très courte de 3 pages) et que je vais m'arrêter là.
Vous pourrez quand même me demandé la suite par mp ou msn, je vous la passerez, mais pas sur le forum directement.

DSL... :(




Donc, après ce petit passage d'égocentrisme total (comme si quelqu'un allait utiliser certaine de mes humbles idées...), voici la dernière partie du premier chapitre :




07 – Rêve


Les fantômes du passé sont des ombres. Décharnées, elles furent, il y a bien longtemps, par les vivants, aimées. À chacune de vos nuits, ces esprits tant chéris hantent vos pires songes. Ils agitent vos rêves et éveillent votre mémoire. La mort de vos amis, de votre famille, d’inconnus : voilà leur cible, leur combustible. Ils utilisent ces instants, vous les volent, les transformant en tortures. Ils les amplifient par rapport à leurs doubles mémorisés dans un coin de votre esprit. Ils sont des allèles de votre passé. Ils représentent une réalité plus réaliste. Ils vous montrent ce que vous avez refusé de voir : de plus profondes cicatrices, des plaies où le sang est un flot intarissable, des cris montrant un plus grand désespoir encore – si cela eut été possible – s’extirpant des profondeurs de leur gorge, sortant péniblement de leur bouche crispée par la douleur, des visages toujours plus ensanglantés, cherchant avec la plus grande crainte un fier visage sur lequel s’appuyer avant le passage vers l’autre vie, vers un monde qu’ils croient dénué de malheur, de douleur, de mort, mais c’est la lâcheté de ces fiers visages qui laisse les yeux de ces personnes résignées à la mort se fermer pour ne plus jamais s’ouvrir.
Ces âmes assassinées surgissent de vos souvenirs et s’insèrent dans votre inconscient, transmettant toutes ces images à votre esprit qui s’arrange pour vous les faire revivre encore, et encore, et encore…
Ces visions ne disparaissent pas à votre réveil, elles renaissent chaque soir, identiques. Pour les faire taire, il faut découvrir leur sens caché, voyager au-delà du sang et des cris, se rendre à l’évidence que rien n’est de votre faute, que vous n’êtes que le malheureux témoin d’une scène qui vous accuse.
Puis, ce sont la sueur, la douleur et les pleurs qui vous ouvrent les yeux, des yeux chargés de larmes. Et vous qui pensiez qu’après avoir vécu ces moments, plus jamais vos paupières ne pourraient s’en charger !
Ilgann faisait partie de ces personnes au lourd passé, qui vivent, enfermées dans un cauchemar perpétuel… Depuis bien trop longtemps, ses nuits sont visitées par des personnes étant pour lui des fantômes. Ce soir, ils ont à nouveau décidé de le tirer de ses doux rêves sans but et de le projeter en cette anuinn, celle de son douzième anniversaire.

Ilgann se réveilla soudain. Il fixa le plafond et se demanda où il se trouvait. De gigantesques poutres s’arquaient au-dessus de lui, le plancher qu’elles soutenaient était habité de nœuds formant des visages, des armes, des morts…
Il porta ses mains à son visage, et les sentit rouler sur ses joues : les larmes.
La brûlure sous mes paupières, c’était ça…
Il tenta de se remettre en tête les évènements passés…
Tout le monde était mort… Non, ça c’était il y a une dizaine d’anuinn. Et malgré tout les corps, il y avait des survivants. Au moins deux mille. Mais dans nos rangs, ils étaient beaucoup plus nombreux : quatre ou cinq fois plus. Y’a pas à dire, les Vieux Généraux savent encore se battre. Même sans moi, ils auraient gagné. Malgré ce qu’ils en disent, je ne suis pas si indispensable que ça…
Il se souvint alors des paroles réconfortantes d’Urvalh, le Général de la Province de Raédho, à l’Est de Laëgus :
« Vous savez, Ilgann. Un combat est une chose que l’on prépare. On pense que plus on a de soldats, et plus la victoire est facile à atteindre. Mais, c’est faux. Plus on a d’hommes, et plus on pense aux sacrifices. On sait que tous ne sont pas indispensables, et pendant les réunions stratégiques, on évalue les pertes possibles, et on décide de ne pas dépasser un certain quota. Mais on en oublie que le nombre de morts ne doit pas excéder zéro. Plus on a de possibilités d’en perdre, et moins on pense au moyen de les faire survivre. Mais vous, vous êtes différent. »
« Vous savez, Général, je fais tout ce que je peux. »
« Vous avez de la chance d’être jeune. Le Roi n’a pas encore vraiment confiance en vous… »
« En quoi est-ce une chance ? » avait demandé Ilgann.
« Il ne vous accorde que peu d’hommes et donc, vous n’avez pas le droit d’envisager de lourdes pertes. Dans un sens, j’aimerais revenir au temps où j’étais jeune, au temps où je n’avais qu’une dizaine de milliers de soldats… »
« Moi, j’adorerais en avoir seulement autant. Avec cinq mille, on ne peut rien faire, rien imaginer, rien… »
« Je troquerais volontiers mes quarante-cinq mille soldats contre les vôtres. La puissance dénature l’esprit. C’est d’ailleurs une des raisons à l’origine de la fédéralisation de notre Royaume. Notre Roi avait trop de pouvoir, alors, l’Alliance du Rayfah a signé le Traité de Norss, conjointement avec la Fédération du Sarnan, en Karaynn, lors de la courte période de paix des Enha Mille. »
« Merci, Urvalh, mais je connais l’histoire, tout du moins l’histoire de cette guerre, alors, vous pouvez arrêter. » Ilgann avait regardé la scène autour de lui. Ils se trouvaient devant une gigantesque tente érigée pour le Général. À peine un quart de son armée avait été envoyé pour cette bataille, et pourtant, ils avaient gagné haut la main. « Je pense que je vais aller faire un tour à Qrém, il faut que je trouve un cadeau à offrir à ma femme pour mon retour à Kiltia. »
« Kiltia ? C’est loin de la province que vous protégez. »
« Vous n’avez pas entendu parler de la prochaine attaque de Karaynn ? »
« Oui, dans le Sud. »
« Ils attaquent tout le temps au Sud. Mais là, ils vont passer par le Luq’ya et se diriger vers Kiltia. Comme Morloïnn est relativement épargnée par les combats, on m’envoie moi et mon armée en Viruann pour protéger la cité. »
« Bonne chance à vous et à vos hommes alors ! Vous en aurez besoin. Je pense que je vous enverrai quelques renforts dans une petite vinaya… » Un soldat passa à proximité des deux hommes. « Je vous conseille L’éclat d’argent. »
« L’éclat d’argent ? »
« C’est une très bonne joaillerie, votre femme en sera ravie. »
« Merci, Urvalh. Je vous ferai part de ses compliments. »


Il était encore étendu dans ce lit où il venait de refaire ce cauchemar. L’éveil était identique à chaque reprise : la sueur et les pleurs. Il s’agissait d’un autre reflet de son enfance : tout cela, il l’avait vécu. Il avait vainement tenté de l’oublier, d’oublier ce jour où tout avait basculé. Mais il tombait toujours dans l’impasse, rien ne voulait partir. C’était comme si ces souvenirs avaient été gravés à l’acide dans sa mémoire. Ils semblaient éternels. Plus il cherchait à les faire partir, et plus ils devenaient forts.
Depuis cette sanglante nuit, dix longues énha avaient passé. Il avait vingt-deux én’ à présent et était marié. Son épouse dormait encore, allongée à son coté. Elle se nommait Talinn. Ilgann l’avait rencontrée en 1595 lors d’un banquet. Il avait été troublé par sa beauté. Elle lui était apparue dans un éclat de lumière blanche, son doux visage caressé par la bénédiction solaire. Il était allé la voir, sans savoir quoi lui dire. Les mots étaient nés tous seuls dans sa bouche :
« Belle journée, n’est-ce pas ? » avait-il dit.
« Oui, le ciel est si bleu et le… »
« Le soleil nous réchauffe agréablement. »
« C’est exactement ce que j’allais dire », lui répondit-elle.
« Cette journée vous fait écho par sa beauté : elle met la vôtre en valeur. »
« Merci… Vous me flattez. » Et Ilgann lu dans le regard mordoré de cette jeune fille que le charme légendaire dont l’avait affublé Arkiidoh avait encore frappé.
« Je suis très sérieux, au contraire. Je n’aime pas flatter, je préfère mettre des mots sur les belles choses. »
« Je suis sûre que vous raconter cela à toutes les filles que vous croisez. »
« Après vous avoir vu, je me dis que plus jamais je ne trouverai une autre fille qui vaille la peine que je lui fasse la cour. »
Elle sourit agréablement, sa chevelure couleur de bronze dansait dans la brise légère qui lui caressait le visage, ses yeux se dotèrent d’une lueur espiègle, ses lèvres dessinaient une courbe renversante. Talinn aussi possédait un charme à toute épreuve !
« Comment puis-je vous appeler ? »
« Appelez-moi Ilgann. Et vous ? »
« Je me prénomme Talinn. »

Deux én’ avaient passé depuis leur mariage au Temple de Soâl, dans la cité de Farécc, la capitale de Morloïnn. Cette même énha, il avait été promu Général de cette Province – en 1597.
Il repoussa la couverture d’un geste, et s’assit sur les draps, les pieds posés à plat sur le sol. Il jeta un regard à l’ange brun qui dormait dans son dos. Elle demeurait aussi belle qu’à la première anuinn. Elle le charmait encore comme au premier regard. Elle était devenue son point d’ancrage : à chaque fois que ce cauchemar reparaissait, il pensait à elle et ses doutes, immédiatement, s’évanouissaient. Il eut du mal à détacher ses yeux de sa splendeur, mais il savait qu’il ne devait pas rester ici. Il fallait qu’il sorte. Il déposa un long baiser sur son front et se leva.
Il marcha jusqu’à la fenêtre de la chambre et l’ouvrit. C’était la seconde fois qu’il dormait dans cette auberge. L’enseigne avait pour nom : Aux doux rêves. Arkiidoh l’avait déjà envoyé ici par le passé. Il avait dû venir chercher quelques marchandises. Arkh était resté avec son épouse dans un petit village, Jarnas, tout près des murailles de la ville. Il lui avait donné quelques écus avec lesquels Ilgann avait acheté les quelques poutres dont ils avaient besoin et était allé passer la nuit dans cette auberge – très bon marché par ailleurs. Il était rentré le lendemain, dans sa charrette tractée par deux kaitos.
Il était torse nu. Le vent soufflait dans ses cheveux bruns, ses yeux embrassèrent la rue en contrebas : ils étaient au second étage. L’auberge avait été affrétée par l’armée – bien que Talinn y possédait sa place depuis deux bonnes vinaya. Une attaque devait avoir lieu contre la seconde ville de Laëgus, mais on ne savait pas où exactement, ni quand. Alors, le Roi leur avait envoyé des troupes dont il n’avait pas besoin en règle générale – pour ne pas dire : inutiles –, de cette façon, on ne désavantageait aucune Province, puisque celles dont on privait de leurs uniques défenses étaient protégées soit naturellement, soit par les territoires limitrophes. Ilgann était coutumier de ce cas de figure – ainsi que deux autres Généraux. Jamais, il n’avait eu à protéger Morloïnn, la Province dont il avait la charge en tant que militaire.
Ilgann leva ses iris vernis. Aucune étoile ne luisait dans le ciel nocturne, seule, une lune écarlate le dominait.


Voilà, c'est fini...

J'espère que certains de mes (je sais même pas si beaucoup de monde lit ma fic, en tout cas, je remercie Swanny pour ses commentaires) lecteurs me mprons (le verbe mper : envoyer un mp) pour avoir la suite (mais attendez un peu que je l'ai écrite koi....)

Bye...
Quand on voit les dégats que font les pigeons, on est en droit de bénir la nature pour ne pas avoir donné d'ailes aux vaches...
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Messagepar Phoenix Wing » 02 avr. 2005 14:57

Moi je trouve ca très bon continue. Les combats sont bons... enfin que du bon BRAVO pour cette première partie. Vivement la suite.


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